Safran obtient la certification EASA pour son moteur 100 % électrique
Découvrez comment Safran révolutionne l’aviation verte grâce à l’homologation européenne de son premier moteur 100% électrique, certifié EASA en 2025.
![Safran et son moteur électrique](https://media.infonet.fr/safran-moteur-electrique-avion-certification-easa-67a33a60b1a85.png)
La certification officielle accordée par l’EASA (Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne) à Safran, l’un des leaders mondiaux de l’aéronautique, marque un tournant pour l’aviation électrique en Europe. Le moteur 100 % électrique de Safran ouvre la voie à une mobilité aérienne plus verte. Cet événement, annoncé le 3 février 2025 dans un communiqué officiel, témoigne de l’engagement industriel croissant en faveur de la décarbonation du transport aérien.
Une étape déterminante pour l’aéronautique française
Depuis plusieurs années, la France s’impose comme l’un des pionniers de l’ingénierie aéronautique à l’échelle mondiale. La récente certification obtenue par Safran auprès de l’EASA illustre parfaitement cet esprit d’innovation. Ce moteur électrique, le premier de sa catégorie à être reconnu conforme aux normes européennes, consolide la position de l’Hexagone sur le devant de la scène technologique. Derrière cette validation se cache un programme de recherche et de développement particulièrement ambitieux, où la fiabilité et la sécurité ont été scrutées sous tous les angles.
Les équipes de Safran ont dû soumettre leur prototype à une série d’essais exigeants portant sur la résistance mécanique, la tenue thermique et la performance en conditions extrêmes. Chaque étape, de la conception initiale jusqu’aux derniers tests en vol, a exigé la mise en œuvre d’outils de mesure de haute précision et de modélisations numériques avancées. Pour décrocher cette approbation règlementaire cruciale, Safran a mobilisé un réseau de partenaires français et internationaux, témoignant d’un écosystème solide en matière d’aviation propre.
L’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (EASA) définit et applique les normes de certification pour tout type d’aéronef évoluant dans l’espace aérien européen. Cette instance s’assure que chaque moteur, système ou dispositif embarqué réponde à des critères de fiabilité draconiens, afin de protéger tant les passagers que les équipages et le public.
Au-delà de l’aspect purement technique, la portée économique de cette certification est considérable. Les perspectives d’exportation pour un moteur électrique conforme aux standards européens sont majeures. Les compagnies aériennes en quête de solutions bas carbone seront, à terme, incitées à s’équiper de technologies nouvelles, compatibles avec les objectifs environnementaux fixés par l’Union européenne. Les agences publiques françaises, comme la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), observent d’ailleurs ce projet avec un intérêt marqué, puisqu’il pourrait renforcer la compétitivité du secteur aéronautique national.
Cette reconnaissance vient également alimenter un mouvement plus global visant à rendre l’avion moins polluant. Si les avions électriques intégralement opérationnels ne sont pas encore légion, la certification d’un moteur 100 % électrique constitue une première étape concrète vers une aviation plus écologique, en lien avec les engagements de neutralité carbone que la France ambitionne d’atteindre d’ici 2050.
Parallèlement, cette avancée technologique pourrait profiter aux écoles d’ingénieurs et aux laboratoires de recherche français, qui se verront confier de nouvelles missions d’études dans le domaine de l’électrification aérienne. Cette synergie entre le monde académique et l’industrie positionne la France comme un berceau incontournable de l’innovation, tout en nourrissant la future génération de spécialistes en propulsion électrique. De fait, la dynamique enclenchée par Safran suggère que d’autres fabricants, moteurs ou équipementiers, s’engageront prochainement dans une démarche similaire pour bénéficier de cet élan prometteur.
Les enjeux financiers et légaux d’une telle certification
Le développement d’un moteur d’avion 100 % électrique représente un investissement de grande envergure pour un groupe comme Safran. Entre les phases de prototypage, les essais en laboratoire et les tests en situation réelle, les dépenses en recherche et développement se chiffrent à plusieurs dizaines de millions d’euros. Dans un environnement industriel déjà concurrentiel, ce budget doit être justifié par un retour sur investissement solide, porté par la demande grandissante de solutions aériennes décarbonées.
