Patreon, la plateforme de sociofinancement américaine, invite désormais les “mécènes” français à encourager leurs artistes préférés. Après avoir conquis les États-Unis, elle peut étendre son modèle en Europe grâce aux 90 millions de dollars qu’elle vient d’ajouter à son capital. 

Une passerelle entre le public et les artistes 

À l’instar des plateformes de sociofinancement (crowdfunding) déjà bien connues, Patreon propose un échange donnant-donnant entre consommateurs et créateurs. Elle permet à ces derniers de vivre – et souvent de survivre – grâce aux dons qu’ils reçoivent chaque mois de leurs fans. 

Cette entreprise est née d’un constat de frustration et d’un ras-de-bol face au modèle existant, principalement hérité de Youtube. En effet, le géant de la diffusion vidéo impose à ses créateurs une course aux vues qui n’est que rarement suffisante en termes de rémunération. Entre vidéos démonétisées et salaires au compte-goutte, nombreux sont les créateurs de contenus qui peinent à être reconnus à leur juste valeur. 

C’est ainsi que l’idée de Patreon a germé. En 2013, le musicien Jack Conte a lancé ce système qui permet à des individus d’apporter leur soutien aux artistes de leur choix. Cette relation court-circuitée avec le public permet de lutter contre la précarité des créateurs. Cela fonctionne aussi bien avec des musiciens, que des romanciers, des peintres ou encore des photographes. En échange, ces derniers offrent à leurs fans un petit bout de leur art. Il peut s’agir d’un accès aux répétitions de concerts, de la première ébauche d’une oeuvre ou même des premières pages d’un livre en écriture. 

Une levée de fonds de 90 millions et un nouveau marché en France

Patreon a fait la plus belle des rentrées en septembre dernier grâce à une levée de fonds de 90 millions de dollars. À ce moment valorisée à 1,2 milliards de dollars, la plateforme de sociofinancement annonçait la préparation “des versions localisées en français, espagnol et italien”. Moins d’un mois plus tard, Patreon se réjouit d’ores et déjà d’offrir “sa plateforme en français pour permettre aux créateurs francophones de vivre de leur travail”. 

En France, le fonctionnement sera le même qu’outre-Atlantique. Patreon s’octroie ainsi une commission sur toutes les transactions. Par contre, celle-ci se veut assez faible, entre 5 et 12 %. De plus, les avantages fiscaux offerts aux mécènes américains devraient également être transposés pour le modèle européen. 

Par ailleurs, après cette nouvelle levée de fonds, Patreon prévoit aussi d’ajouter à sa plateforme de nouvelles fonctionnalités pour les créateurs. Ainsi, on devrait bientôt voir apparaître un outil de messagerie optimisé et davantage de fonctionnalités d’exploration.