Le 31 août 2023, Olivier Becht, alors ministre délégué responsable du Commerce extérieur, de l'attractivité et des expatriés français, a présenté les objectifs et les initiatives du programme gouvernemental  « Osez l’export ! ». Ce plan vise à mieux préparer et à soutenir l'internationalisation des entreprises françaises. Il va ainsi renforcer les efforts de la « Team France Export » (TFE), dispositif lancé en 2018. Détails sur les mesures mises en place. 

Qu’est-ce que le programme « Osez l’export ! » ? 

Avec une ambition de croissance de +33 % en sept ans, passant de 150 000 à 200 000 exportateurs français d'ici à 2030, le plan « Osez l’export ! » a été officiellement lancé par Olivier Becht en août 2023. L'annonce a été faite en compagnie des membres de la Team France Export, y compris le réseau des chambres de Commerce et d'industrie (CCI).

« Osez l’export ! » : améliorer l'attractivité de la France depuis 2018

À l'origine, le plan trouve ses fondements dans l'initiative de la Team France Export. Cette initiative a été dirigée par Édouard Philippe en 2018. Ainsi, le programme « Osez l’export ! », a pour objectif de redynamiser l'engagement de l'ancien Premier ministre.

« Il faut aller chercher les entreprises, on mettra toutes les équipes pour cela » a encouragé le président de CCI France, Alain Di Crescenzo. Il ajoute : « Une super initiative, l’international se prépare à la maison ».

Ce projet gouvernemental a pour but de soutenir les exportations des entreprises françaises. Il prévoit la mise en œuvre d'actions concrètes et de mesures visant à favoriser le développement des entreprises à l'échelle internationale. Il met également un accent particulier sur les PME (petites et moyennes entreprises) et les ETI (entreprises de taille intermédiaire).

« Osez l’export ! » : un plan d'action déterminant pour la France vers la réindustrialisation française

Ce programme est donc un levier pour la réindustrialisation et la sécurité économique de la France. Dans un élan de réindustrialisation, la France se concentre désormais sur l'amplification de ses exportations, visant à redynamiser son économie.

L'État, à travers Business France et la DG Trésor, s'engage ainsi à soutenir les PME françaises dans leur conquête des marchés internationaux. En effet, le plan « Osez l’export ! » promet un soutien financier et logistique aux entreprises désireuses d'élargir leurs horizons.

 

Focus sur les PME 

Le plan est doté d'un budget de 125 millions d'euros pour la période 2023-2026. Il vise à corriger le déficit commercial chronique de la France en mettant l’accent sur les PME. En effet, celles-ci ne contribuent actuellement qu'à une fraction minuscule des exportations nationales, en comparaison avec leurs homologues allemandes ou italiennes. 

Ce programme se concentre sur trois grands axes stratégiques. Il s'agit :

  • Premièrement, de l'investissement dans le capital humain et le développement régional ;
  • Deuxièmement, du renforcement de la position de la France sur le marché international ;
  • Et enfin, de la préparation pour l'avenir. 

Le plan se décline ensuite en treize actions spécifiques. Explications dans cet article.

Quels sont les défis à surmonter de « Osez l’export ! » ?

Les entreprises françaises, particulièrement affectées par la hausse des coûts énergétiques et l'inflation, voient leur compétitivité à l'export diminuer. La part de l'industrie dans le PIB français, ainsi que dans les exportations, reste insuffisante. Ce constat souligne le besoin urgent d'une réindustrialisation et d'une meilleure intégration dans les chaînes de valeur mondiales.

Pour Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France « Avec le Plan Export, nous étoffons la palette d'outils que Business France met à disposition des PME et ETI exportatrices. De plus, le plan  « France 2030 » s'enrichit d'un volet résolument international pour projeter les pépites de demain sur la scène internationale. Notre objectif est double : soutenir efficacement les entreprises ayant déjà intégré l'export dans leur stratégie et encourager celles qui n'ont pas encore franchi le pas à s'engager dans cette dynamique ».

Navire d'exportation dans le cadre du plan Osez l'Export

Des enjeux de réindustrialisation et de transition écologique

En plus du Plan « Osez l’export ! », le plan industrie verte vise à revitaliser le secteur industriel tout en accentuant la transition écologique. Ces initiatives, accompagnées de mesures incitatives telles que le crédit d'impôt industrie verte, sont conçues pour attirer les investissements et favoriser la création d'emplois durables.

