La start-up basée à Bordeaux, RebrAIn, travaille sur un logiciel SaaS qui aide les neurochirurgiens à localiser avec précision les zones du cerveau lors des opérations de stimulation cérébrale profonde. Sa technologie repose sur un algorithme innovant permettant d'identifier ces zones critiques. Actuellement, elle cherche à lever des fonds afin d'accélérer son développement commercial, de pénétrer le marché américain et de poursuivre ses investissements en recherche et développement.

Une levée de fonds de près de 4 millions d'euros

La société médicale RebrAIn a annoncé le 18 mars avoir réussi à lever 3,7 millions d'euros. Cette levée de fonds a été dirigée par la société parisienne de capital-risque Karista. Cela s'est fait avec le soutien de Nouvelle-Aquitaine Co-Investissement, ainsi qu'avec l'apport d'investisseurs déjà présents.

RebrAIn, qui est une filiale du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Bordeaux et de l'Institut National de Recherche en Sciences et Technologies du Numérique (Inria), a été fondée en 2021 par Emmanuel Cuny, professeur en neurochirurgie à Bordeaux.

Comment fonctionne le produit ?

Le produit développé par cette jeune entreprise est spécifiquement conçu pour les opérations de stimulation cérébrale profonde (DBS). Cette méthode implique l'implantation d'électrodes dans une zone précise du cerveau pour administrer une stimulation électrique à partir d'un boîtier implanté sous la peau, similaire à un pacemaker. Cette technique est adaptée aux patients atteints de la maladie de Parkinson à un stade avancé, lorsque les traitements médicamenteux ont échoué et que la dopamine n'a pas eu d'effet.

Mis au point à la fin des années 1980, ce mode de traitement repose sur l'électrophysiologie peropératoire. Cette méthode implique de réveiller le patient après l'avoir endormi et de lui insérer un ensemble de cinq micro-aiguilles de chaque côté de l'hémisphère cérébral. L'objectif est d'observer si les tremblements du patient diminuent. « Cette technique, barbare, peut durer jusqu’à deux heures par hémisphère, et concentre toute l’énergie, le stress et la tension de l’équipe » détaille David Caumartin, nouveau directeur général de Rebrain. Il ajoute que « RebrAIn, c’est un peu le Waze de la neurochirurgie qui indique aux neurochirurgiens combien de temps, ils vont mettre, et où il faut placer l’aiguille par hémisphère. »

Un neurochirurgien pointe une radiographie à l'aide d'un stylo

L'utilisation de points de repère pour un placement précis des électrodes

Par le passé, la neurochirurgie se basait sur l'identification de deux points dans le cerveau, suivie par un recalibrage en utilisant l'IRM. La start-up a développé un algorithme d'intelligence artificielle pour remédier à cela. « L’idée est d’identifier de nombreux points dans le cerveau qui sont fixes, connus, de sorte à faire une triangulation, comme un GPS ferait cette triangulation avec les satellites ». Grâce à cette méthode, qui implique 25 points par cerveau, les chirurgiens peuvent désormais déterminer avec une grande précision l'emplacement optimal pour le placement des électrodes.

Pour ce faire, la start-up utilise une IRM obtenue via la plateforme RebrAIn Transfer. Le directeur de Rebrain explique : « Ensuite, l’algorithme prend les données, les demandes du client sur la pathologie et les zones du cerveau, et en fonction des données du patient, il retourne une ou deux croix dans le cerveau, gravées dans l’imagerie 3D. Le neurochirurgien prend alors l’IRM marquée, et la positionne dans le logiciel de planification du robot. »

Un temps de chirurgie divisé par deux

Le logiciel développé par RebrAIn a été certifié conforme aux normes européennes CE et a également reçu l'approbation de la FDA américaine. Il est actuellement déployé dans des établissements hospitaliers en :

  • Espagne ;
  • Italie ;
  • Ainsi qu'en France, où des centres hospitaliers dans dix grandes villes ont convenu de mener une étude clinique médico-économique.

Le temps de chirurgie a été réduit de moitié, selon les données du CHU de Bordeaux, qui utilise pleinement la solution. De plus, la cadence opératoire a augmenté, passant d'un patient par jour à deux à trois patients par jour. La durée d'hospitalisation est quant à elle passée de 7 à 3 jours.

Un investissement prévu dans la R&D et une ouverture sur le marché américain

Avec cette levée de fonds, la jeune entreprise vise à étendre ses activités commerciales à l'échelle internationale, en particulier aux États-Unis. Elle prévoit aussi de renforcer ses efforts de recherche et développement, en se concentrant sur d'autres modes de traitement, tels que les ultrasons focalisés de haute intensité et la radiochirurgie.

Actuellement, la start-up emploie 12 collaborateurs, ainsi que des consultants en développement commercial. Elle envisage d'utiliser ces fonds pour élargir son équipe en recrutant des data scientists, puis éventuellement des vendeurs à temps plein.