Pour les acteurs financiers, la certification par l’EASA constitue un gage de sérieux. Elle ouvre des perspectives de partenariats avec des compagnies aériennes, des avionneurs et même des start-up spécialisées dans la mobilité urbaine, comme les projets de taxis volants. Selon certaines estimations, le marché mondial des eVTOL et appareils électriques à décollage vertical pourrait peser plus de 1 000 milliards de dollars d’ici 2040, d’après une étude de Morgan Stanley. Dans ce contexte, obtenir l’aval de l’autorité européenne de sécurité aérienne n’est pas simplement un atout marketing, c’est un prérequis incontournable pour l’accès à ce marché florissant.
Bon à savoir sur la réglementation française
La France, via la DGAC, impose des normes strictes pour tout appareil souhaitant survoler le territoire. Les démarches administratives s’alourdissent lorsqu’il s’agit d’une technologie innovante comme l’électrique. Obtenir la certification EASA est donc essentiel pour se conformer aux réglementations nationales et européennes sans multiplier les procédures.
Sur le plan légal, la certification EASA déclenche également une série d’ajustements contractuels entre Safran et ses partenaires. Contrats de maintenance, garanties de performance et clauses de responsabilité se voient révisés afin d’intégrer les spécificités de la propulsion électrique. Par exemple, la durée de vie des batteries ou les calendriers de révision des composants électriques doivent être précisément définis pour éviter tout litige ultérieur. Du côté des assureurs, cette innovation technologique entraîne une réévaluation des primes et des couvertures, puisque la sinistralité potentielle liée à un moteur électrique n’est pas encore documentée sur le long terme.
Enfin, la certification consolide la position concurrentielle de Safran en Europe. Les institutions publiques et privées sont plus enclines à subventionner ou à investir dans une technologie validée par l’autorité de référence. Cette dynamique financière et juridique, indissociable de la reconnaissance réglementaire, contribue à asseoir la légitimité de Safran comme leader de la transition énergétique dans le secteur aéronautique.
Zoom sur le moteur électrique de Safran : une prouesse technique
Le moteur électrique développé par Safran, communément appelé « Engineus 100 » selon plusieurs sources industrielles, se distingue par une conception ultralégère et une forte densité de puissance. Pesant environ 26 kg, il serait capable de fournir une puissance continue de 100 kW, avec un pic à 150 kW lors des phases critiques de vol, comme le décollage ou les montées rapides. Un tel rapport puissance-poids constitue un réel exploit en ingénierie aéronautique, surtout dans le domaine de l’électrique où chaque kilogramme peut réduire l’autonomie de l’aéronef.
Pour parvenir à ce résultat, Safran a misé sur des matériaux composites avancés et des techniques de refroidissement novatrices. Les bobinages sont conçus de manière à dissiper efficacement la chaleur, améliorant ainsi la fiabilité du système et sa longévité. Les ingénieurs ont par ailleurs dû repenser l’architecture électronique, en intégrant des capteurs de contrôle embarqués capables de détecter la moindre anomalie. Les simulations informatiques ont joué un rôle crucial dans l’optimisation des pièces, réduisant significativement la durée et le coût des phases de test physiques. L’objectif déclaré est d’accroître la robustesse et la sécurité pour limiter au maximum les pannes en vol.
Le système de refroidissement inclut des canaux internes dans le stator, facilitant une circulation de fluide capable de maintenir le moteur à une température stable. Ce dispositif améliore l’efficience et préserve la qualité des matériaux, même lors de charges de travail intenses.
Sur le plan opérationnel, Engineus 100 est appelé à révolutionner non seulement les petits avions régionaux, mais aussi les eVTOL et autres appareils destinés à la mobilité aérienne urbaine. Les analystes estiment que l’intégration d’un moteur électrique de cette trempe permettrait de réduire considérablement le coût d’exploitation, du fait de l’absence de carburant fossile et de la simplification de certains systèmes mécaniques. Toutefois, l’autonomie reste étroitement liée aux avancées dans le domaine des batteries et des supercondensateurs, un segment qui évolue rapidement mais dont la maturité industrielle n’est pas encore garantie.
À l’heure actuelle, Safran mène de nouveaux tests pour vérifier la compatibilité de son moteur avec des packs de batteries de dernière génération. L’idée est de proposer une solution globale, du groupe motopropulseur aux accessoires, afin de faciliter l’intégration chez les constructeurs d’aéronefs. Cette approche modulaire témoigne de la volonté du groupe d’anticiper les futures évolutions du marché, qu’il s’agisse de vols interurbains, de missions de fret ou même de tourisme aérien écologique.
