Lucas Hauchard, mieux connu sous le pseudonyme de Squeezie, élargit encore une fois son champ d’action en faisant une entrée remarquée dans l’univers alimentaire. Son objectif ? Proposer Ciao Kombucha, une boisson fermentée considérée comme plus saine que les sodas classiques, disponible sur ciaokombucha.com. Un pari audacieux, alors que le marché des boissons alternatives connaît un véritable essor en France.

Ciao Kombucha, la nouvelle offensive du deuxième YouTubeur de France

Squeezie, régulièrement présenté comme le deuxième YouTubeur le plus suivi de l’Hexagone – après Tibo InShape – vient de lever le rideau sur un nouveau projet entrepreneurial, à savoir Ciao Kombucha. Cette boisson, brassée à partir de thé, de levures et de bactéries vivantes, se veut un choix résolument sain pour les consommateurs lassés des sodas sucrés. L’initiative a officiellement vu le jour au tout début du mois de mai, marquant l’ouverture de la commercialisation en grandes surfaces et sur Internet.

L’histoire derrière ce lancement est liée à la découverte du kombucha par Squeezie lors d’un voyage en Asie. Séduit par son côté rafraîchissant et son profil pauvre en sucre, le créateur de contenu souhaite développer en France une alternative pétillante sans les excès caloriques des boissons gazeuses classiques. Le site web de la marque insiste sur la faible teneur en calories, l’utilisation de fruits majoritairement issus d’Espagne et le caractère non pasteurisé de la boisson. Logique, puisqu’une pasteurisation neutraliserait ces fameuses bactéries probiotiques considérées comme bénéfiques pour la digestion.

Tout produit fermenté contient une touche d’alcool, plus ou moins légère. Ici, Ciao Kombucha affiche un pourcentage compris entre 0,5 % et 1,2 %, correspondant au maximum autorisé en France pour demeurer dans la catégorie des boissons qualifiées de “sans alcool”. Bien qu’il s’agisse d’une concentration très faible, certaines voix s’élèvent déjà pour critiquer l’accès possible aux mineurs. D’autres, au contraire, voient en Ciao Kombucha une alternative intéressante qui s’inscrit dans l’air du temps : un produit “healthy” et pétillant.

Le marché français du kombucha : une tendance en forte progression

Si l’initiative de Squeezie peut surprendre, elle n’en est pas moins astucieuse d’un point de vue stratégique. Le marché du kombucha, bien installé depuis des années en Amérique du Nord, amorce en France une courbe ascendante remarquable. Les marques spécialisées se multiplient, surfant sur la demande grandissante des consommateurs pour des produits à la fois naturels, faibles en sucre et riches en ferments. Dans un pays où la tradition gastronomique est profonde, l’apparition d’une nouvelle boisson fermentée trouve rapidement son public.

En parallèle, le secteur des boissons santé (ou “functional drinks”) évolue à vive allure. Kombucha, kéfir, jus pressés à froid : autant d’alternatives qui séduisent par leur image plus vertueuse que les sodas traditionnels ou les boissons énergisantes. Dans un tel contexte, lancer Ciao Kombucha vient répondre à une envie croissante de la part des consommateurs français : celle de se tourner vers des boissons qui promettent du goût, de la fraicheur et une valeur nutritionnelle plus riche.

Le terme probiotiques fait référence à des micro-organismes vivants, notamment des bactéries, qui peuvent apporter des bénéfices au fonctionnement intestinal. Dans le kombucha, ces ferments se développent naturellement lors de la phase de fermentation et contribuent à donner à la boisson sa saveur typique.

De ce fait, la concurrence devient féroce et exigeante : il ne suffit plus d’offrir un simple kombucha “de base”. Il faut se distinguer par des goûts originaux, des ingrédients de qualité et un marketing soigné. Ciao Kombucha s’inscrit dans cette logique en mettant en avant la provenance de ses fruits (Espagne) et la richesse naturelle en probiotiques. Reste à savoir si l’engouement pour le nom Squeezie se transformera en succès commercial durable.

Un créateur de contenu passionné par l’entrepreneuriat

Le grand public connaît surtout Lucas Hauchard via ses vidéos YouTube, mais le jeune homme nourrit, depuis plusieurs années déjà, des ambitions business bien plus larges. En 2018, il s’était lancé dans la mode avec une marque de vêtements baptisée Yoko. Malgré son audience colossale en ligne, ce projet n’a pas rencontré l’enthousiasme escompté et la marque a finalement tiré sa révérence.

