Comment s’y prendre pour acheter une entreprise ? Vous êtes un particulier ou êtes déjà chef d’entreprise et vous vous posez cette question ? Vous n’êtes pas le seul, tant l’idée de profiter de l’activité d’une société déjà implantée tout en s’épargnant les débuts tumultueux d’une entreprise est séduisante. Mais encore faut-il savoir comment s’y prendre. Par quoi commencer ? Combien de temps la vente d’une société prend-elle en moyenne ? Vous trouverez les réponses à toutes vos questions (et plus encore) dans les paragraphes qui suivent.

Acheter une entreprise : le guide étape par étape

Il ne suffit pas de s’être décidé à reprendre une entreprise pour savoir comment s’y prendre. En moyenne, entre la définition du projet de reprise et le closing, 12 et 18 mois s’écouleront pendant lesquelles s’enchaîneront plusieurs étapes fondamentales. Les respecter, c’est se donner toutes les chances de réussir l’achat d’une entreprise. Sans plus attendre, voici tout ce que vous devez savoir sur la marche à suivre pour acheter une entreprise, avant de vous lancer.

Étape 1 : Définition du projet de reprise d’une entreprise 

Quel que soit le domaine, la meilleure façon de parvenir à ses fins est de savoir ce qu’on cherche. Cela permet d’orienter ses actions vers cet objectif et d'éviter de s’éparpiller. Dans le cas d’un projet de reprise d’entreprise, vous devrez tout d’abord définir ce dernier précisément. Vous n’y parviendrez qu’en vous laissant le temps de la réflexion et en vous posant un certain nombre de questions : 

  • Quel secteur d’activité vais-je cibler ?
  • Quels sont mes points forts et mes points faibles ?
  • Quel temps de travail suis-je prêt à consacrer à ma future activité ?
  • De quelles ressources financières est-ce que je dispose ?
  • Suis-je prêt à déménager ?

Ce travail d’analyse vous permettra de connaître vos objectifs ainsi que vos motivations et devrait résulter sur l’émergence d’un profil précis d’entreprise à reprendre. Cela fait, la recherche pourra commencer.

 

Peut-on se faire aider lors de la définition d’un projet de reprise d’entreprise ?

Vous en avez la possibilité. Vous pouvez soit faire une demande d’accompagnement par un professionnel pouvant vous guider dans ce processus, comme un expert-comptable ou un avocat par exemple. Si le cœur vous en dit, vous pouvez également suivre une formation pour acquérir toutes les connaissances dont vous aurez besoin. Des réseaux tels que les Chambres de commerce et d’industrie (CCI) ou les Chambres des métiers et de l’artisanat (CMA) en proposent.

Étape 2 : Recherche d’une entreprise à reprendre 

La recherche d’entreprise à reprendre peut se faire de diverses manières. Certains repreneurs prospecteront directement auprès d’entreprises susceptibles d’être reprises. D’autres consulteront la Bourse nationale de la transmission d’entreprises ou les annonces de candidats cédants. Ces exemples ne sont que des exemples parmi tant d’autres. Il existe en effet de nombreux autres moyens de mettre en relation repreneurs et cédants : 

  • Activation de réseau familial, amical ou professionnel ; 
  • Publication d’une « offre repreneur » ; 
  • S’inscrire sur une plateforme de rencontres entrepreneuriales ;
  • Le bouche-à-oreille.

Cheffe d'entreprise à la recherche d'une entreprise à reprendre

Étape 3 : Le pré-diagnostic des cibles envisagées

Avant de pousser plus loin l’investigation, il est primordial de ne pas perdre de temps avec les entreprises en vente dont la situation rend impossible un rachat. C’est l’utilité d’un pré-diagnostic : vous faire économiser du temps. Au plus vite les candidats non conformes à votre projet de reprise seront écartés, plus vite vous avancerez. Ainsi, cette première sélection fera ressortir rapidement les candidats sérieux à votre projet de reprise.

Étape 4 : La rencontre avec le cédant

Afin de mieux connaître les candidats retenus et de mieux comprendre leur situation, organisez une rencontre avec les cédants. Une fois la date de rendez-vous conclue, il faut se préparer en amont du déplacement. Cette initiative, si elle est bien faite, vous aidera à vous démarquer parmi les potentiels autres candidats repreneurs. 

Car oui, pour le cédant, transmet plus qu’un capital : il léguera ce à quoi il a consacré une partie de sa vie. Il n’est alors pas rare qu’il considère son entreprise comme une part intégrante de son identité. Son choix de repreneur se portera donc vers la personne en qui il se reconnait le plus, quelqu’un de compétent et d’expérimenté. Ainsi, pour faire la meilleure impression possible, veillez bien à préparer les sujets à aborder et à préparer vos arguments mettant en avant votre avantage concurrentiel.

