Virbac maintient sa croissance malgré un recul de rentabilité
Virbac annonce un chiffre d'affaires de 738,3 M€ en hausse de 5,6 % pour 2025, tout en ajustant sa stratégie de rentabilité.

738,3 millions d’euros au premier semestre 2025 : Virbac publie un niveau d’activité en progression, tout en assumant un tassement de sa rentabilité. Le spécialiste français de la santé animale maintient néanmoins sa trajectoire annuelle, misant sur l’innovation, des arbitrages industriels et une gouvernance stabilisée pour sécuriser sa feuille de route.
Croissance du chiffre d’affaires et effets produits en soutien
Le groupe basé à Carros annonce un chiffre d’affaires de 738,3 millions d’euros sur six mois, en hausse de 5,6 % par rapport à la même période de 2024. La dynamique est présentée comme saine et bien répartie par la direction financière, portée par le renouvellement du portefeuille et l’accueil commercial favorable d’innovations récentes.
Deux lancements ciblant des pathologies chez le chien et le chat ont contribué à ce rythme. Le pipeline 2025 doit encore livrer deux nouveautés d’ici la fin de l’année, dont une promesse structurante : le premier aliment médicamenteux pour animaux du groupe. À ce stade, aucun détail additionnel n’est communiqué sur l’indication visée ou les marchés prioritaires, mais la direction met en avant l’effet de gamme recherché et le renforcement de l’offre en santé animale de compagnie.
Qui est virbac ?
Fondée en 1968 par le vétérinaire Pierre-Richard Dick, Virbac s’est imposée comme un acteur majeur de la pharmaceutique vétérinaire. Le groupe indique une présence dans plus de 100 pays et environ 6 400 salariés.
En 2024, le chiffre d’affaires a atteint 1,397 milliard d’euros. Le siège de Carros concentre des activités de recherche, de développement et de production, qui s’inscrivent au cœur du modèle du groupe.
Indicateurs clés du semestre chez Virbac
Points saillants à retenir pour le 1er semestre 2025 :
- Chiffre d’affaires : 738,3 millions d’euros, en progression de 5,6 %.
- Lancements : deux produits récents sur les marchés chien et chat, deux autres à venir d’ici fin 2025.
- Pipeline : un premier aliment médicamenteux pour animaux annoncé pour 2025.
- Géographie : Europe et Amérique du Nord en soutien, Pacifique en retrait.
Performance opérationnelle en retrait et facteurs conjoncturels identifiés
Le résultat opérationnel courant avant amortissement des actifs issus d’acquisitions s’établit à 135 millions d’euros, en repli de 10,2 % par rapport au premier semestre 2024, qui atteignait 150,4 millions d’euros. Le groupe relie cette contraction à des éléments conjoncturels et à un arrêt technique de maintenance sur un site de production. La direction financière souligne que la marge recule depuis un sommet élevé en 2024, mais demeure conforme au cadrage interne, le redémarrage devant permettre d’absorber davantage de coûts fixes au second semestre.
Ce profil contraste avec la dynamique de revenus et rappelle un arbitrage classique dans l’industrie pharmaceutique vétérinaire : des innovations qui tirent le chiffre d’affaires, mais un effet de ciseaux temporaire lorsque les contraintes industrielles et l’inflation des intrants pèsent sur la marge. Dans ce contexte, la priorité à court terme consiste à normaliser les cadences et à continuer d’alimenter la croissance par l’exécution commerciale des nouvelles références.
Il s’agit d’un agrégat opérationnel qui exclut l’effet des amortissements liés aux actifs identifiés lors d’acquisitions passées. Cet indicateur, utilisé par de nombreux groupes, vise à apprécier la performance récurrente sans l’impact des charges d’amortissement spécifiques à l’allocation du prix d’achat. Il ne remplace pas les référentiels comptables mais apporte une lecture complémentaire de la profitabilité.
Carte des marchés : europe et amérique du nord en appui, pacifique en retrait
La croissance du premier semestre apparaît hétérogène selon les régions. Les marchés européens et nord-américains se distinguent par des hausses soutenues, en résonance avec des gammes bien positionnées. En parallèle, la zone Pacifique recule de 7,9 %, rappelant que la demande et les canaux de distribution peuvent évoluer de manière cyclique et que la performance n’est pas linéaire d’un territoire à l’autre.
Le groupe commente par ailleurs l’impact attendu des hausses de droits de douane aux États-Unis. La stratégie est de localiser davantage la production afin de réduire la sensibilité tarifaire.
À l’horizon 2026, 80 % du chiffre d’affaires réalisé dans le pays proviendrait de produits fabriqués localement. L’impact résiduel sur les 20 % importés est estimé à environ 4 millions d’euros par an, jugé mineur au regard de la profitabilité globale.
États-unis : localiser pour neutraliser l’effet tarifs
La montée en puissance d’unités locales permet de contenir les droits de douane et de sécuriser la chaîne d’approvisionnement. En pratique, le pilotage du mix produit, la diversification des sources et la planification industrielle représentent un levier clé pour réduire le coût à l’unité, tout en maintenant les standards qualité requis sur les segments vétérinaires sensibles.
