Les Crudettes en embuscade : un avenir prometteur pour les salades en sachet

Le marché des salades en sachet en France traverse une période difficile, avec une baisse significative de la consommation. Face à cette situation, Bonduelle, un acteur majeur de l'agroalimentaire, a décidé de céder ses activités de salades en sachet en France et en Allemagne.

Le groupe LSDH, propriétaire de la marque Les Crudettes, se positionne comme un potentiel repreneur, prêt à relever le défi de ce segment de marché en mutation.

Des performances en déclin pour Bonduelle

Bonduelle, qui emploie environ 11 000 personnes et génère un chiffre d'affaires de 2,371 milliards d'euros, fait face à des résultats décevants dans son pôle salades en sachet. En effet, le groupe a enregistré une chute de 15% de son chiffre d'affaires en France au cours des sept dernières années, représentant seulement 7% de son chiffre d'affaires total.

Cette situation est attribuée à une baisse structurelle de la consommation de salades, exacerbée par un contexte économique difficile et une concurrence accrue des marques distributeurs.

Les données du marché révèlent une tendance inquiétante : la vente de salades en sachet a chuté de 8% en France au cours des cinq dernières années. Cette dynamique négative a conduit Bonduelle à envisager des mesures drastiques pour préserver ses activités rentables et ses emplois en France et en Europe.

Un redimensionnement inévitable

Pour faire face à cette crise, Bonduelle a annoncé un redimensionnement de son activité de salades en sachet.

Le siège de Bonduelle Frais France, situé à Genas dans le Rhône, sera particulièrement touché, avec un plan de départs volontaires visant à réduire d'un quart les effectifs, soit environ 40 des 160 salariés. Les consultations avec les représentants du personnel ont déjà débuté.

En parallèle, Bonduelle a décidé de céder son activité de salades en sachet en Allemagne à Taylor Farms et de se défaire de deux usines françaises : celle de Saint-Mihiel, qui comptera 160 salariés, et celle de Genas.

Pour l'usine de Saint-Mihiel, la cessation d'activité est actée, tandis que des négociations exclusives sont en cours avec Les Crudettes pour l'usine de Genas.

Les Crudettes : un acteur en pleine expansion

Le groupe LSDH, qui détient la marque Les Crudettes, est un acteur familial basé dans la région Centre, avec 2 200 salariés et un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros. Bien que principalement connu pour ses produits laitiers, LSDH a développé un pôle végétal au cours des dix dernières années, générant 150 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 100 millions provenant des salades.

Les Crudettes possèdent déjà deux usines de salades en sachet, situées à Chateauneuf-sur-Loire (Loiret) et Cabannes (Bouches-du-Rhône). Actuellement, 60% de leur production est destinée aux marques distributeurs, tandis que 40% est commercialisée sous la marque Les Crudettes.

Un doublement de la capacité de production

La reprise de l'usine de Genas pourrait avoir des répercussions significatives pour Les Crudettes. En effet, l'opération, qui devrait être finalisée au deuxième semestre 2025 après validation par l'autorité de la concurrence, pourrait permettre à l'entreprise de doubler sa capacité de production de salades en sachet, passant de 20 000 tonnes à 40 000 tonnes par an.

 

« Nous croyons fermement au marché de la salade en sachet. Sur cette dernière année, le marché a certes régressé de 3% en France, mais ce n'est pas dramatique ! »

Dominique Duprat, directeur général du pôle végétal du groupe LSDH

Un marché en mutation : défis et opportunités

La décision de Les Crudettes de s'engager dans cette acquisition est audacieuse, surtout dans un contexte de marché tendu. Dominique Duprat, directeur général du pôle végétal de LSDH, reste optimiste quant à l'avenir des salades en sachet. Il souligne que, malgré une légère régression du marché, il existe des opportunités à saisir, notamment en améliorant la perception des consommateurs sur la qualité et la sécurité des produits.

Répondre aux préoccupations des consommateurs

Les critiques concernant le prix des salades en sachet par rapport aux salades fraîches sont fréquentes. Duprat répond à ces préoccupations en expliquant que le coût d'une salade fraîche doit inclure le temps et les ressources nécessaires pour la préparer.

Il affirme que l'écart de prix n'est pas significatif une fois ces éléments pris en compte.

En ce qui concerne la santé des produits, Duprat défend la salade en sachet en affirmant qu'elle est simplement lavée et coupée, sans conservateurs. Il met également en avant la sécurité alimentaire, soulignant qu'elle est exempte de terre, de bactéries et de résidus de pesticides.

Les enjeux environnementaux

La prise de conscience croissante des consommateurs sur les emballages plastiques représente un autre défi pour le secteur. Bien que les salades en sachet soient encore autorisées à être vendues dans des emballages plastiques en vertu d'un décret de juin 2023, Les Crudettes s'engagent à réduire leur empreinte plastique. Duprat mentionne que des efforts ont déjà été faits pour proposer des sacs en papier, même si cette initiative n'a pas encore été bien accueillie par le marché.

Bon à savoir

Les salades en sachet sont l'un des rares produits encore autorisés à être vendus dans des emballages plastiques, conformément à la loi Antigaspillage et économie circulaire (Agec) entrée en vigueur en janvier 2022.

Les perspectives d'emploi et d'impact local

La reprise de l'usine de Genas par Les Crudettes est également une bonne nouvelle pour les employés. Bonduelle a indiqué qu'aucune suppression de postes n'était prévue, et des perspectives de création d'une trentaine d'emplois pourraient même se dessiner, en fonction de l'évolution du marché.

Cela pourrait contribuer à renforcer l'économie locale et à maintenir des emplois dans la région.

Cependant, des inquiétudes demeurent parmi les syndicats. Un délégué syndical central CFDT a exprimé des préoccupations quant à la viabilité de la stratégie de Bonduelle, soulignant que des alertes avaient été lancées concernant la direction prise par le groupe. La perspective de trouver un repreneur pour l'usine de Saint-Mihiel sans maintenir l'activité associée soulève des questions sur l'avenir des salariés et du territoire.

Un avenir incertain mais prometteur

Alors que Bonduelle se retire du marché des salades en sachet, Les Crudettes se positionnent pour prendre le relais dans un secteur en mutation. La capacité de l'entreprise à s'adapter aux nouvelles attentes des consommateurs, tout en préservant la qualité et la sécurité des produits, sera cruciale pour son succès futur.

La stratégie de Les Crudettes pourrait également ouvrir de nouveaux débouchés pour les agriculteurs français, renforçant ainsi la filière maraîchère.

En s'approvisionnant auprès d'agriculteurs français d'avril à octobre et en Espagne le reste de l'année, LSDH vise à établir un maillage territorial solide, garantissant une production locale et durable.

Un tournant pour le secteur des salades en sachet

La cession des activités de salades en sachet de Bonduelle représente un tournant pour le secteur. Alors que les consommateurs évoluent et que le marché se transforme, les acteurs comme Les Crudettes doivent naviguer dans un environnement complexe.

La capacité à innover, à répondre aux préoccupations des consommateurs et à s'adapter aux nouvelles normes environnementales sera déterminante pour l'avenir de cette filière.

Les Crudettes, avec leur expérience et leur volonté de se développer, pourraient bien être la clé pour revitaliser le marché des salades en sachet en France. Leurs efforts pour améliorer la perception des produits, tout en garantissant la qualité et la sécurité, seront scrutés de près dans les mois à venir.

Alors que le paysage agroalimentaire évolue, il sera intéressant de suivre l'évolution de cette acquisition et ses impacts sur l'emploi, l'économie locale et la consommation de salades en sachet en France.