Vicat accélère la décarbonation industrielle avec le projet VAIA
Découvrez comment le projet VAIA de Vicat va capturer 1,2 million de tonnes de CO₂ par an, transformant la cimenterie de Montalieu-Vercieu en pionnière verte.

Le groupe cimentier Vicat vient d’annoncer une avancée décisive dans sa stratégie de décarbonation, confirmée par la récente signature d’un contrat de transition écologique avec le gouvernement français, visant les 50 sites industriels les plus émetteurs de CO₂ en France (source). Fort de cette dynamique, l’entreprise lance aujourd’hui le projet VAIA (Vicat Advanced Industrial Alliance), un plan d’envergure visant à capter et séquestrer une grande partie de ses émissions de dioxyde de carbone.
Un partenariat étatique qui valide l'ambition industrielle
L’engagement de Vicat n’aurait pas pu se concrétiser sans le soutien affirmé de l’État français. Par le biais du contrat de transition écologique, le gouvernement souhaite accélérer la décarbonation des industries les plus polluantes sur le territoire. Vicat, sélectionné pour son site isérois de Montalieu-Vercieu, entre ainsi dans un programme dédié aux entreprises considérées comme « stratégiques » pour l’atteinte des objectifs climatiques de la France.
Cette reconnaissance par les pouvoirs publics encourage la mise en place de technologies de rupture, capables d’endiguer les rejets massifs de CO₂. Les cimenteries se trouvent en première ligne du combat contre le réchauffement climatique, les émissions provenant à la fois de la combustion (pour chauffer le four) et de la réaction chimique qui transforme le calcaire en clinker. Dans ce cadre, la volonté de Vicat de réduire drastiquement son empreinte carbone prend une tonalité encore plus significative.
Pour répondre aux exigences gouvernementales, le groupe ne se contente pas d’une diminution graduelle de ses émissions. Il s’engage dans des projets concrets, financés par des dispositifs publics, nationaux et européens, afin de transformer sa production de ciment en un modèle plus respectueux de l’environnement. En parallèle, des procédures administratives complexes sont lancées, notamment l’instruction de dossiers techniques pour obtenir les autorisations nécessaires à l'implémentation de solutions de capture et de séquestration du carbone.
Vicat : une trajectoire de décarbonation inscrite dans la durée
Au cœur du plan stratégique de Vicat, la décarbonation se décline depuis plusieurs années sous forme d’engagements chiffrés. Le groupe vise en effet à réduire son indicateur CO₂ net par tonne de ciment à des niveaux inégalés :
- 497 kg de CO₂ net par tonne de ciment équivalent, en moyenne, pour l’ensemble du groupe.
- 430 kg de CO₂ par tonne pour la zone Europe d’ici 2030, avant même le recours au captage du dioxyde de carbone.
Ces objectifs témoignent d’une volonté forte de rupture avec les pratiques traditionnelles. Depuis 2015, Vicat affirme avoir déjà réduit d’environ 25 % ses émissions nettes spécifiques, grâce à plusieurs leviers : la substitution partielle des combustibles fossiles par des sources d’énergie alternative, l’amélioration de l’efficacité énergétique des installations, ou encore la diminution du taux de clinker dans la composition du ciment (c’est-à-dire l’utilisation d’ajouts cimentaires ou de matériaux plus faiblement émissifs).
L’entreprise souhaite franchir un nouveau palier avec son programme « Du Bas Carbone au Zéro Carbone », annoncé en 2024. Dans ce contexte, l’accent est mis sur l’émergence de technologies CCUS (Carbon Capture, Utilization and Storage) capables de capter et, le cas échéant, de valoriser ou stocker le CO₂ généré par la production. Les solutions envisagées vont au-delà de l’industrie cimentière ; elles pourraient servir de tremplin pour la production de carburants de synthèse ou encore de produits chimiques bas carbone.
La technologie CCUS (Carbon Capture, Utilization and Storage) englobe plusieurs processus visant à réduire les émissions de CO₂. D’abord, on capte le dioxyde de carbone émis par une installation industrielle (cimenterie, aciérie, etc.). Ensuite, ce CO₂ est soit stocké géologiquement pour éviter sa libération dans l’atmosphère, soit réutilisé (en chimie ou en production de carburants).
