Imaginez une solution conçue spécialement pour donner un nouveau souffle à l’emploi dans les cuisines françaises. C’est précisément l’ambition que se sont fixée Florent Malbranche et Jean Lebrument, déjà connus pour la plateforme Brigad. Selon leur publication, ils lancent désormais Rosk, un service qui promet d’optimiser le recrutement et d’offrir de nouvelles perspectives aux professionnels de la restauration. Voici, en détail, comment cette initiative s’inscrit dans le paysage économique français.

Une initiative qui attise la curiosité du secteur

Le monde de la restauration en France connaît depuis quelques années un phénomène inédit : un déficit de personnel marqué et un turn-over parfois colossal. Cette situation fragilise des établissements déjà en quête d’un renouveau post-pandémique. Beaucoup d’acteurs cherchent alors des solutions pour pallier cette pénurie, d’autant que le secteur représente un poids économique non négligeable pour le pays, avec des milliers de restaurants, brasseries et hôtels répartis sur tout le territoire.

Dans ce climat d’incertitude, l’arrivée de Rosk donne l’espoir d’une nouvelle approche du recrutement : plus flexible, plus orientée sur la qualification des candidats et plus adaptée aux besoins réels du terrain. À travers cette plateforme, les fondateurs de Brigad veulent offrir d’abord des missions d’intérim en Île-de-France, puis élargir le service aux CDI. C’est un choix stratégique, car l’intérim demeure une porte d’entrée privilégiée pour tester de nouvelles recrues ou faire face à des pics saisonniers.

Toutefois, l’ambition affichée va bien au-delà d’un simple dispositif d’intérim. L’objectif consiste à redonner de l’attrait à des métiers exigeants mais jugés parfois ingrats, en proposant des voies d’évolution concrètes, de la formation continue et un soutien communautaire. Selon les dirigeants, c’est aussi l’occasion d’aider à restaurer la confiance entre employeurs et salariés, à un moment où le secteur subit des pénuries chroniques.

En France, l’intérim est un contrat tripartite impliquant le salarié, l’entreprise de travail temporaire et l’établissement utilisateur. Il est souvent utilisé pour pallier un besoin ponctuel de personnel, mais dans la restauration, il peut aussi représenter un tremplin pour les talents souhaitant multiplier les expériences.

Dans la foulée, certaines questions émergent : Rosk se contentera-t-il de reproduire le modèle de Brigad ou proposera-t-il de nouvelles fonctionnalités innovantes ? Quelles sont les perspectives de déploiement hors Île-de-France ? Au vu du positionnement annoncé, toutes les options semblent ouvertes, notamment grâce au potentiel d’un marché encore peu digitalisé.

Les origines de ce projet ambitieux

Pour bien comprendre Rosk, un regard en arrière s’impose. Brigad est né il y a près de dix ans de l’initiative de deux entrepreneurs visionnaires : Florent Malbranche et Jean Lebrument. Leur premier projet s’est d’abord concentré sur la mise en relation entre des travailleurs indépendants et des établissements de restauration, puis s’est étendu au médico-social. En 2023, Brigad a levé 33 millions d’euros, signe d’un attrait considérable pour ce type de plateformes.

Rosk, de son côté, souhaite capitaliser sur l’expérience accumulée pour s’attaquer aux missions d’intérim et, plus tard, au marché du CDI. Les fondateurs l’annoncent clairement : ils aspirent à fournir de nouveaux outils pour encourager les professionnels de la restauration à envisager l’avenir autrement. De plus, ils proposent une vision élargie : celle d’un écosystème global, intégrant non seulement le recrutement, mais aussi la formation continue et la gestion d’équipe.

L’esprit entrepreneurial de Malbranche et Lebrument repose sur une volonté d’améliorer les conditions de travail d’une industrie où la concurrence est féroce et où les marges de manœuvre sont parfois réduites. Avec Brigad, ils avaient déjà prouvé qu’il était possible de simplifier la rencontre entre l’offre et la demande de main-d’œuvre. Avec Rosk, ils souhaitent apporter une touche supplémentaire : une meilleure fidélisation des talents.

