Quels impacts de l'industrialisation pour Brasserie de Bretagne ?
Brasserie de Bretagne investit 5 M€ à Concarneau pour doubler sa capacité de conditionnement d'ici 2027. Découvrez les enjeux et bénéfices.

Brasserie de Bretagne enclenche une nouvelle phase d’industrialisation à Concarneau avec un plan d’investissement de 5 millions d’euros dédié au conditionnement. Cap en tête, l’entreprise amorce un doublement de ses capacités pour accompagner une hausse régulière des volumes. Cette trajectoire, portée par un management offensif et une lecture fine des tendances de consommation, traduit une stratégie d’assemblage entre montée en puissance industrielle et modèles d’économie circulaire.
Capex 2025-2027 à concarneau, doublement des capacités de conditionnement
Le site concarnois va se doter d’outils de conditionnement dimensionnés pour absorber la croissance organique. Objectif affiché : un doublement des volumes sortants sur les lignes, en cohérence avec une progression des ventes estimée à environ 10 pour cent par an depuis plusieurs exercices.
Ce déploiement industriel s’inscrit dans la continuité du plan de 12 millions d’euros de 2020 qui avait permis la construction d’une usine neuve sur le même site. Le nouveau budget de 5 millions d’euros, annoncé par la direction, avait été anticipé à l’origine du projet. La société confirme ainsi la montée en cadence programmée et la sécurisation de sa chaîne de valeur, du brassage au conditionnement en passant par la logistique.
Aux commandes, Clément Bedbeder, PDG de Brasserie de Bretagne et du groupe Fabulous French Brasseurs, arbitre une feuille de route qui conjugue relocalisation de valeur, performance opérationnelle et accélération commerciale. Le groupe fédère quatre brasseries et affiche un chiffre d’affaires consolidé de 32 millions d’euros, dont 25 millions pour Brasserie de Bretagne. Les effectifs s’établissent à 100 salariés, avec 43 postes sur le site de Concarneau.
Le calendrier est calé. Les travaux structurants sont planifiés pour 2026, avec une mise en service visée au début de 2027.
La moitié de l’enveloppe finance l’outil de production, l’autre moitié le réaménagement logistique et l’adaptation des flux, dans une logique de service client et d’optimisation des coûts de distribution. Cette trajectoire conforte la dynamique confirmée par des médias spécialisés du secteur des IAA, notamment sur la montée des volumes engagée depuis 2020 (Process Alimentaire).
Brasserie de bretagne : stratégie et résultats
Le cœur du positionnement se lit sur deux niveaux. D’abord, l’ancrage régional, avec 7 pour cent de parts de marché en Bretagne, face à des multinationales historiquement dominantes. Ensuite, une plateforme multi-marques qui rassemble Sant Erwann, Britt, Dremmwel et Ar-Men. Ce portefeuille adosse la montée en puissance du site à une base de clientèle solide, limitant le risque de concentration.
La logique d’investissements successifs, 12 millions d’euros puis 5 millions d’euros, répond à un scénario classique d’industries de boissons : amorcer par la capacité de brassage et d’emballage, puis calibrer le conditionnement, la logistique et la distribution à mesure que les volumes progressent. L’enjeu, désormais, consiste à piloter un capex de productivité qui raccourcit les cycles, améliore la disponibilité des lignes et traite les goulots d’étranglement côté expéditions.
Repères clés sur le projet industriel
Les décisions actées couvrent la montée en cadence et l’adaptation des flux :
- 5 millions d’euros d’investissements, moitié équipements, moitié logistique du site.
- Mise en service début 2027 pour la nouvelle plateforme de conditionnement.
- Capacité cible doublée, adossée à une croissance d’environ 10 pour cent par an des volumes.
- Portefeuille de marques régionales consolidé, leadership en Bretagne.
Architecture industrielle et technologies retenues
La première tranche du budget portera sur l’acquisition d’une ligne d’embouteillage 25 000 bouteilles par heure, des cuves additionnelles et un dispositif de récupération du CO2 issu de la fermentation. L’objectif est clair : davantage d’autonomie, une meilleure qualité de service en pic d’activité et des gains énergétiques mesurables.
La ligne 25 000 bph constitue un standard robuste pour des acteurs régionaux de taille intermédiaire. Elle engage des gains de cadence sur le rinçage, le remplissage et la capsuleuse, tout en optimisant le contrôle qualité en ligne. Les cuves supplémentaires, elles, ouvrent une marge de manœuvre sur la gestion des brassins, la planification industrielle et la flexibilité des références.
