Comprendre la situation de son entreprise à un instant T pour prendre de meilleures décisions stratégiques : tel est l’objectif du pilotage de la performance en entreprise. Il ne s'agit pas seulement de surveiller les résultats financiers de l’entreprise, certes essentiel pour assurer une gestion efficiente d’une entreprise, mais bien de suivre un ensemble d’indicateurs clés pour votre activité afin de se projeter dans l’avenir, d'anticiper, et d'orienter la trajectoire de croissance de l’organisation. Difficile, en effet, de faire l’impasse sur le pilotage de la performance, et encore plus lorsqu’on vise l’excellence opérationnelle.   

Êtes-vous prêt à en découvrir plus ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur le sujet. 

Qu’est-ce que le pilotage de la performance ? 

Commençons par poser le cadre. Le pilotage de la performance est un processus qui consiste à surveiller, évaluer et orienter les activités d’une entreprise pour l’aider à atteindre ses objectifs stratégiques. Ce processus repose avant tout sur l’utilisation d’indicateurs clés de performance (aussi appelés KPIs) qui permettent de mesurer les progrès réalisés et d’identifier les points nécessitant des améliorations. S’il est possible de retrouver un ensemble d’indicateurs communs à toutes les entreprises (qui permettent de mesurer la performance commerciales ou la rentabilité de l’entreprise par exemple), chaque entreprise doit aussi avoir des indicateurs spécifiques à leur situation et à leurs priorités  Par ailleurs, le pilotage de la performance inclut également une multitude de composantes au sein de l’entreprise, allant de la planification financière, au suivi opérationnel, en passant par la gestion des risques ou la capacité à ajuster en temps réel les actions mises en place. 

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Pour le DAF, il s'agit souvent de traduire la stratégie en plans financiers cohérents permettant à l’entreprise d’atteindre ses objectifsCela passe par l’allocation des ressources sur les bons postes de dépenses, tout en veillant à l’équilibre et à la rentabilité. Pour le dirigeant, il s’agit de s'assurer que l’évolution de l’entreprise reste alignée avec ses ambitions, sa vision et ses objectifs. 

Quels sont les outils de pilotage de la performance d’entreprise ?

Le pilotage de la performance repose sur la connaissance précise de la situation de l’entreprise à un instant T. De plus, maintenir un historique des indicateurs clés de performance permettra d'évaluer l'efficacité des actions menées et, par conséquent, de juger du succès du plan d'actions afin de l'ajuster au besoin. 

Concrètement, le pilotage de la performance d’entreprise repose sur une combinaison d’outils financiers, opérationnels et stratégiques : 

  • Le tableau de bord de gestion, qui regroupe des indicateurs clés de performance sélectionnés en fonction des objectifs stratégiques de l’entreprise et de ses spécificités  (ex : évolution du chiffre d’affaires, valeur ajoutée, besoin en fonds de roulement, etc.)  ;
  • Le reporting financier, qui fournit une photographie précise de la rentabilité, de la trésorerie et des écarts budgétaires. 
  • La gestion de la trésorerie en temps réel, pour éviter les tensions financières et les imprévus.
  • La planification budgétaire, qui permet de réaliser des projections sur l’activité de l’entreprise et de simuler différents scénarios. De plus en plus, les entreprises s'appuient sur des solutions de Business Intelligence (BI) pour exploiter en temps réel des volumes de données croissants et générer des analyses prédictives. 

Pilotage de la performance : qui est concerné ?

Toutes les fonctions de l’entreprise sont concernées. Le pilotage de la performance concerne en effet l’ensemble des strates de l’entreprise : équipes commerciales, achat, RH, etc. L’objectif reste le même : se projeter dans l’avenir, afin de mieux gérer l’activité et de prendre des décisions plus adaptées. Quelques exemples :  

  • Pour la fonction finance, il conviendra d’assurer la planification budgétaire, de suivre les coûts, de réaliser la clôture des comptes, et, plus largement, d’assurer un équilibre entre les besoins de chaque département et les ressources disponibles pour maintenir la rentabilité de l’entreprise.
  • Pour la fonction RH, il s’agira d’analyser les indicateurs de performance adéquats (suivi des effectifs, évaluation et évolution de la masse salariale, taux de turnover, etc). 
  • Pour la fonction commerciale, il s’agira de suivre les performances de l’entreprise en la matière, tout en identifiant des opportunités de croissance. 

