Les sociétés, à différents moments de leurs cycles de vie, peuvent rencontrer des besoins en financement. Que ce soit dès leur création, ou plus tard, pour assurer leur croissance, développer de nouveaux projets, réaliser des investissements ou faire face à des problèmes financiers. En effet, se pencher sur le bon mode de financement de l'entreprise est une étape quasi incontournable.

En France, il en existe une multitude qu’il est possible de mobiliser, seuls ou en les combinant. On peut les catégoriser dans deux grandes familles : 

  • Les financements internes ;
  • Et les financements externes.

Quels sont les différents moyens de financement de l'entreprise en interne ?

Le mode de financement interne peut s’apparenter à de l’autofinancement. En effet, il s’agit, pour l’entrepreneur, de financer son entreprise par ses propres moyens, avec l’aide de ses associés, de ses proches ou par les bénéfices de l’entreprise elle-même lorsque l’activité existe déjà. Parmi les financements internes, on retrouve quatre sous-catégories.

L’autofinancement

Le terme autofinancement s'emploie lorsque l’entreprise est auto-suffisante. En effet, lorsqu’une entreprise génère suffisamment de capitaux pour financer sa propre croissance. 

L’autofinancement correspond au calcul de la capacité d’autofinancement (CAF) à laquelle sont soustraits les dividendes que reçoivent les associés. La CAF se calcule, pour sa part, sur le résultat net de l’entreprise. 

Les apports personnels

Il est courant que des entrepreneurs fassent des apports personnels. Et ce, que ce soit au moment de la création d’une société, ou par la suite pour divers projets de développement nécessaires à sa croissance.

Bien sûr, ce mode de financement implique des fonds personnels que tout le monde ne possède pas. Cependant, c’est une méthode de financement très répandue dans les PME, dans l’artisanat ou les professions libérales.

Les montants des apports personnels dépendent des disponibilités en liquidité des entrepreneurs. De manière générale, les apports personnels peuvent se faire : 

  • En numéraire (en argent) ;
  • En nature (biens matériels et immobiliers) ;
  • Ou, pour finir, en industrie (savoir-faire).

Les comptes courants d’associés

Le compte courant d’associés est un mode de financement assez récent. C’est aussi une forme très avantageuse pour les entreprises. En effet, elle permet aux associés de financer eux-mêmes leur société : 

  • Soit en déposant sur ce compte des fonds propres ;
  • Soit en renonçant de manière temporaire à leurs dividendes ou à leurs rémunérations. 

Cet argent sert ainsi à la société. Dans tous les cas, l’opération est inscrite au passif de l’entreprise, et les intérêts sont ainsi déductibles du résultat fiscal.

Le love money

Cet « argent de l’amour », comme celui issu des apports personnels, est un mode de financement de l'entreprise dit « naturel ». Il s’agit en fait d’argent que les entrepreneurs empruntent à leurs proches (familles ou amis) de manière non officielle et non contractuelle. Sous certaines conditions, les proches peuvent faire valoir leur investissement et bénéficier d’une réduction d’impôt au nom de la souscription au capital d’une entreprise. 

Cet argent peut prendre la forme : 

  • D’un don ;
  • D’un prêt ; 
  • Ou même d’une avance sur héritage.

Cette manière de financer l’entreprise est généralement bien perçue par les banques et peut constituer une aide dans la constitution d’un dossier de prêt bancaire. 

Si parfois les financements internes sont suffisants pour la création d’une entreprise, pour des investissements ou pour subvenir à un plan de développement, ce n’est pas toujours le cas et c’est même plutôt rare.

Les entrepreneurs sont donc souvent amenés à mixer les types de financements.

Quels sont les différents moyens de financement de l'entreprise en externe ?

Par opposition, le terme de financement externe regroupe les différents modes de financement extérieurs à l’entreprise. En effet, ces modes de financement impliquent le recours à une personne ou une organisation tierce. Parmi ces derniers se retrouvent notamment le recours à un prêt bancaire ou à un mode de financement participatif.

Les emprunts (ou crédits professionnels)

Dans les sources de financements externes, la plus courante et classique reste l’emprunt bancaire. Les établissements bancaires accompagnent en effet de nombreux entrepreneurs dans les projets de création d’entreprise, en les finançant souvent à plus de 50 %.

Pour d’autres projets comme l’achat d’équipements, d’immobilier, des besoins de trésorerie… les banques proposent aussi des crédits professionnels. Les versements peuvent être effectués en une ou plusieurs fois, selon la nature des besoins de l’entreprise. Et les remboursements commencent en général dès les premiers versements par la banque. Ils ne s’étalent généralement pas sur plus de 10 ans.

Et pour d’autres besoins, liés à des investissements plus lourds, elles peuvent offrir des prêts à long terme, mais qui sont plus souvent limités à hauteur du capital social. 

