Un nouvel instrument d’investissement entre en scène pour capter la dynamique européenne de la défense, de l’espace et de la cybersécurité. Xtrackers, la gamme d’ETF de DWS, annonce un fonds indiciel qui réplique un indice STOXX couvrant ces trois segments. L’initiative conforte une tendance nette à la spécialisation thématique, alors que les investisseurs recherchent une exposition plus lisible aux revenus militaires et aux technologies duales.

Un etf thématique pour capter défense, espace et cybersécurité

Le fonds, baptisé Xtrackers European Defence, vise à reproduire la performance d’un indice STOXX orienté défense, espace et cybersécurité. La méthodologie s’appuie sur la sélection d’actions européennes cotées dont une part substantielle des revenus, des activités ou du portefeuille de brevets est liée à ces domaines.

L’objectif annoncé est d’offrir une exposition directe aux moteurs de croissance du complexe défense-e.space-cyber, tout en respectant des règles de diversification strictes. La démarche fait écho aux études récentes mettant en avant l’intérêt des investisseurs pour des expositions dites pures, où la corrélation aux revenus militaires est explicite et mesurable (source : blog STOXX).

Les informations disponibles à ce stade ne précisent pas la date de première cotation ni le lieu exact d’inscription. Toutefois, la stratégie s’aligne sur les lancements récents d’ETF thématiques en Europe, qui répondent à la montée en puissance des besoins sécuritaires et au réarmement industriel sur le continent.

Points clés à retenir

1. Exposition ciblée à la défense, l’espace et la cybersécurité via un indice STOXX.

2. Pondération plafonnée par action pour limiter les concentrations, un point essentiel dans un secteur où quelques leaders dominent.

3. Positionnement à l’intersection des besoins stratégiques européens et de la demande d’outils d’investissement thématiques.

Architecture de l’indice et garde-fous de construction

Le panier d’actions répliqué par l’ETF couvre trois piliers complémentaires : fabricants d’équipements de défense, technologies et services liés à l’espace, solutions de cybersécurité et de protection des systèmes. L’univers est européen, avec une sélection qui privilégie les émetteurs dont l’empreinte sur ces marchés est significative.

Sur le plan méthodologique, la pondération suit la capitalisation boursière flottante avec une limite de 10 % par titre. Ce plafond réduit le risque de concentration et favorise une répartition plus équilibrée entre grandes capitalisations et acteurs de taille intermédiaire, souvent plus orientés sur des niches technologiques.

L’indice ne se restreint pas aux pure players historiques de l’armement. Il intègre des sociétés positionnées sur les technologies duales : capteurs, propulsion, optronique, satellites d’observation, sécurisation des communications, services de cybersurveillance. Ce choix reflète la réalité industrielle européenne où l’innovation naît des convergences entre civil et militaire.

La « pureté » n’est pas un label unique mais un faisceau d’indicateurs : pourcentage de chiffre d’affaires issu de programmes militaires, portefeuille de brevets orientés défense, part des commandes publiques versus civiles, positionnement dans des chaînes critiques. Plus ce faisceau est homogène, plus l’exposition est considérée comme « pure » pour l’investisseur à la recherche d’une corrélation nette avec le cycle de dépenses militaires.

Dans la pratique, cette architecture a deux effets positifs. D’abord, elle réduit la volatilité idiosyncratique liée aux annonces de contrats de très grande taille sur un seul émetteur. Ensuite, elle favorise une couverture plus large des thématiques émergentes, comme l’intégration souveraine des constellations de satellites ou la protection des infrastructures critiques.

Le cap de 10 % évite que l’ETF ne devienne un quasi-monotitre lorsque la valorisation de quelques leaders s’envole. Il limite le bêta spécifique, stabilise le profil risque-rendement et fluidifie les rééquilibrages lors des revues de l’indice. L’investisseur y gagne en diversification effective sans renoncer à l’exposition au cœur de la chaîne de valeur défense-espace-cyber.

Lecture sectorielle 2025 : moteurs de performance et acteurs dominants

L’écosystème européen de la défense a accéléré ces deux dernières années, porté par la hausse des commandes, la priorité donnée à la résilience des chaînes d’approvisionnement et la montée en gamme technologique. La demande ne provient pas uniquement des armées nationales. Les programmes conjoints, encouragés au niveau européen, structurent l’offre et les calendriers de livraison.

Cette dynamique s’appuie également sur le redéploiement des investissements cybersécurité, à mesure que les administrations et les groupes privés renforcent leurs capacités de détection et de réaction. La composante spatiale bénéficie quant à elle de l’activité soutenue autour des constellations, de l’imagerie et des communications sécurisées.

