Paris, le 10 avril 2025. La jeune pousse française Faume réalise une percée remarquée dans l’univers de la mode de seconde main grâce à une levée de 8 millions d’euros et un développement ambitieux sur deux marchés stratégiques : le Royaume-Uni et l’Italie.

Les coulisses d’un nouveau financement européen

En plein essor depuis sa création en juillet 2020, Faume — portée par ses quatre co-fondateurs (Aymeric Déchin, Nicolas Viant, Jocelyn Kerbourc’h et Lucas Patricot) — se démarque en devenant un acteur incontournable de la revente de vêtements de luxe et de marques premium. Son modèle, basé sur la reprise et la revente de pièces de seconde main sous l’égide des marques elles-mêmes, permet déjà à plus de quarante-cinq enseignes prestigieuses de conquérir une clientèle soucieuse d’acheter de façon plus durable sans renoncer au style ou à la qualité.

En ce 10 avril 2025, l’entreprise annonce une mobilisation financière de 8 millions d’euros auprès du fonds Amundi Private Equity Transition Juste et de ses soutiens historiques, Daphni et Bpifrance (via le fonds Digital Venture). Cette somme doit servir à poursuivre la dynamique déjà enclenchée en France et à amorcer une expansion internationale de plus grande envergure. En moins de cinq ans, Faume a déjà connu une croissance fulgurante et compte désormais consolider sa place de leader en Europe.

Les promesses de cette nouvelle opération sont multiples : accélération du déploiement à l’étranger, recrutement renforcé pour soutenir l’innovation et la commercialisation, et déploiement d’outils technologiques tels qu’une Intelligence Artificielle de “Dynamic pricing” dès 2025. L’objectif, affiché de longue date, consiste à devenir le partenaire de référence pour un secteur de la mode qui réinvente ses codes en intégrant la dimension circulaire à ses processus de production et de distribution.

Montant : 8 millions d’euros
Investisseurs : Amundi Private Equity Transition Juste, Daphni, Bpifrance (Digital Venture)
Objectif : Renforcement technique, expansion internationale, IA de pricing dynamique
Stratégie : Se positionner comme leader de la revente premium en Europe

Qui est Faume ? Une histoire d’innovation durable

Lancée officiellement en 2020, Faume a été fondée autour d’une idée simple : offrir aux marques de luxe et de prêt-à-porter premium la possibilité de gérer elles-mêmes leur filière de seconde main. Trop souvent, ces entreprises déléguaient cette activité à des marketplaces externes, au risque de perdre le contrôle de leur image, de leurs prix et de la qualité du service après-vente.

Grâce à une plateforme technologique propriétaire et à un service logistique intégré, Faume leur propose désormais une solution en marque blanche. Les marques peuvent donc déployer leur propre plateforme de revente, maintenue par les équipes de Faume, tout en conservant pleinement leur ADN. Au fil des mois, cette approche a séduit des grands noms tels que Isabel Marant, Soeur, Lacoste, ba&sh, Victoria Beckham, Ami Paris, Aigle ou Balzac Paris. Toutes ces enseignes ont un point commun : elles cherchent à renforcer leur engagement dans la mode responsable sans perdre la maîtrise de leur écosystème.

En parallèle, Faume veille à instaurer un climat de confiance dans le processus de reprise, avec un contrôle approfondi de l’authenticité et de l’état des vêtements. Cette démarche de transparence et de traçabilité est cruciale pour des consommateurs qui exigent aujourd’hui une consommation plus juste et un respect du produit, de la marque et de l’environnement.

Bon à savoir : l’expression « seconde main »

Dans le monde du textile, on parle de « seconde main » pour désigner la revente ou l’achat de vêtements déjà portés, voire très peu utilisés. L’objectif est de prolonger leur cycle de vie et de diminuer la pression sur la production de nouvelles pièces. Cela contribue à réduire l’empreinte carbone du secteur.

Un marché en révolution : la mode d’occasion au premier plan

La transformation accélérée de la mode vers des modèles plus verts se traduit par un fait marquant : les ventes d’articles d’occasion progressent 20 fois plus vite que celles du neuf. D’après les dernières estimations, au cours de l’année 2024, la seconde main a déjà représenté plus de 20 % des achats en ligne dans la catégorie « mode ». De plus, les prévisions indiquent que cette tendance risque de s’intensifier dans les années à venir.

