Le Fourgon : un cap à 8,2 millions d’euros pour réinventer la consigne
Découvrez comment Le Fourgon compte convertir 50 % des Français à la consigne. Rentabilité, expansion et nouveau round de financement.
![Une nouvelle levée de fonds pour Le Fourgon](https://media.infonet.fr/le-fourgon-levee-8-2-millions-consigne-67ac9b7f7b5e6.png)
Une bouteille en verre qu’on vide, puis qu’on remet en circulation dès la prochaine livraison : ce modèle étonne, séduit et s’implante déjà dans plusieurs grandes villes françaises. En levant récemment 8,2 millions d’euros (source), Le Fourgon élargit son champ d’action pour bousculer la manière de consommer et vise désormais la pleine rentabilité. Mais quels défis se cachent derrière cet essor remarquable ?
Un nouveau tour de table pour accélérer la transition vers la consigne
Le Fourgon, jeune entreprise lilloise fondée en 2021 par Charles Christory, vient de finaliser une série A de 8,2 millions d’euros. Cette enveloppe globale associe à la fois des investisseurs historiques (dont ID4 Ventures, Teampact Ventures, La Poste Ventures, Bred, Noshaq et Future Positive Capital) et une participation de 2,5 millions d’euros issue de la plateforme de financement participatif Lita, rassemblant 1590 particuliers.
Ce tour de table impressionnant survient dans un contexte où 36 millions de bouteilles en plastique continuent d’être achetées quotidiennement en France. Dans son communiqué, Le Fourgon affirme vouloir poursuivre sa mission : transformer les habitudes de consommation en proposant des contenants lavables et réemployables. À l’heure où de nombreux consommateurs recherchent des solutions plus respectueuses de l’environnement, la startup se positionne comme un acteur de premier plan dans le secteur du réemploi.
Ce n’est pas la première fois que Le Fourgon suscite l’attention : en à peine deux ans, la société a réussi à implanter 18 sites en France, couvrant à ce jour près de 2 500 villes et une vingtaine de métropoles. Son ambition va toutefois plus loin. Grâce à la nouvelle manne financière, l’entreprise compte étendre sa zone de chalandise et « toucher 50 % des Français sous cinq ans », selon les mots de Charles Christory.
Qui est vraiment Le Fourgon ? Une approche réinventée de la consigne
La société Le Fourgon se veut l’héritière moderne des pratiques de consigne d’antan. À une époque où l’emballage consigné était la norme, la startup compte remettre ce principe au goût du jour, en l’adaptant aux modes de vie numériques. Concrètement, le client commande ses produits (lait, eau, jus, vins, etc.) via une plateforme en ligne ; puis, lors de la livraison suivante, les emballages vides sont collectés, triés, nettoyés, et finalement réintroduits dans le circuit de distribution.
Selon les porteurs du projet, l’argument écologique est indéniable : à chaque réutilisation, c’est un volume de déchets évité. L’entreprise met d’ailleurs en avant un chiffre marquant : 1,25 million de bouteilles et bocaux ont été triés sur le seul mois écoulé. Cette réussite ne se limite pas au simple recyclage : le réemploi permettrait de réduire jusqu’à trois fois le volume des déchets ménagers, d’après le fondateur.
Le Fourgon s’appuie également sur un concept simple, mais exigeant à mettre en œuvre : l’internalisation des chauffeurs-livreurs. Bien que ce choix mobilise d’importantes ressources humaines, il permet de proposer un service flexible et qualitatif, en contrôlant l’ensemble de la chaîne de valeur.
Le réemploi n’est pas simplement un synonyme de recyclage : le principe est de réutiliser plusieurs fois un même emballage, avant de le recycler en fin de vie. Cela limite considérablement la consommation de ressources pour la production de nouveaux contenants, et réduit le volume des déchets ultimes. En France, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (loi AGEC) de 2020 encourage justement ce modèle.
Les coulisses d’une levée de fonds convaincante
Récolter 8,2 millions d’euros en série A n’est jamais anodin dans l’écosystème des startups françaises. Pour Le Fourgon, cette réussite repose en bonne partie sur sa stratégie de diversification de la provenance des fonds. D’une part, des partenaires habituels comme ID4 Ventures et La Poste Ventures renouvellent leur confiance, gage d’une stabilité financière et d’une vision de long terme. D’autre part, l’appel au financement participatif via Lita démontre une forte adhésion du grand public à la cause environnementale.
