Quand l’oléagineux bio français passe à la vitesse supérieure
La filière oléagineuse bio s'équipe : OLÉOSYN BIO et AUROUZE boostent la production avec une nouvelle ligne de trituration et un atelier de raffinage inédit.

Pour marquer un tournant dans la filière oléagineuse biologique, OLÉOSYN BIO et AUROUZE ont annoncé l’inauguration d’une nouvelle ligne de trituration et du premier atelier de raffinage 100 % bio en France. Cette annonce révèle des investissements majeurs et témoigne d’une volonté de consolidation d’un circuit d’approvisionnement français, depuis la graine jusqu’au produit fini. L’ambition ? Renforcer durablement la compétitivité de l’agriculture biologique sur le territoire.
Nouvelle dynamique pour la production française de graines bio
Depuis plusieurs années, le marché français du bio s’est étendu avec rapidité, imposant la nécessité d’outils industriels à la hauteur des ambitions du secteur. Les acteurs de la filière oléagineuse en particulier (tournesol, colza, soja) cherchent à mieux s’organiser pour répondre à une demande en constante évolution. Dans ce contexte, le récent projet porté par OLÉOSYN BIO et AUROUZE apparaît comme un jalon décisif : il consolide la chaîne de valeur, permettant de transformer et valoriser des graines issues exclusivement de l’agriculture biologique.
À Thouars, dans les Deux-Sèvres, l’extension du site de trituration et la création d’un atelier de raffinage 100 % bio concrétisent un investissement conséquent. D’un côté, la capacité de transformation est portée à 55 000 tonnes toutes graines confondues (dont 30 000 tonnes de tournesol bio). De l’autre, la nouvelle ligne de raffinage permettra d’obtenir des huiles de haute qualité, à la fois pour la consommation domestique et pour l’industrie agroalimentaire ou cosmétique. Cette double infrastructure vient consolider un véritable « écosystème » local, avec des répercussions positives sur la compétitivité et la durabilité de la filière.
Face à l’ébranlement causé par l’inflation et l’instabilité des marchés, la décision de poursuivre l’investissement même en période de crise énergétique démontre la résilience des coopératives et des industriels. En conjuguant forces, moyens financiers et vision long terme, ils visent à consolider une agriculture 100 % française, locale et préservant les critères stricts du bio. Cette stratégie est essentielle pour répondre à la demande des consommateurs, tout en garantissant un revenu stable aux producteurs. Concrètement, le financement est partagé entre les acteurs industriels (AVRIL, CAVAC, TERRENA), Esfin Gestion, Sofiprotéol, la Région Nouvelle-Aquitaine, l’Union européenne et différents dispositifs publics tels que le plan « protéines » de FranceAgriMer.
OLÉOSYN BIO : un site modernisé et ambitieux
Le site de Thouars, géré par OLÉOSYN BIO, connaît une véritable métamorphose. Jusqu’ici, la production annuelle se limitait à 15 000 tonnes de tournesol bio. Grâce à cette extension, les lignes de trituration atteindront les 30 000 tonnes de tournesol par an, sans compter les volumes destinés à d’autres graines (comme le colza ou le soja). Au total, la capacité de transformation est donc portée à 55 000 tonnes, toutes graines confondues.
En plus de la hausse de capacité, le nouveau dispositif intègre un décortiqueur. Cet ajout permet d’optimiser l’extraction d’huile et de revaloriser les tourteaux, lesquels affichent alors une teneur en protéines bien plus élevée. C’est un avantage stratégique pour l’alimentation animale, secteur où l’on recherche des compléments protéinés de qualité, afin de limiter l’usage d’intrants externes.
Pourquoi miser sur cette technologie ? D’abord pour accroître le rendement en huile, réduire les pertes et mieux valoriser la matière première. Ensuite, pour répondre aux exigences d’une agriculture biologique plus stricte, où chaque étape du processus (de la culture à la transformation) doit être maîtrisée afin d’assurer la qualité, la traçabilité et la conformité réglementaire.
