Omini conçoit des tests sanguins portatifs à effectuer à la maison
Ces tests sanguins portatifs pourront transmettre des informations cruciales sur l’état de santé des patients de façon précise, rapide et proactive.
Faire sa propre analyse sanguine, recevoir et transmettre les résultats en un temps record, ce sera peut-être bientôt réalisable grâce aux tests sanguins portatifs d’Omini. À l’origine de cette start-up, deux chercheuses, Joanne Kanaan et Anna Shirinskaya, qui ont dit adieu à la théorie pour affronter le concret. Elles partagent désormais un but : mettre la technologie au service des patients pour décentraliser et démocratiser la médecine. Leurs tests sanguins à domicile pourraient être commercialisés dès 2023.
Deux chercheuses reconverties à l’entrepreneuriat
Omini, c’est avant tout l’histoire de Joanne Kanaan et Anna Shirinskaya. Ces chercheuses originaires du Liban et de la Russie ont toutes deux choisi la France afin de poursuivre un parcours brillant dans la biotech. Pourtant, après un doctorat en biochimie à l’École normale supérieure (ENS) pour l’une et un passage à l’école Polytechnique pour l’autre, c’est l’entrepreneuriat qui les a finalement réunies.
En effet, les deux femmes ont voulu dépasser les barrières de la recherche classique pour mener à bien des projets plus concrets. À l’heure où sciences et entreprises n’ont plus peur de s’allier, c’est au sein du programme « entrepreneur first » qu’elles ont fait leur armes dans cette nouvelle sphère business.
Il faudra attendre 2019 pour que la medtech Omini voie le jour. La mission pour les deux chercheuses ? Apporter leur pierre à l’édifice de la médecine moderne. Comment ? En concevant des tests sanguins portatifs nouvelle génération.
Décentraliser la médecine grâce aux tests sanguins portatifs
C’est l’inspiration des prélèvements glycémiques chez les diabétiques qui les a mises sur la voie. Et si cette technologie pouvait s’étendre à d’autres champs d’application ? « L’idée, c’est que le patient se pique au doigt. [Il] dépose une goutte sur une puce à usage unique (notre capteur) et branche la puce dans un lecteur connecté portable. [Celui-ci] va afficher la mesure au bout de quelques minutes », explique Joanne Kanaan.
Depuis la création d’Omini, les deux fondatrices travaillent donc à développer un système de capteurs qui pourra pallier la réalité des tests sanguins d’aujourd’hui. À ce jour, « 70% des décisions médicales nécessitent un acte de biologie médicale, comme les tests sanguins. Ils sont indispensables mais on attend plusieurs heures ou jours avant d’avoir le résultat », rappellent les deux entrepreneures.
L’objectif est donc de créer un objet accessible et mobile. Celui-ci sera capable de détecter les biomarqueurs essentiels à travers une infime quantité de sang, et ce, depuis la maison. Ces tests sanguins portatifs seront donc à même de transmettre des informations cruciales sur l’état de santé des patients de façon précise, rapide et proactive.
« Face à une forte concurrence dans le milieu des tests sanguins portables, Omini sera la première à proposer des dispositifs multiparamétriques abordables, portables et rapides. [Ils sont] à la fois faciles à utiliser et peu invasifs. Nous voulons combler l’écart entre la biologie médicale traditionnelle et la décentralisation des soins qui est en cours afin d’améliorer le suivi personnalisé des patients et assurer un bénéfice médico-économique optimal », se félicitent les co-fondatrices.
1,7 million pour le lancement des tests sanguins portatifs
D’abord intéressées à approcher les médecins généralistes, Joanne et Anna ont finalement compris qu’elles auraient plutôt intérêt à cibler les spécialités. Ainsi, Omini se consacre pour l’instant à développer une technologie dédiée au suivi des maladies cardiovasculaires. Pour ce faire, la start-up vient de récolter un financement important. Grâce à la participation de business angels, ce sont 1,7 million d’euros qui s’ajoutent à son capital. Ces fonds lui ont déjà permis d’agrandir son équipe. Par ailleurs, cette levée de fonds permettra à la jeune pousse de peaufiner le prototype de test sanguin portatif et de démarrer l’industrialisation prochainement. Les fondatrices espèrent, en effet, commercialiser leur produit d’ici deux à trois ans.
D’ici là, Omini a également vocation à élargir son panel d’activités. « Nos capteurs s’adaptent à la détection d’une grande variété de biomarqueurs sanguins. Nous voulons donc progressivement diversifier notre portfolio de produits pour adresser des pathologies différentes », projette Joanne.