Lactalis franchit un cap historique : plus de 30 milliards d’euros en 2024
Bilan 2024 : une performance solide pour ce leader familial, qui réaffirme son engagement environnemental et conforte sa place sur le marché laitier.

Le groupe laitier français Lactalis vient de rendre public son bilan financier annuel. Cette publication illustre la vitalité économique de l’entreprise malgré un climat mondial incertain. Découvrez dans cet article les chiffres clés, l’analyse du secteur laitier, les objectifs environnementaux et les perspectives d’avenir d’un groupe familial de plus de 90 ans d’histoire.
Un nouveau record de chiffre d’affaires en 2024
Au cours de l’année 2024, Lactalis a franchi une étape historique en dépassant la barre des 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Plus précisément, l’entreprise affiche un revenu total de 30,3 milliards d’euros, en hausse de 2,8 % par rapport à 2023. Même si certains observateurs s’attendaient à une progression plus marquée, ce résultat reste spectaculaire dans un contexte économique qui n’a cessé de se complexifier. En dépit de la persistance de tensions géopolitiques et de fluctuations des matières premières, Lactalis confirme son agilité et sa résilience.
La croissance est tirée par plusieurs facteurs : la constance de la demande sur les marchés matures, l’essor de la consommation de produits laitiers dans les pays en développement et les innovations qui ont bien su séduire les consommateurs. Les marques phares du groupe (dont Président, Galbani, Kraft et Parmalat) maintiennent leur popularité en France et à l’international, tout en conservant un positionnement “qualité à prix abordable”.
La dynamique s’explique aussi par l’investissement régulier de Lactalis dans ses infrastructures. Depuis plusieurs années, le groupe poursuit la modernisation et l’extension de ses sites industriels, à l’image de ses récentes opérations au Brésil, aux États-Unis, en Inde et en Europe. Ces stratégies déployées permettent à l’entreprise de rester compétitive, de s’adapter à l’évolution des habitudes de consommation et de tenir ses ambitions de croissance à long terme.
Pourquoi un recul du résultat net ?
Si le résultat opérationnel courant progresse de 4,3 % cette année, passant à 1,4 milliard d’euros, le résultat net consolidé, lui, accuse une baisse notable : de 428 millions d’euros en 2023, il glisse à 359 millions d’euros en 2024. Cela représente 1,2 % du chiffre d’affaires total. Même si ce pourcentage peut sembler faible, il convient de nuancer : la signature d’un accord fiscal fin 2024 a entraîné d’importantes charges ponctuelles, ce qui pèse logiquement sur la performance nette.
En parallèle, l’endettement du groupe est orienté à la baisse, s’établissant à 5,038 milliards d’euros. Cette tendance s’explique par une gestion financière rigoureuse et un choix d’investissements ciblés. Le groupe privilégie notamment la solidité de son bilan pour pouvoir continuer à financer ses nombreux projets de développement, comme la modernisation de ses sites et la poursuite de sa stratégie de croissance externe.
Bon à savoir
Le résultat opérationnel courant (ou résultat courant) mesure la performance économique d’une entreprise dans son cœur d’activité, sans tenir compte des charges ou produits non récurrents, ni des intérêts et impôts. Il constitue un bon indicateur de la santé globale d’un groupe.
Qui est Lactalis ? Retour sur un géant du lait
Fondée en 1933 à Laval, Lactalis est une entreprise familiale qui a su s’imposer comme l’un des principaux acteurs mondiaux du secteur agroalimentaire. Avec plus de 90 ans d’existence, la société revendique aujourd’hui une présence dans 50 pays et l’exploitation de quelque 270 laiteries et fromageries. Son ambition s’est toujours articulée autour de la même mission : valoriser le lait sous toutes ses formes (fromages, lait de consommation, yaourts, beurres, crèmes, ingrédients laitiers ou encore produits de nutrition spécialisée).
Si la France demeure son premier marché, Lactalis multiplie depuis des décennies les acquisitions internationales. À force de croissance organique et externe, le groupe a intégré dans son portefeuille de nombreuses marques locales très appréciées, leur offrant de nouvelles capacités d’exportation et de développement. Actuellement, l’entreprise fédère plus de 85 500 collaborateurs à travers le monde et se classe désormais parmi les leaders de l’agroalimentaire, occupant la 9e place mondiale dans ce secteur.