La double pression consiste à extraire successivement l’huile des graines via deux étapes de pressage mécanique, sans recours à des solvants chimiques. Ce procédé préserve les qualités organoleptiques et nutritionnelles de l’huile, tout en limitant l’impact environnemental.
AUROUZE : une innovation dans le raffinage bio
Parallèlement, AUROUZE s’apprête à finaliser la mise en service d’un atelier de raffinage exclusivement dédié à des huiles issues de l’agriculture biologique. L’investissement – estimé à 5,6 millions d’euros – bénéficie du soutien du Fonds Avenir Bio, de la Région Nouvelle-Aquitaine et de l’Union européenne. Cet atelier est une première en France, car il s’agit d’un dispositif conçu pour opérer un raffinage 100 % physique (sans adjuvant chimique), aligné sur les normes bio en vigueur.
Au-delà de la prouesse technique, cette innovation aura un impact direct sur la qualité des huiles produites. Les premiers lots raffinés sont attendus pour la fin juin 2025. Outre les huiles destinées au grand public (huiles de table), AUROUZE se positionne aussi comme fournisseur pour des industries agroalimentaires ou cosmétiques, qui exigent des matières premières toujours plus qualitatives, stables et traçables.
Cette orientation renforce la filière française de l’oléagineux bio : plutôt que de faire raffiner à l’étranger, les coopératives, agriculteurs et industriels peuvent compter sur une offre de services en circuit court. Cela garantit une plus grande souveraineté, une réduction de l’empreinte carbone liée au transport et une traçabilité optimale tout au long de la chaîne.
Bon à savoir : raffinage physique vs. chimique
Le raffinage physique emploie des techniques de filtration et de désodorisation à la vapeur, évitant l’usage d’agents chimiques. Il préserve mieux les qualités originelles de l’huile, critère essentiel pour répondre aux standards bio. À l’inverse, le raffinage chimique s’appuie sur des solvants tels que l’hexane. Plus rapide et moins coûteux, il est en revanche moins respectueux de l’environnement.
Des financements conjugués pour un projet d’envergure
Lorsqu’un tel chantier prend forme, la mobilisation financière doit être à la mesure des ambitions. Dans le cas présent, deux piliers majeurs se dégagent :
- OLÉOSYN BIO, qui investit 6,25 millions d’euros pour son extension de trituration, grâce notamment aux dispositifs de soutien de FranceAgriMer (plan « protéines »).
- AUROUZE, qui consacre 5,6 millions d’euros à la construction de son atelier de raffinage, soutenue par le Fonds Avenir Bio, la Région Nouvelle-Aquitaine et l’Union européenne.
À ces montants s’ajoutent la participation de Sofiprotéol et d’Esfin Gestion, ainsi que l’implication stratégique des groupes Avril, Cavac et Terrena. Alors que l’inflation pèse sur l’ensemble des acteurs de la chaîne, ces investissements soulignent la volonté commune de pérenniser une filière locale, écoresponsable et en phase avec les nouvelles attentes sociétales.
En pratique, il s’agit de maintenir un équilibre entre viabilité économique et engagement durable. Les consommateurs recherchent de plus en plus des produits bio, locaux et de qualité, mais restent sensibles à la question du prix. Pour tenir cet objectif, le renforcement des capacités de production et l’optimisation des procédés industriels peuvent entraîner, à terme, une réduction des coûts unitaires et un meilleur positionnement de l’offre française.
Enjeux de compétitivité dans la filière oléagineuse
La bataille pour la compétitivité est particulièrement sensible dans le secteur bio. Les producteurs, transformateurs et distributeurs doivent composer avec des coûts de production élevés, liés notamment au respect du cahier des charges de l’agriculture biologique (absence de pesticides de synthèse, rotation des cultures, etc.). De plus, la volatilité des matières premières sur les marchés internationaux peut fragiliser certaines exploitations.