Côté environnement, la récupération de CO2 permet de capter le gaz produit naturellement lors de la fermentation, de le filtrer, comprimer et réutiliser. Ce choix combine réduction des achats de CO2 industriel, moindre dépendance aux fournisseurs, et empreinte carbone atténuée. La substitution partielle du CO2 externe par un CO2 interne de qualité alimentaire est devenue un levier de sobriété fréquemment actionné dans les boissons.
La fermentation génère un flux de CO2 continu. En captant ce gaz, l’industriel le revalorise en interne pour le tirage et la purge des cuves. Résultat : moindre exposition aux tensions d’approvisionnement, coûts stabilisés, et réduction des émissions indirectes. L’amortissement dépend de la taille des volumes, mais la solution s’aligne avec les politiques de baisse des consommations d’intrants.
Enfin, la bascule sur de nouvelles lignes impose de reparamétrer la supply chain. Les ordonnancements seront recalibrés pour réduire les changements de format et maximiser les tailles de lot. Ce travail se traduit par un meilleur taux d’utilisation des actifs, une baisse des arrêts non planifiés et, à terme, des coûts unitaires plus compétitifs.
Logistique, emploi et empreinte territoriale en bretagne
La seconde moitié des 5 millions d’euros porte sur la réorganisation des flux logistiques. L’augmentation de la capacité d’embouteillage nécessite des zones de réception et d’expédition redessinées, un dimensionnement des stocks tampons et une circulation interne plus fluide. Ces aménagements sont décisifs pour absorber les pics saisonniers et contenir les délais transporteurs.
Pour l’emploi, l’entreprise maintient un socle de 100 salariés, dont 43 à Concarneau. Les métiers concernés par la transformation toucheront la conduite de ligne, la maintenance, la qualité et la logistique. La création nette de postes dépendra de la cadence commerciale et de la montée en puissance de la consigne, susceptible de générer des besoins en tri et reconditionnement.
Au niveau régional, l’agroalimentaire demeure une colonne vertébrale de l’économie bretonne. Les publications de l’Insee Bretagne soulignent régulièrement la vitalité de la filière et l’ancrage industriel comme pourvoyeur d’emplois qualifiés, notamment autour des ports et des axes logistiques majeurs de la région (Insee Bretagne).
Calendrier industriel, points de vigilance
Pour sécuriser la trajectoire 2026-2027, les jalons critiques porteront sur :
- La réception des équipements et leur qualification sur site.
- La montée en cadence progressive et la formation des équipes.
- La coordination logistique avec les distributeurs et transporteurs.
- La disponibilité des intrants, verre et CO2, en haute saison.
Consigne en grande distribution, passage à l’échelle dès septembre 2025
Au volet environnemental, Brasserie de Bretagne accélère sur la consigne de bouteilles réutilisables. Dès septembre 2025, la brasserie approvisionnera la grande distribution avec des formats 75 cl consignés. Les enseignes Intermarché, Leclerc, Monoprix, Carrefour et Système U déploieront des linéaires dédiés, assortis d’une procédure de remboursement à la restitution des contenants.
Cette bascule s’inscrit dans un test piloté par l’éco-organisme Citéo, à grande échelle dans l’Ouest et le Nord, afin de mesurer l’acceptation clients, la logistique retour et la performance des laveuses. L’industriel a développé une gamme spécifique, standardisée, identifiée par un logo R-coeur.
Montant engagé : 200 000 euros, subventionné à 50 pour cent par Citéo. L’investissement couvre l’adaptation des bouteilles, les capsules et des étiquettes lavables, ainsi que les essais de qualification.
La direction affiche une ambition chiffrée, 15 à 20 pour cent des ventes en consigne à moyen terme. L’exemple allemand sert d’étalon : un marché de la bière où la consigne domine, levier puissant de réduction des emballages à usage unique. Le succès en France dépendra de la densité des points de collecte, du taux de retour et des performances de lavage, ces trois paramètres conditionnant le modèle économique sur la durée.
La consigne implique un surcoût initial, standardisation des formats, circuit logistique retour, contrôle qualité après lavage. Le point d’équilibre se gagne sur la réutilisation multiple des bouteilles. En pratique, la tension se joue sur les taux de casse, l’optimisation des tournées et la mutualisation avec d’autres références pour amortir les coûts fixes des laveuses.
Exemple avec brasserie régionale de l’ouest
La Brasserie Régionale de l’Ouest, ex L’Hirondelle, a intégré une laveuse de bouteilles lors de son déménagement à Tonquédec en 2025. Ce mouvement traduit la massification progressive des équipements de réemploi et la structuration d’un écosystème régional pour le lavage, le tri et le reconditionnement. Les initiatives convergentes renforcent la crédibilité du modèle consigné autour de hubs logistiques locaux.
