Pourquoi adopter les serious games en entreprise ?
Mettre les jeux au service de l’apprentissage, c’est la promesse des serious games. Appliqués en entreprise, ces jeux sérieux révolutionnent les usages.
Les serious games ou jeu sérieux permettent d’apprendre en s’amusant en entreprise. Nés en 2002, ils reposent sur la combinaison de jeux vidéos et de techniques d’apprentissage. Fort de son succès, ce marché en plein essor continue de séduire les entreprises qui adoptent ces jeux au sein de leur fonctionnement interne. Destinés à la formation des employés, au renforcement du bien-être au travail ou encore, aux différentes phases de recrutement, ces jeux sérieux font aujourd’hui partie de l’écosystème des entreprises françaises marquant ainsi leur inscription dans la digitalisation.
Serious games : tendance passagère ou véritable révolution ?
Les serious games, ou jeu sérieux, font partie des nouvelles innovations nées du digital. Ces jeux à l’apparence ludique ont un fond sérieux, éducatif. Leur promesse ? Peu d’investissement de temps pour un maximum de résultats. Et le tout en s’amusant bien évidemment. Si l’éducation les a facilement adoptés, les entreprises ont d’abord émis quelques réserves avant de se lancer. Aujourd’hui, nombre d’entre elles ont franchi le cap.
Les serious games, qu’est-ce que c’est ?
Le serious game, comme son nom l’indique, est un jeu sérieux. Issu des jeux vidéos, sa grande particularité réside dans son but qui ne relève pas de la distraction et du divertissement mais qui possède une valeur ajoutée qu’elle soit pédagogique, professionnalisante, informative ou préventive.
Comme un véritable jeu vidéo, les joueurs doivent accomplir une mission en réalisant des jeux en duel, par exemple. L’idée est alors qu’ils acquièrent un savoir ou une nouvelle compétence en réalisant leur partie. En effet, toute la subtilité des serious games tient dans cette illusion de ne pas travailler. Le subterfuge (ou l’idée novatrice) peut faire office de synthèses distribuées en fin de partie et résumant le concept appris pendant le jeu ou de courts moments de leçon ponctuant la partie… Tout devient ici une question d’équilibre.
D’autre part, la durée du serious game ne doit pas excéder une heure pour ne pas risquer d’ennuyer les joueurs ou de représenter un investissement de temps trop important.
Initialement, les jeux sérieux s’appuient sur le digital mais de nombreuses entreprises en organisent aussi en utilisant d’autres formats. Il peut, par exemple, s’agir d’un jeu de rôles permettant de développer de nouvelles compétences ou des jeux de société mettant en œuvre des ressources pédagogiques pour viser l’objectif principal : apprendre en s’amusant.
À savoir : Ici, nous n’évoquerons ces jeux sérieux que dans leur usage professionnel mais ils peuvent aussi s’adresser à d’autres publics comme les scolaires.
Les serious games en entreprise
À l’instar de nombreuses grandes entreprises comme Renault, BNP Paribas, la SNCF ou encore Air France, de plus en plus de marques intègrent le serious game à leurs pratiques. Aujourd’hui, cet outil d’apprentissage s’est largement démocratisé et s’est invité dans de nombreuses grandes, moyennes et petites entreprises.
Cependant, certaines structures sont encore réfractaires quant à l’usage des serious games dans la vie de l’entreprise. Parmi les raisons invoquées ? Les coûts de création qui représentent un investissement conséquent. En effet, une entreprise façonne généralement le jeu selon sa propre image et ses propres objectifs. Il s’agit donc d’une conception personnalisée réalisée en interne ou par un prestataire externe. Les frais de réalisation peuvent donc constituer un frein pour de nombreuses entités économiques. Toutefois, il convient de noter que malgré le large investissement, le jeu pourra ensuite être utilisé par de nombreux collaborateurs, et ce, de manière simultanée et sans date de fin de validité.
Par exemple :
Une entreprise crée un serious game pour former des employés à un logiciel utilisé en interne. Malgré le budget colossal réservé à cette création, le serious game va servir à un nombre illimité d’employés alors que normalement chacun d’entre eux devrait bénéficier d’une formation personnelle avec un formateur dédié. Un investissement de temps et d’argent serait alors réservé à chacun des employés concernés par ce logiciel. À l’inverse, avec le jeu sérieux, tous les employés peuvent accéder à la formation sans frais supplémentaire et moyennant un investissement de temps moindre compte tenu du format court de ces jeux sérieux.
Un nouveau souffle pour la formation professionnelle
Les serious games changent l’image de la formation en entreprise
L’utilisation des serious games dans le cadre de la formation professionnelle rend cette dernière plus attractive aux yeux des collaborateurs. Cette nouvelle tendance apporte un aspect ludique au format qui permet de changer leur vision des formations.
En effet, ils ne voient plus cela comme un moment interminable où un formateur expose ses slides les unes après les autres sans moduler sa voix, berçant les employés en post-digestion qui finiront le cycle de formation sans véritables acquis.
Intégration des principes de l’andragogie : optimisation de l’apprentissage
L’andragogie correspond à l’apprentissage pour adultes. En effet, ce public n’a pas les mêmes besoins et attentes que les enfants. Les serious games reprennent donc les fondements de cette science de l’apprentissage.