Pourtant, plusieurs leviers peuvent être actionnés afin d’améliorer la performance de la filière. En premier lieu, la mutualisation des outils de transformation (pressage et raffinage) réduit les risques de dépendance vis-à-vis des prestataires extérieurs et limite les frais logistiques. En second lieu, la recherche et l’innovation, comme l’usage du décortiqueur ou l’implémentation de nouveaux procédés de cuisson, participent à une extraction toujours plus efficace de l’huile.
Au-delà de ces considérations techniques, la question du développement des marchés reste cruciale. Les entreprises du secteur cherchent à nouer des liens solides avec la grande distribution, la restauration hors foyer et l’exportation. Cette diversification des canaux de vente est essentielle pour sécuriser les débouchés et répartir les risques. Dans le même temps, l’essor de marques spécialisées dans le bio et la demande croissante pour des produits locaux donnent un élan prometteur à l’huile de tournesol ou de colza « made in France ».
Oléagineux : plantes dont on extrait une huile (tournesol, colza, soja, arachide, lin...). En France, le tournesol et le colza figurent parmi les plus répandus.
Trituration : ensemble des opérations industrielles visant à extraire l’huile des graines (décorticage, cuisson, pressage, etc.).
Tourteau : résidu solide obtenu après extraction de l’huile. Riche en protéines, il est utilisé pour l’alimentation animale.
L’importance d’une filière 100 % française
Derrière les investissements à Thouars se cache un engagement plus vaste : consolider une filière intégralement française, de la graine jusqu’au produit fini. Cette ambition, portée par les actionnaires industriels, répond à plusieurs impératifs.
Premièrement, la souveraineté alimentaire. Face aux aléas géopolitiques (comme la guerre en Ukraine) et aux disruptions de la chaîne d’approvisionnement, il est essentiel de miser sur des ressources locales. En s’appuyant sur l’expertise de coopératives régionales (Cavac et Terrena) et sur des agriculteurs aux quatre coins de l’Hexagone, OLÉOSYN BIO et AUROUZE renforcent la robustesse du circuit.
Deuxièmement, la protection de l’environnement. En diminuant les distances de transport et en garantissant la traçabilité des graines, on réduit l’empreinte carbone et on encourage de bonnes pratiques agricoles. Les producteurs bio peuvent ainsi s’engager sur plusieurs années, avec des contrats pluriannuels qui sécurisent la production.
Troisièmement, la valorisation du label biologique auprès des consommateurs. Alors que l’inflation met parfois en péril le pouvoir d’achat, l’offre d’huiles bio certifiées et tracées (réellement issues de sols français) est un atout de différenciation sur le marché. Dans cette optique, la filière cherche à maîtriser ses coûts pour rendre le bio accessible au plus grand nombre, tout en maintenant un niveau d’exigence élevé.
Chiffres clés sur la production chez OLÉOSYN BIO
55 000 tonnes : capacité totale de trituration après extension.
30 000 tonnes : volume dédié au tournesol bio, doublé par rapport aux 15 000 tonnes précédentes.
25 000 tonnes : capacité potentielle pour le soja bio.
Plus de 500 producteurs engagés, représentant 10 000 hectares en bio.
Le soutien des coopératives agricoles
Les coopératives Cavac et Terrena jouent un rôle crucial dans l’approvisionnement du site de Thouars. Elles regroupent des centaines de producteurs dans les régions Grand Ouest, Sud-Ouest et Centre-Est de la France, ce qui garantit un flux régulier de graines. Les surfaces cultivées en bio dépassent les 10 000 hectares, offrant ainsi des volumes suffisants pour alimenter la trituration toute l’année.
L’implication des coopératives ne se limite pas à la simple livraison : elles œuvrent à l’accompagnement technique des agriculteurs, veillent au respect des normes bio et négocient des contrats pluriannuels. Cette démarche « gagnant-gagnant » renforce la confiance des producteurs, qui bénéficient d’une certaine visibilité économique, tout en permettant aux coopératives de sécuriser leurs approvisionnements.