Métriques d’impact potentielles de la consigne
Les bénéfices attendus dépassent le seul prisme environnemental :
- Réduction des achats de verre neuf si les taux de retour dépassent 80 pour cent.
- Diminution des coûts de traitement des déchets, sous réserve d’un tri en magasin efficace.
- Fidélisation des clients via la récupération de consigne et la visibilité en rayon.
- Valorisation RSE, intégrable dans la communication extra-financière.
Gouvernance, ancrage marché et acquisitions ciblées
Sur son marché domestique, Brasserie de Bretagne revendique 7 pour cent de parts en Bretagne, ce qui la positionne en chef de file face à des acteurs globaux. Le groupe Fabulous French Brasseurs, constitué en 2018, agrège quatre brasseries situées en Bretagne, Bourgogne, Rhône-Alpes et Provence. Ce maillage vise la couverture des grandes zones de consommation nationales.
La stratégie de croissance externe affiche des cibles dans le Sud-Ouest, le Nord et l’Est. Le rationnel est double.
D’une part, élargir la distribution en s’ancrant localement pour conserver une promesse de proximité. D’autre part, mutualiser les fonctions support, achats, marketing, IT, et déployer des standards industriels communs. La mutualisation est cruciale pour réduire les coûts indirects, sécuriser les approvisionnements et déployer rapidement les innovations techniques.
Fabulous french brasseurs : périmètre et ambition
Avec 32 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé, le groupe fonctionne comme une plateforme de compétences. L’entité fédère les investissements, encadre les priorités de capex et veille au retour sur capital investi par site. Le pilotage de la consigne, par exemple, bénéficie d’effets d’échelle sur la standardisation des formats, l’harmonisation des étiquettes lavables et l’industrialisation des tests de performance.
La prochaine étape repose sur la consolidation territoriale. Si des acquisitions aboutissent dans les zones cibles, le groupe pourrait élargir ses volumes de tirage, abaisser le coût moyen du verre standard et peser davantage dans les négociations logistiques. A terme, une couverture nationale plus dense ouvrirait la voie à des référencements multi-régions auprès des enseignes, simplifiant la lecture commerciale.
Trois indicateurs aident à juger l’efficacité du projet : le coût unitaire par hectolitre conditionné, le taux d’utilisation des lignes et la disponibilité technique hors arrêts. S’y ajoutent des KPI de supply chain, taux de service, délais d’expédition, et un suivi environnemental, consommation d’énergie par hectolitre, valorisation du CO2 capté.
Cadre légal des boissons et conformité des opérations
Le secteur des boissons alcoolisées est encadré par des règles strictes, de l’ouverture d’un débit à la vente lors d’événements. Le site Associations.gouv.fr rappelle les autorisations nécessaires pour la vente d’alcool, y compris par des associations, un cadrage utile pour tous les opérateurs qui organisent des manifestations ou activations commerciales. Ce corpus réglementaire couvre les catégories de licences, les horaires et les obligations de formation.
Pour une brasserie, la conformité dépasse la production. Elle englobe l’étiquetage, la traçabilité, la gestion des contenants sous responsabilité élargie du producteur et la conformité aux normes de sécurité alimentaire.
L’engagement dans la consigne renforce l’alignement avec les objectifs nationaux de réduction des déchets portés par Citéo. Sur le plan opérationnel, la standardisation des bouteilles et la compatibilité avec les laveuses constituent des prérequis pour une solution de réemploi robuste.
Parallèlement, la montée en puissance de la récupération de CO2 impose le respect des normes de qualité alimentaire, les protocoles de filtration et de stockage, ainsi que la sécurité des installations sous pression. L’industrialisation de ces dispositifs s’inscrit dans un mouvement plus large de sobriété énergétique et de substitution d’intrants, avec un bénéfice mesurable sur l’empreinte carbone des boissons.
La loi AGEC accélère le réemploi, la réduction des déchets et la traçabilité des flux d’emballages. Pour le verre, elle favorise les expérimentations de consigne et renforce le rôle des éco-organismes. Les industriels doivent démontrer la réduction des emballages à usage unique et documenter leurs flux. La standardisation des formats et les KPI de taux de retour deviennent des leviers centraux.
La communication auprès des consommateurs est également régulée. Les mentions liées au réemploi, aux logos de tri et à l’information sur la consigne doivent être lisibles et non trompeuses. La clarté des instructions de retour, couplée à un affichage en magasin, conditionne l’efficacité de la boucle logistique et minimise les erreurs de tri.