Qu’à cela ne tienne : Squeezie a démontré qu’il ne se décourageait pas à la première embûche. Outre ses multiples initiatives dans le domaine de la création de contenus (clips musicaux, parodies, jeux vidéo), il s’est impliqué dans l’événementiel en organisant le GP Explorer— une course automobile rassemblant d’autres personnalités du web, attirant ainsi médias et sponsors. Cette formule a rencontré un véritable succès, consolidant la réputation de Squeezie en tant qu’entrepreneur, et non seulement comme vidéaste.

Bon à savoir : la diversification des influenceurs

Les influenceurs ne se contentent plus de produire des vidéos divertissantes. Ils investissent divers secteurs (mode, food, beauté, boisson, tech), attirant l’attention des marques et des consommateurs en quête de produits “validés” par des personnalités du web. Cette diversification devient souvent un vrai pilier économique de leur carrière.

Avec Ciao Kombucha, Squeezie souhaite désormais marquer de son empreinte l’univers de l’alimentaire. Si la réussite est au rendez-vous, ce nouveau pas confortera encore davantage son statut d’entrepreneur influent, au même titre qu’autres personnalités du web ayant su transformer leur communauté en source de revenus multiples. Cela illustre une tendance de fond : les créateurs de contenu ne veulent plus être restreints à leur plateforme d’origine. Ils aspirent à innover, surprendre et investir des marchés très variés.

De la controverse autour du taux d’alcool à la législation française

Comme tout kombucha, celui proposé par Squeezie contient une légère teneur en alcool. Du fait du processus de fermentation, Ciao Kombucha titre entre 0,5 % et 1,2 %, respectant ainsi la limite autorisée par la loi en matière de boisson dite “sans alcool”. D’un strict point de vue réglementaire, il n’y a donc aucune entorse. Le marketing autour du produit souligne néanmoins le besoin d’informer correctement le public : certains consommateurs ignorent souvent l’existence d’alcool résiduel dans ces boissons fermentées.

En France, les bières à 0,5 % ou 1 % ne sont pas rares dans les rayons. Les législations successives ont fixé des paliers clairs afin de distinguer les alcools forts, les vins, les cidres et les bières à faible degré ou encore certaines limonades au gingembre. Dans ce paysage, le kombucha trouve aisément sa place, tant qu’il respecte le seuil maximal. Cependant, l’étiquette “sans alcool” continue de susciter des débats lorsque même une petite quantité est présente, d’autant que le public adolescent ou jeune adulte pourrait être sensible aux effets d’un cumul.

En France, une boisson est considérée comme “sans alcool” si sa teneur n’excède pas 1,2 %. Cette limite réglementaire englobe les bières sans alcool et diverses boissons fermentées légères, telles que le kombucha. Toutefois, les fabricants doivent veiller à communiquer en toute transparence sur les étiquettes, notamment pour éviter les confusions auprès des consommateurs mineurs.

Au-delà de la polémique, ce débat éclaire un véritable défi pour le marché du kombucha : trouver l’équilibre entre la promesse d’une boisson saine et la transparence quant à sa composition. Dans le cas de Ciao Kombucha, les internautes se montrent partagés. Certains accueillent l’initiative avec enthousiasme, d’autres soulignent l’alcool résiduel, tandis qu’un dernier groupe voit cet énième produit comme un simple coup marketing. Difficile, dès lors, d’anticiper la longévité du projet, mais la communication autour de cette question sera assurément cruciale pour le succès commercial.

Un segment ultra-compétitif : tour d’horizon des boissons fermentées

Le kombucha n’est pas la seule boisson fermentée à percer sur le marché français. En parallèle, le kéfir gagne également en notoriété, porté par l’engouement pour le fait-maison et les vertus probiotiques. D’autres innovations voient le jour, notamment certaines limonades au gingembre ou des boissons pétillantes à base de fermentations naturelles. Face à cette expansion, se différencier devient un impératif pour quiconque souhaite s’imposer durablement.

Les marques françaises spécialisées dans le kombucha se multiplient et chacune déploie son discours : artisanal, local, premium... Pour Squeezie, la carte “célébrité” s’ajoute à la liste des facteurs de visibilité, mais le public reste exigeant. Les consommateurs avertis ne se contentent plus d’un nom connu : ils veulent une qualité gustative, une composition soignée et un engagement clair. Sur ce point, Ciao Kombucha met en avant des fruits en provenance d’Espagne, mais la question du circuit de distribution (grandes surfaces, e-commerce) et des conditions de production peut aussi être cruciale pour ceux qui exigent une fabrication 100 % locale.

