C’est un début de semaine très aérien. Après le succès du vol de Virgin Galactic dans l’espace, on peut observer VoltAero prendre le large et confirmer son avancée spectaculaire dans le monde de l’aviation électrique. Son avion vert nommé le Cassio 1 a effectué un tour de France du 5 au 11 juillet pour un total de 2600 kilomètres et dix escales entre Lorient et Rochefort.

L’entreprise a annoncé ce dimanche 11 juillet qu’à l’issue de l’événement, la ville de Rochefort accueillerait justement son premier site d’assemblage.

Les premiers décollages en prévisionnel pour 2023

Le made in France au cœur du projet de VoltAero

Basée à Médis, VoltAero, la start-up française pleine d’ambition, existe depuis 2017 déjà. Le projet VoltAero est le bébé de deux anciens employés d’Airbus, convaincu de l’importance d’une aviation plus verte. En effet, Didier Esteyne, le directeur technique de VoltAero et Jean Botti, l’actuel PDG et directeur technologique de l’entreprise, sont tous deux des passionnés qui connaissent par cœur le domaine de l’aviation. 

Pour répondre à son envie de respect de l’environnement, VoltAero annonce alors qu’elle va assurer l’ensemble de la production de ses avions hybrides en France, et plus précisément à Rochefort. 

« L’usine sera située sur une emprise de 6770 mètres carrés qui comprendra la chaîne d’assemblage, les zones logistiques et les bureaux, précise l’entreprise dans son communiqué. La construction de l’installation devrait commencer au cours du deuxième trimestre 2022. » affirme le PDG de VoltAero, Jean Botti.

Si la start-up avait réalisé un tour de France avec son premier avion hybride prêt au vol, c’est pour répondre à sa stratégie bien rodée : 

« Avec ce tour de France, nous voulions faire prendre conscience que l’aviation verte made in France peut concurrencer les Américains et les Chinois, en particulier auprès des institutionnels. Dans le segment de l’aviation générale, on est en mesure de reconquérir le marché avec les nouvelles technologies et de désenclaver certaines régions en proposant des vols point à point » clame son PDG.

Elle prône le Made In France et ça se ressent dans ses prises de décisions. Par exemple, elle confie ses moteurs électriques à Safran pour le Cassio 1.

Toutefois, et faute de moyens financiers et techniques, il lui est impossible d’effectuer une fabrication 100% française. Alors, le PDG Jean Botti et ex-patron de l’innovation d’Airbus affirme ainsi : 

« Au final, nous devrions parvenir à un contenu français d’environ 50%, puis 30% en provenance d’Europe et 20% des États-Unis ».

Les projets à moyen terme de VoltAero 

La start-up souhaite garder son avance sur ses concurrents et affirme que l’usine sera prête dès 2023. Ceci étant dit, cela ne se fait pas en claquant des doigts. Le projet des avions hybrides représente un investissement de 3 millions d’euros. 

Plus globalement, la jeune tricolore a déjà ses objectifs à moyen terme en tête : 

  • Côté emploi ? Proposer 100 postes directs au sein de VoltAero et 400 indirects ;
  • Et pour la production ? L’entreprise souhaite produire trois avions différents allant de 4 à 10 places. En effet, elle souhaite lancer le Cassio 330 en 2023, le Cassio 480 en 2024 et le Cassio 600 en 2025
  • Et niveau résultat ? Produire dès 2023 une première fournée de 30 avions hybrides. Ensuite, la jeune française espère produire 90 avions en 2024 et 150 avions les années qui suivront. 
  • Quels prospects ? VoltAero vise surtout les aérodromes sous-utilisés et les entités françaises.

À la conquête du marché d’une aviation plus propre

Un marché à conquérir 

Depuis plusieurs années déjà, les fondateurs de la jeune pousse envisagent sérieusement de se tourner vers le secteur d’une aviation plus propre. Ils ont, en effet, compris les nombreux enjeux en la matière : image de marque, bienfaits pour la planète, souhaits des consommateurs, facilités pour attirer des investisseurs, etc. Jean Botti avait d’ailleurs lancé le programme E-Fran aux prémices des années 2000.

En 2016, Bertrand Picard ouvrait la voie à ce type d’aviation verte en traversant l’Atlantique à bord du Solar Impulse. Aujourd’hui c’est VoltAero qui se lance à la conquête du marché de l’aviation propre. Et cette ambitieuse start-up semble être sur la bonne voie ! En effet, le dernier prototype Cassio 1 a des caractéristiques et pouvoirs assez impressionnants. Par ailleurs, il compte parmi ses atouts majeurs : 

  • Un système de propulsion novateur combinant un moteur thermique et cinq électriques totalisant 600 kilowatts ;
  • 800 chevaux qui lui permettent alors de faire décoller et voler ses 2,1 tonnes ;
  • Un fonctionnement en 100% électrique et silencieux pour tous les atterrissages et décollages ;
  • La possibilité de recharger l’appareil sur secteur entre deux utilisations ;
  • Une puissance électrique immédiatement disponible rendant la conduite des pilotes agréable et efficace ;
  • Son projet de design épuré avec une hélice arrière plus visuelle.

Malgré cela, le dirigeant tricolore déplore le manque d’investissement économique de certains acteurs. Elle recherche ardemment des investisseurs. Jusqu’alors, sur les 22 millions d’euros recherchés, 11 millions soit 50% viendraient de l’Europe et le reste d’investisseurs privés. L’État français aurait envoyé de « belles lettres d‘encouragement » sans l’aider concrètement.

La start-up semble tout de même avoir pris l’avantage sur ses divers concurrents tels que la Britannique Faradair ou encore l’Américaine Ampaire. Elle enregistre environ 80 précommandes pour son premier bébé dont les premières livraisons devraient se faire en 2023.

VoltAero œuvre pour une aviation propre

La start-up suit une feuille de route très précise. Elle peut compter sur ses investisseurs, mais également sur des autorités publiques comme l’Union européenne ou la région Nouvelle-Aquitaine. Aujourd’hui, la jeune pousse promet un moteur à la consommation de carburant plus que réduite. En moyenne, cela représenterait 30 à 35% de l’ensemble des trajets, ce qui est considérable.

Pour que cela parle plus, on sait que l’avion pourra voler 200 km juste sur batteries ce qui équivaut à un Paris-Lille sans carburant ! Cela pourrait sans conteste révolutionner le monde de l’aviation notamment pour les trajets courtes distances.