Via Sana transforme l’installation libérale pour les professionnels de santé
Via Sana révolutionne les cabinets médicaux partagés et lève 16 M€ pour accélérer leur déploiement en France.

Ils l’avaient promis, ils passent à l’action. Les fondateurs de Via Sana annoncent une nouvelle levée de fonds dédiée au coworking médical, pour un total de 16 millions d’euros. Cette somme vient accélérer la mise en place d’un vaste réseau de cabinets clé en main pour tous les médecins qui souhaitent s’installer en libéral.
Un écosystème de santé qui se réinvente
En France, le système de soins est au cœur des préoccupations : entre démographie médicale en mutation, évolution des besoins patients et contraintes administratives, les professionnels de santé cherchent sans cesse de nouveaux modèles. Via Sana, fondée en 2020 par les entrepreneurs Louis Fosse et Ulysse Vallier, propose une approche disruptive en réinventant l’aménagement et l’exploitation de cabinets médicaux. Plutôt que de multiplier les démarches – achat de matériel, recherche de locaux, travaux d’installation –, l’initiative Via Sana libère les praticiens des aspects logistiques et administratifs pour leur permettre de se concentrer exclusivement sur leurs consultations. De cette façon, médecins et autres professionnels de santé peuvent bénéficier d’un environnement « prêt à l’emploi », tout en conservant la liberté totale de l’exercice libéral.
Selon les porteurs du projet, l’idée a germé face à la complexité d’ouvrir un cabinet dans un contexte réglementaire français exigeant. Trop de freins, trop de coûts initiaux, trop d’incertitudes pour les jeunes médecins ou même pour des praticiens confirmés souhaitant déménager. En misant sur le « coworking médical » (terme souvent utilisé pour désigner des espaces partagés dédiés aux professionnels de santé), Via Sana veut bâtir un réseau national capable de soutenir l’installation rapide et pérenne de praticiens dans les plus grandes villes. Aujourd’hui, les chiffres affichés sont déjà conséquents : 450 cabinets en service, un maillage existant à Paris, Lyon et Bordeaux, et des projets d’ouverture à Lille ou Nantes.
Le concept de « coworking médical » fait référence à un espace de travail partagé conçu spécifiquement pour des activités de soins. Contrairement au coworking classique (orienté vers les freelances, start-up, professions libérales non médicales), l’offre intègre des aménagements nécessaires au respect des normes d’hygiène, de sécurité et de confidentialité propres aux professions de santé. Par conséquent, tout y est pensé pour la consultation et l’accueil des patients.
Les dessous d’une levée de fonds de 16 millions d’euros
Après une première opération financière ayant permis de valider la pertinence du modèle économique, Via Sana franchit une nouvelle étape en bouclant un tour de table de 16 millions d’euros. Cette enveloppe comprend, selon la startup, une part en capital et une part en dette. Les fonds proviennent notamment de 360 Capital, investisseur historique, et du « Fonds stratégique des transitions » géré par ISALT. Ce dernier est détenu en partie par la Caisse des dépôts et dispose ainsi d’un accès privilégié aux projets capables de transformer durablement l’économie française.
L’attrait des investisseurs pour Via Sana s’explique par la volonté de remédier à la pénurie de cabinets accessibles, mais aussi de s’adapter à la nouvelle génération de praticiens qui réclament plus de flexibilité. En France, le coût initial pour ouvrir un cabinet peut être élevé : acquisition ou location de murs, achat d’équipement, aménagement, sans oublier la gestion de la paperasse. Sur ce plan, Via Sana apparaît comme un partenaire offrant une solution clé en main.
Les dirigeants de l’entreprise soulignent d’ailleurs un point essentiel : « Notre mission est d’offrir la modularité et l’agilité du travail indépendant tout en déchargeant les médecins des contraintes du quotidien. » S’il est vrai que les hôpitaux et cliniques peuvent soulager les praticiens d’un point de vue logistique, le passage au statut salarié implique souvent des salaires plafonnés ou une liberté plus restreinte. Le pari de Via Sana consiste alors à sécuriser la logistique immobilière et administrative, tout en laissant la main sur l’exercice même de la médecine.
Au cœur de la stratégie : un maillage territorial ambitieux
L’objectif affiché par Via Sana n’est pas d’implanter un simple réseau de centres dans quelques métropoles, mais de proposer une couverture nationale structurée. À l’heure actuelle, l’enseigne a déjà déployé ses cabinets à Paris, Lyon, Bordeaux, et ambitionne de couvrir d’autres pôles urbains tels que Lille et Nantes. Les besoins sont nombreux, tant dans les centres-villes que dans les banlieues et certaines zones périurbaines où l’accès aux soins fait parfois défaut.