Ainsi, lorsque la trituration et le raffinage se font in situ, les coopératives peuvent directement contrôler la qualité, vérifier la teneur en graines oléagineuses et garantir une traçabilité irréprochable. Chaque fournisseur fait l’objet d’un audit régulier avant toute livraison, afin de veiller à la conformité des graines et prévenir tout risque de contamination ou de non-respect du cahier des charges bio.
Les Contrats Agriéthiques sont des accords pluriannuels garantissant un prix minimum aux producteurs, une juste rémunération, et un approvisionnement régulier pour les transformateurs. Ils renforcent la transparence et la stabilité dans la filière, un élément essentiel pour pérenniser le bio.
L’histoire d’AUROUZE : 30 ans de solutions biologiques
Fondée en 1990 dans une démarche familiale, AUROUZE est rapidement devenue un acteur incontournable du bio en France. À l’origine, l’entreprise se concentrait sur la meunerie, mais elle a su élargir son champ d’action afin de proposer des solutions de transformation toujours plus abouties.
Depuis trois décennies, AUROUZE fait le pari d’une agriculture respectueuse, privilégiant des circuits courts et un accompagnement technique des agriculteurs. Cette logique s’inscrit dans la durabilité, avec l’objectif de réduire l’empreinte carbone, d’assurer des débouchés équitables et de développer la filière bio dans son ensemble. Devenue filiale bio d’Avril, l’entreprise capitalise aujourd’hui sur sa connaissance du marché et sur ses partenariats de long terme.
L’atelier de raffinage, implanté à Thouars, est l’aboutissement d’une philosophie qui vise à intégrer toute la chaîne de valeur sur un même site : du champ au produit final. Grâce à cette approche « verticalisée », AUROUZE peut garantir un niveau élevé de qualité, de sécurité sanitaire et de respect environnemental, ce qui séduit de plus en plus de clients en France comme à l’étranger.
Une filière résiliente face aux aléas
La crise énergétique liée à la guerre en Ukraine n’a pas épargné le secteur agroalimentaire. Le coût de l’énergie impacte directement les étapes de transformation (notamment la cuisson, le pressage et le raffinage), tandis que l’inflation globale pèse sur la demande des consommateurs. Dans ce contexte, certaines entreprises ont préféré geler leurs projets d’investissement.
Contrairement à cette tendance, OLÉOSYN BIO et AUROUZE ont choisi de maintenir le cap et de continuer leurs développements. Les actionnaires considèrent que la hausse du prix de l’énergie n’est pas un phénomène conjoncturel, mais invite au contraire à renforcer l’autonomie et la compétitivité de la filière. En disposant d’un outil industriel plus performant et moins dépendant de partenaires extérieurs, ils espèrent générer d’importantes économies d’échelle sur le moyen et long terme.
Cette résilience témoigne également de la foi dans l’agriculture biologique française, qui demeure un pilier de la transition agroécologique. En soutenant un réseau de producteurs engagés, les coopératives et les industriels perpétuent la dynamique d’un secteur en recherche d’innovations (décorticage, pressage double, procédés de raffinage physiques…), tout en sécurisant les débouchés pour les années à venir.
Un site industriel en fonctionnement continu
Derrière les chiffres d’investissement se cache une réalité concrète : l’usine tourne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, afin d’absorber l’ensemble des volumes de graines réceptionnées. Les équipes, composées d’une onzaine de personnes, sont formées pour maîtriser aussi bien la trituration que le raffinage, ce qui exige une grande polyvalence.
L’ajout d’un atelier de raffinage 100 % bio nécessite par ailleurs des contrôles renforcés, car la désodorisation et la stabilisation de l’huile doivent s’effectuer dans des conditions de propreté et de traçabilité irréprochables. Les opérateurs suivent donc des protocoles précis, validés par des audits internes et externes, pour s’assurer que les standards du label bio sont préservés à chaque étape.