Des enjeux de sécurité économique pour la France

Au-delà de l'aspect commercial, la sécurité économique demeure une préoccupation majeure. Le service de l’information stratégique et de la sécurité économique (SISSE) protège les entreprises françaises contre les prédations étrangères. Toutefois, les cas de rachats d'entreprises par des intérêts étrangers montrent que les défis restent importants. L'engagement de l'Union européenne en faveur d'une souveraineté et sécurité économique pourrait offrir un soutien complémentaire significatif.

Quels sont les objectifs de ce programme ?

Dans une ère où la mondialisation des échanges commerciaux est devenue une réalité incontournable, le plan stratégique « Osez l’export ! » est axé sur trois priorités majeures : 

  1. Investir dans l’humain et les territoires 

Le premier axe majeur est « Investir dans l’humain et les territoires » par : 

  • Des financements pour recruter un employé spécialisé dans l'exportation au sein de l'entreprise ;
  • L'encouragement à engager de jeunes professionnels en volontariat international en entreprise (VIE) ;
  • Des initiatives visant à convaincre toutes les sociétés des avantages potentiels de l'exportation ;
  • L'éducation des chefs d'entreprise à l'utilisation des dispositifs d'aide à l'export.

  1. Faire gagner la France à l’export 

Le deuxième axe majeur est de « Faire gagner la France à l’export » avec :

  • Un soutien accru pour les PME et ETI lors de leur participation à des salons internationaux, via un appui gouvernemental ;
  • Une ambition de valoriser davantage les produits français sur le web ;
  • Une amélioration de la réputation des produits estampillés « Made in France » sur le marché mondial ;
  • L'enseignement des meilleures pratiques leur permettant d’exploiter les accords commerciaux efficacement.

  1. Préparer l’avenir 

Troisièmement, le plan vise à préparer l’avenir grâce à : 

  • Un soutien destiné à favoriser l'émergence et le développement des entreprises prometteuses dans les domaines clés identifiés par le plan France 2030 ;
  • Un effort pour accroître la présence des sociétés françaises dans les régions du monde connaissant une croissance élevée ;
  • La facilitation des contacts entre les acheteurs internationaux et les petites et moyennes entreprises françaises ;
  • La modernisation et la numérisation des mécanismes de financement du commerce international ;
  • L'objectif de rendre les financements à l'export proposés par l'État plus accessibles.

Quelles sont les 13 mesures de « Osez l’export ! » ?

Jeunes du plan Osez l'export dans un entrepot

Les nouvelles initiatives clés visant à élargir et à intensifier le soutien aux entreprises, s'inscrivent dans le cadre de trois axes prioritaires. Ce programme ambitieux déploie un ensemble de treize mesures ciblées pour soutenir, renforcer et pérenniser la présence française sur les marchés internationaux.

Priorité 1 : Investir dans l'humain et les territoires

L'avenir de l'exportation française repose sur la jeunesse et la territorialité. Dans cette optique, le programme prévoit deux initiatives cruciales :

1. Le « volontaire territorial de l’export » 

Ce dispositif novateur vise à encourager l'embauche de jeunes dédiés à l'exportation au sein des PME-ETI. En offrant une aide à l'embauche, le gouvernement souhaite accompagner ces entreprises dans leur développement à l'international, renforçant ainsi leur compétitivité sur les marchés mondiaux.

2. Le volontariat international en entreprise pour tous 

En favorisant l'intégration des volontaires internationaux issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville au sein des entreprises, cette mesure ambitionne de dynamiser l'exportation en stimulant l'embauche de jeunes talents et en diversifiant les profils au sein des PME-ETI.

Priorité 2 : Faire gagner la France à l'export

Pour promouvoir les produits français et accompagner les entreprises sur les salons internationaux, le programme met en place deux mesures stratégiques :

1. « Pavillon France » pour tous 

Cette initiative vise à accompagner annuellement 5 000 entreprises sur les salons internationaux en prenant en charge une partie de leurs coûts. En offrant une visibilité accrue aux entreprises françaises, cette mesure renforce leur attractivité sur la scène mondiale.

2. Les produits français exposés en ligne 

À l'heure de la digitalisation croissante du commerce, cette mesure s'attache à promouvoir l'offre des PME françaises à travers des e-vitrines sectorielles. En renforçant la visibilité des produits français sur les plateformes d'e-commerce mondiales, cette initiative ouvre de nouveaux horizons à l'exportation.