Le rôle clé de la recherche publique et des partenariats
Safran n’est pas seul dans cette aventure de l’électrification aéronautique. En France, plusieurs organismes publics tels que l’ONERA (Office national d’études et de recherches aérospatiales) et le CNRS fournissent un appui scientifique de premier plan. Ces institutions explorent de nouvelles pistes de matériaux et de procédés de fabrication susceptibles d’alléger encore davantage le poids des moteurs tout en améliorant leur résistance. Leur expertise en simulation numérique et en analyse structurale complète utilement le travail de R&D mené par les équipes industrielles.
En parallèle, des partenariats ont été noués avec des PME spécialisées dans l’électronique de puissance, la production de composants semi-conducteurs ou le stockage d’énergie. Cette synergie favorise l’émergence de technologies complémentaires, depuis les convertisseurs de tension ultra-compacts jusqu’aux systèmes intelligents de gestion des batteries. Les pôles de compétitivité régionaux, tels qu’Aerospace Valley en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, jouent aussi un rôle d’accélérateur en facilitant la mise en réseau des acteurs économiques et académiques.
Bon à savoir : Clean Aviation
L’initiative européenne Clean Aviation soutient financièrement des programmes de recherche visant à réduire l’empreinte carbone du transport aérien. Cette plateforme rassemble industriels, laboratoires et institutions publiques autour d’objectifs communs, comme la démocratisation des propulsions hybrides et électriques.
Grâce à l’apport de ces multiples acteurs, Safran peut accélérer ses processus d’innovation et limiter les coûts, tout en bénéficiant d’une expertise diversifiée. Les fonds publics, nationaux et européens, constituent une aide précieuse pour amortir le risque financier inhérent à de tels projets. Les différents appels à projets, qu’ils proviennent de la Commission européenne ou de l’Agence de l’innovation de défense en France, encouragent le développement de solutions aériennes durables.
Au-delà de l’aspect financier, l’apport humain est tout aussi important. Les doctorants et chercheurs recrutés dans le cadre de ces programmes de collaboration apportent un regard neuf et une réactivité scientifique capitale. Les transferts de technologie se font ainsi plus rapidement, permettant à Safran de mettre sur le marché des produits certifiés EASA dans des délais concurrentiels. Cette configuration n’est pas seulement bénéfique pour le groupe, elle l’est pour l’ensemble du tissu industriel et académique français, qui profite d’un effet d’entraînement stimulant dans le domaine de l’aéronautique verte.
Impacts sur le marché de l’aviation et la concurrence
L’arrivée d’un moteur 100 % électrique certifié EASA a déjà commencé à faire réagir les concurrents de Safran sur le marché mondial. Des groupes comme Rolls-Royce ou General Electric, qui travaillent également sur des projets de propulsion électrique ou hybride, voient dans cette avancée française une incitation à redoubler d’efforts. En Europe, plusieurs consortiums se forment pour mutualiser les savoir-faire et accélérer la mise sur le marché de nouvelles générations de moteurs.
Le segment de l’aviation régionale et de la mobilité aérienne urbaine est particulièrement concerné. Les opérateurs de vols court-courriers cherchent à se doter d’aéronefs moins gourmands en énergie fossile afin de répondre aux exigences réglementaires et aux attentes sociétales croissantes en matière de développement durable. Dans certains cas, les compagnies aériennes low-cost pourraient même envisager des avions électriques pour leurs trajets de moins de 500 km, à condition que l’autonomie et les infrastructures de recharge évoluent au même rythme. L’électrification pourrait devenir un argument de vente décisif pour attirer une clientèle soucieuse de son empreinte écologique.
Rolls-Royce a présenté un prototype de propulsion électrique pouvant atteindre 400 kW pour des avions légers. General Electric mise davantage sur l’hybride, combinant turbine à gaz et moteur électrique pour réduire la consommation de carburant tout en préservant une portée suffisante.
Sur un plan plus global, cette tendance à l’électrification touche également les hélicoptères et les drones, élargissant ainsi le spectre concurrentiel. Les projets de taxis volants en milieu urbain, pilotés ou autonomes, suscitent un engouement auprès des investisseurs, attirant aussi des géants de la Silicon Valley ou des constructeurs automobiles traditionnels intéressés par la verticalisation du transport.