Lactalis totalise plus de 266 sites industriels, dont beaucoup sont implantés dans des régions réputées pour leurs traditions fromagères et laitières. Cette implantation variée lui confère une plus grande proximité avec les matières premières et les consommateurs.
En valorisant localement le lait, tout en s’appuyant sur la technologie et l’expertise internationale, le groupe parvient à conserver un équilibre entre le respect des traditions et l’innovation nécessaire à sa performance.
Focus sur les projets d’investissements internationaux
Pour conforter sa position et répondre aux besoins mondiaux croissants, Lactalis a injecté plus de 1 milliard d’euros d’investissements au cours de l’année 2024. Cette somme est répartie entre plusieurs postes stratégiques : modernisation des infrastructures de production, amélioration des process de conditionnement et réduction de l’empreinte environnementale.
Au Brésil, la demande locale en produits laitiers a fortement augmenté, tout comme aux États-Unis où Lactalis souhaite capitaliser sur le marché du fromage et des produits frais. En Inde, la consommation laitière est portée par une classe moyenne en pleine expansion, tandis que le marché européen demeure un socle historique, soutenu par des marchés comme la France, l’Italie ou l’Espagne.
L’essor des capacités industrielles s’appuie sur une vision à long terme : construire des installations plus modernes et plus durables, adaptées aux besoins des différents marchés, tout en maintenant l’identité locale des produits. Cette volonté de conjuguer tradition et innovation est au cœur de l’ADN Lactalis.
Bon à savoir
Le groupe a notamment rénové une fromagerie à Larceveau (France) pour la production d’Ossau-Iraty AOP et créé de nouvelles lignes de conditionnement à Certosa (Italie), Tulare (États-Unis) et Bendigo (Australie). Ces opérations doivent optimiser la qualité et la productivité à travers des technologies de pointe.
Nouvelles acquisitions et stratégie de croissance externe
Au-delà de la croissance organique, Lactalis continue sa politique de rachats ciblés afin de consolider son assise mondiale. Cette année, le groupe a ainsi mis la main sur Sequeira & Sequeira au Portugal, acteur renommé pour sa production de fromages régionaux vendus sous la marque Paiva. Grâce à cette acquisition, Lactalis renforce sa gamme et assoit son ancrage dans un pays qui chérit les produits traditionnels et de terroir.
En Afrique du Sud, le groupe a également mené des opérations d’expansion afin de capter un marché dont le potentiel de croissance est réel. Conformément à sa philosophie, Lactalis entend respecter l’identité et les savoir-faire locaux, tout en faisant bénéficier les entreprises acquises de ses capacités logistiques et de son réseau commercial.
Les rachats menés par Lactalis ont plusieurs avantages : renforcer son portefeuille de marques spécialisées, développer des synergies de production et de distribution, intégrer des équipes locales expérimentées et accéder à de nouveaux marchés. Cette démarche limite la concurrence sur des produits stratégiques, tout en favorisant la diffusion des savoir-faire régionaux à l’international.
Au final, cette stratégie de croissance externe contribue à la diversification du risque et à la stabilité du modèle économique de Lactalis. En proposant des fromages et produits laitiers répondant à des habitudes culturelles variées, le groupe maximise ses chances de succès sur tous les continents.
Des innovations produits qui font la différence
L’année 2024 a aussi été marquée par une intensification de l’innovation dans le portefeuille de Lactalis. Le groupe affirme avoir introduit plus de 650 nouveautés sur l’ensemble de ses marchés mondiaux. Parmi ces lancements : des gammes allégées ou enrichies en protéines, comme le lait Stay Strong au Danemark, des yaourts fonctionnels (ProBio2 au Brésil) et de nouvelles recettes plus “green” en termes de packaging et de procédés de fabrication.
