Iliad 2024 : Bilan, Ratios Clés et Avenir Télécom
Découvrez comment Iliad renforce sa rentabilité, dévoile une fibre ultra-performante et booste sa croissance sur le marché des télécoms en 2024.

Le Groupe iliad, l’un des acteurs majeurs du secteur des télécommunications en Europe, vient de présenter ses résultats pour l’année 2024, dévoilant une progression notable de ses revenus, de sa rentabilité et de son empreinte internationale. Créé en 1991, le Groupe s’appuie sur son réseau d’infrastructures et sur une gamme d’offres fixes et mobiles, commercialisées principalement sous la marque Free en France, iliad en Italie et Play en Pologne. Son chiffre d’affaires global se chiffre à 10 024 millions d’euros, en hausse de 8,5 % par rapport à 2023.
Cette dynamique de croissance se retrouve dans l’EBITDAaL, le résultat opérationnel courant et, plus largement, dans l’ensemble des grandes masses financières. Au-delà des simples données comptables, la performance d’iliad témoigne de la robustesse de son modèle reposant sur la convergence fixe-mobile, la diversification des marchés et l’investissement continu dans le déploiement des infrastructures (Fibre, 5G, datacenters, etc.).
Pour autant, dans un secteur télécom particulièrement concurrentiel, un tel développement s’accompagne aussi de défis : maîtriser l’augmentation de la masse salariale, gérer des dotations aux amortissements liées à l’accumulation de ressources technologiques (licences 5G, backbone Fibre…) et maintenir l’endettement net à un niveau soutenable.
Performance financière globale
La dynamique d’ensemble d’iliad en 2024 se caractérise par une progression solide de plusieurs indicateurs clés. D’abord, le chiffre d’affaires consolidé s’établit à 10,0 milliards d’euros, en hausse de 8,5 % par rapport à l’année précédente. Cette performance est le résultat d’une croissance simultanée dans les trois principaux marchés :
- La France, cœur historique du Groupe, pèse environ 6,53 Mds€ (+8,2 %). -
- L’Italie, arrivée dans le périmètre en 2018, contribue pour 1,15 Md€ (+8,0 %).
- La Pologne, via Play et UPC, rapporte 2,37 Mds€ (+9,7 %).
Cette montée des revenus reflète le succès continu des offres mobiles, l’essor de la Fibre dans l’Hexagone et une politique tarifaire disruptive qui attire des clients à la recherche de forfaits complets et abordables. Sur le plan de la rentabilité, l’EBITDAaL affiche 3 850 M€ (+11,8 % sur un an), un indicateur soutenu par la maîtrise des coûts d’exploitation, l’expansion internationale et la meilleure répartition des frais fixes sur un nombre d’abonnés en hausse.
L’EBITDAaL (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, Amortization & Leases) désigne le résultat d’exploitation avant impôts, charges financières, amortissements et loyers IFRS 16. Il permet de mesurer la performance opérationnelle d’un opérateur télécom en intégrant les effets de location.
Le résultat opérationnel courant de 1 640 M€ (+27 %) confirme que l’accroissement des charges (coûts de personnels, amortissements, etc.) reste relativement contenu par rapport à la hausse du chiffre d’affaires.
Enfin, le résultat net ressort à 367 M€ (+15,5 %), contre 318 M€ en 2023. Cette accélération est portée par la bonne santé globale du Groupe, même si l’intensité capitalistique inhérente à la fibre et à la 5G pèse toujours sur les comptes à travers des dotations élevées aux amortissements et le service de la dette.
Bon à savoir : géographie des revenus
La croissance est partagée entre la France (près de 65 % du CA), l’Italie et la Pologne. Cette diversification réduit la dépendance au marché domestique et ouvre de nouvelles opportunités d’expansion.
Au-delà de la simple lecture des chiffres, le Groupe bénéficie d’un effet de mutualisation notable : les achats de licences ou d’équipements peuvent être négociés à l’échelle paneuropéenne, et les retombées de l’innovation (déploiement de la 5G, migration vers la fibre) peuvent être modulées selon le contexte local de chaque pays.