Le projet VAIA : une initiative technologique et socio-économique
VAIA (Vicat Advanced Industrial Alliance) se présente comme la réponse la plus ambitieuse de Vicat pour s’aligner sur la trajectoire carbone souhaitée par la France. Porté spécifiquement par le site de Montalieu-Vercieu, ce projet englobe l’installation d’un vaste dispositif de capture de CO₂, à hauteur de 1,2 million de tonnes par an. Cette capacité représente près de 100 % des émissions de la cimenterie.
Les retombées directes envisagées dépassent le simple enjeu environnemental. Au plan économique, Vicat prévoit la création d’environ 1 000 emplois durant la phase de construction du dispositif et de plus de 30 postes pérennes pour assurer l’exploitation. Les autorités locales perçoivent dans cette initiative un moyen de maintenir l’activité industrielle sur le territoire tout en valorisant une filière porteuse d’avenir.
Mais VAIA n’est pas un projet isolé. Il implique la participation de partenaires clés, chacun jouant un rôle spécifique dans la chaîne de valorisation du CO₂ :
- SPSE (Société du Pipeline Sud Européen) : reconversion d’un pipeline existant en carboduc, c’est-à-dire un canal de transport du CO₂ liquéfié.
- Elengy : prise en charge de la liquéfaction du CO₂ pour faciliter son stockage.
- RTE : fourniture de l’énergie électrique nécessaire aux opérations de captage et de liquéfaction, dans une logique de performance énergétique.
- ENI : responsable du volet de stockage géologique du carbone.
Grâce à la réutilisation d’une partie du réseau de transport existant, les coûts d’infrastructure se retrouvent partiellement contenus. Le pipeline, une fois transformé en carboduc, acheminera le CO₂ vers Fos-sur-Mer en vue d’être définitivement séquestré dans des formations géologiques appropriées. Cette approche, si elle aboutit, fera de Montalieu-Vercieu un pôle industriel à la pointe de la décarbonation au niveau national.
Initialement conçu pour transporter des hydrocarbures, le pipeline peut être techniquement réaménagé pour accueillir du CO₂. Les conduites doivent toutefois répondre à des normes strictes de résistance, car la liquéfaction du CO₂ implique des pressions et des températures spécifiques.
Focus sur le couloir rhodanien : pourquoi le site de Montalieu-Vercieu est stratégique
Situé dans le département de l’Isère, le site de Montalieu-Vercieu s’inscrit dans le corridor industriel du couloir rhodanien, reliant les plaines de l’Ain jusqu’aux zones portuaires de Marseille et de Fos-sur-Mer. Cette région concentre un tissu industriel dense et diversifié, faisant de la question environnementale un défi transversal : chimie, sidérurgie et cimenterie s’y côtoient, chacune générant des émissions significatives.
Avec une production de plus de 2 millions de tonnes de ciment par an, l’usine de Montalieu-Vercieu figure parmi les 50 sites industriels les plus émetteurs de CO₂ en France. Les efforts entrepris depuis plusieurs années pour limiter la consommation énergétique et augmenter la part de combustibles alternatifs ont déjà permis de réduire la facture carbone. Toutefois, la captation du CO₂ issu du calcaire en cours de fabrication reste l’étape incontournable pour atteindre une réduction massive des émissions.
Bon à savoir : le clinker, cœur du ciment
Le clinker, principal composant du ciment, se forme lors de la calcination du calcaire à hautes températures. Cette réaction produit naturellement du CO₂, indépendamment du combustible utilisé. La capture du carbone est donc cruciale pour parvenir à une véritable neutralité carbone dans le secteur cimentier.
Le couloir rhodanien présente également l’avantage d’infrastructures déjà existantes pour le transport (canal, autoroutes, voies ferrées) et d’une proximité géographique avec les zones portuaires méditerranéennes. Cela facilite la logistique pour l’export ou l’import de matériaux essentiels. À terme, il pourrait émerger une synergie régionale d’ampleur, où l’hydrogène et le carbone circuleraient via des infrastructures dédiées.
Un zoom sur Lebec Net Zero : l’autre projet phare de Vicat aux États-Unis
Au-delà des frontières françaises, Vicat poursuit la même démarche novatrice à Lebec en Californie, au sein de sa filiale américaine, la National Cement Company of California Inc. Au mois de décembre, un accord de coopération a été finalisé avec le Department of Energy des États-Unis (DOE), Office of Clean Energy Demonstrations. Intitulé Lebec Net Zero, ce projet vise à combiner plusieurs technologies de décarbonation, dont le captage et le stockage de CO₂, avec pour objectif de réduire les rejets annuels de près de 950 000 tonnes.