La marque Lactel a également lancé Vita’Vie en France, un lait enrichi, visant à répondre à la demande croissante de produits nutritionnels adaptés aux adultes actifs et aux seniors. Cette démarche d’innovation s’aligne sur une tendance globale : les consommateurs exigent de plus en plus de transparence, d’éthique et de qualité nutritionnelle. En misant sur la R&D, Lactalis anticipe ces exigences et conforte sa notoriété.
Un engagement environnemental réaffirmé
Pour beaucoup, la production laitière est souvent associée à d’importants défis écologiques : consommation d’eau, émissions de gaz à effet de serre, gestion des déchets… Conscient de ces enjeux, Lactalis s’investit dans une stratégie de développement durable axée sur la réduction de son empreinte carbone et une meilleure gestion des ressources.
En 2024, près de 200 millions d’euros du budget d’investissements ont été consacrés à la transition énergétique et à la protection de l’environnement. Parmi les initiatives marquantes : l’amélioration du recyclage des eaux en Inde (notamment à Shrirampur) et au Brésil (Uberlandia), le déploiement de panneaux solaires dans plusieurs sites ibériques et l’installation croissante de chaudières biomasse en France.
Au-delà de la volonté de respecter l’environnement, une politique RSE solide permet à Lactalis de rassurer les investisseurs et d’attirer des talents soucieux de contribuer à une économie plus verte. Elle répond également à l’exigence des pouvoirs publics et des consommateurs, qui attendent plus de transparence sur l’impact environnemental de l’industrie.
Ces efforts se traduisent déjà par une réduction de 13,7 % des émissions de scope 1 et 2 par rapport à 2019. L’entreprise vise un objectif ambitieux : baisser de 50 % ses émissions directes et indirectes dans un horizon de dix ans, c’est-à-dire d’ici 2033. Cette performance lui a valu la reconnaissance de l’organisation SBTi (Science-Based Targets Initiative), qui a validé en 2024 la pertinence de ses cibles et de son plan d’action.
Analyse du marché laitier mondial
La demande pour les produits laitiers ne faiblit pas, malgré les défis posés par l’inflation et la volatilité du prix des matières premières. Sur les marchés dits “matures” (Europe, Amérique du Nord), la concurrence se joue surtout sur la diversification, la valeur ajoutée et l’innovation. Les consommateurs recherchent des produits de qualité, respectueux de l’environnement et adaptés à des régimes spécifiques (sans lactose, riche en nutriments, etc.).
Dans les zones émergentes (Amérique latine, Asie, Afrique), la population grandissante et l’élévation du niveau de vie stimulent la consommation de lait et de fromage. Lactalis y voit un formidable potentiel, renforçant ses capacités industrielles locales et y introduisant graduellement ses marques phares. Toutefois, le groupe doit composer avec des disparités règlementaires et culturelles : il mise donc sur la complémentarité entre son expertise internationale et l’identification des besoins locaux.
Bon à savoir
Avec près de 900 millions de tonnes de lait produites annuellement dans le monde (selon la FAO), la filière laitière compte parmi les plus importantes de l’agroalimentaire. Les pays en développement représentent près de la moitié de la production mondiale et voient leur part de marché augmenter d’année en année.
Enjeux légaux et financiers : un secteur sous surveillance
Au-delà du climat économique mondial, Lactalis et ses concurrents du secteur laitier sont soumis à une réglementation strictement encadrée, particulièrement en France et dans l’Union européenne. Les questions de traçabilité, de sécurité alimentaire, de bien-être animal et d’informations aux consommateurs font l’objet d’une vigilance accrue. Les autorités imposent aux industriels de se conformer à des normes exigeantes, ce qui nécessite des investissements continus dans la qualité et la transparence.
Sur le plan financier, la filière laitière est réputée pour sa sensibilité aux variations de prix du lait cru, dépendantes du cours mondial et des négociations avec les producteurs. Une mauvaise récolte de fourrages, une épidémie animale ou une fluctuation brutale de la demande peuvent profondément affecter le marché. Lactalis anticipe ces risques par une diversification de ses approvisionnements et un maillage industriel international, lui conférant une meilleure capacité d’absorption des chocs.