Dans cet écosystème en pleine effervescence, Safran dispose d’un avantage stratégique : la certification EASA obtenue valide une technologie prête à être industrialisée, ce qui peut rassurer les potentiels clients et partenaires. Toutefois, le groupe devra conserver une longueur d’avance pour éviter qu’un concurrent ne surpasse ses performances ou ne propose une solution encore plus abordable. La recherche continue et l’investissement constant en R&D seront donc primordiaux pour maintenir cette position de leader de l’aviation électrique.
Enjeux environnementaux et objectifs de décarbonation
Selon l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), l’aérien représente entre 2 % et 3 % des émissions mondiales de CO₂. En Europe, la volonté de réduire l’empreinte écologique du transport s’est traduite par une batterie de mesures, parmi lesquelles la taxe sur le kérosène envisagée dans certains pays ou encore l’interdiction de vols intérieurs courts lorsqu’une alternative ferroviaire de moins de 2h30 existe, récemment adoptée en France. Dans ce cadre, l’émergence d’appareils à propulsion électrique certifiés par l’EASA prend tout son sens, puisqu’elle offre une piste concrète pour diminuer drastiquement la consommation de carburants fossiles.
La feuille de route « Fit for 55 » de la Commission européenne ambitionne de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Le secteur aérien, souvent perçu comme difficile à décarboner, doit jouer un rôle actif dans cet effort collectif. L’électrification, qu’elle soit totale ou hybride, fait partie des scénarios technologiques envisagés pour y parvenir. Toutefois, le déploiement à grande échelle de ces solutions se heurte à des obstacles majeurs : capacité des batteries, mise en place d’infrastructures de recharge dans les aéroports, formation des personnels navigants et coûts initiaux élevés.
Bon à savoir : Neutralité carbone en 2050
L’Union européenne s’est fixée comme objectif la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour y parvenir, chaque secteur, y compris l’aviation, doit réviser en profondeur ses technologies et ses modes d’exploitation. Les moteurs électriques, soutenus par des carburants synthétiques ou des biocarburants, figurent parmi les leviers majeurs d’une aviation « zéro émission nette ».
Pour Safran, la certification de son moteur électrique par l’EASA est un jalon crucial dans ce parcours vers la décarbonation progressive. Elle montre qu’il est possible de concevoir des systèmes de propulsion conformes aux standards de sécurité européens, tout en réduisant considérablement l’empreinte carbone. En parallèle, les acteurs institutionnels et industriels travaillent sur d’autres pistes : conception d’avions plus légers, usage de matériaux recyclables ou encore optimisation de la gestion du trafic aérien pour limiter les temps d’attente au sol et en vol.
Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer la complexité du défi : la transition énergétique de l’aérien requiert des changements structurels et une coordination étroite entre constructeurs, compagnies aériennes, autorités publiques et fournisseurs d’énergie. La réussite de projets comme celui de Safran dépendra aussi de la capacité du marché à adopter ces innovations, de la souplesse des cadres réglementaires et de la mobilisation des financements nécessaires pour industrialiser massivement les avions électriques.
Safran : un héritage industriel et une vision d’avenir
Safran est né en 2005 de la fusion entre SNECMA, spécialisée dans la propulsion aéronautique, et SAGEM, orientée vers l’électronique et la défense. Cette combinaison d’expertises a permis au groupe de s’imposer comme un acteur majeur, couvrant un large spectre de métiers allant de la conception de moteurs d’avion à la fabrication de trains d’atterrissage et de systèmes de navigation. Coté sur Euronext Paris, Safran réalise un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 19 milliards d’euros (chiffres 2022) et emploie plus de 80 000 personnes dans le monde.
Au fil des années, l’entreprise a multiplié les partenariats stratégiques et les acquisitions ciblées, consolidant sa présence à l’international. Elle est aujourd’hui considérée comme l’un des piliers de l’industrie aéronautique française, aux côtés d’Airbus et de Dassault Aviation. Ses équipes d’ingénierie travaillent en étroite collaboration avec des laboratoires de recherche, des écoles d’ingénieurs et des start-up pour être à la pointe de l’innovation. Le développement d’un moteur 100 % électrique n’est donc pas un hasard : il s’inscrit dans une stratégie globale visant à anticiper les évolutions du marché et à verdir la flotte aérienne sur le long terme.
Outre l’aviation civile, Safran est également actif dans la défense et la sécurité. Le groupe produit notamment des moteurs d’hélicoptères, des systèmes de guidage et des technologies de reconnaissance biométrique.