Pourquoi ce nom, “Rosk” ? Selon les indiscrétions, il pourrait évoquer l’idée d’une “rocade” ou d’un “roster” de professionnels, en lien avec le monde anglo-saxon. Même si le nom est atypique, le concept demeure clair : mettre à disposition des établissements des profils qualifiés et motivés, et proposer à ces mêmes professionnels des plans de carrière plus structurés.

Bon à savoir sur la notion de spin-off

Une spin-off désigne la création d’une entité indépendante à partir d’un projet ou d’un département déjà existant au sein d’une entreprise. Dans le secteur de la restauration, un exemple marquant est la création de Sunday, dérivée du groupe Big Mamma, pour faciliter le paiement de l’addition. Rosk s’inscrit dans cette logique d’autonomie et de spécialisation.

Si cette logique de spin-off a déjà démontré son efficacité, il reste à savoir dans quelle mesure Rosk deviendra une référence en France et quels partenariats seront mis en place pour soutenir ses objectifs. Les mois à venir pourraient bien être décisifs pour mesurer l’accueil réservé par les professionnels du secteur et la solidité du modèle économique.

Les fonctionnalités clés : au-delà d’une simple agence d’intérim

Rosk ne souhaite pas se limiter à jouer le rôle d’une agence d’intérim en ligne. Ses créateurs parlent plutôt d’une “plateforme globale” pour résoudre les problématiques de recrutement, mais aussi pour offrir des modules de formation et des espaces d’échange communautaires. Un aspect particulièrement mis en avant est la volonté de valoriser les métiers les plus qualifiés : chef, sous-chef, chef pâtissier, etc.

L’intention est d’attirer et de retenir des talents qui, souvent, migrent vers d’autres secteurs en raison d’horaires exigeants ou d’un manque de perspectives à long terme. Rosk compte ainsi faciliter la mobilité interne et offrir une progression de carrière aux salariés. Dans un marché où la main-d’œuvre se raréfie, cette approche pourrait séduire de nombreux employeurs en quête de stabilité.

De plus, la jeune pousse se donne la mission d’apporter des outils de gestion du personnel, comme le suivi des plannings ou des évolutions de compétences. Cette vision s’apparente à la création d’une suite logicielle complète, permettant aux restaurateurs de centraliser leurs informations et de gérer leurs équipes depuis un seul et même espace. On évoque déjà la mise en place d’un véritable “réseau social professionnel” de la restauration, qui offrirait la possibilité de recommander des collègues ou de suivre des parcours professionnels.

Cet angle de vue élargi constitue l’une des grandes différences avec Brigad, qui reste davantage centré sur l’appariement entre freelance et entreprise. En outre, Rosk se concentre prioritairement sur l’Île-de-France avant de s’étendre au reste du pays, sans pour autant cacher ses velléités internationales, à l’image du parcours déjà suivi par Brigad.

Les formations continues sont des dispositifs qui permettent aux professionnels d'actualiser ou d'approfondir leurs compétences tout au long de leur carrière. Dans le secteur de la restauration, elles peuvent porter sur la maîtrise de techniques culinaires, la gestion de la relation client ou encore la prévention des risques sanitaires.

En combinant un service d’intérim classique avec la proposition d’évolutions de carrière, Rosk ambitionne de casser le cycle de la démission rapide. Selon les estimations des cofondateurs, trop de talents quittent la restauration sans avoir pu exploiter leur plein potentiel. Cette plateforme vise donc à revaloriser les profils qualifiés et à générer de réelles opportunités professionnelles.