On estime en effet que la valeur globale de l’habillement de seconde main pourrait grimper à 350 milliards de dollars d’ici 2028, avec un taux de croissance annuel estimé à 12 %. Les enseignes de luxe et premium prennent donc de plus en plus au sérieux ce marché, le considérant comme un relais de croissance essentiel. Il ne s’agit plus de simples débouchés pour les anciennes collections, mais d’un segment à part entière, dans lequel l’innovation logistique et digitale joue un rôle crucial.

Sur le plan concurrentiel, les marketplaces spécialisées se sont multipliées, poussant certaines maisons à explorer des canaux directs pour conserver leur identité. Dans ce contexte, Faume se positionne en partenaire stratégique, permettant aux marques de rester propriétaires de leur image, tout en participant à ce mouvement mondial de recyclage et de réutilisation des pièces de mode. Cette façon de reprendre les vêtements et de les remettre sur le marché « neuf » a déjà su convaincre un nombre croissant d’acteurs, désireux de s’engager dans une économie moins gaspilleuse.

Soutien d’Amundi, Daphni et Bpifrance : un trio stratégique

L’un des éléments qui rend cette levée de fonds aussi significative réside dans l’origine des investisseurs. Amundi, Daphni et Bpifrance se montrent très exigeants quant aux projets qu’ils soutiennent, en privilégiant ceux capables de générer à la fois rentabilité, impact environnemental et potentiel d’innovation. Le fait que les trois entités aient renouvelé leur confiance dans Faume montre la solidité du business model et sa cohérence avec leurs propres objectifs.

Amundi, premier gestionnaire d’actifs européen, possède une longue expérience dans la transition juste et durable. Son intérêt pour la filière textile circulaire n’est pas anodin : l’empreinte carbone du secteur est reconnue comme l’une des plus élevées, et de nombreux fonds cherchent à financer des solutions concrètes de réduction d’émissions.

Daphni, lancé en 2015, s’est construit une réputation solide de venture capital soutenant des jeunes pousses technologiques et durables. Avec des participations dans des sociétés reconnues telles que Back Market ou encore Swile, ce fonds s’aligne sur la vision d’une consommation repensée, où la seconde main devient un élément clé de la stratégie.

Bpifrance, bras financier public de l’investissement en France, s’implique largement dans l’innovation à tous les stades : amorçage, développement, internationalisation. Ici, son fonds Digital Venture cherche à accompagner les entreprises numériques à forte valeur ajoutée. Faume correspond parfaitement à cette ambition grâce à sa plateforme, à la fois technologique et centrée sur la logistique de la mode circulaire.

Rentabilité : Capacité de l’entreprise à générer des profits
Impact environnemental : Contribution mesurable à la réduction du gaspillage et de la pollution
Innovation : Technologie ou concepts disruptifs, difficilement imitables par la concurrence
Évolutivité : Possibilité de se développer rapidement à l’international et de toucher un large public

Un plan d’expansion audacieux : Royaume-Uni et Italie

Avec cette nouvelle injection de capitaux, Faume trace une feuille de route ambitieuse, ciblant deux marchés européens majeurs. Le Royaume-Uni, reconnu pour son dynamisme dans la mode et sa population férue de produits « vintage » et de créateurs, apparaît comme un choix naturel pour déployer un service de seconde main dédié aux enseignes premium. Faume y a déjà conclu un partenariat avec la griffe britannique Victoria Beckham, symbolisant l’attrait immédiat de la plateforme sur le marché local.

De son côté, l’Italie, berceau de nombreuses maisons de luxe, est un autre terrain prometteur. Le pays se tourne de plus en plus vers la vente d’articles d’occasion, stimulé par l’évolution de la demande et l’intérêt grandissant des marques « haute couture » pour ce nouveau segment. Plusieurs collaborations italiennes devraient se concrétiser prochainement, offrant à Faume un levier de croissance considérable.