Face à la raréfaction des médecins généralistes dans certains territoires, la présence de cabinets partagés pourrait s’avérer un atout pour encourager les professionnels à s’installer. Le « coworking médical » se différencie du cabinet de groupe classique : les médecins ne sont pas forcément associés entre eux. Ils louent plutôt à la demande un espace parfaitement équipé, géré par la société, dans des conditions tarifaires claires. Ils peuvent donc exercer leur spécialité sans avoir à se soucier d’autre chose que de la relation avec leurs patients.
Pour donner encore plus de corps à ce concept, Via Sana a misé sur l’intégration de services numériques. Selon les projets en cours, plusieurs fonctionnalités sont testées pour simplifier la prise de rendez-vous, l’accueil des patients ou le suivi administratif. Cette volonté d’innover en continu devrait renforcer l’attractivité des cabinets, tout en accompagnant les praticiens dans l’ère du numérique.
La Caisse des dépôts est une institution financière publique majeure en France, gérant différentes enveloppes d’investissement et épargne. Elle intervient souvent pour soutenir des initiatives à forte utilité sociale ou économique, comme l’accès aux soins ou la transition énergétique. Son implication dans un projet comme Via Sana témoigne de la volonté des pouvoirs publics de soutenir l’innovation appliquée au monde de la santé.
Qui est Via Sana ? Genèse et vision d’ensemble
Créée en 2020, Via Sana est l’aboutissement d’une réflexion menée par deux jeunes entrepreneurs. Formés aux enjeux du digital et conscients de la complexité du secteur médical, Louis Fosse et Ulysse Vallier ont voulu créer une structure permettant de mutualiser les coûts d’installation et l’effort de gestion.
Avant de se lancer, ils ont analysé en profondeur les obstacles à l’exercice libéral pour un professionnel de santé : délais administratifs, manque de trésorerie, réticence à s’implanter en zone urbaine dense, crainte de perdre en indépendance… À travers leur offre, ils proposent une alternative qui cumule les avantages d’une activité libérale (indépendance, revenus) et ceux d’un centre de santé (logistique intégrée, mutualisation des tâches). Cette combinaison leur a permis de convaincre assez vite des investisseurs et plusieurs praticiens curieux de tester ce nouveau modèle.
Le succès ne s’est pas fait attendre : d’après les informations officielles, plus de 500 professionnels de santé exerceraient déjà au sein du réseau, et près de 30 000 patients se rendent chaque mois dans un des cabinets sous la bannière Via Sana. L’évolution se fait par vagues d’ouvertures successives : on achète ou loue des locaux, on les rénove, on installe le matériel nécessaire (tables d’examen, chaises ergonomiques, équipements informatiques, etc.), puis on ouvre la réservation aux médecins via un abonnement qui intègre toutes les charges.
Bon à savoir : la notion de proptech
Le terme “proptech” désigne l’ensemble des initiatives et entreprises qui emploient la technologie pour innover dans le secteur immobilier. Dans le cas de Via Sana, cela se traduit par la gestion digitalisée des locaux et par le recours à des outils en ligne pour l’attribution des salles, la planification des rendez-vous ou encore l’optimisation de l’espace.
Un cabinet 2.0 à Station F : laboratoire d’innovations
Dans la continuité de sa stratégie, Via Sana a annoncé son intention d’implanter un cabinet médical au sein de Station F, célèbre campus parisien dédié aux start-up. L’objectif est double : d’une part, offrir aux entrepreneurs et salariés sur place un accès rapide à des soins médicaux ; d’autre part, transformer ce site en véritable « laboratoire » d’expérimentations pour de nouveaux services.
Par exemple, la société envisage d’y tester des dispositifs électroniques de check-in pour fluidifier l’accueil des patients. Elle souhaite aussi étudier l’interaction entre les praticiens et les divers outils numériques mis à leur disposition (dossiers médicaux connectés, téléconsultations associées, etc.). Le contact direct avec l’écosystème entrepreneurial de Station F devrait stimuler l’innovation, en favorisant les échanges et la co-création entre des acteurs de la santé digitale, des développeurs de logiciels et les praticiens utilisateurs finaux.