La démarche responsable et la mise en valeur d’ingrédients peu transformés figurent également parmi les arguments de séduction. Entre écologie, bien-être et saveurs, le kombucha coche bien des cases pour capter l’attention des consommateurs modernes. Reste à faire la preuve de ses engagements sur le long terme pour rallier un public fidèle.

Qui est réellement Squeezie ? Un zoom sur un créateur en quête d’expansion

Si l’on fait abstraction de son pseudo et de son aura sur YouTube, Squeezie est avant tout Lucas Hauchard, né en 1996. Dès 2008, il se lance dans la production de vidéos en ligne, principalement autour du jeu vidéo. Son humour décalé, son sens du montage et son dynamisme en font l’un des premiers grands noms français du streaming et du divertissement sur Internet.

Fort de plusieurs millions d’abonnés, il diversifie ses formats et aborde parfois des sujets plus variés : vlogs, podcasts, débats, collaborations avec d’autres créateurs, ou encore événements spéciaux. Ses partenariats lui permettent de consolider son image et d’explorer des pistes qui vont du merchandising à l’organisation de projets grandioses. Le GP Explorer, auquel participent d’autres personnalités du web, démontre sa capacité à mobiliser un large public, qu’il s’agisse de spectateurs en direct ou de communautés en ligne.

Gentles Mates, club d’e-sport cofondé en 2023 avec Gotaga et Brawks, illustre également la volonté de Squeezie d’investir des domaines porteurs, allant au-delà du contenu vidéo traditionnel. Dans la même logique, il semble envisager l’entrepreneuriat comme un espace d’expression créative et d’opportunités économiques. La boisson Ciao Kombucha s’inscrit donc dans cette stratégie d’expansion, avec l’objectif de profiter d’un marché en pleine effervescence.

Les adeptes de la reconversion entrepreneuriale

Squeezie n’est nullement le premier influenceur français à franchir le pas. Citons :

  • Léna Situations et son Hôtel Mahfouf, un espace hybride entre café éphémère, boutique et lieu de partage culturel.
  • Andie Ella avec sa marque Milia Matcha, visant à populariser le matcha sous diverses formes.
  • Gaëlle Garcia Diaz qui a lancé Martine Cosmetics, marque de maquillage haut de gamme.
  • Amixem avec Spacefox, brand de vêtements et bijoux s’appuyant sur l’identité de marque du créateur.

Ils s’inscrivent dans un mouvement global : les influenceurs cherchent à monétiser leur notoriété via des produits tangibles, qu’il s’agisse de capsules de café, de vêtements, de livres ou de boissons. Ce type de diversification n’est d’ailleurs pas limité à la France. Au-delà de l’Atlantique, de grands noms comme Logan Paul et KSI ont propulsé Prime Hydration puis Prime Energy, dont la teneur en caféine a alimenté des polémiques. Tout ceci prouve que, pour un créateur possédant une base d’abonnés conséquente, lancer une marque peut s’avérer un accélérateur de croissance – ou un boulet, si l’exécution n’est pas au rendez-vous.

L’exemple le plus parlant reste sans doute Jimmy Donaldson, alias MrBeast. Avec ses barres de chocolat Feastables, il a généré, selon Bloomberg, 20 millions de dollars de bénéfices pour quelque 250 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2024. Un succès qui soutient aussi la création de contenus pharaoniques, réputés pour leurs coûts de production astronomiques. L’équation est simple : plus de rentrées d’argent, plus de moyens pour innover en vidéo. De tels exemples peuvent inspirer de jeunes entrepreneurs du web, y compris en France.

En France, la population est moins nombreuse qu’aux États-Unis, tout comme le marché publicitaire et la portée internationale des contenus. Les créateurs français doivent donc parfois faire preuve de plus de prudence dans leurs investissements. En revanche, la proximité avec le public et l’attrait pour les personnalités locales peuvent jouer un rôle décisif dans la réussite d’un produit.

Pourquoi le kombucha séduit-il autant ?

