La Ville rose est le théâtre d’un événement majeur dans le domaine pharmaceutique, puisqu’elle accueillera bientôt la première usine européenne de paracétamol de la startup française Ipsophène. Prévue pour début 2025 sur le site de l'Oncopole, cette ouverture marque un tournant dans l'industrie européenne des médicaments, confrontée depuis plusieurs années à une dépendance vis-à-vis des importations de principes actifs.

Une réponse à la pénurie de médicaments

Cette initiative est une réponse à la situation dans laquelle se trouve la France depuis plus d’une décennie. Depuis 2009, plus aucune usine en Europe ne produisait de paracétamol, laissant ainsi le continent dépendant des importations. Les coûts de production de la concurrence étrangère étant bien inférieurs, tous les pays européens ont peu à peu préféré importer plutôt que de produire. C’est ce phénomène qui a conduit la France a importer 85 % du principe actif de l’Asie (principalement d’Inde et de Chine) et des États-Unis.

Cette nouvelle usine, qui s'étendra sur une superficie de 5 000 m², représente une solution innovante pour réduire cette dépendance et garantir une production locale et durable de paracétamol, médicament largement utilisé en France et dans le reste de l’Europe. Ipsophène prévoit ainsi de commercialiser environ 4 000 tonnes de paracétamol dès l’année prochaine, ce qui représente 7% de la consommation européenne et 40% de la consommation française.

Ce projet estimé à 28 millions d’euros est financé principalement par des fonds publics. Il bénéficie par ailleurs d’un financement à hauteur de 15% de la part de la région Occitanie, qui est en partie actionnaire, et aura par conséquent un droit de regard sur les comptes et l’activité de la startup.

Capture d'écran du site d'Ipsophène, fabricant de paracétamol français

Impacts environnementaux et économiques

L'usine d’Ipsophène contribuera à la création de 35 à 40 emplois dès son ouverture, renforçant ainsi le tissu industriel local. Pour ce qui est de l’aspect environnemental, le projet se distingue par l'adoption d'un mode de production en continu, moins énergivore que les processus traditionnels. Grâce à son processus de production plus écologique et son circuit court d’approvisionnement, il permettra de réduire à la fois l’empreinte carbone et la consommation énergétique. Sa gestion optimisée des déchets permettra quant à elle de diviser par 33 le taux de déchets.

Perspectives de commercialisation

Cette fabrication 100 % française est évidemment synonyme de coûts plus élevés. Il est en effet prévu que le coût du principe actif soit 30 à 40 % supérieur à celui de la concurrence étrangère. De nombreux laboratoires pharmaceutiques semblent toutefois disposés à payer plus cher, afin d’éviter de se retrouver dans une situation similaire à celle de la récente pandémie, au cours de laquelle les principaux pays exportateurs ont fermé leurs frontières et stoppé leurs exportations. Cette stratégie de sourcing serait ainsi la clé pour limiter la dépendance.

La startup a déjà signé des accords avec plusieurs laboratoires, dont le laboratoire UPSA à Agen, témoignant ainsi d'un intérêt croissant pour cette nouvelle source d'approvisionnement en paracétamol. La production débutera dès le début de l'année 2025. La commercialisation devrait quant à elle débuter au printemps de la même année. Cela laissera le temps à l’entreprise d’obtenir son Certificat de conformité à la pharmacopée européenne (CEP), indispensable pour commercialiser du paracétamol sur le territoire européen.