Histoire récente et positionnement de l’acteur finistérien
Implantée à Concarneau, Brasserie de Bretagne a structuré son développement par étapes successives. La création de la nouvelle usine en 2020 a posé les bases d’un outil à la fois flexible et extensible. L’ajout des capacités de conditionnement, aujourd’hui acté, matérialise la deuxième phase, centrée sur les cadences et la fluidité des sorties de ligne.
Côté marché, la société a cultivé un ancrage régional affirmé avec des marques identitaires. Sant Erwann, Britt, Dremmwel et Ar-Men occupent des segments complémentaires, du premium de dégustation aux références plus grand public. Le portefeuille bénéficie d’une reconnaissance locale forte, tremplin pour s’étendre au-delà de la Bretagne tout en préservant une image d’authenticité.
Le groupe Fabulous French Brasseurs, créé en 2018, a ensuite consolidé un périmètre multi-sites pour mutualiser les bonnes pratiques et les investissements techniques. Le positionnement se veut à la croisée de la brasserie artisanale et des standards industriels, avec une exigence accrue de qualité, de régularité et de capacité d’approvisionnement pour la grande distribution.
Dans ce contexte, l’investissement de 5 millions d’euros ne se résume pas à un saut capacitaire. Il constitue une pièce d’un puzzle stratégique où les opérations, la logistique, la responsabilité environnementale et la politique commerciale s’alignent. Les initiatives de consigne, la capture de CO2 et la normalisation des formats d’emballage convergent vers un modèle d’efficacité sobre.
Qui est clément bedbeder, au centre des arbitrages
Le dirigeant assume un pilotage à la fois technique et marché. Il articule l’équilibre entre investissement productif, différenciation par les marques et exigences de la grande distribution. Son discours met l’accent sur la mutualisation des moyens, la résistance face aux géants internationaux et la construction d’un réseau territorial complet, pour couvrir toutes les aires de consommation stratégiques.
L’ambition de porter 15 à 20 pour cent des ventes vers la consigne en trois à quatre ans illustre un management orienté résultat, mais attentif à l’acceptabilité client. Au-delà de l’image, la réussite du réemploi se mesurera sur la répétition de cycles de lavage et sur la gestion des coûts logistiques retour, données clés du modèle.
Cap industriel et réemploi, ce que les chiffres laissent entrevoir
Les chiffres clés du projet font ressortir trois axes. Le premier est la compétitivité de coût, grâce à la ligne 25 000 bph et à la rationalisation logistique qui abaisse le coût au litre conditionné.
Le second concerne la résilience d’approvisionnement, avec la récupération interne de CO2 et des formats standardisés en consigne. Le troisième porte sur la légitimité commerciale, soutenue par la présence régionale et un portefeuille solide.
Du côté des risques, la mise à l’échelle impose de sécuriser l’amont, verre, capsules, étiquettes lavables, et l’aval, disponibilité des laveuses et maillage des points de collecte. En parallèle, les délais industriels doivent rester maîtrisés pour éviter le télescopage entre montée en cadence et pics saisonniers. L’apprentissage issu des pilotes Citéo, en Ouest et Nord, servira de boussole pour affiner les schémas de retour.
Enfin, les arbitrages d’acquisitions ciblées structureront le profil du groupe. Une réussite sur ces chantiers pourrait accroître le poids du groupe dans les négociations nationales, tout en préservant la coloration régionale des marques. C’est l’équilibre parfois délicat entre échelle et identité qui jouera le rôle de différenciateur face aux multinationales.
Ce que cette montée en puissance dit du marché de la bière en france
La trajectoire de Brasserie de Bretagne confirme un mouvement de fond où des acteurs régionaux, capitalisant sur leur ancrage, investissent pour atteindre une taille critique. La combinaison d’un outil industriel modernisé et de schémas de réemploi crédibles devient un avantage comparatif, à la fois économique et environnemental.
Le signal adressé est clair. Les chaînes de valeur locales peuvent gagner en densité, s’équiper en technologies de sobriété et répondre aux standards de la grande distribution, tout en conservant une singularité de marque.
La précision du calendrier, les volumes visés et l’articulation avec la consigne laissent entrevoir une capacité à capter la croissance du marché tout en en réduisant l’empreinte. La dynamique de volumes observée depuis 2020 légitime l’allocation du capital au conditionnement et à la logistique, pivot de la performance industrielle à court et moyen terme.
Avec 5 millions d’euros engagés pour doubler le conditionnement, une consigne prête à entrer en rayon dès septembre 2025 et une logistique retravaillée pour 2026-2027, Brasserie de Bretagne aligne compétitivité, proximité et sobriété, et se pose en acteur de référence d’une bière française qui investit pour durer.