La littérature sectorielle a mis en évidence une surperformance des valeurs défense en 2025 par rapport aux indices généralistes, dans un contexte international tendu et d’investissements soutenus dans les capacités hautement stratégiques (source : blog STOXX). Cette surperformance n’est pas linéaire, mais les flux d’ordres récurrents et la visibilité à moyen terme sur certains programmes procurent un socle de croissance aux groupes structurants.

Chaîne de valeur : où se joue la création de valeur

La performance boursière ne se concentre pas uniquement sur l’armement fini. Une part importante se joue dans les sous-systèmes et services à forte barrière à l’entrée :

  • Propulsion, turbines, moteurs et systèmes de guidage.
  • Électronique, capteurs, optronique, radars et communications sécurisées.
  • Cybersécurité des plateformes et des réseaux OT-IT.
  • Services orbitaux, observation et intelligence géospatiale.

Panorama d’émetteurs européens souvent représentés

Les indices thématiques dédiés à la défense et à l’espace en Europe font émerger un noyau d’acteurs majeurs. Chacun occupe une position clé dans des sous-segments à forte intensité technologique. Les exemples ci-dessous illustrent la diversité des profils et des flux de revenus.

Safran : propulsion et avionique au cœur des programmes

Groupe français de premier plan, Safran combine motorisation, équipements et avionique. Sa contribution aux moteurs d’avions militaires et aux systèmes embarqués en fait un acteur central des programmes européens. Sa capitalisation boursière s’est hissée à des niveaux élevés en 2025, reflet de la visibilité sur les carnets d’ordres civils et militaires.

Le levier technologique vient des compétences en propulsion et systèmes, qui irriguent les plateformes aéronautiques. Safran bénéficie aussi d’un réseau de filiales et de joint-ventures qui renforcent sa présence dans les chaînons critiques, du contrôle moteur à la navigation.

Airbus : plateformes, espace et défense intégrée

Airbus, acteur européen de référence, couvre les aéronefs, l’espace et des activités de défense qui soutiennent des programmes stratégiques. La taille du groupe et la profondeur de son carnet sécurisent une partie de la visibilité sur les flux de revenus.

Sur l’espace, Airbus joue un rôle clé dans les infrastructures orbitales et la sécurisation des communications. Sur la défense, le portefeuille couvre avions militaires, hélicoptères et services. Cette transversalité renforce la capacité du groupe à mutualiser les investissements R&D sur des briques technologiques duales.

Rheinmetall : montée en puissance et capacités industrielles

Le groupe allemand a renforcé ses capacités de production et sa base technologique pour répondre à l’accélération des commandes. Les équipements terrestres, les munitions et les systèmes intégrés constituent un socle de croissance, avec des investissements destinés à accroître les cadences et à sécuriser les approvisionnements.

Rheinmetall illustre la transformation des carnets vers des horizons plus longs, portés par des programmes multinationaux et des besoins de recomplètement des stocks.

Bae systems : portefeuille large et programmes souverains

BAE Systems s’appuie sur un portefeuille couvrant une large gamme de systèmes, du naval à l’aérien. La société tire parti d’un environnement où les programmes souverains et partenariats avec les États structurent la demande. Son modèle économique combine plateformes et services de soutien, ce qui stabilise les marges sur le cycle.

La stratégie d’innovation se concentre sur les sous-systèmes critiques et la digitalisation des plateformes, avec une attention croissante aux enjeux cyber.

Rolls-royce : moteurs et souveraineté industrielle

Rolls-Royce est un maillon majeur de la propulsion, y compris pour des applications militaires. Les développements en motorisation et systèmes associés soutiennent la souveraineté industrielle dans l’aéronautique de défense. L’entreprise bénéficie d’une base installée conséquente qui génère des revenus de services dans la durée.

L’amélioration opérationnelle et l’optimisation des activités contribuent à la trajectoire de cash-flow, un facteur apprécié par le marché.

Thales : électronique de défense et cybersécurité

Thales incarne la convergence défense-cyber. L’entreprise adresse les capteurs, communications, systèmes de commandement et la cybersécurité, y compris la protection des infrastructures critiques. Elle se positionne également sur l’espace, avec des charges utiles et des services associés.

Cette diversification technologique sur des marchés régaliens et privés confère une résilience des revenus, tout en offrant des relais de croissance dans la cyberprotection.

Des conglomérats ou fournisseurs transverses peuvent être retenus dès lors qu’une part identifiée de leur activité est éligible selon la grille thématique STOXX : revenus liés à la défense, activités spatiales, solutions de cybersécurité. L’éligibilité tient à la matérialité de ces segments dans le profil économique de l’entreprise, même si elle reste diversifiée.