À noter : chaque établissement bancaire dispose de sa propre gamme d’offres en termes de crédit. Il convient se renseigner auprès de plusieurs banques avant d’opter celle proposant le suivi le plus adapté au projet de la société, ainsi que les taux d’intérêt les plus intéressants.

Le prêt d’honneur

Le prêt d’honneur est une forme d’emprunt, mais qui présente des caractéristiques différentes des prêts classiques accordés par les banques.

Il est possible de le demander seulement pour financer une création ou la reprise d’entreprise. C’est un prêt à taux zéro. Les sociétés n’ont donc que la somme empruntée à rembourser.

L’accès à ce genre de prêt, comme son nom l’indique, ne demande aucune garantie puisqu’il repose sur l’honneur du remboursement de la part de l’emprunteur.

En revanche, il faut souvent soumettre un dossier qui peut prendre du temps à constituer.

Pour finir, l’organisme financier d’un prêt d’honneur n’est pas obligatoirement un établissement bancaire. En effet, plusieurs organismes peuvent permettre de souscrire à un prêt d’honneur. Il s’agit notamment : 

  • Des collectivités territoriales ;
  • Des associations actives dans le domaine de la création et du développement des entreprises ;
  • Ou encore des acteurs privés eux-mêmes spécialistes de la création et du développement des entreprises.

Le microcrédit

Le microcrédit est une option pour les entrepreneurs en difficulté qui ne parviennent pas à accéder aux crédits bancaires. En règle générale, c’est un acteur associatif ou un organisme habilité qui finance le microcrédit qui se limite à 12 000 euros. 

Un entrepreneur désireux de souscrire à un microcrédit doit prendre l’attache de l’organisme accrédité qui vérifie la viabilité du projet et évalue la capacité de remboursement de l’emprunteur, ainsi que sa motivation. 

Le recours au microcrédit permet à l’entreprise de bénéficier d’un suivi financier durant la période de remboursement. Ce suivi est assuré par l’organisme qui finance le crédit. Ce dernier en fixe le taux d’intérêt qui reste fixe pendant la période de remboursement.

Les prises de participation

La prise de participation dans le capital d’entreprise est un autre levier que peuvent utiliser les entrepreneurs ou les chefs d’entreprises. Ils permettent de proposer à des investisseurs privés de rentrer au capital social de leur entreprise par le biais de l’obtention de titres.

Les investisseurs peuvent être simplement des épargnants qui cherchent à réaliser du profit, mais aussi des fournisseurs ou des personnes qui croient au projet.

En échange de leur financement, les investisseurs peuvent demander des comptes rendus sur l’activité exercée ou sur les décisions du dirigeant, mais aussi et surtout un retour sur investissement.

Il est important de discuter des attentes de chaque partie en amont d’une prise de participation. Si le financement est nécessaire pour couvrir un projet à long terme, il vaut alors mieux chercher des investisseurs qui ne recherchent pas un retour sur investissement rapide.

Le terme de « capital risque » est à rapprocher de celui de prise de participation. Dans ce cas, il s’agit pour l’investisseur de prendre des parts d’une société, d’une PME ou d’une start-up au moment de sa création. Tout comme dans le cas de la prise de participation, les investisseurs en capital risque investissent pour maximiser leurs bénéfices. Comme le nom l’indique, ils sont conscients des risques des investissements.

Les montants levés en demandant des financements via du capital risque sont bien plus importants et peuvent atteindre plusieurs millions ou dizaines de millions d’euros.  Les fonds en capital risque visent notamment les activités innovantes et ciblent les entreprises au moment de leur lancement.

Le crowdfunding

Le financement participatif, ou crowdfunding, permet de financer un investissement ou une création d’entreprise par de nombreuses personnes. Son nom en anglais se traduit par « financement par la foule ».

Il s’agit donc de convaincre des personnes du potentiel d’un projet et leur proposer une contrepartie en échange de leur investissement (elle peut être symbolique).

Avec l’avènement d’internet, ce mode de financement s’est très largement développé et les montants levés peuvent être très importants.

Il existe de nombreuses plateformes pour organiser une campagne de crowdfunding. Il convient de garder en tête qu’elles prennent en général une commission pouvant aller de 5 % à plus de 10 % du montant levé.

Le crowdlending

Proche du crowdfunding, le crowdlending reprend le même principe de faire appel à un grand nombre de personnes. Sauf qu’au lieu d’une contribution contre une contrepartie, ici le financement participatif prend la forme de prêts. Les taux d’intérêt sont assez élevés (ils avoisinent les 9 %). De nombreux investisseurs sont séduits, qui prêtent plus ou moins d’argent.

Cela permet d’atteindre des sommes de financement qu’une seule ou peu de personnes n’auraient pas prêtées.