Selon les retours recueillis auprès de certains investisseurs, l’aspect B2C (livraison à domicile de produits consignés) constitue un levier de croissance considérable, notamment pour des publics urbains soucieux de limiter leur empreinte carbone. La participation de milliers de particuliers dans cette opération financière conforte aussi la startup dans l’idée que son modèle peut se pérenniser sur le plan national.
Pour les analystes, cette levée de fonds est aussi significative dans le sens où elle témoigne d’une volonté claire d’« investir dans l’avenir ». Le marché français s’oriente progressivement vers des solutions circulaires, et Le Fourgon souhaite en être le catalyseur en bousculant notamment les habitudes de consommation. Si l’entreprise parvient à convertir une part toujours plus grande de la population, cela pourrait stimuler l’émergence d’une filière du réemploi bien plus robuste à l’échelle nationale.
Dans la foulée, les dépenses seront aiguillées principalement vers trois postes clés : l’extension géographique, l’ajout de nouvelles références produits et l’atteinte de la rentabilité à l’échelle globale (support, logistique, etc.). Il ne suffit plus d’ouvrir des entrepôts : la mission est de convaincre un nombre croissant de citoyens d’abandonner le plastique jetable.
Une offre diversifiée : de la bouteille de lait à la crème solaire
Le Fourgon ne se limite pas aux simples boissons. Si la société a commencé avec l’eau, le jus, le lait et le vin, elle inclut désormais dans sa gamme jusqu’à 1 000 références par entrepôt. Cette diversité est devenue un impératif pour inciter les consommateurs à revoir leurs habitudes d’achat.
En parallèle, la jeune pousse prévoit d’enrichir son catalogue avec des produits d’épicerie sucrés et salés, de la pâte à tartiner, voire des articles d’hygiène corporelle et de ménage. Le défi ? Trouver des producteurs aptes à adapter leurs processus de production, en passant à des bocaux réutilisables et consignés. Cette étape peut impliquer des ajustements techniques et logistiques, mais elle ouvre un marché prometteur.
Dans un futur un peu plus lointain, Le Fourgon envisage également de se tourner vers le frais, un secteur plus complexe à intégrer du fait des contraintes de la chaîne du froid. Toutefois, l’entreprise estime que la demande des consommateurs pour des produits frais, livrés en contenants lavables et réemployables, est en plein essor. Le moment venu, ce segment pourrait offrir une réelle opportunité de croissance.
Bon à savoir : le fonctionnement du système de consigne
Le principe de consigne consiste à facturer un supplément remboursable lors de la restitution de l’emballage vide. Contrairement au recyclage, qui implique un traitement du matériau pour en faire un nouveau produit, la consigne permet de laver et de réemployer le même récipient plusieurs dizaines de fois, avant de le recycler en fin de vie. Ainsi, l'impact environnemental est nettement réduit.
Une expansion méthodique sur le territoire
Aujourd’hui présente dans 18 sites en France, Le Fourgon couvre plus de 2 500 villes, dont de nombreuses métropoles comme Lille, Paris, Lyon, ou encore Bordeaux. L’objectif affiché est désormais de pénétrer des zones adjacentes à ces entrepôts, afin d’augmenter la densité de clients potentiels et de limiter les distances de livraison.
Dans ses projections, l’entreprise vise près de 10 nouvelles zones dans les prochains mois. Au-delà de l’ouverture d’implantations, la clé du succès repose sur la possibilité d’atteindre un public de plus en plus large. L’enjeu n’est pas seulement « être présent », mais convaincre des usagers encore hésitants à essayer la consigne.
Cette stratégie de croissance maîtrisée se veut aussi soucieuse de la rentabilité : pas question d’ouvrir des entrepôts à tout-va. Au contraire, Le Fourgon s’attache à optimiser ses infrastructures pour s’assurer que chaque site atteint une certaine maturité financière, en misant sur une logistique pensée pour minimiser les trajets inutiles et le gaspillage énergétique.
Si l’essor de la consigne se fait sentir surtout dans les grandes villes, certains experts encouragent aussi un déploiement plus large dans les zones rurales. Les distances de livraison y sont souvent plus étendues, mais les collectivités locales peuvent proposer des initiatives mutualisées. Le Fourgon, en s’implantant à proximité de grands axes, peut desservir efficacement des territoires moins denses.