Le groupe a aussi montré sa volonté de conclure des accords avec les autorités fiscales dans un souci de régularisation. L’accord signé fin 2024 en France illustre cette stratégie, même s’il a eu un impact négatif ponctuel sur le résultat net. À long terme, cette clarification devrait renforcer la confiance des partenaires financiers et consolider la réputation du groupe sur le marché.
L’artisanat industriel : un concept unique pour Lactalis
Parler d’“artisanat industriel” peut sembler contradictoire, mais Lactalis souhaite maintenir cette dualité : bénéficier de la force de frappe d’un grand groupe tout en valorisant les spécificités locales et le savoir-faire d’artisans-fromagers. Les sites implantés dans des régions historiques du fromage, comme la France ou l’Italie, perpétuent ainsi des recettes traditionnelles tout en profitant d’outils modernes pour répondre aux volumes demandés au niveau mondial.
C’est dans cet esprit que Lactalis propose de nombreux produits labellisés AOP, comme l’Ossau-Iraty ou d’autres appellations de terroir. L’objectif : permettre à des spécialités régionales de s’exporter, de gagner en notoriété et de conquérir de nouveaux consommateurs. Cette démarche profite aussi aux producteurs de lait locaux, qui voient leur filière se pérenniser sur le long terme. S’il n’est pas toujours facile de concilier volume industriel et respect des normes AOP, Lactalis s’appuie sur des partenariats forts avec les éleveurs et des contrôles qualité stricts.
Un autre point clé réside dans la formation et la gestion des ressources humaines. Les 85 500 salariés se répartissent sur différents continents, issus de nombreuses cultures et maîtrisant des savoir-faire variés. Maintenir une culture d’entreprise commune, tout en laissant une marge de manœuvre aux équipes locales, demeure un défi de taille que Lactalis entend relever via la digitalisation de ses process, les programmes internes de formation et l’écoute quotidienne sur le terrain.
Décryptage de la compétitivité de Lactalis
Lactalis n’a pas fait qu’ajuster son offre pour contrer la concurrence : il a développé un véritable écosystème autour de ses activités laitières. Dès la collecte du lait jusqu’à la commercialisation, le groupe collabore avec un vaste réseau d’exploitants et de distributeurs. Cette intégration lui permet de réduire les marges de manœuvre de ses concurrents, de mieux contrôler ses coûts et de proposer un large catalogue de produits.
À l’échelle internationale, d’autres géants comme Nestlé, Danone ou Fonterra sont également présents sur ce marché. Cependant, la philosophie “familiale” de Lactalis lui confère un certain avantage : son capital n’est pas dispersé sur les marchés boursiers, lui permettant de privilégier une vision de long terme plutôt que la course effrénée au rendement trimestriel. Cette stabilité managériale se révèle cruciale dans un domaine où les cycles sont parfois imprévisibles.
Point légal sur les AOP
Les AOP (Appellations d’Origine Protégée) assurent une protection européenne pour des produits dont la production, la transformation et l’élaboration ont lieu dans une aire géographique déterminée. Il s’agit d’un signe officiel de qualité et d’authenticité qui garantit le respect des traditions et la provenance.
Réduire son impact environnemental : une priorité économique
Si l’enjeu écologique est de plus en plus mis en avant, la réduction de l’empreinte carbone présente aussi un intérêt financier pour Lactalis. Des installations plus performantes, une meilleure gestion de l’eau et de l’énergie, et l’usage de ressources renouvelables diminuent les coûts d’exploitation sur le long terme. Le groupe l’a compris en investissant massivement dans des systèmes de production plus “verts”.
La firme s’efforce aussi d’innover en matière d’emballages. Les directives françaises et européennes visant à réduire le plastique à usage unique encouragent les industriels à repenser la conception de leurs contenants. Une partie du milliard d’euros engagé en 2024 soutient des programmes de recherche sur les packagings biodégradables ou recyclables. Le but : limiter l’impact écologique, tout en répondant à la demande de consommateurs de plus en plus regardants sur l’empreinte environnementale des marques qu’ils achètent.
Enfin, le groupe affirme vouloir intégrer davantage la notion d’économie circulaire dans ses process. En recyclant certaines co-productions, en valorisant les effluents issus des sites de transformation laitière et en encourageant le tri sélectif, Lactalis s’engage à boucler la boucle de la production, avec moins de pertes et plus de valorisation.
