Les délais de paiement, une pratique très courante
La pratique d'accorder des délais de paiement est solidement ancrée en France, avec un taux de 97% d'entreprises le pratiquant, indépendamment du secteur et de la taille. Le délai moyen s'élève à 48 jours, dépassant notablement ceux de l'Allemagne (32 jours) et de la Pologne (46 jours), bien qu'il reste inférieur à ceux en Chine (81 jours) ainsi que dans les autres pays d'Asie (66 jours).
Cette généralisation se confirme avec les TPE, bien que moins enclines, car 95% d'entre elles accordent des délais, mais sur des périodes plus courtes. En effet, 35% d'entre elles proposent des délais inférieurs à un mois, contre environ 10% pour les autres tailles d'entreprises.
Les petites entreprises fortement impactées par les retards de paiement
Sur les 12 derniers mois, 82% des entreprises en France ont fait face à des retards de paiement de la part de leurs clients, une situation plus fréquente qu'en :
- Pologne (61%) ;
- Allemagne (76%) ;
- Ainsi qu'en Asie (57%).
Malgré le fait que les délais soient plus longs dans ces zones, les retards sont moins courants. La taille de l'entreprise joue un rôle crucial puisque 70% des TPE et PME signalent des retards toujours plus importants, comparé à 53% des ETI et des grandes entreprises.
La majorité des TPE et la moitié des PME déclarent une augmentation des retards par rapport à 2022. De plus, 54% des TPE ont subi des retards de paiement dépassant un mois, dont 20% signalent des retards de plus de deux mois. Le retard moyen est de :
- 42 jours pour les TPE ;
- 38 jours pour les PME ;
- Et de 26 jours pour les grandes entreprises.
Ces résultats sont d'autant plus préoccupants que 50% des très petites entreprises estiment que les retards de paiement ont un impact « très important » ou « critique » sur leur trésorerie. Parmi les raisons invoquées, 27% des entreprises attribuent les retards aux difficultés financières de leurs clients, tandis que 41% estiment que ces retards sont délibérés dans le but de gérer les flux de trésorerie.
Une augmentation importante des défaillances d'entreprises en France
Après avoir maintenu des niveaux particulièrement bas jusqu'à mi-2022, le nombre de défaillances d'entreprises a retrouvé son niveau d'avant la pandémie de COVID-19 à la fin de l'année dernière. Au cours des neuf premiers mois de cette année, 39 098 défaillances ont été enregistrées, soit une augmentation de 34% par rapport à 2022 et de 4,5% par rapport à 2019.
Cette tendance touche tous les secteurs, avec une hausse particulière pour les entreprises réalisant un chiffre d'affaires inférieur à 250 000 euros (+8% par rapport à la période de janvier à septembre 2019). Cependant, les entreprises dont le chiffre d'affaires dépasse les 10 millions d'euros sont également plus touchées, avec une augmentation de 8% par rapport à 2019. Les prévisions voient une poursuite de cette tendance dans les trimestres à venir, avec des pressions sur les marges et les flux de trésorerie en raison de conditions de financement restrictives, d'une demande plus limitée et d'une augmentation des coûts.
Perspectives économiques dégradées et risques multiples
La grande majorité des entreprises (90%) s'attendent à une détérioration ou à une stagnation de leur activité en France et dans le monde. Cette anticipation concerne les entreprises de toutes les tailles. Malgré des perspectives de croissance limitée, voire en baisse, en France et dans l'Union européenne pour 2024, les entreprises exportatrices continuent de voir ces marchés comme des opportunités clés pour développer leurs activités l'année prochaine, avec 72% pour la France et 60% pour l'UE.
Dans un contexte mondial incertain sur le plan géopolitique, favorisant la délocalisation, 12% des entreprises interrogées indiquent avoir déjà déplacé une partie de leurs activités. De plus, parmi celles qui envisagent ou ont déjà entrepris la relocalisation, 84% prévoient de le faire en France