Le kombucha n’est pas nouveau : son origine remonterait à plusieurs siècles en Asie, où il était apprécié pour ses vertus digestives. À la base, on retrouve un simple thé noir ou thé vert sucré, auquel on ajoute une “mère de kombucha” ou “SCOBY” (Symbiotic Culture Of Bacteria and Yeast). Pendant la fermentation, les levures consomment une partie du sucre, libèrent du CO2 et produisent différents acides organiques, responsables de ce goût acidulé si caractéristique.

La popularité grandissante du kombucha en Occident est liée à un mouvement généralisé cherchant à privilégier les aliments naturels et vivants. Plusieurs recherches scientifiques suggèrent que ces breuvages fermentés, riches en probiotiques, peuvent contribuer à améliorer la santé intestinale. Toutefois, il est essentiel de rappeler que ces bénéfices ne sont pas systématiquement prouvés par des études à grande échelle. Néanmoins, l’aura “healthy” qui entoure le kombucha fait office de levier marketing redoutable.

Une autre raison du succès réside dans la palette de saveurs possible. On peut personnaliser le kombucha avec des fruits, des plantes, des épices… offrant un large éventail de goûts et de notes. C’est un atout considérable pour se démarquer sur un marché saturé par les boissons sucrées et énergisantes. Avec Ciao Kombucha, Squeezie n’hésite d’ailleurs pas à proposer plusieurs saveurs (citron, fruit du dragon, fruits rouges, pêche, gingembre-hibiscus, menthe) pour plaire à différents profils de consommateurs.

Zoom sur la fabrication : Ciao Kombucha sous la loupe

Pour ceux qui s’intéressent aux aspects techniques, Ciao Kombucha est brassé principalement en Espagne. Pourquoi ce choix ? Certainement pour des raisons logistiques et de partenariat, puisque les fruits utilisés proviendraient majoritairement de la péninsule ibérique. L’Espagne est connue pour sa production abondante de fruits méditerranéens, et la proximité géographique avec la France facilite le transport et limite potentiellement l’empreinte carbone, comparé à un approvisionnement plus lointain.

L’accent est mis sur la faible teneur en sucre et la volonté de ne pas pasteuriser la boisson afin de préserver les ferments vivants. Cette démarche n’est pas sans contraintes : la chaîne du froid et la stabilité du produit doivent être rigoureusement maîtrisées, puisqu’un kombucha vivant peut poursuivre sa fermentation en bouteille, influant sur le goût et le taux d’alcool. Le positionnement “naturel” implique donc une vigilance accrue quant à la qualité du stockage et la rotation des stocks.

Du reste, le packaging et la stratégie de communication de Ciao Kombucha reposent sur une identité visuelle moderne et colorée, incarnant l’esprit créatif qui caractérise Squeezie. Cette cohérence entre l’image de marque du youtubeur et l’esthétique du produit cherche à séduire à la fois ses fans, mais aussi un public plus large, curieux de tester de nouveaux rafraîchissements aux allures “health & fun”.

L’épineuse question du prix : est-ce compétitif ?

Un des points-clés pour juger du succès commercial d’une boisson réside dans son prix de vente en magasin. Le kombucha reste globalement plus onéreux que le soda classique, en raison du processus de fermentation, de la qualité des ingrédients et du positionnement premium qu’il revendique souvent. Pour Ciao Kombucha, le pari semble être de rendre ce produit plus accessible que certains kombuchas artisanaux, tout en jouant la carte du goût attrayant et du concept “fun”.

En grandes surfaces, le kombucha peut osciller entre 2 et 4 euros la bouteille selon la marque et le format. Les marges de manœuvre sont donc relativement serrées si l’on souhaite conquérir un public habitué à payer beaucoup moins cher pour un soda de grande marque. Toutefois, la montée en puissance du pouvoir de prescription des influenceurs peut contribuer à justifier un prix légèrement supérieur, du moment que la qualité et l’aspect nutritionnel sont perçus comme des valeurs ajoutées réelles.

Bon à savoir : la tendance “Better-for-you”

Dans l’univers alimentaire, les produits étiquetés “better-for-you” valorisent une approche nutritive améliorée. On y retrouve moins de sucres, moins de graisses saturées, parfois plus de fibres ou de protéines. Cette tendance s’inscrit dans une logique de bien-être global, où le consommateur veut préserver son plaisir tout en prenant soin de sa santé.