Les motivations écologiques et financières des consommateurs
Pourquoi un tel engouement pour ce modèle ? D’une part, l’écologie est devenue un critère de plus en plus déterminant pour nombre de Français. Réduire les déchets, éviter le plastique, adopter des emballages réutilisables : ces gestes éco-responsables trouvent désormais un écho auprès d’une part grandissante de la population. D’autre part, le coût peut s’avérer intéressant : sur le long terme, l’usage répété des mêmes contenants finit par se révéler compétitif par rapport au tout-jetable.
Le Fourgon, en s’attachant à proposer des prix accessibles et une gamme variée de produits, parvient à conjuguer ces deux attentes fondamentales. Certains utilisateurs apprécient également la flexibilité du système : la commande en ligne, la livraison à domicile et la collecte des emballages vides sont autant d’atouts pratiques qui facilitent le passage à la consigne.
En parallèle, la démarche pédagogique joue un rôle crucial. L’entreprise communique régulièrement sur les chiffres liés aux déchets, sensibilise à l’impact environnemental des bouteilles plastiques, et met en avant la simplicité du geste de retour des contenants. Cette approche éducative tend à consolider la fidélité des clients qui adhèrent non seulement à un service, mais aussi à un engagement sociétal.
L’atteinte de la rentabilité : un objectif à portée de main ?
Au-delà de l’implantation géographique et de l’expansion de l’offre, la rentabilité demeure le nerf de la guerre pour toute startup ambitieuse. Le Fourgon annonce déjà avoir atteint la rentabilité au niveau de chaque entrepôt, ce qui témoigne d’une gestion serrée, combinant maîtrise des coûts logistiques et augmentation du panier moyen des clients.
Reste à rentabiliser l’ensemble des services supports (marketing, développement informatique, service client, etc.) pour que le modèle devienne complètement autonome financièrement. C’est là qu’intervient la dernière levée de fonds. Les dirigeants soulignent leur volonté de « se donner du temps » pour finaliser la bascule vers un équilibre économique global.
Parmi les choix stratégiques qui pèsent sur la rentabilité, on trouve notamment la gestion interne des chauffeurs-livreurs. Alors que beaucoup de services de livraison préfèrent sous-traiter ou recourir à des auto-entrepreneurs, Le Fourgon fait le pari de salariés dédiés. L’avantage ? Un meilleur contrôle de la qualité de service et une plus grande cohérence dans la formation sur les gestes de réemploi. L’inconvénient ? Un coût de main-d’œuvre plus élevé. Cependant, l’entreprise juge que ce prix est légitime, dans la mesure où il s’inscrit dans une volonté d’offrir de bonnes conditions de travail et de pérenniser l’activité.
Bon à savoir : maîtriser la logistique
Pour limiter les coûts, Le Fourgon optimise ses tournées de livraison en s’appuyant sur des outils de planification avancés et sur une sectorisation précise. Ainsi, la mutualisation des trajets permet de réduire l’empreinte carbone globale, tout en maintenant un haut niveau de service pour les clients.
Focus sur la stratégie B2B et ses enjeux
Si Le Fourgon est avant tout connu pour son service aux particuliers, le B2B représente aujourd’hui 12 % de l’activité et pourrait bien croître de manière significative. Les bureaux, restaurants, commerces de proximité et hôtels sont autant de secteurs où la réduction des déchets représente un argument marketing fort, sans compter les obligations environnementales croissantes imposées par la réglementation française.
En proposant un système de consigne clé en main, la startup peut aider ces professionnels à réduire leur production de déchets, à valoriser leur image de marque et à se conformer aux normes en vigueur. L’idée reste la même : fournir des boissons et d’autres produits en contenants réutilisables, puis collecter ces contenants à chaque passage, avant de les relaver et de les remettre sur le marché.
Pour aller plus loin, Le Fourgon entend adapter ses offres à différents profils d’entreprises, qu’il s’agisse d’un petit café souhaitant offrir une expérience écolo à ses clients, ou d’un siège social cherchant à équiper ses distributeurs de boissons en interne avec des bouteilles consignées. Cette flexibilité nécessite toutefois de solides capacités de négociation, notamment pour convaincre les fournisseurs d’accepter la logique de la consigne sur des volumes potentiellement importants.