Analyse du compte de résultat et du bilan
L’étude détaillée du compte de résultat met en évidence quelques lignes phares :
- Chiffre d’affaires total : 10 024 M€ en 2024 (vs. 9 241 M€ en 2023).
- Achats consommés : 2 786 M€, un poste qui inclut les coûts de réseau (accès cuivre, interconnexions, location de pylônes…).
- Charges de personnel : 717 M€, en hausse de 15,4 %. L’expansion à l’international et les besoins techniques expliquent cette progression.
- Dotations aux amortissements : 2 174 M€, en hausse de 2,5 %. L’investissement continu (fibre, 5G, équipements datacenter) entraîne une progression logique de ces dotations. Au final, l’EBITDAaL croît plus vite que le chiffre d’affaires, révélant des gains de productivité et une meilleure absorption des charges fixes.
Poste (M€) | 2024 | 2023 | Variation |
Chiffre d'affaires | 10 024 | 9 241 | +8,5 % |
EBITDAaL | 3 850 | 3 444 | +11,8 % |
Résultat opérationnel courant | 1 640 | 1 291 | +27 % |
Résultat net | 367 | 318 | +15,5 % |
Sur le bilan, l’actif total est de 26 404 M€, réparti entre 21 891 M€ d’actifs non courants (majoritairement infrastructures et licences) et 4 344 M€ d’actifs courants.
Les capitaux propres s’établissent à 4 852 M€, reflétant une capitalisation solide au regard de l’historique du Groupe.
Côté passif, l’endettement net progresse légèrement, passant à 10 300 M€ (contre 10 243 M€ en 2023), mais le ratio d’endettement s’améliore grâce à la hausse de l’EBITDAaL : on tombe à 2,7x en 2024, contre 3,0x l’exercice précédent.
Un ratio d’endettement (dette nette/EBITDAaL) inférieur à 3x est généralement considéré comme acceptable dans les télécoms, secteur dont l’activité repose sur de lourds investissements et une forte intensité capitalistique.
Les flux de trésorerie traduisent aussi cette robustesse :
- La capacité d’autofinancement atteint 4 779 M€.
- Les investissements (hors fréquences) se montent à 2 022 M€, un chiffre stable, reflétant une volonté de poursuivre les déploiements (Fibre, 5G, réseau d’antennes en France et en Pologne, etc.).
- Le versement de dividendes reste maîtrisé, à -356 M€, témoignant d’un équilibre entre la redistribution aux actionnaires et la nécessité de financer la croissance.
Principales forces et faiblesses
Le modèle iliad présente plusieurs atouts structurels :
- Un portefeuille de fréquences complet : L’opérateur a accumulé les licences mobiles 3G, 4G et 5G, s’assurant un excellent maillage du territoire français et une présence consolidée en Italie et en Pologne. Cette force est stratégique pour continuer à proposer des offres de qualité, notamment sur la 5G Stand Alone, récemment intégrée dans le Forfait Free illimité.
- La fibre, relais de compétitivité : Avec plus de 38 millions de prises raccordables fin 2024 et un taux d’adoption de 81,7 % chez ses abonnés fixes, iliad se positionne comme le premier opérateur alternatif en France. La fibre apporte une rentabilité supérieure à l’ADSL, réduisant les coûts liés à la location du réseau cuivre auprès de l’opérateur historique.
- Une expansion européenne dynamique : Désormais implanté dans trois pays, le Groupe a su exporter son approche tarifaire agressive et son sens de l’innovation. Les synergies se manifestent dans la conception des box, l’harmonisation de certains processus et la capacité à négocier avec des équipementiers.
Malgré ces points forts, quelques faiblesses sont à souligner :
- Coûts d’exploitation en hausse : La masse salariale (+15,4 %) et les charges externes progressent plus rapidement que chez certains concurrents, exigeant une gestion rigoureuse de la productivité pour ne pas éroder la marge opérationnelle.
