Woodoo, une start-up qui utilise le bois pour produire un matériau capable de remplacer le béton, le verre ou l’acier, avait déjà collecté 31 millions d’euros dans l'année. Une somme d’argent conséquente qui devrait permettre à l’entreprise d’agrandir son équipe, augmenter sa production, et de poursuivre son travail de recherche afin d’améliorer encore sa solution. Un projet qui a su séduire des investisseurs des deux côtés de l’Atlantique.

Une levée de fonds en vue d’un développement

La levée de fonds avait pu se faire grâce à un certain nombre d’investisseurs dont l’origine dépasse les frontières de l’Hexagone. En effet, la collecte a pu se faire grâce à Lowercarbon Capital, un fonds américain, Bpifrance, plusieurs fondateurs de licornes françaises ainsi qu’à un fonds d’investissement suisse.

La start-up espère doubler ses effectifs au cours de 18 mois suivant la levée de fonds, passant ainsi de 40 à 80 employés. Le recrutement devrait se concentrer sur des profils commerciaux, industriels et scientifiques. De plus, elle ambitionne d’accroître considérablement sa production, la faisant passer de 14 000 m² à plusieurs centaines de milliers. Woodoo a déjà ouvert un second site à Troyes. 

En outre, Woodoo va approfondir son travail en recherche et développement, afin d’améliorer la qualité de ses produits. Woodoo a déjà su séduire de nombreuses entreprises et compte, parmi ses clients, quelques grands groupes comme Volkswagen ou encore LVMH. Enfin, la start-up a déjà été contactée par près de 700 entreprises.

Des charpentiers construisent une maison avec du bois produit par Woodoo

Un matériau au grand potentiel

Woodoo a été fondée par Timothée Boitouzet, formé à l’architecture et à la science des matériaux entre la France, le Japon et les États-Unis. 

Woodoo propose actuellement trois gammes de produits : le Slim (pour les intérieurs automibiles), le Flow (pour remplacer le cuir et les peaux) et le Solid (à usage du bâtiment). La démarche de Woodoo se veut aussi innovante qu’écologique. Selon Timothée Boitouzet : « Le bois est rarement associé à l’innovation, on le voit plutôt comme le plus vieux des matériaux. Se dire qu’il peut être high-tech est un biais cognitif intéressant. Nous avons développé trois types de matériaux qui ont pour but notamment de remplacer le verre, qui est non renouvelable, l’acier qui nécessite du minerai de fer dont les réserves sont estimées à 54 ans sur terre (ensuite, il faudrait aller dans les océans à des coûts prohibitifs) ». Le matériau obtenu est compétitif et offre des perspectives de visuels variés.

La start-up, accélérée par l’incubateur LVMH et plusieurs fois primée, a su se placer à l’intersection de plusieurs marchés de choix : les interfaces automobiles, le cuir végan et le marché de la construction. Enfin, elle a su tirer parti de sa position en France, 3ème puissance forrestière en Europe. « Il n’y a jamais eu autant de bois en France depuis le Moyen-Âge ; l’idée est de pouvoir utiliser cette ressource négative en carbone pour la substituer aux matériaux émissifs » explique Timothée Boitouzet.