Suite à une phase de test d'une durée de neuf mois, la startup française Hive va se lancer sur le marché. Cette entreprise développe un cloud communautaire se basant sur l'échange des capacités disponibles des ordinateurs des utilisateurs. Son premier service de stockage de données auprès des particuliers est prêt à être lancé. Afin de l'étendre jusqu'aux entreprises, Hive prévoit de lever 20 millions d'euros.

Présentation de Hive

Hive, la start-up cannoise, progresse dans son projet de proposer une alternative au cloud des Gafam. Dès le début du mois de juillet prochain, elle lancera son premier service, le HiveDisk, dans environ 50 pays. Il s'agit d'un service de stockage de données destiné aux particuliers.

Le service HiveDisk repose sur un modèle innovant : pas de datacenter ni de serveurs. Il utilise plutôt le principe du peer-to-peer, où les capacités de stockage des ordinateurs des utilisateurs sont échangées via le réseau communautaire HiveNet. Les utilisateurs peuvent accéder au service en téléchargeant l'application HiveDisk. Selon leurs besoins, ils peuvent mettre à disposition la capacité de stockage disponible sur leur propre ordinateur ou utiliser celle des autres membres du réseau.

Un test réalisé auprès d'un millier d'utilisateurs

« Le service HiveDisk est en test depuis octobre 2022 auprès d’un millier d’utilisateurs » déclare Gurlé, le fondateur et dirigeant de la start-up. Il ajoute : « Ils ont stocké sur la plateforme 25 000 fichiers et apporté au réseau une capacité de stockage de 138 téraoctets. Aucune publicité n’a été menée pour les recruter. Ils sont venus spontanément vers nous après nous avoir connus via les médias, les réseaux sociaux ou internet. »

David Gurlé, fondateur de la licorne française de la Fintech Symphony, a lancé Hive en juin 2022 à Cannes, dans les Alpes Maritimes. Son ambition est de révolutionner le cloud personnel en créant une plateforme communautaire inspirée du modèle de Skype ou du minage de cryptomonnaies. Hive ne cherche pas à remplacer entièrement les services de cloud centralisés des Gafam, mais propose une alternative souveraine qui donne aux utilisateurs un contrôle total sur leurs données. L'objectif de Hive est d'attirer 3 000 clients cette année et de dépasser les 100 000 utilisateurs à long terme, un seuil considéré comme rentable.

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Enjeu d'économie circulaire

Est-ce que ce défi sera réussi alors que des acteurs majeurs du cloud comme Google, Microsoft ou Dropbox offrent des solutions de stockage gratuites ? « Quand vous confiez vos données à ces grands acteurs du cloud classique, elles deviennent les leurs » rappelle David Gurlé. « C’est différent chez Hive, qui n’a jamais accès aux données. Ce sont les utilisateurs qui créent leur propre réseau. Ils maîtrisent la pérennité, la confidentialité et la localisation de leurs données. Cela s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire. L’utilisation de la plateforme n’entraine aucune consommation d’énergie supplémentaire en dehors de celle des ordinateurs connectés au réseau. L’empreinte carbone est plus faible que dans le cloud classique. »

Hive prétend proposer des prix inférieurs de 20% aux offres payantes des géants du cloud. Les abonnements mensuels commencent à 99 centimes d'euro pour 50 Go. De plus, l'utilisateur est rémunéré en fonction de la capacité qu'il met à disposition du réseau chaque heure. La rémunération augmente de manière significative à partir de la dixième heure. Ainsi, il est possible de bénéficier d'une utilisation gratuite, voire de gagner de l'argent en restant connecté au réseau pendant une période prolongée.

37 employés en réseau

Hive a pour ambition de ne pas se limiter au stockage grand public. Une version plus avancée de HiveDisk sera proposée aux entreprises en janvier 2024. La start-up prévoit également de développer un service de calcul à haute performance pour les entreprises, notamment les PME-PMI, avec un prototype déjà en cours. Une levée de fonds de 20 millions d'euros est envisagée en octobre pour soutenir cette industrialisation.

Après avoir levé 7 millions d'euros en juin 2022, la société compte actuellement 37 employés, dont 11 en France. La prochaine levée de fonds permettra d'embaucher une quinzaine de personnes, dont une dizaine dédiée au développement de la solution de calcul à haute performance. David Gurlé a adopté un modèle de travail distribué, avec 80 % du personnel en télétravail et 20 % en présentiel, répartis dans sept pays différents. Il reconnaît que c'était un pari audacieux, mais constate que le modèle fonctionne bien et favorise la productivité. Cela lui permet également de résoudre le problème de pénurie de talents en France en recrutant où les compétences se trouvent.