Certains distributeurs franchissent même le pas d’introduire des rayons dédiés aux boissons fonctionnelles, mettant en avant kefirs, kombuchas et autres breuvages fermentés. Cette visibilité accrue peut constituer un atout pour Ciao Kombucha, à condition de capitaliser sur la notoriété de Squeezie et sur les actions de communication menées autour du produit (dégustations, partenariats, événements).

Une communication qui repose sur la communauté

Force est de constater que les influenceurs sont souvent passés maîtres dans l’art de la promotion en ligne. Squeezie, avec ses millions d’abonnés, peut compter sur un levier promotionnel colossal. Tout nouveau lancement, teasé de manière adéquate sur les réseaux, va générer une audience conséquente dès les premières minutes. Les algorithmes des plateformes sociales favorisent, la plupart du temps, ce genre de contenu événementiel.

Cette faculté à toucher des centaines de milliers de personnes en quelques heures, voire quelques millions en quelques jours, constitue un atout majeur pour le produit Ciao Kombucha. Un “placement de produit” organisé par Squeezie dans ses vidéos ou ses stories sur Instagram peut attirer immédiatement des curieux prêts à tester la nouveauté. Toutefois, la réussite à long terme ne saurait reposer uniquement sur la notoriété initiale.

Les utilisateurs expriment très vite leurs retours sur les réseaux sociaux. Si la boisson répond aux promesses (goût satisfaisant, tarif cohérent, packaging soigné), le bouche-à-oreille jouera en faveur de la marque. Dans le cas contraire, les critiques risquent de fuser rapidement, faisant retomber le soufflé. À ce stade, il est difficile de prédire l’issue, mais la gestion de la relation client en ligne, notamment via les retours consommateurs, sera déterminante.

Entre risques et opportunités : l’avis des analystes

D’un point de vue économique, la diversification d’un influenceur peut s’avérer extrêmement rentable, à condition de mettre en place une solide structure opérationnelle. Le risque majeur : un succès trop fulgurant qui conduirait à une rupture de stock rapide et à une incapacité à satisfaire la demande. Il faut donc anticiper la montée en échelle, sécuriser la chaîne d’approvisionnement et la production, sous peine de décevoir massivement les premiers acheteurs.

Autre point sensible : la réputation. Lorsqu’un influenceur se lance dans la vente d’un produit alimentaire, la qualité est non négociable. Si des problèmes de sécurité alimentaire ou d’hygiène surviennent, l’image de marque pourrait être entachée de façon durable. Les influenceurs évoluent sur un fil : leur communauté peut être très investie, mais aussi prompte à se retourner contre eux en cas d’erreur.

Du côté des opportunités, Ciao Kombucha bénéficie à la fois d’un marché en expansion et d’une visibilité immédiate. Sur le plan marketing, la transversalité entre l’univers du divertissement et celui de la boisson saine intrigue, fait parler, et peut susciter l’essai. Si l’expérience client est réussie, les bénéfices peuvent être substantiels, et Squeezie pourrait bien se transformer en figure de proue du kombucha en France.

L’influenceur-entrepreneur face à l’épreuve du temps

La diversification dans l’alimentaire n’est pas une tendance éphémère. Les créateurs de contenus, conscients de leur dépendance vis-à-vis des plateformes numériques, cherchent à bâtir des comptoirs physiques et des marques tangibles pour réduire les aléas d’audience. Chaque nouveau scandale ou changement d’algorithme peut mettre en péril leur principale source de revenus s’ils ne disposent pas d’une autre corde à leur arc.

Ciao Kombucha illustre parfaitement cette ambition : implanter dans le quotidien des consommateurs un produit référencé en rayon, pouvant exister au-delà des contenus en ligne. Sur ce point, la France est souvent un terrain compliqué pour lancer un produit innovant, mais la vague du “mieux consommer” n’a jamais été aussi forte. Avec une communication rodée et un positionnement clair, Ciao Kombucha peut tirer son épingle du jeu.

En outre, le secteur agroalimentaire requiert un savoir-faire certain, et nombre d’influenceurs ont pu s’y casser les dents. Le fait de s’appuyer sur des acteurs de la filière (brasseurs spécialisés, grossistes, distributeurs) sera sans doute décisif pour éviter des faux pas. Il faut noter également que la concurrence internationale s’organise. Les kombuchas américains, canadiens ou encore britanniques se tournent vers la France, séduits par la taille de la demande dans l’Union européenne.