Aussi, pour que ce moment soit le plus riche d’enseignements possible, faites en sorte que la rencontre ait lieu au sein de l’entreprise un jour de forte activité. Vous aurez alors tout le loisir d’apprécier le climat qui y règne et de mesurer le degré d’urgence de la cession envisagée. Si c’est impossible, pas de panique. En effet, à la lumière des échanges avec le cédant, la facilité d’accès à l’information, vous ressortirez tout de même instruit de ce déplacement.

Étape 5 : Diagnostic et évaluation de l’entreprise cible

Vous avez recueilli suffisamment d’informations sur l’entreprise du cédant et votre rencontre avec celui-ci s’est bien passée ? Parfait ! Il est désormais temps de pousser plus loin l’investigation mentionnée dans l’étape 3. 

Diagnostics 

Il s’agit ici de récolter les informations vous permettant de juger si le rachat de cette entreprise est viable pour vous. Vous devrez alors effectuer plusieurs diagnostics (certains internes à l’entreprise, d’autres externes) dont les enseignements devraient vous permettre d’identifier les points forts de la société, ses points faibles, son potentiel et ses perspectives d’amélioration. En ce qui concerne les diagnostics internes, on compte par exemple les diagnostics : 

  • Des moyens de l’entreprise ; 
  • De l’activité de la société ;
  • Financier ; 
  • Humain ; 
  • Juridique ; 
  • Qualité-hygiène-sécurité-environnement (QHSE).

Quant aux diagnostics extérieurs, il va vous falloir entre autres faire ceux :

  • Du marché ;
  • De l’environnement socio-économique et législatif et de son évolution ;
  • Du niveau des taux d’intérêt ; 
  • De l’environnement législatif et de son évolution ;
  • Etc.

Évaluation de la valeur de l’entreprise

Il est ensuite temps d’évaluer la valeur de l’entreprise. Pour ce faire, vous aurez besoin d’un certain nombre d’informations, comme : 

  • Les liasses fiscales des trois dernières années ; 
  • Un arrêté de situation comptable ; 
  • Les statuts de la société à jour si c’en est une ;
  • Le détail des trois derniers bilans et compte de résultat ;
  • Le ou les contrats du bail commercial à jour s’ils existent ;
  • Les contrats de crédit-bail s’il existe du matériel loué ; 
  • La liste des matériels (loué ou non) ;
  • Les fiches de paie du mois de décembre des salariés et des apprentis.

Ces informations doivent ensuite faire l’objet de retraitements économiques. Ces derniers consistent à ajuster l’estimation de la valeur de la société pour se rapprocher de la valeur réelle de l’entreprise. 

Enfin, il faudra choisir la méthode d’évaluation le plus adaptée à la nature de ce que vous achetez. On dénombre 3 méthodes d’évaluation, celles dites : 

  • Patrimoniales : l’évaluation de la valeur de l’entreprise se fait sur ce qu’elle possède ; 
  • De rentabilité : ici, elle est basée sur ce qu’elle est susceptible de rapporter au repreneur ; 
  • Comparatives : l’entreprise vaut ce que valent ses équivalents.

Loupe posée sur un graphique

Étape 6 : Rédaction d’un business plan

Afin de pouvoir régler la somme convenue entre vous et le cédant, il y a de fortes chances que vous ayez besoin d’aides extérieures. Ces aides financières proviennent d’investisseurs qu’il vous faudra convaincre de la viabilité de votre projet de rachat d’entreprise. Pour ce faire, le business plan est un document indispensable. 

Ce document réunit en effet toutes les informations pouvant faire pencher la balance en votre faveur dans votre demande de financement. Pour en savoir plus sur sa rédaction, n’hésitez pas à consulter notre guide qui décortique toutes les étapes pour rédiger votre business plan.

Étape 7 : Communication de la lettre d’intention et lancement des audits 

Votre business plan rédigé en gardant un œil sur notre guide, vous et le cédant pouvez vous échanger quelques dernières informations. En effet, le cédant pourra vous demander de lui fournir plus de garanties avant de vous donner accès à des informations confidentielles. De votre côté, vous pourrez réaliser une due diligence, également appelée l’audit d’acquisition de l’entreprise. Grâce à cet audit, vous vous assurerez que les données qui vous ont été transmises, notamment d’ordre financier, sont justes. La due diligence vous permettra par ailleurs de savoir si le prix de cession que le cédant a proposé est justifié ou s’il a été sur-évalué.

Mais avant de réaliser cet audit, il convient de délimiter le cadre et les limites de la négociation par l’intermédiaire d’une lettre d’intention. La rédaction de ce document est aussi l’occasion pour chacun de clarifier ses intentions et de parvenir à la conclusion d’un contrat.

Étape 8 : Le montage juridique

Si vous reprenez une entreprise individuelle, le montage juridique à imaginer ne sera pas le même que si vous reprenez une société. Il existe en effet autant de montage juridique qu’il y a de situations possibles. Et chacun de ces montages est porteur d’avantages et d’inconvénients différents selon le point de vue adopté : celui du cédant ou du repreneur. Mieux vaut alors mettre au clair ce qu’engage, pour l’un comme pour l’autre, un montage juridique spécifique afin de choisir la solution qui convient le mieux aux deux parties.