Les Business Angels

Les Business Angels sont des personnes physiques, généralement d’anciens chefs d’entreprises qui choisissent d’investir dans des entreprises ou des projets qui les séduisent.

Ils deviennent alors des actionnaires des sociétés. En plus de l’argent qu’ils apportent, ils accompagnent et conseillent aussi les entrepreneurs. Les sommes qu’ils investissent n’ont pas à être remboursées, mais ils sont généralement exigeants quant à la gestion de l’entreprise, de son capital, etc.

L’affacturage

Ce mode de financement ne s’adresse qu’aux entreprises déjà actives. C’est une forme de crédit professionnel. Cela consiste à demander à une société financière (un factor), d’acheter les dettes d’un client, pour disposer rapidement de trésorerie. Les factors prélèvent sur ce type d’opérations une commission d’affacturage (généralement entre 0,5 et 3%) et une commission de financement (un pourcentage du montant des créances).

Le leasing

Cette pratique porte également le nom de crédit-bail. Il ne s’agit pas ici, pour une société, de percevoir des capitaux, mais d’une transaction d’ordre immobilier. Il s’agit, pour l’entrepreneur, de signer un contrat avec une société de leasing. Cette dernière acquiert un bien mobilier pour l’entreprise qui ensuite l’utilise à son gré contre versement d’un loyer.

À la fin du contrat de bail, la société peut : 

  • Rendre le bien à la société de crédit-bail ;
  • Reconduire le contrat ;
  • Acheter le bien en versant la valeur résiduelle.

Les aides gouvernementales

Parmi les sources de financement disponibles en France, on compte les aides d’État. Ces sommes d’argent ne viennent évidemment pas, comme leur nom l’indique, d’argent dont dispose un entrepreneur, mais elles ne sont pas catégorisées dans les financements externes puisqu’elles laissent une totale liberté aux entrepreneurs et n’impliquent ni remboursement ni d’implication de tierces personnes.

En général, les aides sont à solliciter plutôt au moment de la création ou du lancement d’une entreprise. Plus on avance dans le cycle de vie des sociétés, moins il y a d’aides gouvernementales proposées. Pour les entreprises en France, il convient de distinguer les aides nationales, régionales et européennes.

Toutes les aides, qu’elles soient régionales, nationales ou européennes, imposent un certain nombre de critères d’éligibilité. Certaines ne ciblent, par exemple, que les start-ups ou les PME, d’autres ne s’obtiennent que pour le lancement ou la reprise d’une activité, tandis que d’autres se concentrent sur certains secteurs (innovation, entrepreneuriat social…).

Les aides et dispositifs nationaux

Parmi les dispositifs les plus sollicités, on retrouve :

  • L'Arce : l’aide à la reprise ou à la création d’entreprise pour les chômeurs créant ou reprenant une entreprise. Elle n’apporte pas en soit un financement, mais elle permet une exonération des cotisations sociales pour une durée d’un an ;
  • L’Acre : l’aide à la création ou à la reprise d’une entreprise qui consiste en une exonération partielle des charges sociales durant les premières années d’activité ;
  • Le Cape : le contrat d’appui au projet d’entreprise permet de bénéficier d’une aide matérielle et financière pendant un an (renouvelable 2 fois) en échange de l’engagement de l'auto-entrepreneur à suivre une formation de préparation à la création (ou reprise) et à la gestion d’entreprise ;
  • Le CIR : le crédit impôt-recherche. Pour les petites entreprises qui investissent certaines sommes dans la R&D et dans l’innovation, il permet d’obtenir une réduction jusqu’à hauteur de 50% des dépenses réalisées ;
  • Le CII : le crédit d’impôt innovation : destiné aux PME, le crédit innovation permet de récupérer une partie des sommes qu’elles ont investies dans l’innovation par le biais d’un crédit d’impôt. Cette aide est conditionnée aux faits qu’une entreprise ait moins de 250 employés et réalise un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros ;
  • Jeune entreprise innovante ou universitaire (JEI-JEU) : ce dispositif permet aux jeunes entreprises de bénéficier d’une réduction d’impôt sur les bénéfices de 100 % lors du premier exercice bénéficiaire et de 50 % lors du second. 

Les subventions de l’Union européenne

Pour les entreprises dont le plan de développement est à l’échelle européenne, et qui évoluent dans les domaines de l’information ou de la communication, l’UE propose en effet différentes subventions. Cependant, ces subventions sont rarement accordées directement aux entreprises, mais se versent via des intermédiaires. Par exemple, le Fonds européen d’investissement (FEI) peut prendre des participations de capital risque auprès des entreprises. De même, la Banque européenne d’investissement (BEI) peut accorder des prêts via des intermédiaires financiers. 

Les aides régionales

À plus petite échelle, au niveau régional, départemental, ou même parfois directement de la part des communes, il existe d’autres aides. On retrouve par exemple les Primes Régionales à la création d’Entreprise qui avoisinent les 1 500 euros.

