En Floride, pour la première fois, Oxitec vient de déployer des moustiques génétiquement modifiés. Les objectifs visés ? Lutter contre la croissance du nombre de moustiques en Floride et restreindre la transmission de maladies comme la fièvre jaune, la dengue ou encore le virus Zika.

Des moustiques comme alternative aux insecticides

En termes d’écologie, de préservation de la biodiversité, mais également d’efficacité, il est primordial de parvenir à trouver une alternative aux insecticides. C’est pourquoi Oxitec a eu l’idée de déployer des insectes génétiquement modifiés, afin d’exterminer les espèces les plus néfastes.

La start-up expérimente actuellement cette solution en Floride, où les autorités ont noté un nombre croissant de femelles Aedes aegypti. Ce type de moustiques ne représente toutefois que 4 % de la population locale de moustiques, mais c’est l’espèce responsable de la majorité des transmissions de maladies.

Pour remédier à cette situation, Oxitec teste le lâcher de nombreux mâles Aedes aegypti avec un gène mortel afin de réduire considérablement le nombre de femelles. En effet, ces dernières sont à l’origine des piqûres sur les humains.

D’autre part, le gène que portent les mâles est « autolimitant ». Il ciblera et tuera donc les femelles d’Aedes aegypti au moment de la fécondation. « Les défis posés par les moustiques qui propagent des maladies sont de plus en plus nombreux, ce qui fait de ce projet pilote une étape majeure dans l’introduction de la technologie sûre et autolimitante d’Oxitec », a souligné Gray Frandsen, PDG d’Oxitec.  

Des millions de moustiques comme solution environnementale

Le lâcher de milliers d’œufs de moustiques génétiquement modifiés a eu lieu en fin de semaine passée. La première étape du test se tiendra sur douze semaines au cours desquelles 12 000 œufs devront éclore. Oxitec déploiera alors des milliers de moustiques dans plusieurs régions de l’archipel des Keys, en Floride. 

Le test devrait ensuite prendre une plus grande ampleur. Il est, en effet, prévu que près de 750 millions de moustiques génétiquement modifiés soient déployés jusqu’en 2022. Parmi ceux-ci, on estime que 20 millions seront relâchés à partir de cette année si le test initial s’avère concluant.

Par ailleurs, l’Agence de protection de l’environnement et du département de l’agriculture de Floride a approuvé l’expérience. Il s’agit donc d’une première aux États-Unis dans le secteur de la biotech.

Un projet qui ne fait toutefois pas l’unanimité 

En mars 2010, Oxitec avait fait part de son projet au département américain de l’agriculture (USDA). Nonobstant, l’idée n’a pas fait l’unanimité et la population n’a pas hésité à le faire savoir. En conséquence, des résidents se sont révoltés contre l’annonce des « moustiques mutants », tel que le relate CNN. De plus, une pétition a été créée en ligne et comptabilise près de 230 000 signatures.

Les résidents ont non seulement souligné leur crainte d’être piqués par ces moustiques modifiés, mais également celle de constater un changement de l’écosystème par leur présence. Afin de répondre à ces doutes, Oxitec a exposé « la très faible probabilité que les moustiques femelles porteurs du gène létal puissent se reproduire ».

Oxitec a d’ores et déjà effectué des essais au Brésil, au Panama, aux Îles Caïmans et en Malaisie. En fonction de l’expérience en Floride, la société projette de partager ses résultats à l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) pour qu’elle puisse décider « si Oxitec peut relâcher des moustiques à plus grande échelle aux États-Unis ».