Si le succès de cette phase expérimentale se confirme, les leçons tirées du cabinet « Station F » pourraient être répliquées dans d’autres établissements de la marque. En effet, la modularité des espaces et le côté digital-friendly font partie intégrante de la proposition de valeur de Via Sana, qui entend multiplier les partenariats avec des hôpitaux, des assureurs et, pourquoi pas, des plateformes de téléconsultation.
Station F, lancé en 2017 par Xavier Niel, est considéré comme l’un des plus grands campus de start-up au monde. Situé à Paris, dans le 13e arrondissement, il héberge des centaines de jeunes pousses en quête de financements et d’opportunités de réseautage. L’inauguration d’un cabinet médical « nouvelle génération » en son sein permettra aux résidents, souvent très occupés, de consulter sur place sans perdre de temps.
Un business model à l’équilibre dès 2025
La force de Via Sana réside dans sa stratégie financière clairement assumée. D’après les dirigeants, la société a atteint l’équilibre dès les premiers mois de 2025, ce qui s’avère particulièrement précoce pour une entreprise opérant dans le secteur immobilier et médical. Comment expliquer cette performance ? Tout d’abord, la startup achète ou loue des locaux à des conditions négociées, en s’appuyant parfois sur des investisseurs tiers. Ensuite, elle procède à la rénovation et à l’équipement de ces espaces afin d’y installer des cabinets prêts à l’emploi.
Au moment où les praticiens commencent à exercer, ils paient un abonnement mensuel qui couvre la location, l’entretien, les équipements, et parfois des services additionnels (secrétariat, maintenance, outils numériques). Grâce à cet abonnement, Via Sana dispose de revenus réguliers et prévisibles. De plus, l’entreprise peut diversifier l’offre, en proposant par exemple des formules pour des spécialistes (ophtalmologie, dermatologie, etc.) dont les besoins en matériel sont plus pointus et les consultations plus fréquentes. Cette structure tarifaire, flexible mais solide, a permis à l’entreprise de générer des revenus rapidement, tout en rassurant les investisseurs sur la rentabilité.
Bien sûr, l’enjeu consiste désormais à renforcer ce modèle pour absorber une croissance rapide. Les cofondateurs déclarent qu’ils entendent « multiplier les ouvertures de centres, tout en maintenant une gestion financière rigoureuse ». Avec 16 millions d’euros supplémentaires, Via Sana peut se permettre d’accélérer la cadence sans trop sacrifier à la solidité de ses fondamentaux.
Des partenariats stratégiques pour étoffer l’offre
Pour se différencier dans un secteur en pleine mutation, Via Sana envisage d’élargir sa palette de services. L’idée est de favoriser un environnement encore plus fluide et connecté : bornes de check-in, solution digitale de gestion des plannings, facturation intégrée, etc. Certains éléments sont déjà en phase de test, tandis que d’autres font l’objet de discussions avec des partenaires spécialisés dans la HealthTech. Il ne serait pas surprenant de voir bientôt des assistants virtuels ou des dispositifs d’imagerie légère intégrer les cabinets Via Sana.
Au-delà des aspects purement technologiques, l’entreprise table également sur la conclusion de nouveaux partenariats avec des acteurs majeurs : compagnies d’assurance, mutuelles, comités d’entreprise… L’ambition ? Proposer des accès privilégiés à ces cabinets pour les salariés d’une société ou les adhérents d’une mutuelle, afin de fluidifier le parcours de soins et limiter les délais d’attente.
Dans le même esprit, on pourrait imaginer des passerelles avec des plateformes de téléconsultation. Les patients qui ne peuvent pas se déplacer pourraient ainsi solliciter un médecin à distance, mais aussi effectuer des consultations physiques dans le cabinet le plus proche. Ces synergies renforceraient d’autant plus la visibilité de Via Sana et amplifieraient l’utilité réelle du réseau pour le grand public.
L’offre Via Sana face aux défis de la santé en France
Le système de santé français est à la recherche de nouvelles approches pour répondre à des enjeux multiples : augmentation de la population senior, explosion des maladies chroniques, inégalités territoriales… Dans ce contexte, la possibilité d’installer un cabinet dans une grande ville ou une zone à fort potentiel, sans subir les contraintes financières et administratives, séduit de plus en plus de praticiens.
Le modèle de Via Sana pourrait aussi contribuer à la lutte contre les déserts médicaux, en incitant des médecins à s’implanter dans des secteurs moins attractifs a priori. En effet, si la structure se développe au sein d’une petite ville, un médecin généraliste pourra arriver sur place, louer un cabinet déjà équipé et démarrer immédiatement son activité, sans risquer de se retrouver avec un lourd investissement à amortir. Cette vision rejoint les priorités fixées par les autorités publiques, qui cherchent à améliorer l’accessibilité des soins sur tout le territoire.