Priorité 3 : Préparer l'avenir

Pour garantir la compétitivité des entreprises françaises à long terme, le programme propose trois mesures essentielles :

1. Les lauréats de France 2030 à l’export 

Il propose un accompagnement sur mesure à 1 000 PME soutenues par le plan France 2030. Cette mesure assure une transition fluide vers l'exportation et renforce la pérennité des entreprises sur les marchés internationaux.

2. « Booster » : les champions de demain 

Il s’agit ici d’offrir un accompagnement intensif à 200 PME-ETI à fort potentiel à l'export. Cette initiative favorise l'émergence des champions nationaux sur la scène internationale.

3. Le réflexe export dans les territoires

En convainquant toutes les entreprises des bénéfices de l'export, cette mesure contribue à diffuser une culture de l'internationalisation au sein du tissu économique français, renforçant ainsi la compétitivité globale du pays.

En France, seulement 20 % des PME sont engagées dans des activités d'exportation, tandis que ce chiffre atteint 80 % en Allemagne. Pourtant, ces entreprises contribuent significativement à la création de richesse au sein des régions. Afin de stimuler leur participation à l'exportation, le plan « Osez l’export ! » s'efforce de lever les obstacles qui les retiennent. 

Cette initiative implique l'identification des entreprises ayant le potentiel d'exporter, ainsi que la réduction des coûts logistiques pour les PME et ETI d'Outre-mer. Des missions sont organisées dans les pays voisins des régions ultramarines afin de faciliter l'accès à de nouveaux marchés pour ces entreprises.

4. L’Académie de l’export 

Il s’agit de former les entrepreneurs d’aujourd’hui et de demain aux enjeux de l’export. Face à la réticence de nombreuses entreprises à se lancer dans l'exportation, souvent due à un déficit d'information, le Gouvernement se mobilise pour promouvoir la formation et l'éveil à cette thématique. 

Dans cette optique, l'Académie de l'export, une initiative numérique mise en place par la TFE, offre des programmes de formation dédiés à l'exportation. L'ambition est de permettre à 50 000 entreprises de profiter de ces formations au cours des cinq prochaines années. 

En outre, avec la volonté de débuter la sensibilisation dès le parcours académique, il est envisagé de tisser des liens plus étroits entre les institutions d'enseignement supérieur et la TFE. 

L'objectif est double : familiariser les étudiants avec les défis de l'exportation et les carrières y étant afférentes, afin de pourvoir les besoins en personnel qualifié nécessaire au déploiement à l’international des entreprises françaises.

5. La marque France

La création d'une marque nationale vise à valoriser et à renforcer l'image des produits français à l'international. Cette initiative va développer une identité forte et cohérente, susceptible d'accroître la reconnaissance et la préférence pour les produits français sur les marchés étrangers.

Bien que les produits français dans les domaines du luxe, de la mode et de la gastronomie jouissent d'une renommée internationale, cette notoriété ne s'étend pas à tous les secteurs. Avec l'introduction de la « marque France », le plan « Osez l’export ! » vise à promouvoir l'excellence française dans une gamme plus large de produits, dans le but d'éveiller l'intérêt au-delà de nos frontières et d'encourager l'exportation au-delà des secteurs traditionnels du luxe et de la mode.

6. Accords commerciaux : des opportunités à saisir 

Une meilleure exploitation des accords commerciaux de l'Union européenne est essentielle pour ouvrir de nouveaux marchés. En effet, cela permet de bénéficier de conditions favorables, telles que la réduction des droits de douane. Cette mesure encourage alors les entreprises à saisir les opportunités offertes par ces accords, facilitant ainsi leur expansion internationale.

L'Union européenne a établi plus de 40 accords commerciaux avec 74 partenaires différents. Ces accords offrent aux entreprises françaises une opportunité précieuse de diversifier leurs marchés et de s'étendre à de nouvelles zones géographiques. Cependant, 30 % des exportations ne bénéficient pas des avantages offerts par ces accords, notamment les économies sur les droits de douane, ce qui se traduit par des pertes financières substantielles pour ces entreprises, s'élevant à des centaines de millions d'euros.

Pour remédier à cette situation, le plan inclut la création de modules de formation destinés à enseigner aux entreprises françaises comment exploiter ces accords commerciaux en tant qu'outils économiques et stratégiques essentiels.

Signature d'accords commerciaux dans le cadre du plan Osez l'Export

7. Les entreprises françaises dans les grands projets internationaux 

Faciliter la participation des entreprises françaises dans les grands projets internationaux est un levier important pour leur développement. Cette initiative vise à renforcer les échanges avec les acheteurs internationaux et à positionner les entreprises françaises comme des acteurs clés sur la scène mondiale.

