Jungle récolte 42 millions pour ses fermes verticales
La start-up Jungle vient d’annoncer une levée de fonds de 42 millions d’euros pour étendre son concept de fermes verticales à travers la France.
Nourrir une population mondiale grandissante. Résoudre les enjeux de gestion des ressources. Produire plus en usant moins les terres. Ce sont autant de problématiques que les fermes verticales de Jungle entendent régler. Après une phase expérimentale à l’étranger et quelques mois d’activité fructueuse en France, la start-up veut donner un grand coup pour son développement. Grâce à sa levée de fonds de 42 millions d’euros, ce sont deux fermes additionnelles qui verront le jour d’ici deux ans.
Une récolte de 42 millions d’euros…
Jungle a été créée en 2016. Après avoir fait ses armes dans un container expérimental d’à peine 15 m2 chez nos voisins portugais, c’est à Château-Thierry que la start-up a installé sa première ferme verticale en France. Dans cet espace agricole d’un nouveau genre, plantes, salades et herbes aromatiques poussent sans jamais toucher le sol. Il s’agit de l’hydroponie.
Avec ce système de ferme verticale, Jungle a ainsi produit 50 000 plantes en 2020 et récolté un chiffre d’affaires de 70 000 euros. Pleine d’ambitions, la jeune pousse projette de s’implanter plus largement en France et de multiplier radicalement sa production. Cela ne saurait se faire sans l’appui d’investisseurs, qui ont été nombreux à répondre présents.
Jungle annonçait donc ce lundi avoir bouclé une levée de fonds de 42 millions d’euros (dont 7 via l’émission d’actions) avec la participation de Founders Future et Demeter Partners. Le PDG de Nexity, l’ex-PDG de Système U ainsi que le président du conseil de surveillance de Tikehau Capital, tous investisseurs historiques de la start-up, ont aussi fait partie de l’opération.
…et 3 fermes verticales semées à travers la France d’ici 2022
L’importante somme levée par Jungle a pour but l’embauche de nouveaux collaborateurs et la poursuite d’une rentabilité à court terme pour l’entreprise. La jeune pousse a aussi dans l’idée de cultiver plus de 10 000 millions de végétaux d’ici 2 ans. Par ailleurs, le site de Château-Thierry, qui ne couvre actuellement que 200 m2, devrait bientôt atteindre 5 500 m2 de surface productive.
La start-up prévoit également de s’installer dans d’autres régions. Alors que les produits n’atteignent, pour l’instant, que Paris et quelques villes de l’Est, Jungle devrait être présente dans toute la France d’ici 2 ans. En effet, grâce au 42 millions amassés, l’objectif est de construire deux autres fermes verticales.
Le deuxième site devrait voir le jour dans l’Ouest avec, lui aussi, 5 500 m2 d’espace de culture à offrir. La troisième ferme verticale de Jungle serait, quant à elle, installée dans le sud de la France d’ici la fin 2022.
Jungle s’associe aux grandes enseignes
Qui dit production dit distribution. Le mode de production promu par les fermes verticales de Jungle a déjà conquis des grands noms. Parmi ses clients, la start-up compte d'importantes enseignes de la distribution comme Monoprix et Intermarché. Pour la jeune entreprise, l’objectif derrière ces partenariats est de rapprocher les lieux de production des lieux de consommation, toujours dans une démarche écologique.
« Ce que nous proposons n’existe pas sur le marché : soit vous achetez des produits bio chez un maraîcher et cela coûte très cher ; soit vous achetez des produits industriels qui n’ont pas de goût », argumente Gille Dreyfus.
À l’heure actuelle, 6 magasins proposent déjà les plantes et les salades de Jungle à Paris. 60 autres devraient suivre d’ici octobre. Dans son plan de développement, Jungle vise 2000 points de vente au cours des deux prochaines années.
Les fermes verticales : l’avenir de la production végétale à grande échelle ?
Si Jungle n’a pas eu de mal à accomplir cette récente levée de fonds, c’est que le concept des fermes verticales est plus qu’en vogue… Gille Dreyfus, le fondateur de la start-up, a fait un virage à 360 degrés depuis le monde de la finance pour se lancer dans ce domaine de l’Agtech. Si rien ne le prédestinait à créer Jungle, les enjeux grandissants autour de la production végétale et alimentaire, ainsi que les avantages incontestables de l’agriculture hydroponique, lui ont donné le déclic.
« La ferme verticale permet d’avoir une grande précision sur le calibrage, le goût, l’odeur et la charge nutritive de nos plantes », explique l’entrepreneur. En effet, dans ces espaces gérés par Jungle, tout est contrôlé. Les plantes, qui sont cultivées sur des substrats et placées sous des éclairages LED, reçoivent une quantité précise d’eau et de nutriments. Grâce à des solutions connectées, même la circulation de l’air est paramétrée. Cela signifie aussi que ni pesticides, ni herbicides ne font partie de la recette !
De plus, ce type de culture a aussi l’avantage de décupler la force de production. Là où de nombreux hectares sont traditionnellement nécessaires, plusieurs mètres de haut s’y substituent dans l’agriculture verticale. « Sur le plan économique, cela permet aussi d’avoir une forte rentabilité. L’exemple du basilic est intéressant : nous pouvons réaliser 14 récoltes par an alors qu’en Italie, un pays très réputé pour ce produit, les acteurs traditionnels ne peuvent réaliser que trois ou quatre récoltes par an », illustre Gille Dreyfus. « Pour une même surface au sol, l’agriculture verticale permet de produire dix à trente fois plus que sous serre ou en pleine terre. »