Zoom sur la restauration collective : un choix stratégique

Il est intéressant de noter que Rosk a choisi de se déployer en premier lieu dans la restauration collective. Les raisons sont multiples. D’une part, ce segment du marché se caractérise par des besoins planifiés (cuisiner pour une collectivité ou un groupe d’envergure implique une organisation précise), ce qui peut être idéal pour tester un dispositif d’intérim. D’autre part, les débouchés y sont nombreux : cantines scolaires, entreprises, maisons de retraite, établissements hospitaliers, etc.

En France, la restauration collective est régie par des normes strictes, que ce soit en matière d’hygiène ou de suivi nutritionnel. Les recrutements doivent être menés avec sérieux, car les exigences légales sont élevées. Rosk peut donc se démarquer en proposant une sélection rigoureuse des candidats, associée à des formations adaptées. C’est aussi un moyen de gommer certains préjugés qui entourent la restauration collective, parfois considérée comme moins prestigieuse que la restauration traditionnelle.

La pertinence de ce choix s’observe également dans la nécessité de recruter du personnel très qualifié. Si l’on pense souvent que la restauration collective manque de créativité, il n’en demeure pas moins que les volumes à produire sont élevés et nécessitent une gestion rigoureuse des chaînes d’approvisionnement et des process de cuisson. Les missions proposées dans ce contexte peuvent être enrichissantes pour un chef souhaitant perfectionner sa logistique ou son management d’équipe.

Bon à savoir sur la restauration collective en France

Elle repose souvent sur des appels d’offres publics ou privés, avec des cahiers des charges précis (qualité nutritionnelle, normes HACCP, etc.). Les professionnels doivent maîtriser ces spécificités pour assurer un service conforme et sécurisé.

En ciblant ce secteur en premier, Rosk se donne le temps de roder ses outils technologiques et humains. Une fois la formule éprouvée, l’extension vers la restauration traditionnelle ou les établissements étoilés s’effectuera plus aisément. Les fondateurs n’écartent pas l’idée de s’ouvrir à d’autres segments de marché, comme celui de l’hôtellerie, où le besoin de personnel qualifié est tout aussi sensible.

Des perspectives de CDI en ligne de mire

Si Rosk met l’accent sur les missions temporaires dans un premier temps, l’objectif affiché est d’inclure progressivement des CDI dans son offre. Cette stratégie soulève plusieurs enjeux. D’une part, le CDI reste, en France, le contrat de travail le plus recherché par les salariés pour des raisons de stabilité et de protection sociale. D’autre part, il implique pour l’employeur une responsabilité accrue, notamment sur le plan légal et financier.

La plateforme pourrait ainsi transformer la façon dont on recrute en proposant un processus en deux temps : d’abord des missions d’intérim pour vérifier l’adéquation entre le professionnel et l’établissement, puis une embauche en CDI si l’expérience s’avère concluante. Dans un secteur où la fidélisation du personnel est cruciale, cette logique évolutive peut répondre aux deux parties : le professionnel se familiarise avec l’environnement de travail, l’employeur s’assure d’intégrer un talent déjà formé à sa culture d’entreprise.

En parallèle, l’ajout d’offres en CDI permettra à Rosk d’approcher un public plus large : des professionnels qui hésitent à se lancer dans l’intérim, mais qui pourraient être séduits par la perspective d’un emploi stable. Pour ces derniers, le recrutement via une plateforme spécialisée peut également constituer un atout : ils bénéficient d’un accompagnement, de formations et d’un réseau.

En France, la période d'essai permet à l'employeur et au salarié de tester leur collaboration. D’une durée maximale fixée par la loi (généralement entre 1 et 4 mois renouvelables), elle peut être rompue sans justification majeure. Son but est de sécuriser le processus de recrutement, tant pour l'employé que pour l'employeur.

Reste à voir comment la plateforme organisera la transition entre ces deux types de contrats. Il faudra veiller à respecter la réglementation en vigueur, souvent complexe, et à négocier des partenariats solides avec des acteurs capables d’accompagner juridiquement les établissements et les candidats. C’est un défi de taille, mais qui pourrait s’avérer payant si Rosk parvient à démontrer la validité de son modèle.

