Le groupe pétrolier et gazier français TotalEnergies devrait exposer sa stratégie pour un avenir possible sans la Russie lors d'une présentation aux investisseurs dans les jours à venir, les actionnaires espérant également que le groupe augmentera le montant de l'argent qu'il prévoit de leur rendre.
 

Une situation incertaine au vu du contexte actuel

Contrairement à ses rivaux londoniens BP et Shell, le groupe français a conservé plusieurs investissements en Russie, notamment des participations minoritaires dans les sociétés russes Novatek, Yamal LNG et Arctic LNG 2.
 
Mais l'entreprise française, qui fera sa présentation à New York mercredi, a déclaré qu'elle n'investirait pas dans de nouveaux projets en Russie et qu'elle cesserait progressivement ses achats de pétrole russe d'ici à la fin de 2022.
 
Malgré des bénéfices record, ses actions ont à peine augmenté cette année, contre des hausses d'environ 20 % pour Shell et BP.
 
Les analystes attribuent cette situation à l'incertitude quant à ce que la société fera de ses actifs russes et à l'impact d'une éventuelle taxe exceptionnelle de l'Union européenne sur les groupes énergétiques qui ont bénéficié de la flambée des prix de l'énergie.
 
Le directeur général de TotalEnergies, Patrick Pouyanne, a déclaré qu'une telle taxe pourrait coûter à son entreprise plus d'un milliard d'euros (969 millions de dollars).
 
L'entreprise française a mis de côté 7,6 milliards de dollars cette année pour couvrir les pertes potentielles dues aux sanctions occidentales contre la Russie.
 
La Russie représente approximativement 5 % du capital employé de la société - soit quelque 7 milliards de dollars - et a contribué à hauteur d'environ 1,2 milliard de dollars à son flux de trésorerie au cours du premier semestre de cette année.
 
Le groupe mise sur une demande croissante de gaz naturel liquéfié (GNL), l'Europe s'efforçant de remplacer les approvisionnements russes. Mais l'arrêt des nouveaux investissements en Russie compromettra l'objectif de la société d'augmenter la production de GNL de 30 % d'ici 2025, estiment les analystes.
 
L'installation Arctic LNG 2 en Russie devait commencer à fonctionner en 2023, mais le projet est désormais suspendu.
 

Les projets de TotalEnergies

Les analystes de Jefferies prévoient que TotalEnergies n'augmentera sa production que de 14 % en 2026 et pourrait devoir reporter ses objectifs actuels de production de GNL à 2027, en raison de la fin des nouveaux investissements russes et du retard probable d'un projet de GNL au Mozambique.
 
Les analystes de Cowen prévoient également un retard dans la réalisation de l'objectif de la société d'augmenter son flux de trésorerie de 5 milliards de dollars entre 2021 et 2026. Ils prévoient que cet objectif sera atteint en 2027.
 
Alors qu'il cherche à se diversifier en s'éloignant de la Russie, le groupe a déclaré samedi qu'il investirait 1,5 milliard de dollars dans une installation de GNL au Qatar. 
 
Les investisseurs veulent également savoir si TotalEnergies augmentera le rachat d'actions prévu de 2 milliards de dollars au quatrième trimestre, s'en tiendra à son engagement d'augmenter son dividende de 5% et passera au paiement des dividendes en dollars américains plutôt qu'en euros.