Les serious games présupposent une action de la part du joueur. Il ne fait donc plus preuve de passivité dans son apprentissage, mais adopte une attitude active, car il interagit avec le jeu. Cette forme d’apprentissage sort donc des schémas traditionnels où un formateur détenteur du savoir délivre aux autres ses connaissances. Ces derniers peuvent alors écouter, prendre des notes, mais restent tout de même dans un rôle passif et contemplatif. Or, les jeux sérieux engagent beaucoup plus les joueurs qui sont invités à réagir et à se servir de leur sens critique pour faire avancer la partie. L’apprentissage est ainsi plus simple, et les concepts sont mieux intégrés, car le joueur a pu les apprendre en s‘amusant et en interagissant et n’est plus dans une posture passive qui n’aide pas à la concentration et à l’assimilation.
Du jeu au savoir et à la mémoire
Il est essentiel d’avoir un retour après la phase de jeu. Par exemple, chaque joueur doit pouvoir retrouver l’ensemble de ses acquis s’il souhaite les consulter ultérieurement. Alors, pourquoi ne pas proposer un PDF synthétique reprenant l’ensemble des connaissances acquises durant le jeu ? De cette manière, le joueur n’est pas distrait et peut se consacrer à sa partie en sachant qu’il gardera une trace automatique de son parcours d’apprentissage.
D’autre part, pour un serious game d’équipe, par exemple dans le cas de la résolution d’un problème, il est important d’avoir un rapport a posteriori pour rendre compte des erreurs commises. De cette manière, il devient plus aisé de cerner les forces et faiblesses des équipes. Cela permet par la suite de consolider les bons usages des différentes équipes ou de trouver des axes d’amélioration et donc d’apprendre et de progresser, ceci étant le but initial de ce type de jeux.
Une optimisation des processus de recrutement
Les serious games sont très efficaces pour recruter de nouveaux talents. Les candidats potentiels peuvent être confrontés à des situations en temps réel qu’ils doivent résoudre et à de vraies problématiques qu’ils pourraient rencontrer s’ils occupaient le poste en question. Leurs réactions sont ainsi testées ce qui permet de se positionner plus rapidement sur leurs compétences, leur gestion du stress et l’adéquation de leur profil avec le profil type recherché. Cela permet alors de faire un premier tri pour passer aux entretiens.
À l’étape d’après, pour l’onboarding des nouvelles recrues (la familiarisation avec le nouvel environnement de travail), les serious game présentent aussi de nombreux avantages. Les débuts dans une nouvelle entreprise sont rythmés par la réception d’un flux constant d’informations. Les jeux sérieux peuvent alors rendre cette entrée en matière plus ludique tout en délivrant autant d’éléments importants.
Une valorisation de la marque employeur
Intégrer les serious games à la vie de l’entreprise est une manière de changer l’image de l’entreprise, de montrer qu’elle innove et qu’elle assimile les nouveaux enjeux professionnels liés à sa transformation digitale. En se présentant comme une entreprise avant-gardiste, elle a d’autant plus de chances de fidéliser ses collaborateurs actuels et de séduire ses potentiels recrues. .
Dans un objectif de teambuilding, le côté interactif de ces jeux permet aux employés de se recentrer, de consolider leurs liens et de générer un véritable esprit d’équipe.
Par exemple :
Une entreprise conçoit un jeu sérieux de piratage informatique de son système d’informations. Le but ? Réussir à contrer cette cyberattaque en un temps limité. Les participants ? Tous les employés sans prise en compte de leurs compétences.
Cette situation amènerait tout le monde à solliciter ses propres savoir-faire et à travailler en équipe (il pourrait y avoir plusieurs équipes pour plus de challenge). Des collaborateurs qui ne se connaissent pas pourraient donc travailler ensemble pour un même objectif.
Un outil au service de la prévention
Grâce au serious game, la sensibilisation en entreprise est plus percutante. Rappelez-vous par exemple du discours des hôtesses de l’air et steward dans les avions. Aujourd’hui, ces annonces ont tellement été entendues que la majorité des passagers n’y prêtent plus attention. Or, si un élément du discours venait à changer ou si une nouvelle mesure de sécurité entrait en vigueur, que se passerait-il ? Un nombre trop conséquent d’usagers en ignorait les tenants ne prêtant plus attention à ces annonces.
Cette visualisation permet de faire un constat : la lassitude remplace et prend le dessus sur la concentration.
Pour la prévention et la sensibilisation en entreprise, le mécanisme d’assimilation est le même. Si les mêmes annonces sont répétées systématiquement, les employés auront du mal à s’y intéresser. Imaginer un serious game où le joueur serait exposé directement à une situation critique qu’il s’agisse d’une dépressurisation en avion ou d’un collaborateur faisant une crise cardiaque en réunion, ou encore, d’un incendie dans les locaux, le joueur devrait trouver les gestes à faire en temps réel pour se sortir de la mauvaise situation et aider un maximum de personnes. De cette manière, confronté à un événement fictif certes mais pouvant se passer, le collaborateur est plus impliqué et il garde l’empreinte de cette expérience en tête.