D’un point de vue économique, la levée de fonds de 16 millions d’euros valide la pertinence de cette approche. Les investisseurs y voient un fort potentiel de croissance, à un moment où l’exercice libéral traditionnel est questionné et où les nouvelles générations de praticiens plébiscitent des conditions de travail plus souples. La flexibilité devient un critère décisif pour attirer des jeunes médecins, lesquels souhaitent parfois pratiquer plusieurs spécialités ou partager leur temps entre la ville et l’hôpital.
Bon à savoir : accès aux spécialités
Les cabinets Via Sana ne se limitent pas à la médecine générale. Ils peuvent accueillir des spécialistes tels que psychologues, kinésithérapeutes, cardiologues ou encore nutritionnistes. Cette diversité de profils favorise un large spectre de consultations et une prise en charge pluridisciplinaire des patients, le tout dans un cadre flexible et moderne.
Expansion réfléchie et rigueur financière
Derrière l’ambition de croissance rapide, on retrouve néanmoins une approche méthodique. « Nous voulons développer un réseau national tout en restant financièrement solides », précisent les fondateurs. L’équilibre n’est pas chose aisée dans un secteur soumis à la fois aux évolutions immobilières (hausse des prix, rareté de certains emplacements) et à la réglementation médicale (normes d’accessibilité, obligations sanitaires, etc.).
Pour l’instant, Via Sana s’appuie sur deux piliers : un réseau de partenaires immobiliers (investisseurs, agences, propriétaires) et un plan d’affaires clair, où chaque ouverture de cabinet est dimensionnée en fonction du besoin local et de la capacité de financement. Les retours des médecins déjà installés alimentent également la stratégie, permettant d’ajuster certains services ou de mieux cibler les quartiers.
Cette rigueur est un argument de poids pour rassurer les investisseurs institutionnels, comme la Caisse des dépôts, qui ont horreur du gaspillage et des effets de mode sans vision durable. Avec 16 millions d’euros supplémentaires, Via Sana pourrait consolider son système d’expansion tout en préservant le capital image dont elle bénéficie actuellement auprès des professionnels de santé.
Quand le numérique s’invite en cabinet : l’apport d’outils innovants
Un des points forts de Via Sana est la numérisation de plusieurs volets de l’exercice médical. Les praticiens bénéficient d’outils pour gérer leurs rendez-vous, leurs dossiers patients, voire leur facturation. Certains services intègrent directement la téléconsultation, permettant de basculer d’un acte présentiel à un acte en ligne si la situation l’exige. Dans un contexte où la e-santé prend de l’ampleur, disposer d’une structure déjà prête pour ce virage est un atout majeur.
Les patients, de leur côté, apprécient souvent la facilité d’accès et l’interface simplifiée. Par exemple, ils peuvent vérifier la disponibilité d’un cabinet ou d’un praticien en temps réel, ce qui optimise la prise de rendez-vous. Sur le plan logistique, cela aide aussi à limiter les temps d’attente et à coordonner les soins quand plusieurs spécialistes travaillent sous le même toit. L’arrivée de bornes d’accueil automatisées pourrait encore faire gagner du temps, notamment pour la mise à jour de la carte Vitale ou le règlement sécurisé des consultations.
Bien sûr, l’humain reste au cœur de la relation thérapeutique, et Via Sana en est bien consciente. La digitalisation est perçue comme un levier complémentaire, et non comme un remplaçant du contact personnel. C’est là que réside tout l’équilibre : soulager les praticiens de tâches administratives chronophages pour préserver la qualité de l’échange avec le patient.
Des perspectives pour les entreprises et mutuelles
L’annonce officielle mentionne la volonté de proposer ces lieux dédiés à la santé à des entreprises ou des mutuelles. L’intérêt ? Offrir des avantages santé à leurs collaborateurs ou adhérents directement sur leur lieu de travail ou à proximité. Dans des mégalopoles comme Paris, où les salariés perdent souvent un temps considérable dans les transports, consulter rapidement un spécialiste peut être un atout majeur.
Les mutuelles y trouvent également leur compte, en négociant peut-être des tarifs préférentiels pour leurs assurés et en garantissant une meilleure répartition géographique des médecins. Cette démarche s’inscrit dans une tendance plus large d’intégration de services de santé au sein même des espaces de vie ou de travail : avoir un cabinet « à portée de main » devient un argument de poids pour fidéliser les talents dans une grande entreprise.