Ce dispositif américain démontre la capacité du groupe à déployer des solutions industrielles d’envergure sur plusieurs continents. La collaboration avec le DOE permet d’envisager une mutualisation des connaissances et des bonnes pratiques. De plus, la législation américaine incitative en matière de crédit d’impôt pour la séquestration du carbone (Section 45Q) offre un cadre financier favorable à l’émergence de ces technologies.
Lebec Net Zero et VAIA partagent une ambition commune : tendre vers la neutralité carbone ou, à tout le moins, réduire drastiquement l’empreinte environnementale des cimenteries. Ces sites pilotes servent de laboratoires à grande échelle, susceptibles d’inspirer d’autres unités de production dans le monde. L’enjeu est également de standardiser ces procédés pour en réduire le coût et d’accélérer la diffusion de technologies durables.
Le Department of Energy soutient les initiatives visant à décarboner l’industrie. Les cimenteries, très émettrices, sont particulièrement encouragées à expérimenter des systèmes de captage de carbone. Aux États-Unis, cette politique est renforcée par des mesures fiscales et des subventions spécifiques, dont bénéficie également Vicat pour son site de Lebec.
Le financement et l’encadrement juridique
Pour qu’un projet d’une telle ampleur voie le jour, plusieurs soutiens institutionnels et financiers sont indispensables. Le projet VAIA prévoit notamment de solliciter le programme européen Innovation Fund dès le premier semestre 2025, afin de renforcer son montage financier. Du côté français, le dispositif d’aide aux très grands projets industriels de décarbonation (GPID) ouvert en décembre 2024 s’inscrit dans la même logique de subvention et d’accompagnement.
Ces financements, articulés autour d’un strict cahier des charges, couvrent non seulement l’investissement initial (achat et installation des équipements de captage, réaménagement des infrastructures de transport, etc.) mais aussi, parfois, les études préalables, l’ingénierie ou encore la formation du personnel. La participation à ces programmes implique toutefois un suivi précis des résultats, avec des objectifs chiffrés et des contrôles périodiques.
Sur le plan légal et réglementaire, la capture et la séquestration du CO₂ requièrent un ensemble d’autorisations administratives. Le stockage géologique, par exemple, est soumis à des études d’impact approfondies sur la qualité des sols et la sécurité. De plus, la réglementation européenne impose un suivi continu et la mise en place de garanties financières pour couvrir d’éventuelles responsabilités environnementales à long terme. Dans le cadre du projet VAIA, les acteurs doivent également s’assurer de la conformité avec la législation relative au transport de substances sous pression.
Bon à savoir : l’encadrement réglementaire
La directive européenne 2009/31/CE encadre la géo-séquestration du CO₂. Elle impose des études de faisabilité, une surveillance continue des sites et une évaluation stricte des risques de fuite. Les États membres doivent transposer ces obligations dans leur droit national, ce qui se traduit en France par des procédures d’autorisation spécifiques et des contrôles réguliers de la part des autorités compétentes.
Perspectives socio-économiques et environnementales
Au-delà de l’aspect purement technologique, VAIA ouvre la voie à une nouvelle génération industrielle. L’idée est de préserver l’activité cimentière sur le sol français, tout en poursuivant la lutte contre le réchauffement climatique. Cette combinaison entre préservation de l’outil de production et neutralité carbone potentielle constitue un enjeu majeur pour la compétitivité nationale, particulièrement dans un secteur mondialisé.
En effet, la concurrence internationale pèse lourdement sur les cimentiers européens, soumis à des standards environnementaux plus exigeants que dans d’autres régions du monde. Le déploiement des technologies CCUS devient alors un argument de compétitivité, à condition de parvenir à un modèle de production rentable. Si la capture du CO₂ reste aujourd’hui coûteuse, une industrialisation massive et le soutien des pouvoirs publics pourraient entraîner des économies d’échelle et abaisser progressivement le prix de revient.