2 hommes se serrant la main devant des collaborateurs

Étape 9 : Le financement du projet

Tous les fonds nécessaires à la reprise d’une entreprise ne pourront pas sortir de votre poche. En plus de votre apport personnel, il vous faudra partir à la recherche de financements. Les organismes auxquels on pense lorsqu’il s’agit de prêter de l’argent sont les banques, et à raison ! 

Les banques peuvent en effet vous prêter un montant pouvant aller jusqu’à 70 % du coût d’acquisition de l’entreprise. Mais pour obtenir le soutien de votre banque, il faudra la convaincre de vous prêter une telle somme d’argent. Et ça, vous n’y parviendrez qu’en lui offrant toutes les garanties qu’elle exige.

Votre entourage peut également vous soutenir dans votre projet de rachat d’entreprise. Vos proches peuvent y participer sous la forme de donations, de prêts ou de participations au capital de votre future entreprise. Ce sont les apports personnels et ces derniers doivent représenter 30 % des besoins financiers. Par ailleurs, en tant que particuliers, s’ils financent votre projet, vos proches pourront bénéficier d’avantages fiscaux.

Il existe de nombreux autres moyens de financer un projet de rachat d’entreprise. On peut citer par exemple : 

 

Comment peut-on renforcer son apport personnel ?

Si le montant de votre participation, cumulée à celle de vos associés, n’atteint pas les 30 % des besoins, il existe plusieurs solutions pour le gonfler : 

Étape 10 : Le protocole d’accord

Après la négociation finale, le protocole d’accord vient entériner les conditions de vente sur lesquelles vous vous êtes mis d’accord avec le cédant. Ce document : 

  • Rappelle tous les points importants de la négociation ;
  • Fixe les droits et les obligations des deux parties ; 
  • Précise le reste du calendrier des opérations et actes à effectuer en vue de la réalisation de la reprise ; 
  • Détermine les conditions et modalités correspondant au projet de rachat.

Après sa rédaction, il n’y a plus de rétractation possible pour aucune des parties : la transmission de l’entreprise ira jusqu’à son terme. 

Étape 11 : Le closing, l’acte de cession et les formalités administratives

Le closing correspond à l’officialisation de la vente de l’entreprise par le cédant au repreneur. Elle intervient après réception d’une notification écrite des financeurs sollicités les engageant à octroyer les fonds nécessaires au rachat de l’entreprise. Le closing implique : 

  • Le déblocage des fonds ; 
  • La signature de l’acte de cession définitive devant notaire, avocat ou sous seing privé ; 
  • Et les formalités de reprise de titres de société ou de fonds de commerce.

La vente de l’entreprise est désormais actée, vous êtes la nouvelle personne à sa tête !

Étape 12 : Les 100 premiers jours de l’entreprise 

Les 100 premiers jours après la reprise d’une entreprise constituent une période de flottement normale après la substitution de l’ancien chef d’entreprise par un nouveau. Bien que caractérisés par une légère baisse d’activité, les 100 premiers jours ne représentent pas moins une période charnière. C’est en effet à son issue que vous serez jugé : la reprise d’entreprise est-elle un succès ou un échec ? 

Pour mettre toutes les chances de votre côté, vous devrez tenir le rôle que tenait votre prédécesseur tout en apportant votre touche personnelle. Ce peut être par exemple en introduisant de nouvelles méthodes managériales.

Prise de parole de la nouvelle cheffe d'entreprise devant ses employés

Pourquoi acheter une entreprise ?

Bien que le rapport PME 2020 de Bpifrance constate un recul du nombre de rachats d’entreprises sur la dernière décennie, ce ne sont pas les raisons de sauter le pas qui manquent. 

Gain de temps sur la création d’entreprise

En tête de ligne des avantages que renferme la cession d’entreprise : le gain de temps. Le repreneur n’a en effet pas à s’encombrer avec les formalités administratives inhérentes à la constitution d’une société. Acheter une structure en vente permet au repreneur de se concentrer directement sur l’opérationnel et n’a pas à s’occuper de : 

  • La création du logo et du site web ;
  • La rédaction du business plan ; 
  • L’achat des machines et outils utiles à l’exercice de l’activité ; 
  • La conception des produits ou prototypes.

Ne pas démarrer de zéro en termes humain et de capital social

Par définition, le repreneur reprend une entreprise en activité. Donc, là où il lui aurait fallu attendre quelque temps avant de se verser une rémunération, il pourra le faire immédiatement. De plus, la réputation de l’entreprise reprise est déjà faite. Le repreneur peut donc déjà bénéficier d’un portefeuille composé de clients fidèles.

Pour servir ces clients, il peut faire confiance aux salariés déjà présents. Ce maintien du personnel humain à leur poste lui fera bénéficier d’employés formés, expérimentés et ayant d’ores et déjà fait leurs preuves. Dès lors, le repreneur n’aura pas à prioriser le recrutement de nouveaux talents et pourra se concentrer sur la mise au point de nouveaux projets.