La relation entre associés : comment gérer le « couple professionnel » ?
La mauvaise relation entre associés est la cause de nombreux échecs d'entreprises. Alors, comment éviter l'éclat du "couple professionnel" ? Réponse.
Si les success stories d’associés accomplis à la tête de start-up florissantes pleuvent, l’aventure peut rapidement virer au cauchemar quand la relation entre associés devient tumultueuse. C’est bien simple, la mésentente entre les partenaires représente l’une des principales causes d’échec des entreprises.
Parfois sous-estimée, parfois idéalisée, la relation entre associés n’a pourtant rien d’anodin. Si les débuts peuvent être enivrants et que rien ne semble pouvoir arrêter un duo (ou trio) entrepreneurial enflammé, le “couple professionnel” peut éclater en plein vol et le projet d’entreprise avec. Pour éviter cela, pas de secret ! Comme en amour, le binôme au travail doit être chouchouté. Et oui… Après tout, on parle bien d’un mariage d’idées et de projets. Il ne suffit pas de bons sentiments pour le faire durer. Il mérite aussi attention, précaution, investissement, anticipation et une bonne dose de pragmatisme.
Coup de foudre entrepreneurial : trouver le match parfait
Un associé pour la vie…
Il est beau et charmant… ou plutôt, il est talentueux et compétent. C’est lui, l’alter ego professionnel, le partenaire d’affaires avec qui partir à la conquête du monde ! Qu’il s’agisse d’une évidence entre amis d’enfance ou de l’école ou de destins croisés dans un parcours professionnel, décider de s’associer à la tête d’une entreprise est un acte déterminant. Ce n’est peut-être pas pour la vie, mais cette association va très certainement la changer.
Certains choisissent de ne compter que sur eux-mêmes, de fonder et de gérer leur entreprise seuls. Pour d’autres, former une équipe est la voie du succès, mais aussi de la sagesse. L’union fait la force, non ? Se lancer en affaires à plusieurs est rassurant. C’est célébrer ensemble quand ça fonctionne mais aussi pouvoir compter les uns sur les autres en cas de coup dur. On partage ainsi le poids des responsabilités mais aussi les fruits du succès. Évidemment, c’est aussi le moyen de décupler ses forces, ses compétences, ses finances et son réseau.
Par-dessus tout, se lancer dans une relation d’associés implique de partager une vision et des valeurs communes pour que l’aventure dure le plus longtemps possible. Il en va de l’avenir de l’entreprise mais aussi des employés et des investisseurs impliqués dans le projet. C’est pourquoi il faut choisir sa moitié professionnelle avec soin.
Assembler les bonnes pièces du puzzle
On ne se lance pas en affaires avec n’importe qui, oh ça non ! La complémentarité est mère de réussite en association. Choisir son partenaire d’affaires est une question d’équilibre. Il faut miser sur les forces et faiblesses de chacun et exploiter le maximum des compétences singulières de chaque partie.
Il s’agit donc de diversifier les profils. Bien souvent, le tandem sera constitué d’un profil technique, d’une part, et d’un profil financier, commercial ou marketing, d’autre part. Quoiqu’il en soit, l’idée est que chacun puisse avoir son domaine de prédilection, celui dans lequel il apportera son expertise et sur lequel il aura le dernier mot, le cas échéant.
Au-delà de cet aspect, avant de se lancer dans une relation d’associés, il est important de se connaître mutuellement, et ce, autant personnellement que professionnellement. Les associés ne partagent peut-être pas leur vie, mais leur quotidien, certainement. Il faut connaître la façon de travailler de chacun et entretenir une certaine affinité pour prospérer ensemble.
Un peu, passionnément, à la folie : faire durer la relation entre associés
De la phase fusionnelle à la lutte de pouvoir
Au risque de se répéter, force est de constater qu’il n’y a qu’un pas entre la relation de couple et la relation entre associés. En effet, une fois la passion des débuts essoufflée, encore faut-il faire perdurer l’union. L’envie et les idées ne peuvent pas soutenir à elles seules l’avenir du duo et encore moins la réalité de l’entreprise.
Même si les associés entretiennent de bonnes relations amicales ou familiales de longue date, ils doivent s’imposer de formaliser un cadre pour que cela fonctionne. En effet, ils doivent mettre en place des mécanismes qui permettent que le dialogue soit facilité et que la prise de décision soit efficace. Ils doivent être animés par la même folie de créer et de développer un projet, certes, mais ce n’est pas tout. Il faut qu’ils partagent la même volonté d’entreprendre, mais aussi qu’ils s’accordent sur des méthodes de travail.
Pour éviter d’avoir à entrer dans une lutte de pouvoir qui pourrait mal se terminer, il est primordial que chacun ait son rôle. Une définition limpide des missions de chacun est cruciale. Il faut à tout prix éviter de marcher sur les platebandes des uns et des autres. À l’inverse, c’est une véritable relation de confiance qui doit être instaurée. Pour ce faire, un autre élément se révèle capital pour favoriser une entente durable. Dès le départ, les associés doivent se mettre au clair quant à la répartition du capital.
