Créée par les fondateurs de la start-up Jobgether en seulement deux jours, l’objectif de la plateforme d’EU4UA est de mettre en relation des réfugiés ukrainiens avec des citoyens européens prêts à leur offrir un foyer pendant le conflit entre la Russie et l’Ukraine.

EU4UA, une plateforme pour aider les réfugiés ukrainiens

Les fondateurs de Jobgether démontrent que les start-up restent bel et bien proactives face à l’environnement qui les entoure. Créée en 2020, cette jeune pousse a développé, à l’origine, une plateforme connectant les candidats à des offres d’emploi. La nouveauté ? Les candidats voient leurs compétences et leurs personnalités primer plutôt que leurs expériences professionnelles. 

Quand les tensions se sont amplifiées entre la Russie et l’Ukraine au mois de février, les créateurs de Jobgether se sont montrés actifs et ont souhaité apporter leur pierre à l’édifice.

« Nous voulions être utiles sur le front de l’emploi. Mais vu la tournure qu’ont pris les événements, l’emploi n’était plus la priorité. L’urgence était de procurer un toit aux femmes et enfants qui roulaient vers l’Ouest », explique Arnaud Devigne, cofondateur de Jobgether. Ils ont donc rallié leur savoir-faire : la mise en relation, mais dans le domaine du logement.

EU4UA, une création à la vitesse grand V

C’est alors pendant le week-end du 26 et 27 février qu’ils ont déployé une plateforme mettant en relation des réfugiés ukrainiens avec des familles d’accueil européennes. Baptisée EU4UA, la plateforme reprend le modèle d’Airbnb. Par ailleurs, le géant américain, lui, a décidé de mettre à disposition des réfugiés ukrainiens 100.000 logements temporaires.

Les fondateurs de Jobgether se sont orientés vers Webflow, un outil de création de site Internet en no-code. Leur but était d’aller vite, car leurs développeurs n’étaient pas disponibles immédiatement. La plateforme possède également un module de chat.

Pour la dimension plus technique, il s’agissait d’intégrer le moteur de la plateforme, vecteur de la mise en relation. Le tout a été conçu à distance puisque les quatre fondateurs sont en télétravail dans différents pays.

Pesait toutefois la question des cyberattaques en Ukraine et en Russie. Ils ont alors pris des précautions en mettant en place « une authentification par e-mail pour éviter d’avoir des bots et de faux profils. Après, nous ne sommes pas totalement protégés contre la cyberarmée russe », détaille Arnaud Devigne.

Modération manuelle et respect de la RGPD

Actuellement, la modération des annonces de logements se réalise manuellement. La jeune pousse ne se définit pas comme un tiers de confiance. « Nous sommes dans une approche comme Leboncoin plutôt qu’Airbnb. Nous ne demandons pas les papiers d’identité des personnes (…). Ils ne sont pas à l’abri qu’un hôte leur demande de l’argent. Si c’est le cas, ils peuvent le signaler et on supprime le compte », indique Arnaud Devigne.

Les fondateurs du projet EU4UA sont particulièrement méticuleux quant au règlement sur la protection des données personnelles (RGPD). Ainsi, il est uniquement demandé le prénom des utilisateurs et les échanges s’effectuent par chat ou par e-mail.

Lancée lundi 28 février, la plateforme recense d’ores et déjà plusieurs centaines d’inscriptions de familles européennes. « Nous voulions d’abord communiquer en Europe de l’Ouest pour être sûr de pouvoir proposer des offres d’hébergement par la suite », souligne Arnaud Devigne. 

Des campagnes ont été menées et les fondateurs ont fini par être entendus. « C’est devenu viral dès qu’on a publié nos premiers messages. Des bénévoles nous proposent de s’occuper des réseaux sociaux, de répondre aux questions des utilisateurs sur le chat », précise le cofondateur. Pour sensibiliser les familles ukrainiennes, EU4UA envisage de communiquer dans des groupes (Whatsapp, Signal et Telegram) et de recourir aux relais locaux tels que TechUkraine, la cousine de la French Tech.