Si Via Sana parvient à étendre ce modèle auprès de nombreuses structures, on pourrait assister à une banalisation de la consultation médicale sur le lieu de travail. Dans un contexte où la médecine préventive gagne du terrain, cette proximité pourrait inciter certains patients à consulter plus tôt, améliorant la détection des pathologies et réduisant in fine les coûts de santé.
Les enjeux légaux et réglementaires en France
En France, l’ouverture et l’exploitation d’un cabinet médical sont strictement encadrées. Les normes en vigueur couvrent des aspects variés, tels que l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, les règles d’hygiène, la radioprotection (pour certaines spécialités), ou encore la protection des données de santé (RGPD). Via Sana doit donc démontrer sa capacité à respecter les exigences légales dans chacun des locaux qu’elle opère.
La flexibilité offerte aux médecins doit également s’accompagner de garanties fortes pour les patients : confidentialité des informations, gestion sécurisée des dossiers médicaux, possibilité de conserver les données en cas de changement de praticien… Sur ce plan, la proptech joue un rôle de coordonnateur. Elle met à disposition des outils technologiques certifiés, elle veille à l’aménagement des salles conformément aux standards requis, et elle collabore avec des prestataires de services spécialisés dans la santé pour la maintenance du matériel sensible.
Par ailleurs, Via Sana doit composer avec les spécificités locales en matière d’urbanisme. Certaines communes imposent des règles strictes pour l’utilisation de locaux à usage professionnel, l’implantation d’enseigne extérieure, ou la transformation d’un appartement en cabinet. Cette complexité réglementaire n’est pas un frein pour la startup, mais exige une expertise juridique soutenue et des ressources pour anticiper les blocages administratifs. Le fait d’avoir des investisseurs institutionnels à ses côtés peut être d’une grande aide pour franchir ces obstacles.
Accompagner un nouveau style de carrière médicale
Au-delà des considérations purement financières et logistiques, Via Sana s’inscrit dans une évolution sociétale. Les jeunes médecins souhaitent parfois travailler à temps partiel, alterner entre plusieurs lieux ou se dédier ponctuellement à des missions humanitaires ou associatives. La souplesse offerte par un abonnement à un cabinet mutualisé est alors un argument de choix.
Les praticiens plus expérimentés, qui désirent alléger leur charge, peuvent également trouver leur compte dans ce modèle. Ils réduisent les frais de fonctionnement, tout en évitant l’isolement d’un cabinet solitaire. Dans certaines métropoles, où les loyers sont exorbitants, cette mutualisation devient un vrai levier pour maintenir un nombre suffisant de médecins de proximité.
De fait, ce phénomène de « coworking médical » rejoint des tendances plus larges de « coworking professionnel », déjà observées dans le domaine juridique ou comptable. Les juristes, par exemple, peuvent louer des salles de réunion à la demande, sans forcément avoir de bail fixe. L’idée centrale reste la même : utiliser un espace calibré pour son activité, quand on en a besoin, sans devoir assumer individuellement tous les coûts d’une installation permanente.
Enjeux d’image et perspectives à long terme
Pour la startup, l’implantation réussie de plusieurs centres dans les grandes villes de France est un vrai argument marketing. Les médecins qui travaillent déjà avec Via Sana deviennent souvent des ambassadeurs du concept, vantant la simplicité d’installation et la qualité des équipements. Plus la visibilité grandit, plus l’entreprise élargit son vivier de praticiens intéressés, ce qui légitime l’ouverture de nouveaux sites.
D’un autre côté, la pérennité du modèle repose sur la capacité à capter rapidement les demandes locales, à organiser une offre cohérente et à assurer un taux d’occupation suffisant. Si trop de cabinets étaient ouverts dans une zone où la demande de consultations est faible, le taux de remplissage risquerait de chuter. D’où l’importance d’une analyse fine des besoins territoriaux et d’une bonne lecture du marché.
À long terme, Via Sana peut envisager de nouer des partenariats plus poussés avec des groupements hospitaliers, afin de créer des corridors de soins entre l’hôpital et la médecine de ville. Cela pourrait se traduire par des conventions de transfert, où certains patients bénéficieraient d’un suivi post-hospitalisation dans un cabinet de proximité. Cette articulation ville-hôpital est un enjeu majeur pour fluidifier le parcours de soins et éviter les ruptures médicales lorsqu’un patient quitte un établissement de santé.