Outre ces deux marchés, la société souligne qu’elle a déjà accompagné certaines marques clientes dans d’autres pays du Vieux Continent, comme l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et l’Espagne. Cette stratégie européenne, amorcée en France, est cohérente avec la volonté d’accompagner 150 marques d’ici 4 ans. Au regard des signaux positifs recueillis, Faume semble en bonne voie pour devenir un acteur central de la fashion tech circulaire dans toute l’Europe.

La technologie propriétaire et l’IA de prix dynamique

L’une des spécificités majeures de Faume repose sur sa capacité à proposer aux marques une plateforme « en marque blanche » ultra-personnalisable. Les enseignes peuvent l’intégrer directement à leur site officiel, et ainsi maintenir une expérience client fluide et haut de gamme. Les acheteurs trouvent un niveau de service proche de celui du neuf : prise en charge rapide, garantie d’authenticité, retours simplifiés, etc.

Pour gérer un catalogue varié et international, Faume s’appuie sur des algorithmes internes, capables d’analyser les tendances de la revente et de recommander des fourchettes de prix cohérentes avec le positionnement des marques. C’est dans cette optique qu’une Intelligence Artificielle de “Dynamic pricing” verra le jour en 2025. Cette IA évaluera en temps réel l’état de l’offre et de la demande, les fluctuations saisonnières, voire l’engouement médiatique pour des pièces iconiques. Le but : offrir une tarification plus réactive et plus précise, afin de maximiser les revenus des marques tout en conservant une image premium.

En parallèle, Faume met à profit la data pour affiner son service client et son accompagnement aux marques. Les statistiques de vente, le comportement des acheteurs, les retours sur la qualité ou encore l’impact environnemental (économies de ressources, réduction des déchets) sont compilés dans des tableaux de bord. Les marques partenaires peuvent ainsi mesurer précisément les retombées de leur programme de seconde main et adapter leur offre en continu.

Un avantage concurrentiel face aux marketplaces généralistes

Face aux grandes plateformes de revente en ligne, Faume offre un positionnement différenciant. Alors que les marketplaces classiques hébergent aussi bien des particuliers que des revendeurs professionnels, le système en marque blanche de Faume propose aux consommateurs un espace de confiance et de cohérence avec l’univers de la griffe. Les vêtements y sont vérifiés, remis en état si nécessaire, et proposés à des tarifs validés par la marque elle-même. Cela permet de préserver l’image haut de gamme et de rassurer les clients les plus exigeants.

Par ailleurs, le contrôle des prix demeure un enjeu crucial pour les marques de luxe, qui redoutent la banalisation ou l’effondrement de la valeur perçue. En centralisant la revente, Faume donne à ses partenaires un pilotage total sur leur distribution, tout en assurant un service premium. Cet atout séduit en particulier les maisons attachées à leur héritage et soucieuses de la cohérence entre tous leurs canaux de vente, du neuf à la seconde main.

Cette approche intégrée permet également d’unifier les données clients. Les marques connaissent mieux le parcours de chaque acheteur, ses préférences ou sa fidélité. Elles peuvent adapter leurs campagnes marketing, leurs collections futures et même leurs programmes de fidélité pour remercier les clients qui participent activement à la revente. Faume se positionne ainsi comme un véritable pôle de ressources data au service d’une stratégie commerciale globale.

Témoignages des marques partenaires et retours d’expérience

Si Faume séduit autant de maisons de mode, c’est notamment grâce à son accompagnement personnalisé et à sa volonté de concevoir des solutions “sur mesure” pour chaque partenaire. Soeur par exemple, connu pour son style intemporel et son engagement en faveur d’une mode plus raisonnable, s’est dit ravi de la plateforme développée en commun. Freja Day, directrice générale de Soeur, souligne que cette alliance offre une expérience client fluide et cohérente avec l’image de la marque, aussi bien en ligne qu’en boutique.

D’autres griffes, telles que Isabel Marant ou ba&sh, voient dans la seconde main un levier de croissance complémentaire, capable d’attirer une clientèle différente, parfois plus jeune, tout en renforçant leur responsabilité sociétale. L’argument environnemental pèse de plus en plus dans les décisions d’achat, et les marques qui en tiennent compte aujourd’hui ont une longueur d’avance dans le futur.