En France, plusieurs textes incitent les entreprises à réduire leurs déchets. La loi AGEC impose, par exemple, des objectifs de réemploi et de tri sélectif renforcé. Dans la restauration, la vente à emporter doit également proposer des solutions réutilisables pour éviter le jetable. Le Fourgon peut devenir un partenaire privilégié pour aider les professionnels à respecter ces normes.
Un virage culturel : comment ancrer la consigne dans le quotidien ?
L’attrait pour Le Fourgon va au-delà d’une simple tendance. Il s’inscrit dans un véritable changement de mentalité. Si, jadis, la consigne était monnaie courante en France (dans les cafés par exemple, les bouteilles de verre étaient reprises et réemployées), on a progressivement basculé vers le tout-jetable avec l’avènement du plastique. Les sensibilités environnementales croissantes poussent désormais le grand public à redécouvrir des pratiques ancestrales, teintées de modernité.
Au fil de ses efforts de communication, Le Fourgon fait le pari de démystifier la consigne. D’une part, elle facilite la transition via un service de livraison à domicile : plus besoin de se déplacer pour rendre ses bouteilles ou bocaux. D’autre part, elle noue des partenariats avec des marques reconnues, afin de proposer des produits phares en version consignée (crèmes solaires, pâtés, pâte à tartiner, etc.).
Le succès de la startup soulève néanmoins une question : parviendra-t-elle à maintenir la même qualité de service en prenant de l’ampleur ? Les experts indiquent que le risque principal des activités reposant sur la logistique et la gestion de stocks multiples est la complexité grandissante à mesure que le catalogue s’étoffe. Le Fourgon devra donc faire preuve de rigueur dans ses process de lavage, de retour et de reconditionnement si elle souhaite s’imposer comme leader du secteur.
Analyse financière et perspectives de croissance
Du point de vue des analystes financiers, le choix de lever des fonds à hauteur de 8,2 millions d’euros permet à la jeune société de sécuriser ses ambitions. Cette somme n’est pas démesurée à l’échelle de l’écosystème des startups françaises, mais elle se révèle primordiale pour propulser un modèle qui, de par son intensité logistique, nécessite des investissements réguliers.
La consolidation de son réseau de distribution, la négociation avec des partenaires industriels et la mise en place d’un service client de qualité représentent des postes de dépenses sensibles. À cela s’ajoute la recherche et développement : la startup cherche constamment à optimiser ses centres de lavage, à innover dans la traçabilité des contenants (parfois via des puces RFID, des QR codes, etc.) et à perfectionner la commande en ligne.
Sur le long terme, plusieurs experts tablent sur une croissance exponentielle du marché du réemploi en France. Les investissements institutionnels, les subventions publiques (notamment de l’ADEME), et l’adhésion du grand public laissent présager un potentiel très important pour les acteurs positionnés tôt sur ce segment. Néanmoins, la concurrence pourrait se renforcer à mesure que le concept gagne en popularité et que des acteurs internationaux lorgnent sur cette niche.
Pour Le Fourgon, l’enjeu sera d’atteindre la masse critique nécessaire pour rester compétitif. En d’autres termes, plus le service couvre de villes et plus il gère un volume élevé de contenants, plus le coût unitaire par bouteille diminue. Cette dynamique d’économie d’échelle est au cœur de la stratégie des fondateurs.
La formation des consommateurs et des producteurs : un maillon essentiel
Outre les considérations financières, la clé du succès se trouve aussi dans la pédagogie. De nombreux producteurs hésitent à adapter leurs lignes de conditionnement pour la consigne : cela demande un investissement, une adaptation technique, voire l’achat de machines dédiées au lavage. Ainsi, Le Fourgon joue les intermédiaires pour simplifier la transition, en prenant en charge la logistique du lavage et du réemploi.
Côté consommateurs, l’enjeu est de faire comprendre que rapporter ses contenants ne doit pas être perçu comme une contrainte, mais plutôt comme un réflexe éco-responsable. Chaque geste compte pour diminuer le recours au plastique jetable. Le Fourgon espère ainsi fidéliser les clients sur le long terme, grâce à la simplicité du processus et à l’éventail de produits proposés.