Un marché qui s’étend sur le long terme

Certains analystes prévoient une croissance soutenue du marché du kombucha en Europe dans les prochaines années. La sensibilisation des consommateurs à la santé intestinale, l’attrait pour les produits non pasteurisés et l’engouement pour les saveurs exotiques peuvent devenir des catalyseurs de ce développement. Les cafés, restaurants et bars à cocktails commencent eux aussi à s’intéresser à ce breuvage, voire à l’utiliser comme base pour des recettes originales.

Parallèlement, un nombre croissant de grandes marques de boissons investissent dans leur propre gamme “kombucha” ou rachètent des start-ups du secteur pour capter cette tendance. Dans un tel contexte, la fraîcheur d’une marque portée par un influenceur réputé peut faire la différence, à condition de maintenir la confiance du public. Le récit de Squeezie expliquant qu’il a découvert le kombucha en Asie et a réduit sa consommation de sodas est porteur d’authenticité. Reste à transformer ce “storytelling” en longévité commerciale.

Une boisson fermentée, un pari sur la durabilité ?

Au-delà de l’effet de mode, le kombucha symbolise un nouveau rapport à la consommation, moins centré sur les sucres raffinés et les additifs chimiques. Si Squeezie parvient à éduquer son public sur l’intérêt des ferments naturels, cela pourrait faire de Ciao Kombucha un produit phare dans le paysage des alternatives au soda. Ce changement de paradigme s’inscrit dans une volonté plus large de la société française de mieux maîtriser ce que l’on boit et mange.

L’aspect environnemental compte également. Une production respectueuse, la mise en avant d’ingrédients d’origine contrôlée et un discours autour du bien-être peuvent forger l’image d’une marque engagée. À ce jour, il n’est pas avéré que Ciao Kombucha revendique un label bio ou équitable, mais on imagine aisément que les consommateurs sensibles à ce type de boisson vérifieront la cohérence entre le discours et les actes.

En définitive, l’avenir de Ciao Kombucha dépendra largement de la capacité de Squeezie et de ses partenaires à articuler communication, logistique et qualité produit. L’erreur serait de se reposer sur la popularité du youtubeur sans assurer un suivi constant des retours, un ajustement des recettes si besoin et un respect scrupuleux des normes en vigueur.

Les défis à venir et la voie du succès

À mesure que le projet Ciao Kombucha se développe, plusieurs défis se dessinent :

  • La gestion des stocks et la demande : en cas d’engouement fulgurant, l’entreprise doit être en mesure de suivre rapidement la cadence. Un manque de disponibilité en rayon tuerait l’élan initial.
  • La pérennité de la formule : si des modifications de recettes s’avèrent nécessaires, il faudra le faire sans perdre la clientèle conquise, tout en restant transparent sur l’étiquetage.
  • La perception du public vis-à-vis de l’alcool résiduel : cette donnée requiert de la pédagogie. Il est crucial de mettre en avant la dimension “sans alcool” au sens légal, tout en clarifiant la présence d’une petite quantité d’éthanol issue de la fermentation.
  • L’image de marque : le soutien public doit reposer sur la preuve que Ciao Kombucha ne se résume pas à une énième opération commerciale, mais qu’il s’agit d’un produit sérieux, plaisant et utile dans le quotidien des consommateurs.

En parallèle, la concurrence ne reste pas immobile. Les entreprises déjà implantées dans le kombucha redoubleront d’efforts pour innover en termes de saveurs, de distribution ou de conditionnement. Dans l’alimentaire, l’innovation est souvent synonyme de réussite, pour peu qu’elle réponde à une demande concrète. Une marque incarnée par l’une des figures phares de YouTube peut gagner la bataille de la visibilité, mais elle devra aussi gagner la bataille de la qualité.

Un avenir pétillant pour la jeune marque ?

La sortie de Ciao Kombucha par Squeezie est l’une des actualités les plus marquantes dans le secteur des boissons fermentées en ce moment. Elle reflète un mouvement global : celui d’influenceurs qui exploitent leur notoriété pour proposer des produits “healthy”, parfois en phase avec leurs propres changements de style de vie. Le succès de ce lancement repose désormais sur la capacité de la marque à convaincre un public exigeant, déjà courtisé par de nombreux concurrents.

À l’heure où le kombucha gagne du terrain dans l’Hexagone, et où les influenceurs se muent en entrepreneurs aguerris, Ciao Kombucha pourrait bien incarner l’avenir pétillant d’un marché encore émergent, mais ô combien prometteur.