Le terme artisan désigne un statut de travailleur indépendant. En France, ce statut est normé et encadré par le répertoire des métiers. Ainsi, il est régi et défini par un certain nombre de conditions juridiques et légales.

Artisan : définition

En France, un artisan est défini comme une personne indépendante qui produit des biens ou des services de manière autonome et hors du cadre industriel. Les artisans travaillent à leur propre compte, ce sont donc des auto-entrepreneurs. En ce sens, ils doivent être inscrits au répertoire des métiers et ne peuvent pas employer plus de dix salariés.

Ce qui fait un artisan ce qu’il est, c’est son savoir-faire. Ce dernier peut être justifié par un diplôme homologué ou une expérience significative dans un domaine, mais cela n’est pas obligatoire. Une personne sans expérience ni diplôme qui souhaite se lancer dans la confection manuelle de produits en vue de les vendre peut ainsi se revendiquer artisan. L’idée classique de ce corps de métier renvoie à un travail manuel tel que :

  • La conception d’objet à partir de matériaux ou d’outils traditionnels ;
  • La réparation et l’entretien de machines ;
  • L’entretien et la réparation de bâtiments ou d’œuvres ;
  • Ou encore, la préparation et la fabrication de produits frais ;
  • Etc.

Les conditions pour revendiquer le statut d’artisan

Pour que la qualité d’artisan soit reconnue, un travailleur doit remplir l’une des conditions suivantes : 

  • Détenir un CAP ou un BEP ; 
  • Détenir un titre équivalent homologué au RNCP ;
  • Justifier d’une expérience de 3 ans dans un métier de l’artisanat ; 
  • Détenir un certificat ou une attestation de capacité professionnelle dans le cadre de l’exercice d’une profession réglementée.

Maître artisan : qu’est-ce que c’est ?

Le titre de maître artisan est la plus haute distinction que puisse recevoir un artisan. Il peut en faire la demande auprès de la chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) s’il : 

  • Est titulaire d’un brevet de maîtrise (ou équivalent) dans le métier exercé ou un métier connexe ;
  • A exercé pendant au moins deux ans une activité professionnelle dans le domaine ;
  • Justifie de connaissances en gestion et en psychopédagogie équivalentes aux modules du brevet de maîtrise ;
  • Immatriculé au répertoire des métiers depuis au moins 10 ans.

Si la demande auprès de la CMA a une issue favorable, le demandeur peut se prévaloir du titre « maître + nom de son métier », à une exception prêt. En effet, quand la demande est faite par un artisan officiant dans un métier d’art et qu’elle est acceptée, il obtient le titre de maître artisan d’art. 

Quelles différences entre un artisan et un commerçant ?

D’après la définition du Code de commerce, un commerçant est « une personne qui accomplit des actes de commerce et en fait sa profession habituelle » (article L121-1 du Code de commerce).

En ce sens, il est facile de distinguer les deux statuts par le fait qu’un artisan, au contraire du commerçant, il ne réalise pas de spéculation ; ni sur les marchandises, ni même sur la main d’œuvre. C’est pour cela qu’il n’emploie qu’un petit nombre de salariés et tire l’essentiel de ses revenus de son travail manuel.

Les deux catégories sont donc différentes mais ne sont pas incompatibles. Un artisan peut aussi accomplir des actes de commerce de façon habituelle et professionnelle. Dans ce cas, on dit de lui qu’il est un artisan-commerçant. Il peut alors cumuler les deux activités et utiliser son statut d’artisan pour la partie artisanale de son activité, tandis qu’il utilisera le statut juridique de commerçant pour la part commerciale de son activité.

Les qualités de l’artisan

L’artisanat est le milieu vers lequel se tournent bon nombre de professionnels en reconversion. Si beaucoup de travailleurs envisagent de faire prendre ce virage à leur carrière, tout le monde n’est pour autant pas fait pour être artisan. En effet, les métiers relevant de l’artisanat demandent d’avoir certaines qualités qu’il est bon de connaître avant d’intégrer ce corps de métier.

L’artisan est patient et motivé

Ces deux qualités vont de pair. En effet, la formation aux métiers de l’artisanat dure au minimum 3 ans et peut même s’étaler sur 5 années. Il faut au minimum 3 années pour un apprenti afin de maîtriser à la perfection les gestes techniques du métier. L’apprenti doit être donc conscient du chemin qui l’attend, être motivé à suivre les étapes sans jamais en sauter une, et être patient.

L’artisan aime travailler avec ses mains

Si on se réfère à la définition d’un artisan vu dans la première section, une chose devient claire : l’artisan aime utiliser ses mains. Il s’agit effectivement d’un travail manuel, étant donné qu’il produit hors du cadre industriel et qu’aucune étape n’est donc déléguée à une machine. Ainsi, même si un apprenti n’est pas forcément doué avec ses mains au début, il doit aimer travailler avec.

L’artisan est rigoureux

L’artisanat est un milieu demandant de respecter un cahier des charges strict et des plans au millimètre près. L’apprenti doit être prêt à faire preuve de rigueur au quotidien s’il souhaite un jour faire de cette activité son métier à plein temps, au sein d’une entreprise ou à son compte.