Il existe un faible attrait pour les acheteurs internationaux à se rendre en France (pour des expositions, des forums, etc.) et un nombre insuffisant de PME-ETI françaises sont en mesure de participer à ces événements internationaux.

Ainsi, le programme vise à soutenir 700 acheteurs internationaux chaque année lors des événements mondiaux se déroulant en France, facilitant ainsi leur rencontre avec 1 500 PME-ETI françaises.

De plus, actuellement, Bpifrance Assurance Export n'offre uneassurance-crédit qu'aux entreprises basées en France. Cependant, certaines agences de crédit à l'exportation étrangères offrent ces garanties, à condition qu'il y ait une contribution nationale suffisante. Elles encouragent ainsi leurs entreprises à participer à des contrats d'exportation.

Ainsi, le programme propose son dispositif français d'assurance-crédit aux entreprises étrangères impliquées dans des projets avec une importante contribution française. Ces financements permettront aux acheteurs internationaux de passer commande auprès des entreprises françaises qui les approvisionnent.

8. Le financement du commerce digitalisé

La dématérialisation des procédures de financement du commerce international est une étape cruciale vers la simplification et l'accessibilité des ressources financières pour les exportateurs. Cette mesure promet de fluidifier les transactions et de réduire les délais et coûts associés au financement des opérations d'export. En effet, le commerce international implique une quantité substantielle de procédures juridiques et financières, qui aujourd'hui sont encore peu automatisées. De tous les documents générés chaque année pour les transactions transfrontalières ( environ 4 milliards), seulement 1% sont entièrement numérisés.

La numérisation des transactions internationales pourrait :

  • Permettre à 80% des entreprises d'accéder à des outils pour gérer, sécuriser et financer leurs opérations internationales ;
  • Réduire jusqu'à 80% des coûts de ces outils, ce qui représente une économie de 3,8 milliards d'euros d'ici à 2030 ;
  • Augmenter de 14% la valeur des échanges commerciaux internationaux d'ici à 2026.

La numérisation des transactions internationales pourrait simplifier et améliorer la gestion et la sécurisation des échanges avec l'international pour la majorité (80 %) des entreprises. C'est dans cet esprit que l'avant-dernière action du plan envisage d'appliquer les propositions de Paris Europlace. La raison en est claire : l'ambition est de stimuler la numérisation complète des opérations associées au financement du commerce international.

Le programme suggère donc la mise en place des recommandations de Paris Europlace. Cela permettra d'accélérer la numérisation des activités de financement du commerce international.

9. Les financements export de demain 

Moderniser et rendre plus accessibles les financements export pour les PME, notamment pour les projets de transition environnementale, est essentiel. Cette orientation vers des financements innovants et adaptés aux défis contemporains soutient les entreprises dans leur démarche d'exportation durable.

Pour conclure, cette mesure finale vise à moderniser et à rendre les financements à l'exportation plus accessibles aux PME. Concrètement, cela implique d’ :

  • Adapter l'offre d'assurance des cautions export en fonction des spécificités territoriales ;
  • Élargir l'offre de très petits crédits export, actuellement inférieurs à 1 million d'euros ;
  • Assurer le financement de petits projets écologiques (moins de 50 millions d'euros) par Bpifrance, sous des conditions spécifiques.

« Osez l’export ! » : quelques chiffres

Vignoble français destiné à l'exportation

Voici quelques chiffres notables sur l’exportation en France :

  • 145 700 entreprises exportatrices au 4e trimestre 2022 soit +7,6% et + 10 300 entreprises par rapport à 2021 ;
  • +6,2 % de PME exportatrices et + 5,7 % d’ETI ;
  • 10 550 entreprises accompagnées à l’export par la TFE en 2021 ;
  • 15 300 emplois créés ou envisagés par les entreprises accompagnées par la TFE en 2021 ;
  • 7,8 milliards d’euros d’augmentation des montants exportés par les entreprises suivies par la TFE entre 2019 et 2021 ;
  • 1,1 milliard d’euros de chiffre d’affaires additionnel directement lié à l’action de la TFE.

 Enfin, voici les produits champions à l’export en parts de marché mondiales : 

  • Boissons (17% parts de marché mondiale, 1er exportateur) ;
  • Parfums et cosmétiques (14% parts de marché mondiale, 1er exportateur) ;
  • Industrie aéronautique et spatiale (14% parts de marché mondiale) ;
  • Produits laitiers, œufs, miel (8% parts de marché mondiale) ;
  • Céréales (6% parts de marché mondiale).