L’horizon 2033 : objectifs et ambitions
Outre la promesse de réduire de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre (scope 1 et 2), Lactalis envisage de consolider sa position dans le top mondial. Pour cela, le groupe mise sur la poursuite des acquisitions dans des régions stratégiques, l’amplification de ses programmes d’innovation produits et un soutien encore plus marqué aux producteurs de lait partenaires.
Si la concurrence demeure féroce dans le secteur agroalimentaire, le groupe français se distingue par sa solide réputation en matière de qualité et sa capacité à cibler des niches porteuses. La hausse progressive du pouvoir d’achat dans certains pays émergents et la recherche de produits sains et nutritifs constituent de réels leviers de croissance. Les consommateurs, eux, apprécient la large diversité de l’offre Lactalis, entre fromages traditionnels, yaourts fonctionnels et gammes premium.
Pour pérenniser cette trajectoire, l’entreprise compte aussi profiter des avancées technologiques dans le domaine de la biotechnologie, de la traçabilité par blockchain et de la logistique intelligente. Au fil des années, la standardisation d’outils digitaux peut devenir un facteur déterminant pour assurer la sécurité et la fiabilité des approvisionnements et des expéditions. Dans le même temps, la digitalisation simplifie les échanges d’informations avec les producteurs et permet une réactivité accrue en cas de crise.
L’impact de la conjoncture économique sur la filière laitière
En 2024, l’Europe a poursuivi sa sortie progressive des turbulences liées à la crise sanitaire et aux incertitudes géopolitiques. Malgré une inflation qui perdure, l’industrie laitière montre des signes d’adaptation : les producteurs ont cherché à compenser les hausses de coûts de l’énergie et de l’alimentation animale, pendant que les transformateurs comme Lactalis ont ajusté leurs tarifs et renforcé leurs chaînes logistiques.
La volatilité des taux de change, notamment entre l’euro, le dollar et les monnaies émergentes, reste un paramètre crucial pour un groupe réalisant une large part de ses ventes hors de la zone euro. Toutefois, la solidité du réseau mondial de Lactalis, couplée à la notoriété de ses marques, offre une relative protection face aux fluctuations monétaires. Pour autant, chaque acquisition à l’étranger implique une intégration sur le plan culturel, juridique et financier qui peut prendre du temps.
Les défis légaux ne sont pas moindres : chaque pays possède ses propres règles en matière d’étiquetage, de composition des produits laitiers, de certification vétérinaire ou d’affichage des valeurs nutritionnelles. Lactalis travaille régulièrement avec des cabinets spécialisés pour anticiper et respecter ces réglementations, évitant ainsi les sanctions ou retards de commercialisation.
Le poids des ressources humaines et la gestion des talents
Avec plus de 85 000 employés dispersés sur tous les continents, Lactalis doit accorder une attention particulière à la formation, à la mobilité et à la rétention des talents. Dans les métiers de la transformation laitière, le savoir-faire s’acquiert souvent par la pratique et l’expérience, ce qui justifie la mise en place de parcours d’intégration et de tutorat internes. Le groupe veille aussi à développer des programmes d’échanges internationaux permettant à ses collaborateurs de découvrir d’autres sites, d’autres process et d’autres cultures.
Le positionnement familial de l’entreprise valorise la cohésion et la stabilité des équipes, limitant le turnover. Toutefois, dans certaines zones géographiques à fort dynamisme, la concurrence pour recruter des professionnels qualifiés peut être rude. Les nouvelles technologies et la robotisation des lignes de production exigent également de nouvelles compétences. Chez Lactalis, la digitalisation avance à grands pas, avec pour objectif de faciliter la maintenance prédictive, la traçabilité des lots et la relation client/fournisseur.
La filière laitière, plus que d’autres, s’est souvent transmise de génération en génération. Les producteurs, les techniciens et les fromagers perpétuent un savoir-faire de longue date, essentiel pour maintenir la qualité et l’authenticité des produits. Aujourd’hui, la coexistence de ces métiers traditionnels avec de nouvelles pratiques industrielles constitue un riche terrain d’apprentissage mutuel.