Evidemment, il revient à la direction de définir les processus de pilotage de l’entreprise. C’est elle qui, par ailleurs, doit en assurer la gestion. A ce titre, il est recommandé d’inclure au moins un collaborateur par service impliqué. Pour finir, l'implication de tous les départements est essentielle. Chaque collaborateur doit disposer d'une feuille de route claire, définissant des objectifs tant qualitatifs que quantitatifs. Cela garantit que personne n'est exclu, et que chacun comprend précisément la vision de l'entreprise, comment elle se déploie et selon quels critères la performance est évaluée.

Pourquoi le pilotage de la performance est-il indispensable ?

Le pilotage de la performance ne se limite pas à réduire les coûts et augmenter la productivité de l’entreprise. Il s’inscrit sur le long terme dans une démarche d’amélioration continue, qui vise à anticiper les évolutions (du marché, des normes…) à identifier les points faibles, à optimiser les processus internes et à mobiliser les équipes dans le but d’atteindre l’excellence opérationnelle.  

Plus précisément, un pilotage de la performance efficace permet de :

  • Améliorer la prise de décision en s’appuyant sur des données fiables et actualisées ; 
  • Renforcer la réactivité de l’entreprise face aux changements du marché ou aux aléas économiques ;
  • Optimiser la rentabilité de l’entreprise en identifiant rapidement les leviers de performance ;
  • Sécuriser l'entreprise en anticipant les risques financiers et opérationnels.
  • Mobiliser les équipes  autour d’objectifs clairs et mesurables.

En d'autres termes, un bon pilotage transforme l’incertitude en opportunité. 

Le rôle clé du DAF dans le pilotage de la performance

Le DAF joue un rôle crucial dans le pilotage d’entreprise. Sa mission ne se limite plus à réaliser des états financiers : il est désormais un véritable business partner du dirigeant.

Aujourd’hui, ses responsabilités s’étendent à :

  • L’élaboration de la stratégie financière de l’entreprise, alignée avec la stratégie globale du comité de direction.
  • La modélisation des différents scénarios pour tester la solidité du business model de l’entreprise.
  • La production de tableaux de bord et de KPIs pertinents pour piloter l’activité en temps réel et mesurer la performance de l’organisation.
  • La sensibilisation des autres équipes pour créer une culture du pilotage partagée et de responsabilisation des collaborateurs.
  • L’alerte en cas de dérives ou d’écarts par rapport au budget, pour ajuster les actions avant que la situation ne devienne critique.

Enfin, dans un contexte où l'agilité est essentielle, le DAF doit également être en mesure de proposer des outils digitaux adaptés (ERP, Business intelligence, reporting automatisé…) pour améliorer la qualité et la rapidité de l'information.

Comment mettre en place un processus de pilotage de la performance ? Les bonnes pratiques à adopter

Sans pratiques adaptées, il n’y a pas de pilotage efficace. Pour que celui-ci donne la pleine mesure de son pouvoir, voici quelques bonnes pratiques à mettre en place sans attendre :

  • Définir des objectifs clairs et partagés

Ces objectifs doivent être définis par la direction de l’entreprise, mais ils ont également vocation à “descendre” et à être partagés avec l’ensemble des collaborateurs. Ainsi, chaque collaborateur doit comprendre les ambitions et objectifs de l’entreprise pour parvenir à les atteindre.