Par ailleurs, la création d’emplois annoncée durant la phase de construction du projet VAIA témoigne de l’attrait économique lié à la transition énergétique. Les compétences requises pour monter et exploiter des unités de capture et de transport de CO₂ (ingénieurs, techniciens, spécialistes en mécanique des fluides, etc.) favorisent l’émergence de filières techniques de haut niveau en France. De plus, l’implantation d’infrastructures de liquéfaction et de stockage peut avoir un effet d’entraînement pour d’autres industries voisines (chimie, raffinerie, etc.).
Sur le plan environnemental, la perspective d’éliminer 1,2 million de tonnes de CO₂ par an à Montalieu-Vercieu équivaut au retrait de 75 000 véhicules thermiques de la circulation, selon les chiffres communiqués par Vicat. À l’échelle du territoire, cette baisse notable contribuerait à la trajectoire nationale de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les bénéfices pourraient également se répercuter localement, via une meilleure qualité de l’air et une image plus vertueuse de la région.
L’histoire et les valeurs du Groupe Vicat
Fondé au XIXe siècle, le Groupe Vicat s’appuie sur une tradition familiale et un savoir-faire cimentier transmis sur plusieurs générations. À l’origine, Joseph Vicat, fils de l’inventeur de la chaux hydraulique artificielle, a progressivement développé un réseau industriel pour produire du ciment, un matériau désormais incontournable dans le secteur de la construction.
Au fil du temps, la société s’est internationalisée tout en restant attachée à certaines valeurs : innovation, responsabilité et excellence industrielle. C’est dans cet esprit que l’entreprise a multiplié les partenariats avec des organismes de recherche et des laboratoires universitaires, notamment pour concevoir des ciments spéciaux plus écologiques.
La transition actuelle vers des procédés plus « verts » s’inscrit donc dans la continuité d’une longue tradition d’améliorations techniques. Loin de se limiter à une adaptation réglementaire, Vicat cherche à anticiper les mutations en investissant dans la recherche et le développement, pour concevoir ce qui pourrait être le ciment du futur, à l’empreinte carbone minimale.
Une dynamique collective : information et participation des acteurs locaux
L’acceptation locale du projet VAIA dépend en grande partie de la transparence et de la pédagogie déployées par Vicat. Les riverains, associations environnementales et collectivités territoriales sont invités à participer aux débats et à la consultation publique. Les enjeux techniques liés au captage et au transport du CO₂ suscitent souvent des interrogations : niveau de sécurité, impacts éventuels sur la biodiversité, risques sismiques pour le stockage géologique, etc.
Pour répondre à ces légitimes préoccupations, le groupe a d’ores et déjà annoncé la mise en place de réunions publiques et la distribution de dossiers d’information détaillés. Des comités de suivi associant élus locaux, experts scientifiques et représentants des associations devraient également être instaurés, afin de suivre l’avancée du projet et d’assurer une veille sur les aspects environnementaux.
Bon à savoir : les consultations publiques
Dans le cadre de projets industriels d’ampleur, la loi française impose une procédure de consultation publique. Les habitants, mais aussi les organismes et experts, peuvent émettre des avis et des recommandations. Les porteurs du projet (ici, Vicat) doivent fournir des réponses argumentées et, le cas échéant, modifier les plans d’exécution pour prendre en compte les observations formulées.
Le rôle-clé des innovations de rupture
D’un point de vue strictement industriel, la captation du CO₂ issu des cimenteries représente l’une des innovations les plus prometteuses pour transformer en profondeur ce secteur. Contrairement à la simple substitution de combustible (comme le recours à la biomasse ou au combustible solide de récupération), la capture agit directement à la source, évitant l’émission de grandes quantités de dioxyde de carbone liées à la décarbonatation du calcaire.
Pour assurer le succès de ces innovations, la recherche et développement doit se poursuivre, notamment sur l’efficacité des membranes ou des solvants utilisés dans la séparation du CO₂. Dans le futur, on peut imaginer des systèmes toujours plus compacts, moins énergivores et plus faciles à installer sur des lignes de production existantes. Le stockage géologique, quant à lui, nécessite une fiabilisation des protocoles de surveillance, afin de garantir l’étanchéité des réservoirs à long terme.
D’autres innovations de rupture pourraient voir le jour. Par exemple, la production de carburants de synthèse à partir du CO₂ capté et d’hydrogène « vert » (issu de l’électrolyse de l’eau alimentée par une électricité décarbonée) fait l’objet de nombreuses études. Ce carburant pourrait ensuite alimenter les réseaux de transport routier ou maritime, contribuant à la baisse d’émissions dans d’autres secteurs.