Quels financements pour soutenir le développement de Rosk ?

La question du financement se pose inévitablement, d’autant que les équipes de Brigad avaient pu compter sur une levée de fonds importante de 33 millions d’euros en 2023. Cette somme a servi à développer des fonctionnalités, à renforcer la présence sur le marché français et à élargir la gamme de services proposée aux établissements partenaires. Il est donc légitime de se demander si Rosk bénéficiera du même soutien ou d’une nouvelle levée de fonds.

Plusieurs hypothèses sont envisageables. D’une part, il se pourrait que les cofondateurs réinvestissent directement une partie de leurs capitaux issus de Brigad dans Rosk, afin d’accélérer le développement. D’autre part, la plateforme pourrait attirer des investisseurs tiers, convaincus par la croissance potentielle du marché de la restauration et la solidité de l’équipe en place. Les spin-off à succès sont souvent celles qui arrivent à prouver leur capacité de rentabilité rapidement.

Reste que le secteur de la restauration, bien que dynamique, n’est pas sans risques. Les marges sont souvent faibles, et les établissements font face à de multiples charges (loyer, fournitures, salaires, etc.). Une conjoncture économique incertaine peut donc ralentir les investissements. Cependant, l’exemple de Brigad démontre qu’en proposant une solution pratique à un problème urgent, il est possible de convaincre les financeurs de miser sur ce type d’entreprise.

Par ailleurs, le succès de Sunday, spin-off du groupe Big Mamma, prouve que l’écosystème français n’est pas en reste en matière d’innovation dans la restauration. Les solutions de paiement dématérialisé, de gestion des commandes ou de recrutement attirent régulièrement l’attention de fonds d’investissement, surtout si elles intègrent des technologies de pointe. Rosk, de par son positionnement, pourrait ainsi rapidement susciter l’intérêt de business angels ou de fonds spécialisés dans la FoodTech.

Un réseau déjà constitué : la force de l’expérience Brigad

L’avantage indéniable de Rosk réside dans l’héritage de Brigad. En effet, la première plateforme lancée par Florent Malbranche et Jean Lebrument a permis de constituer un large réseau de professionnels et d’établissements. Rosk peut donc s’appuyer sur cette communauté pour valider rapidement son concept.

Selon les premiers retours, plus de 1 000 professionnels et 200 établissements auraient participé à des phases de test en Île-de-France. C’est un atout de taille, car cela permet à Rosk de recueillir des avis concrets, d’ajuster son modèle et de prouver l’efficacité de sa solution sur le terrain. De plus, cette proximité avec les utilisateurs finaux constitue une solide base de fidélisation.

En outre, la notoriété acquise par Brigad ne saurait être négligée : plusieurs restaurateurs ont fait confiance à cette première plateforme pour combler leurs besoins ponctuels. Si l’équipe de Rosk réussit à convertir ces mêmes partenaires en clients réguliers, la croissance pourrait être exponentielle. La perspective d’un outil plus complet, intégrant des fonctions de formation et de suivi de carrière, peut intéresser des établissements fatigués de devoir multiplier les prestataires ou les outils de gestion.

De plus, la réputation de Brigad en matière de qualité de service et de sélection rigoureuse des profils jouera sûrement en faveur de Rosk. Les partenaires savent déjà que l’équipe dirigeante s’est familiarisée avec les réalités du secteur. Cette expérience se reflétera probablement dans la qualité des missions proposées et dans la confiance accordée par les recruteurs et les professionnels.

Bon à savoir sur Brigad

Créée initialement pour faciliter la mise en relation entre freelances et établissements, Brigad s'est étendue au secteur médico-social. Son succès repose sur la rapidité de sélection et la fiabilité de son service. Cette expérience pourrait servir de socle technologique et relationnel pour Rosk.

Qui sont vraiment Florent Malbranche et Jean Lebrument ?