Le conseil de l'expert

Pour assurer que ces objectifs soient réellement efficaces et mesurables, il est crucial de s'appuyer sur des méthodes éprouvées. La méthode SMART est une approche particulièrement pertinente pour la définition d'objectifs de performance. SMART est un acronyme signifiant Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste et Temporellement défini. Un objectif bien construit, adhérant à ces critères, permet non seulement de clarifier ce qui doit être accompli, mais aussi de faciliter son suivi et son évaluation, garantissant ainsi une direction claire et motivante pour tous les acteurs impliqués. Sans des objectifs solidement définis, le pilotage de la performance risque de manquer de repères et de ne pas produire les résultats escomptés.

Pour mettre en œuvre des objectifs SMART et renforcer votre pilotage, nous vous conseillons concrètement de :

  • Impliquer les équipes dans la définition : ne définissez pas les objectifs de manière isolée. Faites participer les managers mais surtout les collaborateurs concernés dès la phase de définition. Cela garantira que les objectifs sont non seulement réalistes pour le terrain, mais aussi mieux compris et acceptés par ceux qui devront les atteindre.
  • Quantifier systématiquement : pour chaque objectif, définissez des chiffres précis et des dates butoirs. Par exemple, au lieu de "augmenter les ventes", optez pour "augmenter le chiffre d'affaires de 15% sur les produits X d'ici la fin du T4". Cela rend l'objectif mesurable et temporellement défini.
  • Vérifier la faisabilité (Attainable & Realistic) : avant de valider un objectif, évaluez les ressources nécessaires (humaines, financières, matérielles) et la capacité réelle de l'entreprise à l'atteindre. Un objectif trop ambitieux peut démotiver, un objectif trop facile n'incite pas à l'effort.
  • Décloisonner les objectifs : assurez-vous que les objectifs des différents départements (commercial, marketing, production, RH) sont alignés et complémentaires. Un objectif SMART pour le service commercial doit avoir un écho dans les objectifs SMART du marketing (par exemple, en termes de génération de leads).
  • Communiquer et suivre régulièrement : une fois définis, les objectifs SMART doivent être communiqués de manière transparente à toutes les parties prenantes. Mettez en place des points de suivi réguliers (mensuels, trimestriels) pour évaluer les progrès, célébrer les réussites et ajuster les stratégies si nécessaire. Utilisez des tableaux de bord clairs pour visualiser l'avancement.

En adoptant cette rigueur dans la définition de vos objectifs, vous donnerez à votre entreprise une direction claire et mesurable, renforçant ainsi l'efficacité de tout votre processus de pilotage de la performance.

Baptiste Dellerie, Analyste FP&A Senior, Ex-auditeur financier grands comptes chez Mazars Paris 
  • Adopter une approche agile

Le plan initial doit pouvoir être réajusté rapidement en fonction des événements (nouvelle concurrence, crise économique, évolution de la réglementation…). Aussi, selon les résultats observés, il faut pouvoir s’adapter et changer son plan d’actions si besoin.

  • Favoriser la transversalité

On l’a vu, le pilotage de la performance ne concerne pas uniquement la fonction finance. Pour être efficace, il doit impliquer toutes les directions et tous les niveaux hiérarchiques afin de créer une responsabilité commune et partagée.

  • Automatiser la collecte et l’analyse des données

Moins de temps sur le traitement, c’est plus de temps pour l’analyse et la prise de décision. À ce titre, il existe de nombreux outils d’automatisation dont les entreprises peuvent se saisir.

  • Mettre l’accent sur la communication interne

Un pilotage efficace passe aussi par la capacité à expliquer, convaincre, et embarquer les équipes. C’est un processus global, qui ne doit pas être limité à une poignée d’individus ou de fonctions.

Quels sont les défis du pilotage de la performance ? 