Une aventure entrepreneuriale à suivre de près
Avec cette levée de fonds de 16 millions d’euros, Via Sana s’inscrit de façon plus marquée dans le paysage des startups françaises à impact. L’entreprise se trouve à la croisée de l’immobilier, de la santé et de la technologie, trois domaines qui évoluent rapidement. Son modèle semble déjà faire ses preuves, bien que la concurrence pointe aussi le bout de son nez.
Certaines initiatives semblables commencent à émerger, notamment dans le secteur des professions paramédicales (co-working pour kinésithérapeutes, sages-femmes, etc.), ou encore dans l’offre de téléconsultation couplée à des espaces de diagnostic. La question sera donc de savoir si Via Sana saura conserver sa longueur d’avance et élargir suffisamment son réseau pour rester la référence en la matière.
En tout cas, l’entreprise est désormais équipée pour poursuivre son déploiement. Les nouvelles ouvertures annoncées à Lille et Nantes devraient consolider sa présence dans le nord et l’ouest du pays, tandis que le cabinet expérimental de Station F permettra de valider des innovations numériques qui, si elles fonctionnent, gagneront rapidement l’ensemble du réseau. La dynamique est lancée, et les retombées seront scrutées à la fois par les professionnels du secteur et par les financeurs institutionnels.
Bon à savoir : break-even en pratique
Atteindre le « break-even » signifie que les revenus couvrent tous les coûts, sans perte ni bénéfice majeur. Via Sana affirme avoir atteint ce seuil dès début 2025, grâce à des contrats d’abonnement stables et une stratégie d’expansion maîtrisée. C’est un signal de confiance pour les investisseurs, car il indique un modèle financier déjà capable de s’autofinancer.
Faciliter la vie des praticiens et des patients
La promesse de Via Sana est simple : offrir la souplesse de l’activité libérale, dénuée des complications administratives et financières. À l’ère où le numérique bouscule les codes, cette proptech propose en outre un environnement de travail intuitif, pleinement compatible avec les outils modernes (dossiers dématérialisés, facturation en ligne, etc.). Les professionnels peuvent y trouver une solution sur mesure, adaptée à des plannings variables ou à des spécialités exigeantes.
Les patients, de leur côté, profitent d’une accessibilité accrue, surtout dans les centres urbains densément peuplés. L’idée de trouver facilement un médecin ou un spécialiste, parfois même dans un espace mixte qui réunit plusieurs compétences, séduit un grand nombre d’usagers. Si Via Sana concrétise son maillage territorial, il est probable que la marque gagne en notoriété et devienne, pour beaucoup, synonyme de simplicité et de rapidité d’accès aux soins.
Du point de vue de l’innovation, le cabinet 2.0 installé à Station F représente un symbole : la santé se met, elle aussi, au diapason des nouvelles pratiques entrepreneuriales. On peut imaginer, à moyen terme, des dispositifs de réalité augmentée pour la consultation, des applications de suivi nutritionnel connectées ou des programmes de prévention intégrés directement aux agendas. Les partenaires qui se grefferont à l’écosystème Via Sana pourraient apporter des briques technologiques originales, renforçant d’autant plus la pertinence et la notoriété du réseau.
Une nouvelle carte de la médecine libérale
Compte tenu de l’importance des sommes levées et de l’intérêt manifeste des institutionnels, la trajectoire de Via Sana suggère qu’une recomposition du paysage médical est en cours. Si le modèle prospère, il n’est pas exclu que d’autres entrepreneurs suivent le même chemin ou que des groupes privés d’assurance ou de santé s’y associent. Dans cette éventualité, on pourrait voir éclore en quelques années un véritable réseau national d’espaces médicaux mutualisés, contribuant à rééquilibrer la répartition des praticiens entre territoires riches en opportunités et zones plus délaissées.
Bien sûr, de nombreux défis demeurent : assurer un suivi qualitatif des patients, maintenir des tarifs raisonnables, défendre la déontologie médicale, etc. Mais la dynamique enclenchée par Via Sana pourrait ouvrir la voie à des évolutions systémiques dans l’approche de la médecine libérale. Avec l’appui du secteur public et la confiance d’investisseurs privés, la startup incarne déjà une histoire à succès, et ambitionne d’aller plus loin.
Cette aventure illustre la détermination d’un écosystème français en quête de nouvelles solutions, prêt à réinventer l’accès aux soins et à repenser l’exercice libéral pour une santé plus agile, plus connectée et plus accessible à tous.