Pour comprendre la démarche entrepreneuriale derrière Rosk, il est pertinent de s’intéresser au parcours de ses fondateurs. Florent Malbranche et Jean Lebrument se sont rencontrés avec la volonté commune de simplifier les processus de recrutement dans des secteurs traditionnellement complexes. Avec Brigad, ils ont montré qu’une plateforme en ligne pouvait apporter de la flexibilité, à la fois pour les établissements et pour les professionnels indépendants.

Le tandem s’est rapidement fait remarquer pour sa capacité à lever des fonds conséquents et à convaincre des partenaires de renom. Outre un sens développé de la communication, ils possèdent une compréhension fine des enjeux de la restauration et de l’hôtellerie. Ils ont multiplié les rencontres avec des chefs, des DRH et des formateurs afin de cerner les besoins spécifiques du marché.

Avec Rosk, ils s’attaquent à un problème tout aussi crucial : comment mieux fidéliser les talents et pallier le manque de personnel qualifié ? L’idée est née d’observations de terrain, corroborées par des enquêtes internes. Des employés talentueux préfèrent parfois changer de secteur par manque de perspectives, alors qu’ils pourraient être valorisés via des missions adaptées et une montée en compétence progressive.

Cette approche se démarque d’une simple logique commerciale. Dans plusieurs entretiens, Florent Malbranche et Jean Lebrument ont insisté sur la dimension humaine de leur projet. Ils souhaitent apporter des solutions concrètes aux restaurateurs, tout en préservant la passion et la dignité des professionnels. Dans un secteur souvent critiqué pour l’intensité de son rythme et la précarité de certains emplois, cette vision plus “humaine” est perçue comme un atout majeur.

Analyses et défis du marché français

Le marché français de la restauration est à la fois florissant et fragile. Florissant, car la gastronomie demeure un atout culturel de premier plan, attirant chaque année des millions de touristes et de gastronomes. Fragile, parce que les difficultés de recrutement, les marges serrées et la concurrence internationale génèrent une pression constante sur les professionnels du secteur.

Dans ce contexte, la pénurie de main-d’œuvre est particulièrement critique. Des dizaines de milliers de postes restent vacants, selon certaines estimations de Pôle Emploi, notamment après la crise sanitaire qui a poussé nombre de travailleurs à se reconvertir. De nombreux restaurateurs peinent à trouver les compétences techniques nécessaires (cuisine, pâtisserie, service) ou subissent un fort turn-over. Les solutions traditionnelles de recrutement ne semblent pas toujours adaptées à la rapidité et à la flexibilité qu’exige le marché.

C’est là que Rosk entend se positionner en tant qu’acteur facilitateur, en combinant numérique et expertise métier. Néanmoins, les challenges ne manqueront pas. La réglementation du travail temporaire en France est strictement encadrée, et l’intégration de formations obligatoires demandera une coordination avec différents organismes. De plus, pour attirer massivement des talents, il faudra convaincre que la restauration peut être synonyme de carrière durable et épanouissante.

Certains professionnels soulignent également la nécessité de revoir les conditions de travail (horaires, salaires, avantages sociaux) afin d’enrayer la fuite des compétences vers d’autres secteurs. Dans cette optique, Rosk pourrait jouer un rôle d’incubateur d’idées novatrices, en proposant des “best practices” en matière de management et de bien-être au travail.

Réorganisation du marché : un futur “LinkedIn de la restauration” ?

Les fondateurs évoquent parfois la possibilité de devenir un “LinkedIn de la restauration”, c’est-à-dire un espace de partage professionnel, de réseautage et de reconnaissance mutuelle. Une telle plateforme, si elle parvient à rassembler un grand nombre d’utilisateurs, pourrait redéfinir la manière de recruter, de former et de communiquer dans le secteur.