Dans cette quête d’innovation, Safran ne se limite pas aux seules technologies électriques. Le groupe explore également l’hydrogène comme combustible futur, effectuant des études de faisabilité sur des architectures de réacteurs hybrides. De plus, il investit dans la digitalisation de ses processus de production, avec l’objectif de réduire les délais de mise au point et de renforcer la qualité des produits. L’obtention de la certification EASA pour son moteur électrique sert de vitrine à l’ensemble de ces démarches prospectives.
Sur le plan managérial, l’entreprise met l’accent sur la diversité des compétences et l’attractivité pour les jeunes talents. Safran dispose de programmes de formation interne et de partenariats universitaires conçus pour alimenter en permanence le vivier d’ingénieurs et de techniciens spécialisés. C’est grâce à cette culture de l’excellence que le groupe peut envisager sereinement l’industrialisation de nouvelles solutions aéronautiques et contribuer activement à la transition écologique.
Perspectives d’évolution et défis à relever
Si la certification EASA du moteur électrique de Safran représente une victoire majeure, de nombreux défis restent à relever pour permettre une adoption massive de l’aviation électrique. Le premier concerne la densité énergétique des batteries, encore trop faible pour envisager des vols long-courriers entièrement électriques. Les recherches s’orientent vers de nouvelles technologies, comme les batteries à électrolyte solide ou les piles à combustible, mais leur industrialisation demande du temps et des investissements considérables.
Par ailleurs, la question des infrastructures au sol se pose avec acuité. La mise en place de stations de recharge rapide dans les aéroports, la gestion du réseau électrique nécessaire pour alimenter simultanément plusieurs avions et la formation du personnel aéroportuaire constituent des chantiers complexes. Sur le plan économique, le coût initial des avions électriques, plus élevés que les appareils conventionnels, pourrait freiner leur diffusion, même si les économies réalisées sur le carburant et l’entretien pourraient à terme compenser cet investissement.
Des start-up et centres de recherche développent des batteries lithium-soufre ou lithium-air, promettant un gain de densité énergétique de 30 à 50 %. Toutefois, ces technologies sont encore au stade expérimental et doivent démontrer leur fiabilité en conditions réelles de vol.
Sur le plan réglementaire, l’arrivée de ces nouveaux appareils pose également la question de l’adaptation des normes aériennes. L’EASA devra réviser régulièrement ses critères de certification pour tenir compte de la rapidité des évolutions technologiques. Les autorités nationales, quant à elles, devront veiller à ce que les compagnies aériennes soient en mesure d’exploiter ces appareils de manière sûre et rentable, tout en préservant la fluidité du trafic.
Malgré ces contraintes, l’optimisme demeure de mise. Les avancées récentes démontrent qu’une aviation plus verte est à portée de main, et la certification du moteur de Safran en est la preuve tangible. Plusieurs analystes estiment qu’à l’horizon 2035, un pourcentage significatif de la flotte régionale pourrait être équipée de propulsions électriques ou hybrides. Dès lors, c’est l’ensemble de la chaîne de valeur aéronautique — des constructeurs aux exploitants en passant par les équipementiers — qui devra s’adapter à ce nouvel écosystème, sous peine de se trouver dépassé.
Cap sur une nouvelle ère aéronautique
La certification EASA accordée à Safran pour son moteur électrique marque indéniablement un tournant dans la quête d’une aviation plus propre et plus respectueuse de l’environnement. Les perspectives commerciales sont vastes, allant de l’aviation d’affaires aux solutions de mobilité urbaine, en passant par les petits avions de transport régional. Cette percée technologique renforce également le leadership de la filière aéronautique française, qui confirme sa capacité à innover et à répondre aux enjeux contemporains.
Pour autant, les défis ne manquent pas : hausse des coûts initiaux, contraintes liées aux batteries, nécessité d’adapter les infrastructures aéroportuaires et le cadre réglementaire. Les acteurs du secteur, qu’ils soient industriels, financiers ou institutionnels, devront collaborer étroitement pour lever ces freins et créer un environnement propice à l’électrification du ciel.
L’exemple de Safran rappelle qu’une transition réussie repose sur des innovations ciblées, des investissements soutenus et une volonté politique de favoriser les énergies alternatives. Tandis que la planète tout entière cherche à réduire son empreinte carbone, l’aviation a désormais une feuille de route concrète à suivre.
Cette actualité illustre la dynamique en marche et annonce, sans doute, une révolution aérienne qui s’amorce sous nos yeux.