Regards d’un investisseur français : cadre légal, éligibilité et contraintes

Pour un investisseur basé en France, plusieurs paramètres réglementaires et opérationnels doivent être examinés avant d’allouer du capital sur un ETF défense. Première question : l’éligibilité au PEA. Les ETF thématiques de ce type sont souvent domiciliés au Luxembourg ou en Irlande et ne répondent pas aux critères d’éligibilité au Plan d’épargne en actions, ce qui oriente vers un compte-titres ordinaire.

Sur le volet juridique, la France encadre strictement le financement de certaines armes controversées. La loi française interdit la participation au financement des mines antipersonnel et des sous-munitions. Les émetteurs d’ETF UCITS, dont Xtrackers, appliquent généralement des exclusions normatives couvrant ce périmètre, en cohérence avec les engagements légaux et les politiques internes des gérants.

La documentation clé de l’ETF précisera les aspects de conformité, la politique d’exclusions et la classification SFDR. Pour des thématiques défense, la classification SFDR se situe le plus fréquemment dans l’article 6, l’intégration ESG se concentrant alors sur la gestion des risques de durabilité sans objectif d’investissement durable.

En compte-titres, les distributions perçues et les plus-values réalisées entrent dans le champ du prélèvement forfaitaire unique, sauf option pour le barème. L’investisseur doit vérifier la nature du fonds (capitalisant ou distribuant) et la fréquence de distribution, qui influent sur la trésorerie et le profil fiscal annuel.

La connaissance-produit au sens de MiFID II est un autre point d’attention. Un ETF thématique sur la défense peut être classé en produit non simple compte tenu des risques sectoriels, de la volatilité et de la spécificité de l’indice. Les intermédiaires devront s’assurer de l’adéquation du produit avec le profil et les objectifs de l’investisseur.

Bon à savoir pour l’investisseur français

  1. PEA : la plupart des ETF thématiques internationaux ne sont pas éligibles. Vérifier la notice produit.
  2. Exclusions légales : la France interdit le financement de certaines armes. Les indices et ETF s’alignent généralement sur ces règles.
  3. SFDR : un ETF défense est habituellement article 6, avec une approche centrée sur la gestion des risques de durabilité.
  4. Documentation : consulter le DIC, le prospectus et la politique d’exclusions avant toute souscription.

Chaîne européenne de financement : programmes publics et momentum de marché

Sur le terrain, la dynamique industrielle est soutenue par des dispositifs européens de coopération et de financement, qui encouragent les projets transfrontaliers, la standardisation des solutions et la consolidation des filières. Ces initiatives facilitent l’émergence de champions et la montée en capacité de production, notamment sur les équipements et sous-systèmes stratégiques.

Les salons et rencontres sectorielles ont mis en exergue en 2025 le rôle croissant des innovations dans trois domaines clés : drones et systèmes autonomes, satellites et charges utiles, cybersécurité avancée. Ils ont également documenté les retours d’expérience opérationnels dotés d’un effet d’entraînement sur la demande d’équipements nouvelle génération.

Le cadre européen s’inscrit dans la durée et soutient la coopération industrielle. Cette stabilité est décisive pour les acteurs cotés, car elle sécurise des trajectoires d’investissement en R&D et réduit le risque d’interruption de programmes, un sujet historiquement sensible dans l’aéronautique-défense.

Les flux se structurent autour d’investisseurs à horizon long, souvent institutionnels, à la recherche d’une exposition lisible aux budgets de défense et à la cybersécurité. Le marché observe aussi des souscriptions tactiques de la part de gestionnaires allocataires, en appui de vues macro sur les dépenses publiques et l’agenda de commandes.

Au-delà de Xtrackers, d’autres émetteurs ont décliné des stratégies voisines pour répondre à la demande internationale, y compris en listant des produits sur des places asiatiques. L’appétit pour l’exposition européenne à la défense témoigne d’un intérêt dépassant les frontières et d’une volonté de capter des technologies peu substituables.

Qui est xtrackers et comment s’articule sa stratégie

Xtrackers est la plateforme ETF de DWS. L’émetteur s’est imposé au fil des années comme un fournisseur de fonds indiciels couvrant classes d’actifs, zones géographiques et thématiques, via des réplications physiques ou, selon la stratégie, des réplications synthétiques.

La gamme a connu des extensions récentes sur des indices américains larges, confirmant une stratégie de couverture multi-régions et multi-approches. Le lancement d’un ETF dédié à la défense européenne s’inscrit dans ce mouvement d’élargissement, en apportant une brique complémentaire ciblant les infrastructures critiques et les technologies souveraines.

Pour les investisseurs français, le positionnement de Xtrackers dans l’univers UCITS est un atout en termes de cadre réglementaire et de transparence : publication d’un DIC, politique d’exclusions documentée, et gouvernance de gestion. Le tout forme un socle indispensable pour un produit thématique sur un secteur sensible.