L’idée de “community building” est d’ailleurs un enjeu clé. Aujourd’hui, la plupart des échanges dans le monde de la restauration passent encore par le bouche-à-oreille, les groupements professionnels ou des sites d’emploi généralistes. En créant un réseau social sectoriel, Rosk aurait la capacité de valoriser des savoir-faire (en partageant, par exemple, des recettes ou des techniques de cuisine), de promouvoir des métiers moins connus et d’identifier rapidement des profils correspondants aux besoins spécifiques d’un établissement.

Cependant, le succès d’un tel réseau repose sur un équilibre délicat entre l’offre et la demande. Il faut suffisamment d’employeurs pour attirer les talents, et suffisamment de talents pour retenir l’intérêt des employeurs. Les technologies de matching automatisées (IA, algorithmes de recommandation) pourraient donc s’avérer indispensables.

Cette évolution s’inscrit dans une tendance plus large de la digitalisation du secteur. De nombreux outils sont déjà disponibles pour gérer les stocks, optimiser la relation client ou automatiser la comptabilité. En se positionnant sur le volet humain, Rosk comble une lacune stratégique, en offrant une plateforme qui va bien au-delà d’un simple service de remplacement de dernière minute.

Un algorithme de matching compare différents critères (compétences, expérience, localisation) pour proposer la meilleure correspondance possible entre un employeur et un candidat. Utilisé dans le recrutement, il accélère la sélection et améliore la pertinence des recommandations.

Une dynamique qui interpelle d’autres secteurs

Le modèle de Rosk pourrait susciter l’intérêt d’autres secteurs souffrant d’un manque de personnel qualifié, comme le BTP ou la logistique. Ces domaines connaissent aussi une forte demande pour des missions temporaires ou des contrats de plus longue durée, et peinent souvent à fidéliser leurs employés.

Certes, la restauration est le cœur de métier actuel de Rosk, mais il n’est pas exclu qu’à terme, la plateforme élargisse son champ d’action ou inspire des initiatives similaires. La tendance à la spécialisation des plateformes de recrutement se renforce, avec des outils de plus en plus sectorisés et intégrant des modules de formation ou de réseautage professionnel.

En France, plusieurs start-up explorent déjà cette voie, convaincues que le futur du travail passe par des interfaces plus ergonomiques, un suivi des talents plus personnalisé et une valorisation des compétences en continu. Rosk s’insère dans cette vague d’innovations, tout en profitant de l’expertise accumulée par Brigad.

Le défi sera de maintenir un niveau de qualité élevé, car plus la plateforme grandit, plus la diversité des demandes augmente. L’équipe dirigeante devra veiller à la cohérence de l’offre, à la pertinence des profils validés et à la satisfaction des établissements. Le moindre déséquilibre pourrait saper la confiance des utilisateurs et ralentir la croissance.

Une porte ouverte vers des porjets ambitieux

Après avoir examiné les multiples facettes de Rosk, force est de constater que l’initiative de Florent Malbranche et Jean Lebrument repose sur une forte ambition : refaçonner l’emploi dans la restauration française. Les missions d’intérim ne sont qu’un point de départ, avant l’inclusion des CDI et l’ouverture d’un espace communautaire complet. Le déploiement dans la restauration collective, la valorisation des profils qualifiés et la volonté de proposer de véritables carrières témoignent d’une vision à long terme.

Les défis à relever restent considérables : adaptation aux contraintes légales, levées de fonds potentielles, élargissement géographique, conquête d’un public parfois frileux face au digital. Néanmoins, l’expérience accumulée avec Brigad, la solidité de l’équipe fondatrice et l’accueil initial réservé à Rosk sont autant d’éléments rassurants.

Le marché français a clairement besoin d’innovations pour endiguer la pénurie de main-d’œuvre et limiter le turn-over dans la restauration. Rosk se positionne ainsi comme un acteur susceptible d’accélérer la transformation du secteur, en offrant de nouveaux horizons professionnels à des milliers de personnes.

Reste à savoir si cette dynamique inédite saura pérenniser un véritable écosystème autour de la restauration en France, où expertise, flexibilité et reconnaissance se conjugueront pour séduire et fidéliser les talents.