Pour Victoria Beckham, la collaboration avec Faume au Royaume-Uni est un symbole fort : elle montre que la mode de seconde main s’étend désormais aux hautes sphères du luxe, où l’exigence en matière d’image est extrême. Ainsi, l’expertise logistique et technique de la start-up française apparaît comme un atout majeur pour intégrer ce mouvement sans négliger la dimension aspirationnelle qui caractérise la marque.

Contrairement à l’idée reçue selon laquelle les vêtements d’occasion manquent de prestige, les plateformes en marque blanche comme celle de Faume prouvent qu’il est possible d’offrir :

  • Un emballage élégant
  • Des retours gratuits et simplifiés
  • Un SAV réactif
  • Des conseils de style personnalisés

De quoi convaincre les amateurs de mode haut de gamme.

L’impact environnemental : plus de 4200 tCO2 évitées en 2024

Au-delà des enjeux économiques, Faume met en avant sa contribution à la lutte contre le gaspillage. Depuis sa création, la plateforme a accompagné la revente de plus de 300 000 pièces de mode premium, dont près de 40 % ont trouvé preneur hors de France. Ce résultat témoigne d’une véritable démocratisation de la mode d’occasion à l’échelle européenne, bien que la start-up poursuive ses efforts pour conquérir de nouveaux marchés.

En 2024, on estime que 4200 tCO2 ont été épargnées grâce au reconditionnement et à la réutilisation de vêtements qui auraient autrement pu finir dans des entrepôts, voire des décharges. Cette économie s’inscrit dans une tendance de fond : la volonté de réduire l’empreinte carbone du secteur textile, réputé pour son usage intensif de ressources naturelles (eau, énergie, matières premières). Les chiffres exacts varient selon les modes de calcul, mais la direction prise par Faume est claire : inciter à la prolongation du cycle de vie des vêtements plutôt que de miser sur la fast fashion et le renouvellement incessant des collections.

Pour consolider sa démarche écologique, la start-up envisage de poursuivre ses investissements dans la traçabilité des pièces, notamment via des puces numériques permettant de vérifier l’origine et l’historique d’usage. À terme, cette logique pourrait faciliter la revente de troisième, voire de quatrième main, tant que l’état de la pièce le permet. L’idée est de s’inscrire dans une économie circulaire globale, où chaque article est valorisé à son maximum.

Un nouvel élan pour la seconde main premium

Grâce à la solidité de son offre et à l’implication de ses partenaires, Faume regarde déjà vers l’avenir. L’entreprise ambitionne de soutenir 150 marques d’ici les quatre prochaines années, témoignant de son ambition de construire un réseau complet à travers l’Europe. Si l’aventure se poursuit, d’autres continents pourraient un jour devenir un terrain de jeu pour la start-up, notamment l’Amérique du Nord et l’Asie, où la demande pour les pièces de luxe d’occasion ne cesse de croître.

La mise en œuvre de l’IA de “Dynamic pricing” dès 2025 constitue aussi un virage technologique majeur. Cela permettra d’ajuster les tarifs de chaque pièce selon son état, son attrait du moment et la concurrence, tout en préservant la marge des marques. Dans un contexte où la mode circulaire continue de gagner du terrain, cette agilité tarifaire s’annonce déterminante pour maintenir un équilibre entre attractivité du prix et image premium.

Enfin, l’essor d’initiatives législatives visant à encourager la réutilisation et la réparation des textiles en Europe pourrait ouvrir la voie à de nouveaux dispositifs incitatifs. Que ce soit sous forme de crédits d’impôts, de subventions ou de normes plus strictes sur la production, la dynamique institutionnelle renforce la pertinence du modèle défendu par Faume. Au vu des résultats déjà obtenus et des tendances à venir, il est fort probable que les acteurs de la mode premium adoptent de plus en plus massivement la revente en marque blanche pour allier rentabilité et responsabilité.

La trajectoire de Faume illustre la transition en marche, où la seconde main devient un pilier incontournable de l’avenir de la mode haut de gamme, encadrée par des investisseurs de poids, des marques iconiques et des consommateurs exigeants.