La stratégie de Vicat face aux enjeux mondiaux de la construction
Le secteur de la construction joue un rôle clé dans la transition écologique. Si le bâtiment et les travaux publics sont généralement pointés du doigt pour leur impact environnemental, ils représentent aussi un levier potentiel pour réduire la consommation énergétique via l’éco-construction et l’isolation performante. Dans ce contexte, les ciments bas carbone ou vertueux peuvent accélérer la mutation vers des édifices moins énergivores.
Vicat, en tant qu’acteur historique, entend se positionner sur ce segment à forte valeur ajoutée. En proposant des solutions cimentaires à faible impact carbone, il vise à consolider sa place sur le marché français et international. Les clients (collectivités, promoteurs immobiliers, entreprises de BTP) sont de plus en plus attentifs aux bilans carbone et recherchent des matériaux certifiés.
La compétition ne se limite pas aux cimentiers traditionnels. De nouvelles entreprises misent sur des liants alternatifs, tels que le géopolymère ou le ciment d’argile calcinée, pour se faire une place sur le marché de la construction durable. En investissant massivement dans la capture et la valorisation du CO₂, Vicat reste cependant dans la course à l’innovation. La prochaine étape consistera à intégrer toutes ces solutions de manière holistique, pour offrir un éventail complet de produits bas carbone adaptés aux différents chantiers.
Un horizon commun : décarboner sans sacrifier la compétitivité
Le défi majeur pour les industriels, et notamment pour Vicat, réside dans la conciliation entre ambitions environnementales et viabilité économique. La décarbonation s’avère souvent coûteuse, surtout lors des premières étapes de déploiement à grande échelle. Les cimentiers ne peuvent pas supporter seuls l’intégralité des coûts d’installation et d’exploitation du captage et du stockage du CO₂, d’où l’importance cruciale des financements publics et européens.
Dans le même temps, la concurrence de pays aux normes moins strictes pèse sur les prix du ciment. Les mesures comme l’ajustement carbone aux frontières de l’Union européenne (CBAM) pourraient offrir une meilleure équité sur le marché. Encore faut-il que ces dispositifs soient opérationnels à court ou moyen terme et qu’ils n’entraînent pas un renchérissement généralisé du ciment au point de pénaliser la construction.
Malgré ces incertitudes, le choix d’investir dans la décarbonation se révèle de plus en plus déterminant, du fait du durcissement progressif des réglementations climatiques. Les industriels qui auront anticipé cette évolution pourraient se retrouver en position favorable dans les années à venir, particulièrement sur les marchés de la construction durable, en pleine expansion mondiale.
Une perspective ouverte pour les acteurs du secteur
Le projet VAIA incarne tout à la fois une volonté de rupture technologique, une volonté d’assurer la souveraineté industrielle française et une ambition de fédérer divers partenaires économiques sur le long terme. En unissant les savoir-faire de grandes entreprises spécialisées dans le transport, la liquéfaction ou encore le stockage géologique, Vicat fait la démonstration de son rôle de catalyseur au sein d’un écosystème plus large.
Des enjeux restent néanmoins à clarifier : la demande réelle du marché pour des ciments zéro carbone, les modalités concrètes d’acheminement du CO₂ sur de grandes distances, ou encore l’acceptabilité sociale du stockage en sous-sol. Toutes ces questions méritent d’être mises en débat et feront l’objet, dans les mois et années à venir, de discussions approfondies entre industriels, pouvoirs publics, collectivités et associations environnementales.
D’un point de vue financier, la réussite de tels projets dépend de plusieurs facteurs : l’alignement des stratégies industrielles avec les politiques publiques, la stabilité de la réglementation, la disponibilité de fonds suffisants pour la R&D et l’acquisition des équipements, et la capacité à persuader les différents opérateurs de collaborer sur le long terme. Si ces conditions sont réunies, la France pourrait bien s’imposer comme un modèle de décarbonation dans le secteur cimentier, et au-delà.
Cette ambitieuse feuille de route, portée par Vicat, atteste qu’allier croissance industrielle et responsabilité écologique est non seulement possible, mais nécessaire pour garantir la compétitivité et la durabilité de nos activités.