L’artisan est ambitieux

Car oui, bon nombre d’apprentis finissent par un créer leur entreprise. Rien ne les oblige à prendre ce chemin mais le secteur de l’artisanat a enregistré un nombre record de nouvelles entreprises artisanales en 2021. Monter sa boîte apparaît alors de plus en plus comme la suite logique à quelques années d’expérience dans le domaine. 

Comment devenir artisan ?

On ne s’improvise pas artisan. Ce métier implique des années de formation avant de pouvoir se prétendre du métier.

Diplômes et qualification

Dès le lycée, il est possible pour un jeune de s’orienter vers les métiers de l’artisanat. C’est possible par l’intermédiaire du bac professionnel artisanat et métiers d’art. Cette formation, accessible directement après l’obtention du brevet des collèges, se décline en une dizaine de spécialités dans les domaines artistiques et artisanaux parmi lesquels :

  • Arts du tapis et de la tapisserie ; 
  • Métiers du cuir ; 
  • Arts du verre ;
  • Etc.

Pour les professionnels en reconversion, de nombreuses formations permettent de poursuivre sa carrière dans un métier de l’artisanat. En effet, en France, on compte plus de 200 certificats d’aptitude professionnelle (CAP). Ces formations en alternance s’étalent sur 1, 2 ou 3 ans en fonction des besoins et ceux qui en ressortent diplômés sont des ouvriers spécialisés dans un domaine précis. S’il le souhaite, un détenteur de CAP peut poursuivre son apprentissage en optant pour une nouvelle formation cumulant cours théoriques et applications pratiques telles que : 

  • Une formation mention complémentaire (MC) ;
  • Un brevet professionnel (BP) ;
  • Un brevet des métiers des arts (BMA).

Il est également possible pour un apprenti d'enchaîner sur un brevet technique des métiers (BTM). Ce diplôme est délivré par la chambre des métiers et de l’artisanat. De son obtention peut découler le début d’une formation complémentaire, le brevet de maîtrise. En soi, ces diplômes sont suffisants pour exercer le métier d’artisan mais un apprenti peut ne pas s’arrêter là et enchaîner sur un brevet de technicien supérieur ou sur un brevet de maitrise supérieure.

Travail en entreprise

Fort d’une formation riche aussi bien en cours magistraux axés sur la théorie qu’en expérience acquise sur le terrain, l’apprenti est prêt à proposer ses services. Dans la plupart des cas, il fera ses premières années dans l’entreprise avec laquelle il a déjà conclu un contrat d’apprentissage

Même s’il n’est pas reconduit par cette dernière, « plus de 100.000 emplois sont à pourvoir chaque année dans tous les métiers de l'artisanat », déclare François Moutot, directeur général de l'APCMA (Assemblée Permanente des chambres des métiers et de l’artisanat). Ces offres d’emploi concernent des métiers se répartissant en 5 grandes catégories : 

  • L’alimentation ;
  • Le bâtiment ; 
  • La fabrication ; 
  • L’art ;
  • Et le service.

Exemples de métier par catégorie artisanale : tableau récapitulatif

  Exemples de métier
Alimentation Boucher, boulanger, fromager, pâtissier, charcuterie-traiteur, etc.
Fabrication Cordonnier, prothésiste dentaire, tonnelier, etc.
Bâtiment Peintre en bâtiment, carreleur, chauffagiste, maçon, plombier, etc.
Art Céramiste, ébéniste, sertisseur, luthier, maroquinier, relieur, etc.
Service Coiffeur, taxidermiste, esthéticienne, fleuriste, etc.

Comment créer une entreprise artisanale ?

Le statut d’artisan est très encadré en France. Ainsi, plusieurs formalités doivent être respectées pour obtenir ce statut. Tout d’abord, et comme pour toutes les entreprises ayant une personnalité morale, il faut rédiger les statuts juridiques de l’entreprise. Ce document doit comporter :

  • Le nom de la société artisanale ; 
  • La forme juridique choisie (SARL, SAS, SASU, EURL, etc.) ; 
  • Le nom du ou des associés et leur niveau d’apport ; 
  • Le montant du capital social ;
  • L’objet social de l’entreprise ;
  • Et enfin, la localisation du siège social.

Suite à la rédaction des statuts, il faut, selon le choix de domiciliation du siège social, publier un avis dans un journal d’annonces légales du même lieu.

La troisième formalité consiste en la création d’un compte bancaire professionnel auprès d’une banque, sur lequel déposer le capital social.

Enfin, il faut déposer un dossier d’immatriculation au guichet unique des formalités des entreprises. Auparavant, cette démarche s’effectuait au greffe du tribunal de commerce (à la chambre des métiers et de l’artisanat).

L’artisan sera alors inscrit officiellement au répertoire national des entreprises (RNE). Ce dernier remplace, depuis le 1er janvier 2023, le répertoire des métiers qui n’existe plus.