Vinted, la reine de la seconde main, annonce une levée de fonds de 250 millions d’euros. Celle-ci, elle l’espère, lui ouvrira les portes sur d’autres territoires européens et outre-Atlantique.

Vinted, valorisée à 3,5 milliards d’euros 

Depuis son lancement en 2008, Vinted ne cesse de croitre. Son business model plait énormément aux investisseurs comme aux consommateurs. À une période où le marché de l’occasion et de la seconde main prend le dessus, les applications et start-up de ce type font des ravages. 

Les retours en termes de chiffres sont impressionnants. Vinted, c’est :

  • une première levée de fonds de 28 millions d’euros en novembre 2019
  • environ 45 millions d’utilisateurs dans le monde, dont 16 millions en France
  • 700 salariés à son siège à Vilnius, en Lituanie
  • Une présence dans 13 pays : France, Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Pays-Bas, Autriche, Pologne, République tchèque, Lituanie, Luxembourg, Royaume-Uni et États-Unis
  • 24% de taux de croissance de membres Vinted en 2020
  • Une valorisation à 3,5 milliards d’euros qui lui vaut le statut de licorne. 

Autant de chiffres qui démontrent le succès fou que rencontre Vinted. 

Vinted, toujours en quête de renouveau 

Faire du neuf avec du vieux ou favoriser une seconde vie, c’est ça le mantra de Vinted. Nombreuses sont les publicités avec le slogan « Tu ne le portes plus ? Vends-le ! », qui ont aidé à propulser la plateforme de seconde main. L’intérêt de la plateforme est évidemment de revendre des articles dont on ne se sert pas ou d’acheter à bas prix des articles usagés. Les bénéfices sont nombreux côté acheteur comme côté vendeur.

Afin de toujours satisfaire le plus de consommateurs, Vinted ne cesse d’innover. Depuis peu, la plateforme, qui vendait de base uniquement des vêtements d’occasion, a élargi son champ d’action. On peut maintenant y trouver des chaussures, de la décoration, des livres et des petits meubles. 

Le CEO de la start-up, Thomas Plantenga a, en mai 2016, repris les rênes de la start-up. Ses créateurs Milda Mitkute et Justas Janauskas s’étaient vite fait dépasser par l’ampleur du succès de Vinted. Alors, depuis 5 ans maintenant, Thomas Plantenga s’efforce de faire de Vinted une marketplace sécurisée. Il affirme d’ailleurs : 

« Pour l’heure, je reste vraiment attaché à cette formule de marketplace entre particuliers. Je vois bien que les boutiques de seconde main se développent et qu’il existe un vrai marché pour ça, mais je ne les considère pas du tout comme des concurrents. Nous faisons partie d’une même communauté de l’univers de la seconde main, où chacun est complémentaire et contribue à faire grandir ce marché. Donc Vinted n’a pas vocation à se lancer dans le commerce physique (…) il est pour l’heure plus urgent d’investir dans le marketing ou la sécurisation des transactions et de faire monter les volumes que de viser la rentabilité. »

Une levée de fonds à plusieurs objectifs 

On l’aura compris la rentabilité ne semble pas être le maître mot pour Thomas Plantenga. Toutefois, nul doute sur les intentions des investisseurs. La levée de fonds de 250 millions d’euros est le fruit d’un tour de table réalisé auprès d’investisseurs historiques tels que Accel, Sprints Capital, Burda, Principal Investments, Insight Partners, Lightspeed Venture Partners et de nouveaux comme EQT Growth. 

Selon le CEO de Vinted, les objectifs de cette levée de fonds sont multiples. On en distingue quatre qui se démarquent.

À la conquête du monde 

Premièrement, l’objectif phare reste l’expansion du business model et de la plateforme au-delà des 13 pays actuels. Thomas Plantenga déclare : « Nous voulons reproduire le succès que nous avons rencontré sur nos marchés européens dans de nouvelles zones géographiques et nous continuerons à investir davantage pour améliorer non seulement notre produit, mais aussi pour garantir que nous contribuons à avoir un impact positif ».

Changer les habitudes de consommation 

On devine facilement alors le second but de cette campagne de financement : avoir un impact positif sur la communauté. La licorne ne s’en cache pas « cet argent servira à encourager davantage de personnes à participer à l’économie circulaire ».

Fortement aidé par la crise sanitaire de la Covid-19, le CEO affirmait : «  nous avons vu les consommateurs continuer à vendre et à acheter des produits de seconde main, et nous pensons que la tendance tend vers des habitudes de consommation plus responsables. Elle se manifestait déjà et s’est quelque peu accélérée pendant la pandémie.»

Mais les défis des collaborateurs et dirigeants Vinted ne s’arrêtent pas à ce changement de mentalités. 

Combler les lacunes et assurer l’expansion de l’application

Thomas Plantenga ne souhaite pas réitérer les erreurs du passé. Conscient des enjeux et des conséquences qui dérivent d’une croissance rapide, il souhaite renforcer plusieurs aspects du service. 

Ainsi, l’argent récolté aidera également la start-up à s’améliorer sur des points essentiels comme la sécurité, le transport, la structure du site, les paiements ou encore la confiance de ses membres. Elle parle aussi de l’arrivée prochaine de nouveaux outils et de nouvelles fonctionnalités. 

Recruter activement 

La levée de fonds Vinted a un dernier objectif : recruter. Évidemment, pour maintenir la cadence et réussir à atteindre ces trois objectifs, il est indispensable de recruter activement. Si au cours de l’année passée les équipes ont déjà connu une croissance d’environ 75%, ce ne serait que le début. En effet, de nouvelles recrues devraient arriver. Par ailleurs, Vinted a également pris le parti de créer de nouveaux bureaux à Berlin afin d‘accueillir les équipes d’ingénierie et de développement produit. 

La levée de fonds de Vinted et son timing parfait

Si la start-up ne communique jamais son chiffre d’affaires de façon claire et précise, on se doute tout de même de la rentabilité de la plateforme. Il s’agit même sûrement du storytelling de Vinted que de souhaiter uniquement parler de slow-fashion, de seconde main à un moment où la fast-fashion est montrée du doigt,l’objectif étant de sensibiliser les consommateurs tout en gagnant énormément d’argent. 

Le modèle économique de Vinted a d’ailleurs changé puisque des frais de gestion, inexistants avant, doivent désormais être payés au moment de l’achat.

Selon un rapport de l’Institut français de la mode (IFM), ce marché de la seconde main pourrait plus que doubler d’ici trois ans et même dépasser d’ici à 2028 les achats de fast-fashion. On se doute alors que Vinted n’est pas prêt de freiner son ascension dans le secteur de l’occasion, le timing de la levée de fonds étant plutôt très bien choisi.