Trois questions à se poser avant d’investir

  • Exposition réelle : quelle est la part des revenus de l’indice provenant de la défense par rapport à l’espace et au cyber, et est-ce aligné avec mon intention d’allocation
  • Risque de concentration : quel est le poids cumulé des cinq premières lignes et quelle est la corrélation aux budgets de défense nationaux
  • Intégration ESG : quelles exclusions sont appliquées et comment le gérant traite les sujets de conformité et de droits humains dans la chaîne d’approvisionnement

Risques, valorisations et grille de lecture pour 2025-2026

Un ETF thématique sur la défense agrège des risques spécifiques. Le premier est le profil de cycle budgétaire : si les priorités de dépenses évoluent, la visibilité sur les commandes peut se réduire. Un second est le risque d’exécution industrielle, surtout lorsque les montées en cadence sont très fortes et exigent des investissements logistiques et humains considérables.

La sensibilité aux annonces de grands contrats et aux arbitrages politiques constitue un troisième risque, qui peut créer des phases de volatilité. Enfin, la chaîne d’approvisionnement, de la microélectronique aux poudres et explosifs, reste un point d’attention structurel, imposant une vigilance sur les capacités de substitution et les délais.

Sur les valorisations, le marché a repris une prime sur les profils considérés comme clés pour la souveraineté. Les multiples intègrent un scénario d’effort de défense durable, mais la dispersion demeure forte selon la qualité d’exécution, l’intensité capitalistique et la part de revenus récurrents. La sélection indicielle tempère l’arbitrage idiosyncratique, mais ne l’annule pas complètement.

Une surperformance ponctuelle n’implique pas une tendance illimitée. L’investisseur doit la confronter à la visibilité des carnets, à l’état des chaînes d’approvisionnement et à la discipline d’allocation du capital chez les émetteurs. Un ETF sectoriel dilue le risque spécifique, mais reste exposé au bêta du thème.

La cybersécurité ajoute une dimension de croissance structurelle. Les dépenses augmentent à mesure que les menaces évoluent et que la régulation impose des normes plus strictes, notamment sur la protection des données et la continuité des services. La composante logicielle peut apporter un profil de croissance et des marges différentes des plateformes matérielles, ce qui diversifie les moteurs de performance au sein de l’ETF.

Décryptage esg : entre sécurité, éthique et gouvernance

Investir dans la défense soulève des questions ESG nuancées. De nombreux investisseurs distinguent les activités prohibées par la loi ou par leurs politiques d’exclusion spécifiques et les activités de défense dites conventionnelles, considérées comme contribuant à la sécurité et à la protection des populations.

La gouvernance est centrale : traçabilité des ventes, conformité export, diligence sur les clients et usage final, ainsi que respect des cadres internationaux. Les groupes européens publient des rapports de durabilité détaillant leurs engagements, la réduction de l’empreinte carbone sur les opérations et l’intégration des enjeux de droits humains dans les chaînes d’approvisionnement.

Pour un ETF, l’enjeu consiste à documenter la politique d’exclusions, à expliciter les critères d’éligibilité de l’indice et à signaler la classification SFDR. Les investisseurs professionnels complètent ce cadre par leurs propres grilles d’analyse et par des dialogues avec les émetteurs sur la gouvernance des risques.

ESG dans la défense : lignes de force

  • Exclusions normatives : armes controversées et non conformes au droit international.
  • Transparence : politique export, gouvernance et traçabilité des usages finaux.
  • Opérations : trajectoires de décarbonation sur l’énergie, la logistique et la supply chain.
  • Cyber : rôle dans la protection des infrastructures essentielles et la résilience des services publics.

Derniers repères pour une allocation avisée

Le lancement du Xtrackers European Defence s’inscrit dans une phase d’innovation financière où l’offre d’ETF s’aligne sur les besoins stratégiques européens. La thématique défense-espace-cyber offre des points d’entrée lisibles pour diversifier un portefeuille actions et capter un socle de dépenses considérées comme prioritaires par les décideurs publics.

Pour un investisseur en France, l’équation gagnante repose sur trois piliers : lecture attentive de la méthodologie de l’indice, compréhension des risques propres à la chaîne de valeur et examen rigoureux du cadre réglementaire et ESG. Ce triptyque permet d’aborder la thématique avec discernement, dans un environnement où les enjeux de souveraineté et de sécurité s’installent dans la durée.

En synthèse, l’ETF de Xtrackers dédié à la défense européenne propose une exposition structurée à un thème devenu central, à condition d’en maîtriser les ressorts sectoriels, les règles d’indice et les implications réglementaires propres au marché français.