- Amortissements massifs : Les investissements fréquents, conjugués à l’acquisition de licences, font grimper les dotations annuelles (près de 2,2 Mds€). Bien que nécessaires pour maintenir la compétitivité, ces montants grèvent la rentabilité court terme.
- Fin progressive de l’itinérance : Le contrat d’itinérance 2G/3G avec l’opérateur historique français prendra fin d’ici 2025, un processus qui doit être parfaitement négocié pour éviter toute dégradation de la qualité de service pour les abonnés en zone rurale ou équipés d’anciens téléphones.
Bon à savoir : B2B, un potentiel à développer
La branche Free Pro, associée à la cybersécurité (Itrust), au paiement (Stancer) et au cloud (Scaleway), constitue l’autre axe de croissance du Groupe. Bien que moins visible que les offres grand public, ce segment professionnel, encore modeste aujourd’hui, pourrait contribuer significativement au CA à moyen terme.
Perspectives pour un cap durable
Afin de maintenir un rythme de croissance rentable et durable, plusieurs pistes se dégagent :
- Renforcer la migration vers la Fibre : La fin annoncée de l’ADSL à l’horizon 2030 en France encourage les opérateurs à accélérer le basculement de la base d’abonnés cuivre vers la Fibre. En facilitant la transition (offres promotionnelles, communication simplifiée), iliad peut accroître la marge unitaire et améliorer la qualité du service proposé.
- Maîtriser la masse salariale : Même si l’essor international justifie une hausse des effectifs, il reste impératif de veiller à la productivité, via la digitalisation de certains processus et la mutualisation de ressources au niveau européen.
- Optimiser l’utilisation du spectre 5G : La 5G se déploie rapidement, et iliad s’est montré offensif, en particulier sur les bandes 3,5 GHz et 700 MHz. Il s’agit à présent d’exploiter au mieux ce réseau, en proposant des services différenciants et en poursuivant une densification en zones rurales.
- Développer l’offre B2B et la colocation datacenter : Avec Free Pro, Scaleway et la nouvelle structure OpCore (centrée sur la colocation), iliad peut étendre son influence sur le marché professionnel : hébergement cloud, cybersécurité, solutions de paiement, etc. Cette diversification accroît la résilience financière du Groupe et stabilise les recettes face aux évolutions du marché grand public.
La compétitivité dans les télécoms B2B repose sur des services intégrés (connectivité, cybersécurité, cloud, maintenance). Iliad entend se positionner comme une alternative crédible face aux grands acteurs historiques, en capitalisant sur ses infrastructures existantes et la réputation de sa marque Free.
- Préserver un endettement modéré : Le ratio dette/EBITDAaL avoisine désormais 2,7x, un niveau soutenable pour un opérateur télécom. En maintenant une politique de dividendes équilibrée et en répartissant judicieusement ses emprunts sur la durée, iliad peut envisager de nouveaux déploiements (ou acquisitions ciblées) sans déstabiliser son bilan.
Une base solide pour un futur prometteur ?
L’année 2024 confirme la solidité d’iliad, porté par un chiffre d’affaires en hausse, un EBITDAaL dynamique et des perspectives intéressantes sur ses trois marchés clés. Dans un secteur ultra-concurrentiel, le Groupe doit constamment innover, que ce soit dans le déploiement de la fibre, l’enrichissement de ses offres mobiles ou la conquête du marché professionnel. Son endettement mesuré, ses choix d’investissement judicieux et sa diversification géographique lui confèrent une assise certaine pour faire face aux prochains défis : fin de l’itinérance 2G/3G en France, poursuite du déploiement 5G et consolidation en Italie et en Pologne.
Au terme de ce parcours, on mesure que la réussite d’iliad découle d’un équilibre subtil entre stratégie de long terme, compétitivité tarifaire et vision technologique, lui permettant d’occuper une place de choix sur l’échiquier européen des télécommunications.