Cette rigueur industrielle se double d’un esprit d’innovation : le site de Thouars souhaite continuellement améliorer ses procédures, de la maintenance préventive des machines à l’optimisation des flux logistiques, afin de rester à la pointe de la compétitivité.
Vers un renforcement de la compétitivité du bio
Bien que le bio soit porté par des exigences de qualité et de durabilité, ses coûts de production restent plus élevés que dans l’agriculture conventionnelle. Pour conserver un marché solide, il faut donc rendre ces produits accessibles en termes de prix, sans pour autant compromettre les engagements environnementaux.
C’est là que réside l’un des principaux défis pour OLÉOSYN BIO et AUROUZE : accroître les volumes transformés pour obtenir des économies d’échelle, réduire les coûts de production et garantir aux consommateurs un tarif raisonnable. Le pari repose sur le maintien d’une demande suffisante en huiles bio, conditionnée à la fois par la sensibilisation du grand public et l’appui de la distribution (grandes surfaces, enseignes spécialisées, acteurs de la restauration collective).
Le fait de rapprocher la trituration et le raffinage sur un même site est également un atout pour la rentabilité : moins de transports intermédiaires, un pilotage conjoint des installations, et un suivi plus efficace des stocks. Cette intégration verticale limite le recours à des prestataires extérieurs et améliore la capacité d’adaptation aux fluctuations de la demande.
Encadrer la qualité et la sécurité alimentaire
Dans la filière des huiles bio, la traçabilité est cruciale. Les consommateurs, de plus en plus sensibles à l’origine des produits et aux méthodes de production, veulent être assurés de l’absence de résidus chimiques. Pour cela, OLÉOSYN BIO et AUROUZE s’appuient sur un réseau d’audits, de certifications et de contrôles menés à chaque étape (de la réception des graines au conditionnement final).
La sécurité est un autre point fondamental : dans l’industrie agroalimentaire, tout manquement à l’hygiène peut entraîner le retrait de lots entiers, voire des scandales médiatiques dommageables. Les sites de transformation disposent donc d’équipements de pointe, tels que des détecteurs de métaux, des systèmes de filtration avancés et des laboratoires internes pour vérifier la qualité des huiles produites.
Enfin, la formation du personnel représente un investissement essentiel. Sur un site où plusieurs opérations complexes cohabitent (pressage, décorticage, double pression, désodorisation, etc.), il est indispensable que chaque opérateur connaisse parfaitement les protocoles de sécurité et maîtrise les spécificités du label bio.
Le regard des experts : pourquoi miser sur ce projet ?
Selon plusieurs analystes du secteur, la démarche d’OLÉOSYN BIO et d’AUROUZE est emblématique d’une évolution structurelle : l’agrandissement et la modernisation des outils de transformation bio permettent d’assurer la montée en puissance de la filière. Ceci est d’autant plus important dans un contexte où l’Hexagone souhaite réduire sa dépendance aux importations, en particulier pour les protéines végétales.
La modernisation d’une telle chaîne de production ne fait pas qu’augmenter les volumes : elle stabilise les emplois, renforce les territoires ruraux et soutient une agriculture plus durable. Les acteurs industriels mettent en avant la nécessité de répondre à des attentes sociétales fortes, notamment en matière de traçabilité, de réduction de l’empreinte carbone et de bien-être animal. Les tourteaux plus riches en protéines sont en effet un complément alimentaire idéal pour les animaux d’élevage, réduisant la dépendance aux importations de soja hors UE.
Cet investissement massif demeure toutefois un pari sur l’avenir. Le marché du bio a été fragilisé par l’inflation et par des disparités régionales dans la consommation. Pour que ces nouvelles capacités industrielles soient pleinement utilisées, il faudra maintenir la confiance des consommateurs et, idéalement, encourager l’expansion de la filière auprès de nouveaux producteurs.
