À l’heure de créer son entreprise, tout entrepreneur doit garder en tête que la fin de son affaire est un élément naturel du cycle de vie entrepreneurial. Autrement dit, ce qui est créé aujourd’hui peut prendre fin demain. En France, ce sont près de 500 000 entreprises qui naissent, et 60 000 entreprises qui meurent chaque année. De plus, une étude de l’INSEE souligne que près d’une entreprise sur deux ne dépasse pas cinq ans d’existence. À travers l’échec, l’entrepreneur tire une leçon et acquiert des compétences qui lui permettront de faire mieux la prochaine fois, en évitant les erreurs qu’il a commises auparavant dans son aventure.

Comprendre que les échecs font partie du game 

Tout ne se passe pas toujours comme prévu, cela vaut aussi bien dans la vie personnelle que dans les affaires. Les échecs ponctuent, en effet, souvent le quotidien des entrepreneurs.

Ces échecs sont à l’origine de plusieurs ressentis :

  • Baisse d’estime de soi ;
  • Ralentissement de l’envie d’aller de l’avant et de poursuivre ses projets ;
  • Ou alors boost de motivation pour réinventer son entreprise ou s’investir dans un nouveau défi.

L’échec est normal, peu importe à quel moment il survient, et n’est pas définitif ! Contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est un phénomène courant. Et pour cause, l’INSEE estime qu’une entreprise sur quatre s’éteint après trois ans d’existence. Par ailleurs, doit-on préciser que bon nombre d’entrepreneurs à succès ont commencé par échouer, et ce, même à maintes reprises ?

D’autre part, toujours selon une étude de l’INSEE, les entreprises étant encore actives cinq ans après leur création ne rencontrent pas toutes les mêmes problématiques et ne croisent pas les mêmes obstacles sur le chemin de leur développement. En ce sens, elles se catégorisent en quatre profils prédominants :

  • Entreprises en difficulté qui tentent de sauvegarder leur activité ; 
  • Professions libérales économiquement stables ; 
  • Entreprises satisfaites de leur niveau d’activité ; 
  • Et sociétés investisseuses et innovantes.

Enfin, les entrepreneurs ne sont pas seuls ! En effet, des associations mettent leurs actions en œuvre afin de valoriser le rebond entrepreneurial. C’est notamment le cas de 60.000 Rebonds, Second Souffle ou encore Les Rebondisseurs. Chez 60.000 Rebonds, par exemple, 45 % des entrepreneurs accompagnés bâtissent une nouvelle entreprise dans les deux années qui suivent leur prise en charge. Et c’est bien là leur atout indéniable : ils transmutent leur échec en valeur ajoutée !

Dresser le bilan de la situation pour ne pas reproduire ses erreurs

Après une débâcle qui débouche souvent sur un dépôt de bilan, l’entrepreneur doit être en capacité d’analyser sa situation. En premier lieu, il faut dresser une liste des causes de la faillite. Oublions fournisseurs ou partenaires, la majorité des échecs sont causés par :

  • Des carences de gestion, commerciales ou techniques ;
  • L’isolement ;
  • Le manque de confiance en soi ;
  • L’absence de leadership ;
  • Une mauvaise stratégie marketing ;
  • Etc.

Somme toute, un échec entrepreneurial n’est pas nécessairement synonyme d’arrêt de l’activité de l’entrepreneur, bien au contraire ! Pourquoi l’entreprise n’a pas réussi à se développer ? Prendre en compte les enseignements en découlant sera utile à l’entrepreneur et lui permettra d’avoir une meilleure connaissance du marché sur lequel il s’était implanté.

Accepter l’échec comme un apprentissage et non comme un naufrage

Pour surpasser l’échec, il faut également prendre du recul, le transformer en expérience. Le problème est que l’échec est considéré comme un drame, une honte… Et cette connotation négative se ressent aussi bien au sein de la société que dans le monde entrepreneurial. 

C’est hélas une perception franco-française, car Outre-Atlantique, l’échec entrepreneurial est naturel, voire obligatoire et nécessaire. Il s’inscrit dans une démarche logique en vue d’acquérir un savoir. C’est en échouant que l’on peut rectifier le tir, ne plus reproduire les mêmes erreurs et rediriger sa stratégie.

Il faut accepter et reconnaître, de prime abord, que la nature intrinsèque de l’échec s’applique à toute entreprise. Il est bel et bien nécessaire d’adopter cette attitude pour pouvoir rebondir. 

« L’entrepreneur doit avoir à l’esprit que l’échec est une possibilité », pas une fatalité comme le met en avant Guillaume Mulliez, président de l’association 60.000 rebonds. 

Rester actif et faire preuve de vitalité

Faire preuve de sang-froid et adopter une attitude positive après un échec sont des facteurs à ne pas délaisser. L’objectif est de rebondir pour recommencer l’expérience. 

Ne pas se laisser abattre est donc primordial.  « Tomber pour mieux se relever  », c’est de cet adage qu’il faudra se nourrir ! Force et vitalité sont à l’honneur ! Tout entrepreneur détient cette qualité. 