En plus de ces premières sources, on compte aussi les concours dans les moyens de financement de l'entreprise en interne. Ils peuvent venir de l’État, des Régions, d’administrations… mais aussi d’entreprises privées. C’est un mode de financement auquel les entrepreneurs ne pensent pas forcément, mais c’est pourtant souvent une vraie voie pour débloquer des fonds.

Enfin, le Nouvel accompagnement pour la création ou la reprise d’entreprise (Nacre) est une aide à la compétence des régions. Le Nacre consiste en un accompagnement des entrepreneurs pour une durée de trois ans.

Certains concours n’offrent que de la visibilité, un accompagnement, de l’incubation, du matériel… mais d’autres peuvent permettre de remporter jusqu’à plusieurs milliers d’euros. 

Modes de financements : comment choisir entre investissements internes et externes ?

Les modes de financement internes présentent l’avantage d’être plus simples et permettent de ne pas recourir à un intermédiaire. L’indépendance financière de l’entreprise lui permet de bénéficier d’une plus grande crédibilité, que ce soit auprès d’un partenaire ou d’un établissement bancaire. En revanche, le financement interne limite les perspectives de l’entreprise, la trésorerie pouvant être mise à disposition étant limitée. De plus, en cas de crise, ce sont les capitaux de l’entrepreneur ou de l’entreprise qui sont directement visés, le risque personnel est donc plus grand.

Les modes de financement externes permettent de bénéficier d’une trésorerie plus conséquente rapidement. Cependant, l’entrepreneur devra s’acquitter d’intérêts auprès des organismes financiers, ces derniers pouvant varier selon le projet et la confiance des établissements bancaires envers le demandeur. De même, les garanties exigées par les organismes de crédits risquent d’atteindre un montant élevé. Les financements externes paraissent plus appropriés aux projets ayant des besoins importants et à la rentabilité élevée.

Financement d’entreprise en France : un bilan

Les dispositifs de financement auxquels peuvent prétendre les entreprises en France pour financer leur croissance sont nombreux. Un bilan récapitulatif des différents modes de financement s’impose.

Source interne

Mode de financements interne ou externe Modes de financement Caractéristiques
Financement interne Autofinancement Autofinancement par l’entreprise qui génère suffisamment de revenus pour pourvoir seule à ses besoins et à sa croissance
Apports personnels

Apports par l’entrepreneur en : 

  • numéraire (capitaux) 
  • nature (bien)
  • industrie (savoir-faire)
Comptes courants d’associés Investissement réalisé par les associés de la société
Love Money Investissement fait par les proches (famille et amis) de l’entrepreneur

Source externe

Mode de financements interne ou externe Modes de financement Caractéristiques
Financement externe Les emprunts (ou crédits professionnels)

Crédit auprès d’une banque.

Attention : 

  • taux d’intérêt parfois élevés
  • garanties
Le prêt d’honneur Prêt à taux 0 auprès d’un organisme sur la base de la confiance
Le microcrédit

Crédit de 12 000 euros maximum remboursable sur 5 ans pour les professionnels qui n’ont pas accès aux crédits bancaires. L’entrepreneur prend l’attache d’un organisme spécialisé qui évalue : 

  • sa motivation
  • son projet
  • sa capacité de remboursement

L’entrepreneur bénéficie d’un suivi financier pendant la période de remboursement.

Les prises de participation

Investissement par des personnes extérieures à la société en échanges d’actions. 

Attention : les actionnaires espèrent un retour sur investissement.

Le crowdfunding

Investissement par plusieurs personnes en échange d’une contrepartie. 

Attention : le crowdfunding se fait généralement via une plateforme qui prélève une commission sur la transaction

Le crowdlending

Prêt par plusieurs personnes avec remboursement à la clef. 

Attention : le crowdlending se fait généralement via une plateforme qui prélève une commission sur la transaction

Les Business Angels

Investissement par un professionnel d’expérience qui croit au projet. Ce dernier accompagne le projet et fait bénéficier l’entrepreneur de son expérience. 

Attention : le business angel a un droit de regard sur la gestion de l’entreprise 

L’affacturage

Rachat par une société financière (factor) des dettes d’un client d’une entreprise

Attention : le factor facture une commission allant de 0,5 à 3 % de ladite dette

Le crédit-bail (leasing)  

Contrat passé entre la société et une entreprise de leasing (crédit-bail). L’entreprise de leasing acquiert un bien immobilier qu’elle loue à la société qui, à la fin du contrat, peut : 

  • rendre le bien
  • reconduire le contrat
  • acheter le bien
Aides gouvernementales Aides nationales, régionales ou européennes sous forme d’exonérations d’impôt, d’accompagnement ou d’investissement