Le besoin de pilotage de la performance est aujourd'hui confronté à plusieurs défis majeurs. Il est important que les entreprises les prennent en compte, toujours dans un but d’anticipation et d’ajustement des actions à mener : 

  • La volatilité économique, nourrie par des crises successives (sociales, financières, diplomatiques, sanitaires…) qui exigent une forte capacité d'adaptation.
  • La digitalisation, qui nécessite en permanence de nouvelles compétences et de nouveaux outils.
  • L’essor du développement durable et la transition RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), ce qui implique que de nouveaux indicateurs extra-financiers doivent être intégrés dans le pilotage de l’entreprise.
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Le conseil de l'expert

L'avenir du pilotage de la performance réside dans une fusion proactive de l'intelligence artificielle prédictive et de la résilience organisationnelle. Il ne s'agit plus de réagir aux données passées, mais de modéliser et d'anticiper les dynamiques complexes, intégrant la dimension humaine et éthique au cœur des algorithmes. La métrique ultime devient la capacité d'adaptation systémique en temps réel, transformant l'incertitude en levier stratégique afin de saisir chaque opportunité et mitiger les risques provoqués par un marché en constante mutation.

Pour cela, concrètement, nous vous invitons à :

  • Investir dans des outils d'IA prédictive adaptés. Ne voyez pas l'IA comme une solution lointaine, mais comme un copilote. Explorez les plateformes qui analysent vos données historiques (ventes, trésorerie, performances opérationnelles) et les croisent avec des facteurs externes (tendances de marché, données macroéconomiques) pour anticiper les scénarios futurs. Cela vous permettra de simuler l'impact de différentes décisions avant de les prendre.
  • Développer l'agilité organisationnelle. Mettez en place des processus de décision plus courts et des équipes pluridisciplinaires capables de réagir vite. L'IA peut prédire, mais c'est votre organisation qui doit agir. Favorisez une culture où l'expérimentation est encouragée et où l'échec rapide est une source d'apprentissage.
  • Intégrer les données extra-financières et éthiques. Le pilotage ne se limite plus aux chiffres purs. Assurez-vous que vos tableaux de bord incluent des indicateurs RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), de bien-être des employés, ou d'empreinte environnementale. L'IA peut aider à analyser ces données complexes pour garantir que vos décisions sont non seulement rentables, mais aussi durables et alignées avec vos valeurs.
  • Renforcer la formation continue des équipes. Pour que l'IA soit un atout, vos collaborateurs doivent comprendre ses mécanismes, savoir interpréter ses résultats et l'utiliser efficacement. Investissez dans la montée en compétences pour que chacun puisse contribuer à cette culture de la donnée et de l'anticipation.
  • Établir des boucles de feedback rapides. La résilience implique une capacité à ajuster le cap fréquemment. Mettez en place des revues de performance plus régulières, même hebdomadaires sur certains indicateurs clés, et encouragez la communication transparente entre les départements pour identifier et corriger les écarts en temps réel.

En adoptant cette approche, vous transformerez l'incertitude du marché en un moteur de croissance et de compétitivité pour votre entreprise.

Baptiste Dellerie, Analyste FP&A Senior, Ex-auditeur financier grands comptes chez Mazars Paris

Pour rester performants dans ce contexte, les DAF et les dirigeants doivent donc développer à la fois leurs compétences techniques (finance, digital, gestion des données…) et leurs soft skills (leadership, communication, vision stratégique).

Le pilotage de la performance est désormais un impératif pour toute entreprise qui se soucie de sa pérennité et de son efficacité. Il ne s'agit plus seulement de suivre des indicateurs dans un souci de création de valeur, mais de négocier les changements, d’anticiper les risques, de renforcer sa résilience en cas de crise et de saisir les opportunités.

Loin d’être réservé à une poignée d’individus dans l’entreprise, un pilotage efficace est avant tout une démarche collective, basée sur la clarté des objectifs, la fiabilité et la transparence de l'information et la culture de la performance partagée.

Piloter efficacement la performance, c’est donc adopter une approche systémique. C’est cette capacité à anticiper, ajuster et innover qui va permettre aux entreprises de construire une croissance solide et d’investir dans l'avenir.