Fairmat lève 8,6 millions d’euros pour le recyclage de fibre de carbone
Fairmat, une deeptech, se lance dans le recyclage des composites à fibre de carbone. Cette semaine, elle a levé 8,6 millions pour réaliser ses ambitions.
Cette semaine, Benjamin Saada, cofondateur d’Expliseat, revient avec une nouvelle startup, Fairmat, et lève 8,6 millions d’euros. Le projet met l’écologique au cœur de ses ambitions. La jeune pousse va industrialiser une technologie de recyclage des composites à fibres de carbone avec une mise en application zéro carbone.
Fairmat, une solution plus durable dans un marché en pleine croissance
Le fondateur de Fairmat a une ambition : révolutionner la méthode de recyclage de carbone et en finir avec l’enfouissement ou l’incinération de ce matériau.
Avec cette promesse, il a réussi à lever 8,6 millions d’euros cette semaine. Ce tour de table a été réalisé avec le fonds Singular et des business angels, pour l’instant, anonymes.
La technologie mise au point part d’un premier constat : la majorité des déchets de ce matériau finit sous terre ou brulée. Benjamin Saada estime que « 95 % des déchets en fibres de carbone vont finir enterrés ou incinérés ». Il poursuit : « Il existe des solutions de recyclage, par pyrolyse ou capo-thermolyse… mais elles émettent plus de CO2 que la fabrication de matériau neuf… ». En effet, les solutions de recyclage élaborées jusque-là, telles que la solvolyse ou la thermolyse, sont très énergivores, ce qui n’incite pas l’industrie à les inclure dans leur cycle de production.
En plus du recyclage de la fibre carbone, Fairmat se positionne sur le réemploi ; c’est-à-dire sur les chûtes de production qui présenteraient « 30 % de la matière neuve », selon le fondateur de la deepTech. Par exemple, des pales d’éoliennes ou pièces d’avion pourraient devenir des panneaux noirs et ainsi remplacer le bois, le plastique, l’aluminium ou même l’acier.
L’ambition zéro carbone de Fairmat
Le procédé de Fairmat offre une deuxième vie au matériau et crée une production circulaire autour de la fibre de carbone. La startup s’ouvre un grand boulevard d’opportunités, car jusque-là, aucune solution ne satisfaisaient complètement le secteur. On estime que les déchets à base de fibres carbone représentent environ 62 000 tonnes annuellement. Quant à Fairmat, elle ambitionne de recycler 5 000 tonnes par an dès l’ouverture de son premier site de production.
Pour réaliser cet objectif, elle recherche un site pour son usine qui devra être capable « d’accepter les déchets de toute l’Europe ». L’ouverture de l’usine est prévue pour 2022 en France. Fairmat veut se positionner ensuite sur les marchés américains, japonnais et chinois : des leaders dans la production de fibre de carbone.
Toute cette prouesse technologique se réalise grâce à un traitement mécanique qui allie notamment l’algorithmie, l’intelligence artificielle et la robotique. Pour l’instant, peu de détails sont connus sur la technologie Fairmat mais elle a déjà séduit quelques industriels qui ont signé des contrats. En effet, le fondateur affirme que pour « 1 kilo de matière recyclée, ce sont 41 kilos de CO2 annulés. Le secteur peut faire gagner un an de pollution en moins à la Terre s’il parvient au bilan carbone négatif ». Surement, de quoi séduire encore d’autres investisseurs…
Benjamin Saada, un entrepreneur de l’antigaspi
L’entrepreneur n’est pas à son premier coup d’essai. En effet, il avait déjà expérimenté une première réussite avec une technologie de pointe qui se nomme Expliseat, en 2013. C’était une startup, lancée avec Jean-Charles Samuelian (fondateur d’Alan), qui révolutionnait le poids des sièges dans les avions. Le pari partait du principe qu’en réduisant de moitié le poids des sièges, il y aurait une économie de kérosène. Un pari qui a séduit Airbus notamment. La startup tablait alors sur un carnet de commande de 30 000 sièges par an.
Finalement, Benjamin Saada oriente chaque projet autour de ce qui lui tient à cœur : « la limitation du gaspillage ». Cette fois-ci, avec Fairmat, l’entrepreneur souhaite démocratiser la fibre de carbone dans les objets du quotidien. Il voit en Fairmat « l’une des solutions capables de changer la dynamique d’émission de CO2 de l’industrie aéronautique. »