Cap sur le management augmenté au cœur des Hauts-de-France. La lilloise Rewayz annonce une nouvelle étape financière et opérationnelle qui confirme l’appétit du marché pour des outils d’IA utiles, mesurables et respectueux des contraintes sociales. L’entreprise affine sa promesse: aider les managers à décider plus vite et mieux, sans alourdir la charge de travail.

Levée de 1,3 million d’euros et trajectoire d’une jeune pousse en exécution

Rewayz finalise un financement de 1,3 million d’euros, souscrit auprès de business angels de premier plan. Cette enveloppe intervient après une première opération d’1 million d’euros en 2023. Fondée en 2022 par Claire Godelle, Kamal Ait Ichou et Yassin Korchi, la start-up emploie aujourd’hui une dizaine de salariés et structure sa phase d’accélération.

L’objectif annoncé est double: accélérer la distribution commerciale auprès de clients intermédiaires et grands comptes, et renforcer le socle technologique pour soutenir l’industrialisation du produit. Les fonds serviront à étoffer les équipes d’ingénierie et de vente, tout en gardant une discipline de coûts compatible avec la visée de rentabilité.

Le signal adressé au marché est clair. Dans une année où les tours de table se sont contractés, les dossiers IA qui démontrent un impact direct sur la productivité managériale continuent d’attirer des capitaux. En 2024, 723 start-ups françaises ont levé 7,8 milliards d’euros, soit un recul de 7 % sur un an, mais avec une surpondération croissante des projets IA (source: Ouest-France, janvier 2025).

Métriques Valeur Évolution
Montant de la levée en 2024 1,3 M€ Nouvelle tranche
Total levé depuis 2023 2,3 M€ +1,0 M€ en 2023 puis +1,3 M€
Effectif Une dizaine Renforcements en cours
Engagement salarié (moyenne annoncée) +68 % en 4 mois Progression sur la période
Turnover -20 % Réduction moyenne annoncée
Temps manager économisé 5 h par semaine Gains de productivité

Chiffres clés à retenir

1,3 M€ levés auprès de business angels. Tour précédent: 1,0 M€ en 2023.

Effectif: une dizaine de collaborateurs, avec des recrutements prévus sur l’ingénierie et la fonction commerciale.

Indicateurs d’impact communiqués: +68 % d’engagement moyen en 4 mois, -20 % de turnover, 5 heures hebdomadaires rendues aux managers.

Business angels stratégiques et effets de réseau

Le tour de table réunit des profils aguerris. Damien Deleplanque, ex-directeur général d’ADEO, renouvelle sa participation et s’inscrit dans la durée. À ses côtés, Thierry Mulliez, ancien président de l’Association Familiale Mulliez, élargit le tour avec une vision d’écosystèmes structurants.

La présence de Jean-Michel Aulas, fondateur de Cegid et figure de la gouvernance d’entreprise, renforce l’expertise du tour, notamment en matière de déploiement commercial et de pilotage de croissance. Sa participation s’ajoute à un historique lillois dynamique, où des familles d’actionnaires influentes soutiennent des infrastructures d’innovation.

Ce soutien s’illustre notamment à Lille chez EuraTechnologies, incubateur emblématique, qui a connu en 2022 une levée de 24 M€ avec l’entrée d’investisseurs privés, dont l’AFM, confirmant la capacité de la région à irriguer des projets numériques ambitieux. Les investisseurs de Rewayz s’inscrivent dans cette même logique d’ancrage territorial et d’impact concret.

Gouvernance: structuration des comités, discipline budgétaire, priorisation des sprints produit.

Accès marché: mise en relation qualifiée avec des directions opérationnelles et DRH de groupes cibles.

Crédibilité: réduction perçue du risque fournisseur pour des clients soumis à des procédures d’achats rigoureuses.

Produit et méthode: l’ia au service des managers de proximité

Rewayz conçoit un copilote IA pour épauler les managers dans l’arbitrage quotidien. Le dispositif s’articule autour d’enquêtes trimestrielles courtes auprès des équipes, dont les réponses sont analysées par un algorithme entraîné sur des référentiels issus de la psychologie du travail et de l’expertise RH.

Au-delà de la simple restitution de sentiment, la plateforme hiérarchise les irritants, met en évidence les zones d’amélioration et propose des actions contextualisées, alignées sur la culture et les contraintes métiers du client. L’ambition est de réduire les angles morts entre perception managériale et réalité du terrain, là où les baromètres annuels manquent souvent de granularité.

Dans cette approche, Rewayz revendique des effets tangibles sur les KPI RH: hausse rapide de l’engagement, baisse du turnover et récupération de temps au profit de l’accompagnement des équipes. La société explique avoir pivoté depuis une orientation initiale centrée sur l’évolution professionnelle des salariés vers un focus résolument tourné vers les managers, pour répondre à une demande croissante de coaching outillé et de simplification.

Signal utile: une fréquence trimestrielle capte des tendances significatives sans générer de fatigue de réponse.

Engagement: les équipes acceptent mieux un rythme cadencé offrant le temps d’expérimenter les plans d’action.