La modernisation soutenue par des partenaires publics et privés
Les investissements réalisés par Lactalis au Brésil, aux États-Unis ou encore en Inde bénéficient parfois de partenariats avec des institutions publiques, nationales ou régionales, qui soutiennent la création d’emplois et le développement économique. Cette synergie public-privé s’incarne à travers des subventions à la recherche, des incitations fiscales à l’implantation de nouvelles usines et des collaborations avec des universités spécialisées dans l’agroalimentaire.
Sur le plan bancaire, le groupe jouit d’une crédibilité forte, renforcée par la régularité de ses résultats et sa capacité à honorer ses engagements financiers. Cette confiance se traduit par l’octroi de lignes de crédit avantageuses pour financer la croissance externe ou encore le rachat de participations. En échange, Lactalis s’engage à maintenir son rang de leader responsable, en publiant des données vérifiables sur l’empreinte environnementale, la qualité de ses produits ou le respect des droits sociaux.
La réduction progressive de la dette à 5,038 milliards d’euros démontre le sérieux de la gestion financière du groupe. Cet allégement du passif permet d’envisager plus sereinement l’avenir, qu’il s’agisse d’opérations de croissance externe ou de changements d’organisation nécessaires pour s’adapter aux nouveaux défis.
Nouvelles habitudes de consommation : Lactalis s’adapte
Parallèlement aux tendances sanitaires et écologiques, les consommateurs modernes veulent de la praticité. C’est pourquoi, outre la modernisation de ses sites, Lactalis investit dans le développement de formats nomades, de packaging plus faciles à ouvrir et de produits prêts à consommer. Les yaourts à boire, les barres protéinées ou encore les fromages en portions à emporter se multiplient.
Le digital y joue également un rôle : la présence sur les plateformes de commerce en ligne est devenue un levier crucial pour toucher une clientèle jeune, urbaine et en quête de gain de temps. Les campagnes marketing déployées par Lactalis insistent sur la fraîcheur et la traçabilité, renforçant le sentiment de confiance du consommateur. En parallèle, les réseaux sociaux sont mis à contribution pour promouvoir les recettes, les conseils nutritionnels et recueillir l’avis des utilisateurs.
Cette approche plus directe auprès du consommateur final permet à Lactalis de se différencier sur des marchés très concurrentiels. Les innovations telles que Vita’Vie de Lactel en France ou Stay Strong au Danemark répondent spécifiquement à des besoins identifiés sur le terrain, comme un apport en vitamine C ou en collagène pour soutenir la vitalité. En ciblant aussi des segments plus spécialisés (sportifs, seniors, intolérants au lactose), le groupe élargit continuellement sa base de clients.
De nouvelles ambitions mondiales
Au vu de la solidité de ses chiffres et de la diversité de ses initiatives, Lactalis consolide sa place sur la scène internationale, combinant respect des traditions laitières et innovation de pointe. Les résultats 2024 prouvent la capacité du groupe à croître dans un contexte loin d’être serein, et à concrétiser ses engagements dans la durée.
Certes, la marge nette reste sous la pression de facteurs conjoncturels ; cependant, la bonne tenue de l’activité, l’acquisition de sociétés locales prometteuses et la baisse progressive de l’endettement laissent envisager de belles perspectives. Les équipes dirigeantes mettent en avant l’importance du capital humain, de la proximité avec les producteurs et de la solidarité entre les collaborateurs pour poursuivre cette expansion.
La volonté de “nourrir l’avenir”, chère à la direction, se traduit par des plans d’investissement gigantesques et une modernisation continue de l’outil industriel. Entre innovations, respect de l’environnement, acquisitions raisonnées et ancrage territorial, le modèle Lactalis séduit un grand nombre d’acteurs du marché laitiers et agroalimentaires. De plus, les consommateurs, toujours plus sensibles à la qualité et à la traçabilité, soutiennent cette dynamique.
En somme, le parcours de Lactalis en 2024 témoigne d’une solide vision d’avenir, conciliant expansion internationale, performance économique et responsabilité environnementale.