Stratégies pour assurer la pérennité de l’initiative
L’ambition est clairement affichée : bâtir un écosystème pérenne en misant sur l’excellence et la compétitivité. Plusieurs pistes se dégagent pour assurer la pérennité du projet :
- Diversifier les débouchés : en plus des huiles alimentaires, OLÉOSYN BIO et AUROUZE ciblent l’industrie cosmétique et l’agroalimentaire. Les huiles désodorisées, par exemple, sont très prisées dans certains segments.
- Renforcer la communication autour du label bio français, soulignant le bénéfice d’une production locale tracée, plus respectueuse de l’environnement et gage de qualité.
- Poursuivre la R&D : développer d’autres procédés de valorisation des coproduits (tourteaux, coques, etc.) pour accroître la rentabilité globale.
- Encourager l’engagement des agriculteurs : par des contrats de longue durée et un accompagnement technique renforcé, afin d’inciter davantage de surfaces agricoles à se convertir au bio.
- Optimiser la logistique : rapprocher producteurs, industriels et distributeurs, minimiser les distances de transport et les coûts associés.
Si ces leviers sont correctement activés, la filière oléagineuse bio pourrait devenir un modèle de réussite française dans la transformation agroalimentaire, limitant les importations et créant de la valeur ajoutée sur le territoire national.
Le pari de la massification pour rester compétitifs
En rassemblant leurs volumes, les acteurs industriels (AVRIL, CAVAC, TERRENA…) cherchent à massifier la production et limiter les dispersions. Cette stratégie, soutenue financièrement par plusieurs institutions, vise à proposer des huiles bio à des coûts plus attractifs, répondant aux besoins de marchés divers (grande distribution, magasins spécialisés, horeca…).
Pour réussir, il faut cependant veiller à ce que la massification ne soit pas synonyme de standardisation à outrance. Le consommateur de bio reste souvent attaché à la notion de terroir, de variété et de typicité des produits. Les industriels devront donc conserver une certaine flexibilité, afin de produire des huiles aux profils organoleptiques variés (oléique, linoléique...) tout en maintenant des process de qualité.
Dans cette optique, l’utilisation du décortiqueur pour améliorer le rendement d’extraction et la qualité des tourteaux montre bien que la R&D joue un rôle central pour relever le défi de la massification. Le but : augmenter les volumes tout en préservant les qualités intrinsèques des graines.
Perspectives pour une agriculture bio renforcée
Alors que la fin juin 2025 marquera la commercialisation des premières huiles raffinées d’AUROUZE, le cap est déjà mis sur l’après : agrandir davantage le périmètre, améliorer encore la compétitivité et stimuler l’adoption du bio sur tout le territoire. Les porteurs du projet soulignent à quel point il est crucial de redonner confiance aux consommateurs, afin d’amplifier la dynamique déjà enclenchée.
L’avenir repose également sur la capacité à innover, tant dans la recherche de nouvelles variétés de graines (plus résistantes, plus riches en acides gras de qualité) que dans la modernisation des processus industriels. Le soutien des pouvoirs publics reste essentiel pour accompagner les évolutions et amortir les coûts inhérents aux nouvelles technologies.
En fin de compte, ce projet commun OLÉOSYN BIO – AUROUZE représente une alliance solide et pragmatique entre des groupes coopératifs et des industriels déterminés à structurer une filière dont l’ADN est profondément ancré dans le développement durable. Au-delà des chiffres et des équipements high-tech, c’est l’ensemble d’un écosystème qui se consolide. Pour les producteurs, il s’agit d’une opportunité de valoriser leurs récoltes dans un circuit national intégré. Pour les consommateurs, c’est la garantie d’accéder à des produits bio, traçables et locaux.
En conjuguant ambition technologique et synergie des acteurs, la filière oléagineuse bio française confirme sa capacité à relever les défis économiques et environnementaux d’aujourd’hui et de demain.