Décision: un cycle de 90 jours correspond aux cadences opérationnelles des équipes projet et facilite les points d’étape.

Ce que mesure réellement l’engagement d’équipe

L’engagement renvoie à la capacité des équipes à se mobiliser durablement: sens du travail, sécurité psychologique, clarté des objectifs, reconnaissance et moyens. Un score agrégé n’a d’intérêt que s’il est actionnable, par thème, site ou métier. Les plateformes utiles proposent des actions prioritaires et un suivi d’exécution pour éviter l’effet baromètre sans suite.

Adoption dans les organisations et cas d’usage sectoriels

La solution vise principalement les entreprises de 200 à 2 000 salariés, avec une présence déjà acquise dans de grands groupes comme Burger King, Leroy Merlin, TotalEnergies et Saint-Maclou. Les PME sont également concernées: leurs managers cumulent souvent management d’équipe, reporting, planning et relation client, au risque d’un effet ciseau sur le temps disponible.

La promesse est lisible pour une direction générale: si les managers sont mieux outillés, la performance opérationnelle suit. Comme le résume Yassin Korchi, l’IA permet de gagner du temps sur l’identification et la priorisation, là où la charge cognitive et la dispersion nuisent à la qualité d’arbitrage.

Burger king: pilotage de réseaux multisites

Dans un réseau de restauration rapide, l’enjeu typique réside dans la coordination de sites avec des équipes jeunes, des plannings variables et une forte saisonnalité. Un copilote IA aide à détecter rapidement les irritants communs, fluidifier la communication managériale et prioriser des actions pragmatiques: organisation des shifts, montée en compétence, rituels d’équipe.

Leroy merlin: management d’équipes magasin et logistique

Dans la distribution spécialisée, la performance dépend autant de l’excellence opérationnelle que de l’alignement des équipes sur les campagnes commerciales. Un outil d’aide à la décision permet de focaliser les managers sur les leviers au plus fort impact local: disponibilité, polyvalence, transmission de consignes, qualité du service au rayon.

Totalenergies: métiers industriels et fonctions support

Pour un groupe industriel présent sur des sites aux métiers hétérogènes, la complexité tient à la diversité des contextes. Une plateforme qui paramètre les recommandations selon le métier et la localisation évite les plans d’action génériques, favorisant des ajustements ciblés sur la sécurité, la transmission des savoirs et la coopération inter-équipes.

Saint-maclou: réseau d’enseignes et service client

Pour un réseau retail, la transformation s’appuie sur des équipes de vente au contact direct du client. Un copilote IA peut contribuer à réduire les frictions du quotidien: planification, objectifs compréhensibles, retours clients remontés sans délai, et boucles d’amélioration concrètes.

Périmètre: choisir des équipes représentatives du quotidien, pas seulement les plus matures.

Rythme: 2 cycles trimestriels minimum pour stabiliser les rituels et mesurer un effet.

Transparence: expliciter l’usage des données, les destinataires et la finalité, en lien avec le CSE.

Clôture: communiquer les actions décidées et les enseignements, pour cultiver la confiance.

Feuille de route: renforcement des équipes, rentabilité visée en 2026 et cap à l’international

Les fonds permettront d’accélérer les recrutements sur deux axes: ingénierie (IA, produit, sécurité) et commerce (acquisition, customer success). L’entreprise annonce un objectif de rentabilité à l’été 2026, porté par des cycles de vente B2B clarifiés et un panier moyen en progression.

À plus long terme, Rewayz envisage une équipe d’environ 50 collaborateurs d’ici 2029, trajectoire compatible avec une croissance organique soutenue et la nécessité de maintenir un ratio R&D performant. Le renforcement produit vise, entre autres, l’explicabilité des recommandations, l’interopérabilité avec les SI RH et la sécurité des données.

À l’export, l’entreprise planifie un premier déploiement fin 2026 sur deux à trois pays, en suivant ses grands clients. Les marchés à l’étude incluent l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, le Maroc et la Tunisie. Le mode opératoire privilégié: suivre la demande, éviter la dispersion et capitaliser sur des références sectorielles crédibles.

Programmes publics utiles à l’internationalisation

Des dispositifs nationaux soutiennent l’industrialisation et la mise à l’échelle de start-ups à fort contenu technologique. Parmi eux: French Tech 2030 pour l’accompagnement des projets à fort impact et French Tech Next40/120 qui valorise des trajectoires de croissance mesurables, avec un appui à l’export et à la structuration managériale.

Compliance: rgpd, consultation du cse et exigences de l’ai act

Les solutions d’IA appliquées au management s’opèrent dans un cadre réglementaire précis. Pour un déploiement conforme, les entreprises clientes doivent définir une base légale adaptée, documenter une analyse d’impact relative à la protection des données (DPIA) lorsque nécessaire, informer les salariés et encadrer les accès aux données.

En droit français, tout dispositif impliquant un traitement de données relatives aux salariés impose des obligations d’information et, selon les cas, une consultation du CSE. Les principes clés restent la minimisation des données, la proportionnalité et la sécurité. S’y ajoutent les exigences d’explicabilité lorsqu’un algorithme influence les décisions managériales.