À ce jour, la base de 65 000 clients indique déjà une appétence du public pour ces solutions. Mais, pour atteindre l’objectif ambitieux de « toucher 50 % des Français d’ici cinq ans », il faudra probablement intensifier les campagnes de sensibilisation, diversifier les supports de communication et multiplier les partenariats locaux, afin que le réemploi devienne une norme culturelle, et non plus un service de niche.
Bon à savoir : l’impact sur la filière verre en France
Le verre reste l’un des matériaux les plus recyclés dans l’Hexagone, avec un taux de collecte dépassant souvent 75 %. Le passage au réemploi permettrait de pousser encore plus loin l’optimisation de la ressource. Cependant, il implique des chaînes de lavage dédiées et une standardisation des formats de bouteilles, deux enjeux qui nécessitent une collaboration étroite entre industriels, distributeurs et acteurs innovants comme Le Fourgon.
Projets d’avenir : au-delà de la livraison de boissons
Avec la levée de fonds, Le Fourgon annonce vouloir renforcer la diversification de son offre. L’ajout de nouveaux types de produits – épicerie, hygiène, éventuellement du frais à terme – pourrait faire du réemploi un automatisme au quotidien. Dans la même logique, la société continue de développer ses outils numériques pour rendre l’interface utilisateur plus fluide et intuitive.
À plus long terme, l’entreprise lilloise évoque la possibilité d’explorer des partenariats industriels pour optimiser le lavage, moderniser les chaînes d’embouteillage et faciliter la transition de plus grands groupes vers la consigne. Une autre piste de développement pourrait concerner la mise en place de partenariats à l’international, en particulier dans les pays frontaliers où la culture de la consigne est déjà bien ancrée (comme en Allemagne ou en Belgique).
Bien que l’objectif « zéro déchet » semble difficile à atteindre à court terme, le réemploi massif d’emballages en verre constitue une étape cruciale vers la réduction de la pollution plastique. Les investisseurs misent sur l’idée que, d’ici quelques années, la plupart des ménages français auront recours à un service comme Le Fourgon, transformant la consigne en un geste routinier et responsable.
Des défis qui font office de tremplin
De la recherche de nouveaux producteurs à l’optimisation de la chaîne du froid pour proposer du frais, Le Fourgon doit encore franchir plusieurs obstacles techniques. Sur le plan de la logistique, il s’agit notamment de gérer le retour et le lavage de millions de contenants chaque année, sans rogner sur la qualité ni impacter négativement les délais de livraison.
Par ailleurs, la standardisation des bouteilles et bocaux constitue un enjeu clé. Plus les formats sont divers, plus le nettoyage et le stockage exigent de la place et des manipulations. À l’inverse, si la standardisation est trop poussée, il sera difficile de proposer des gammes de produits variées. Le Fourgon doit donc composer avec les préférences des producteurs, qui parfois tiennent à leurs emballages spécifiques pour des raisons d’image de marque.
Enfin, la rentabilité globale demeure un indicateur à surveiller, particulièrement si l’entreprise s’engage dans des territoires moins denses ou si elle souhaite concurrencer le coût souvent faible des emballages plastiques pour les industriels. Les capitaux levés offrent un répit financier, mais la quête d’équilibre devra s’opérer sur la durée. L’enjeu reste de prouver que la consigne peut être une solution économiquement viable et écologiquement profitable.
Cap sur de nouvelles habitudes
L’épopée de Le Fourgon illustre combien la consigne, longtemps perçue comme une pratique dépassée, renaît sous une forme moderne et adaptée aux exigences contemporaines. Avec 8,2 millions d’euros en poche, une flotte de chauffeurs-livreurs salariés et un maillage territorial croissant, la jeune pousse se positionne clairement comme un moteur du réemploi dans l’Hexagone.
Si la marche reste haute pour conquérir 50 % des consommateurs, la détermination des équipes, soutenues par un large panel d’investisseurs et de particuliers, laisse entrevoir un avenir où le verre – et plus généralement, le réemploi – reprendrait une place prépondérante dans notre quotidien. D’autant plus que les régulations environnementales et la pression sociale incitent de plus en plus à repenser radicalement la logique du jetable.
Rester agile, innover, convaincre : tel est le triptyque qui résume la route que Le Fourgon emprunte pour faire de la consigne une évidence et transformer durablement notre rapport aux emballages.