S’investir et se lancer dans un nouveau projet est indispensable. Acquérir de nouvelles connaissances afin d’éviter de reproduire les mêmes erreurs est la solution. Pour ce faire, direction salons et conférences, qui permettent également de rester sur le terrain professionnel. 

Vérifier son éligibilité aux procédures collectives

Plusieurs procédures collectives peuvent être enclenchées pour que la situation de l’entreprise soit stabilisée puis redressée. 

Elles prennent en compte les difficultés auxquelles l’entrepreneur se confronte. En ce sens, elles peuvent constituer un véritable levier pour rebondir.

Il y a 3 types de procédures collectives aux dimensions bien distinctes, en fonction du degré de gravité de la situation de l’entreprise, :

  • La procédure de sauvegarde ;
  • La procédure de redressement judiciaire ;
  • Et la procédure de liquidation judiciaire. 

Penser au financement

Les sources de financement sont souvent refroidies par un entrepreneur en rebond, et ce, même si la législation évolue pour que l’échec soit moins condamnant. 

Certains indicateurs ont d’ailleurs joué un rôle important quant à l’aspect financier des entrepreneurs :

  • L’indicateur 040 de la Banque de France qui a été supprimé en 2013. Il recensait tous les chefs d’entreprise dont le bilan avait été déposé au cours des trois dernières années ; 
  • Et l’indicateur 050 qui a disparu en 2019. Il recensait les entrepreneurs comptant deux dépôts de bilan pendant les cinq dernières années. 

Ces suppressions avaient été demandées par les entrepreneurs. Cependant, il n’est pas certain que ces démarches facilitent davantage leur accès au financement. Pourquoi ? Tout simplement car les informations de liquidation judiciaire sont toujours accessibles sur les fichiers d’immatriculation des entreprises. 

Ainsi, pour éviter de ne plus avoir de ressources financières après un dépôt de bilan, il est judicieux de souscrire une assurance-chômage privée, réel gage de sécurité financière permettant d’amortir un minimum le rebond.

Se reconstruire et rebondir étape par étape 

Certes rebondir n’est pas simple et ne se fait pas rapidement, mais le rétablissement s’opère progressivement.

Faire le deuil 

Aux grands maux, les grands remèdes ! L’échec est vécu comme une perte, il faut donc prendre le temps d’en faire le deuil. Selon la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross, le deuil est constitué de 7 phases : 

  • Déni « c’est juste impossible » ; 
  • Colère « c’est la faute aux investisseurs et aux partenaires ! »  ; 
  • Peur « que vais-je devenir ? »  ; 
  • Tristesse « tout est foutu » ; 
  • Négociation « et si je le faisais autrement ? » ; 
  • Acceptation « il est temps d’accepter l’expérience, de tourner la page et d’en tirer une leçon »  ; 
  • Et reconstruction « je peux réaliser un nouveau projet ».

Se reconstruire 

Notons qu’il est tout aussi important de faire part de ses émotions et parfois d’être accompagné par un psychothérapeute, ou un coach, pour faire le point sur son échec, en simplifier le deuil et pouvoir tourner la page. 

Nonobstant, un traumatisme peut éveiller des souffrances chez l’entrepreneur, voire engendrer l’apparition de nouvelles croyances comme  « je suis nul » ou « je ne sortirai pas indemne de cet échec ». Il faut donc remettre les choses dans leur contexte et apprendre à relativiser.

Identifier les raisons de l’échec

L’échec fait souvent partie du parcours de l’entrepreneur, c’est pourquoi la persévérance est de rigueur. Toutefois, pour des questions de gestion, il est judicieux de se préparer à (presque) toutes les éventualités dès la création de l’entreprise.

Certaines mesures préventives peuvent alors être prises pour éviter l’échec entrepreneurial ou en restreindre l’impact, telles que :

  • Opter pour un statut social et une structure juridique protecteurs afin de garantir le patrimoine de l’entrepreneur et sécuriser sa famille ;
  • Élaborer un business plan adéquat ;
  • Embrasser un positionnement clair, cohérent et adapté au marché ;
  • Définir une stratégie client et une stratégie marketing alignées et pertinentes ;
  • Choisir des soutiens psychologiques, techniques et opérationnels pour briser l’isolement de l’entrepreneur ;
  • Adopter une posture de leadership ;
  • Recourir à bon expert-comptable reconnu pour s’appuyer sur un partenaire de confiance.

Bâtir un nouveau projet 

Ce n’est qu’après avoir clairement analysé son échec et reconnu ses forces et faiblesses qu’il est envisageable de construire un nouveau projet. Ce dernier se révèlera être plus en accord avec sa personnalité, mais aussi avec ses envies. 

Après avoir échoué, les entrepreneurs embrassent des parcours très diversifiés. Certains entreprennent à nouveau, soit immédiatement s’ils en ont les ressources financières et l’énergie, soit après une pause. 

D’autres préfèrent retourner cheminer sur la voie du salariat. Et d’autres encore décident de changer de manière radicale leur carrière, voire le mode de vie à travers la découverte d’une vocation ou d’une passion (comédien, coach de vie, professeur de yoga, psychologue ou encore musicien).