L’AI Act européen, entré en vigueur en 2024, classera comme à haut risque les systèmes d’IA utilisés pour des décisions ayant un effet significatif sur l’emploi: recrutement, promotion, affectation. Si Rewayz se positionne comme outil d’aide à la décision et non décision automatisée, la prudence opérationnelle reste de mise: garde-fous sur l’usage, documentation technique, et formation des managers utilisateurs, avec un calendrier d’application qui s’échelonnera progressivement d’ici 2026.

Intérêt légitime: souvent mobilisé pour des outils d’efficacité interne, sous réserve d’une DPIA et de garanties robustes.

Exécution du contrat: moins fréquent pour les données RH, car les traitements dépassent la stricte paie.

Consentement: peu adapté au lien de subordination. Préférer une information claire, un paramétrage fin et des voies de recours internes.

Sur le terrain, la combinaison gagnante associe transparence, formation et paramétrage des droits d’accès. Un produit bien conçu limite l’agrégation superflue, privilégie l’anonymisation quand elle est pertinente et documente les limites d’usage. L’enjeu n’est pas seulement juridique: il conditionne l’appropriation par les équipes.

Contexte de marché: ralentissement des deals, ia en surperformance et ancrage lillois

Le marché français des levées a ralenti en 2024, tout en laissant émerger des poches de résilience autour de l’IA et des usages métiers. Les investisseurs privilégient désormais la preuve d’impact et la frugalité d’exécution, au détriment des modèles qui brûlent du cash sans visibilité commerciale. Les dossiers RH-IA capables de relier KPI sociaux et résultats opérationnels occupent une place singulière.

À Lille, Rewayz bénéficie d’un écosystème technologique structuré, avec EuraTechnologies en catalyseur et un réseau d’entrepreneurs aguerris. Cette proximité favorise l’accès aux talents, à des comités de direction de groupes régionaux et à une culture d’itération pragmatique. Les initiatives nationales type French Tech soutiennent la mise à l’échelle des technologies utiles au tissu économique français, qu’il s’agisse d’accompagnement stratégique, d’accès à des marchés prioritaires ou d’appui en recrutement.

Repère chiffré sur les financements Tech France 2024

Le volume 2024 ressort à 7,8 Md€ levés pour 723 start-ups, soit -7 % par rapport à 2023, avec une orientation marquée vers des projets IA s’inscrivant dans une logique d’efficacité et de productivité (source: Ouest-France, janvier 2025).

Le diagnostic porté par des titres spécialisés sur l’IA appliquée au business reste constant: les solutions qui s’insèrent dans les processus existants et démontrent une création de valeur rapide s’imposent. Pour une jeune pousse comme Rewayz, l’enjeu consiste à dérouler une stratégie de preuves successives, sans diluer l’effort sur trop de segments simultanés.

Qui est rewayz et comment l’offre s’est-elle construite

Née en 2022, Rewayz est le projet croisé de profil fondateur complémentaire: produit, data et expertise RH. L’équipe a d’abord exploré des mécanismes d’accompagnement de carrière avant de recentrer la proposition de valeur sur le manager, véritable navette entre la stratégie et le terrain.

Le cœur logiciel repose sur trois briques: collecte de signaux sociaux via des questionnaires ciblés, analyse sémantique et thématique assistée par IA, recommandations actionnables. Le système est conçu pour se calibrer à la culture d’entreprise, ce qui évite de plaquer des plans d’actions génériques sans prise avec la réalité métier.

Rewayz revendique une mesure d’impact lisible et un retour sur investissement rapide: temps économisé par les managers, baisse du turnover et élévation des scores d’engagement. Des KPI qui intéressent autant les DRH que les directions financières, dans la mesure où le coût du désengagement et des départs non planifiés pèse immédiatement sur le compte de résultat.

Coût complet: licence, intégration, formation, temps non productif au démarrage.

ROI: gains de temps mesurables, baisse du turnover, réduction d’absences évitables.

Risques: sécurité, conformité, résistance au changement et aléas d’adoption.

Ce que surveilleront les directions générales en 2025-2026

Les groupes qui se positionnent sur l’IA managériale vont regarder deux points sans concession. D’abord, l’effet net sur la performance: gains de temps réellement observés, indicateurs sociaux stabilisés et corrélations crédibles avec des résultats opérationnels. Ensuite, la robustesse juridique: un usage encadré, documenté et compatible avec les lignes directrices européennes.

Dans cette équation, Rewayz joue sa carte: productivité managériale, lisibilité des données, promesse d’impact et accompagnement terrain. Si la jeune pousse confirme sa capacité d’exécution, l’alignement entre investisseurs expérimentés, écosystème lillois et besoin client pourrait faire la différence.

En misant sur un copilote IA centré sur l’action, Rewayz tente de réconcilier efficacité managériale, impact RH et conformité, dans un marché où la preuve d’utilité l’emporte désormais sur le discours.