Les bons comptes font les bons associés
Au moment de créer une entreprise ou lorsque des partenaires décident de s’unir, il faut, dès le départ, envisager la répartition des parts ou actions et s’assurer qu’aucune partie ne soit lésée. Cela dit, pour le bien de l’entreprise, il convient de prendre certaines précautions.
Les bons comptes, oui. La parfaite égalité, surtout pas ! En se lançant dans l’aventure entrepreunariale, surtout à deux, il faut éviter l’écueil du 50/50. S’il paraît tentant de faire un partage équitable de la valeur pour entretenir de bonnes relations entre associés, une telle répartition peut, au contraire, mener l’entreprise à sa perte. Si les associés détiennent une part égale, impossible alors de trancher en cas de divergence d’opinions. Dans une telle situation, c’est l’entreprise qui se retrouve dans l’impasse. Il est donc préférable d’envisager d’autres options telles que la répartition 49/51 ou l’inclusion d’une tierce partie dans une proportion très minoritaire.
Par ailleurs, un autre aspect fondamental doit être discuté dès le départ : l’arrivée potentielle d’investisseurs au sein du capital dans le futur. Au-delà de la dimension financière, cela concerne plus largement les ambitions des fondateurs quant à la croissance de leur entreprise. Une entrée au capital peut avoir des conséquences majeures sur la gouvernance de la boîte.
Dès le départ, il faut donc s’assurer d’être sur la même longueur d’ondes à ce sujet. Même si le projet n’est qu’en stade d’amorçage, il ne faudrait pas se laisser dépasser au moment où l’entreprise prendra des proportions inattendues. C’est justement quand on est encore petit qu’il faut voir grand !
Je t’aime, moi non plus : anticiper le divorce… en pleine lune de miel
Imaginer le pire quand tout va bien
Et en parlant d’anticipation… Les partenaires d’affaires doivent plus largement se pencher sur les sujets qui fâchent avant même de s’associer pour de bon. Il est compliqué d’aborder les modalités de divorce alors que l’on est dans l’euphorie de la lune de miel. Pourtant, il le faut ! C’est justement quand tout va bien qu’il faut s’entendre sur ce qu’il se passera si le projet échoue finalement.
S’imaginer que tout ira forcément pour le mieux et pour toujours ne rendra service à personne. À l’inverse, attendre que les choses dégénèrent et gérer les formalités en plein chaos (quand il y a bien davantage à perdre, d’ailleurs) peut s’avérer être un véritable désastre. Pour protéger l’entreprise et les diverses parties prenantes et sauver ce qu’il reste de la relation entre associés, ces derniers doivent passer en revue tous les scénarios, y compris celui de la séparation.
Le pacte d’associés : se préparer aux scénarios catastrophe
Le pacte d’associés est l’allié juridique du “couple professionnel”. Si l’on peut être freiné à l’idée de se plonger dans toutes ces formalités, ce document peut réellement être salvateur en cas de désaccord. Il rassemble toutes les modalités de sortie pour éviter les situations de blocage évoquées plus tôt. Rédigé dès la création de l’entreprise, il permet de résoudre un certain nombre de conflits par avance. Il peut notamment inclure les clauses suivantes, sans s’y limiter.
La clause de non-concurrence touche à l’aspect de la propriété intellectuelle. Quel malheur que de voir son idée se concrétiser dans une autre entreprise… Cette clause permet d’éviter une telle situation.
D’autres clauses, par ailleurs, sont propres à la cession des actions et au partage des parts, notamment lors de l’arrivée de nouveaux investisseurs : la clause de préemption, la clause d’inaliénabilité, la clause d’agrément ou encore la clause de la “roulette russe”.
Enfin, d’autres clauses prévoient plus spécifiquement les mécanismes de décision, de résolution de conflits et de sortie des associés. À ce sujet, le pacte d’associés prévoit, entre autres, les modalités du droit de retrait, du droit de vote ou encore la clause d’exclusion.
Entretenir de bonnes relations avec son ou ses associés est plus délicat qu’il n’y paraît. Pourtant, il s’agit du ciment du succès de l’entreprise. À l’instar du couple dans la vie, il faut donc prendre tout autant soin de son “couple professionnel”.
Le choisir avec précaution et intelligence s’avère tout aussi important que de mettre en place des mécanismes pour qu’il perdure. Enfin, bien que cela puisse être contre-nature, il est primordial de penser à la fin dès les débuts. Une fois le divorce consommé, il sera trop tard pour essayer de sauver les fruits du mariage. Pour le bien de l’entreprise et de toutes ses parties prenantes, c’est donc en amont qu’il faut anticiper les conséquences du succès, mais aussi celles d’une éventuelle séparation.