Lecture rapide des tendances géographiques
- Europe : trajectoire favorable soutenant le semestre.
- Amérique du Nord : progression et stratégie de production locale renforcée d’ici 2026.
- Pacifique : repli de 7,9 %, vigilance sur les arbitrages du réseau et la demande.
- Tarifs US : impact résiduel estimé à 4 millions d’euros par an, qualifié de limité.
Cap 2025 maintenu : croissance organique et trésorerie ciblées
Virbac réitère ses objectifs pour l’année 2025 : une croissance du chiffre d’affaires entre 4 % et 6 % à périmètre constant et un niveau de trésorerie autour de 80 millions d’euros. Ces ambitions, inchangées depuis le début d’exercice, traduisent la confiance du management dans la trajectoire de l’activité et la résilience de son modèle économique, malgré un premier semestre contrasté sur le plan de la marge.
Pour tenir le cap, la priorité reste la bonne exécution commerciale, l’optimisation de la base industrielle après la maintenance technique et la préparation de lancements produits différenciants. La discipline d’investissement et la gestion du besoin en fonds de roulement seront également scrutées, afin d’atterrir au niveau de trésorerie visé.
Pipeline 2025 : deux lancements encore attendus
Deux sorties sont programmées d’ici la fin de l’année, dont un jalon symbolique pour le groupe avec un aliment médicamenteux destiné aux animaux. Ce format, pensé pour faciliter l’observance, ouvre une voie complémentaire à l’administration classique par comprimé ou solution. Il pourrait, selon l’accueil des prescripteurs et des propriétaires d’animaux, soutenir le panier moyen et renforcer la valeur du portefeuille.
Un aliment médicamenteux combine une base nutritionnelle et une substance active destinée à traiter ou prévenir une pathologie animale. L’enjeu est double : garantir une homogénéité de dose et une facilité d’administration qui améliore l’observance.
Ces produits requièrent des processus de fabrication et de contrôle qualité stricts. Leur place dans l’arsenal thérapeutique dépend du besoin clinique, de la recommandation vétérinaire et des cadres réglementaires en vigueur.
Investissements à carros et cap sur les relais de croissance externes
Virbac prévoit d’engager entre 250 et 300 millions d’euros d’investissements à Carros, avec notamment la construction d’un nouveau centre logistique visant à centraliser et optimiser les opérations. Le démarrage des travaux est annoncé pour le début 2026. Objectif : fiabiliser les flux, renforcer la capacité et réduire les délais, dans une logique de compétitivité durable.
Au-delà des projets industriels, le groupe confirme que les acquisitions demeurent un axe de création de valeur. L’historique d’opérations sélectives, à l’image de l’intégration de la franchise Sentinel en 2015, a contribué à l’ancrage en Amérique du Nord. Les cibles étudiées doivent s’intégrer à une plateforme orientée vers l’innovation, les segments cœur de métier et les zones prioritaires.
Virbac : stratégie et résultats
La stratégie repose sur trois piliers : innovation R&D, excellence industrielle et déploiement géographique. Le portefeuille capitalise sur des positions dans les antiparasitaires, vaccins et solutions pour animaux de compagnie et d’élevage. Les investissements en cours à Carros et la propulsion de produits différenciants doivent permettre d’absorber les à-coups du cycle, tout en consolidant la rentabilité au fil de l’exercice.
Calendrier industriel à Carros : points d’attention
- 2025 : préparation industrielle et logistique, sécurisation des approvisionnements.
- Début 2026 : lancement des travaux du centre logistique, avec objectif de centralisation.
- Après mise en service : gains attendus en efficacité opérationnelle, qualité de service et coûts de distribution.
Gouvernance et lecture boursière de la publication
Les résultats ont été présentés par Habib Ramdani, directeur financier, aux côtés de Paul Martingell, nommé directeur général le 1er septembre 2025. Ce passage de relais intervient après une période d’intérim assurée par la direction financière. L’équipe dirigeante affiche une ligne de continuité : croissance organique, discipline d’exécution, opportunités d’acquisitions et localisations industrielles ciblées.
À la mi-séance du 15 septembre 2025, l’action Virbac reculait de 4,13 % à 313 euros, signant la plus forte baisse du SBF 120. En début de matinée, le titre s’érodait de 3,52 % à 315 euros, reflétant la déception liée à la marge malgré la progression de l’activité (Boursorama et Fortuneo, 15 septembre 2025). Dans l’ensemble, le marché sanctionne le court terme, mais la lecture fondamentale reste portée par le carnet de produits et les investissements futurs.
En ouverture, la baisse s’installe après l’annonce d’une marge en retrait par rapport à un premier semestre 2024 élevé. À la mi-séance, la consolidation s’amplifie, le titre pointant à 313 euros. Les investisseurs arbitrent en faveur de dossiers offrant un momentum bénéficiaire immédiat, tout en gardant un œil sur le pipeline de Virbac et la normalisation opérationnelle attendue.
Repères macro-sectoriels et enjeu fiscal pour les groupes industriels
Le signal prix observé sur Virbac s’inscrit dans un environnement économique hétérogène pour l’industrie. L’Insee a indiqué un recul de 5,5 % du chiffre d’affaires de l’industrie dans le Grand Est en 2024, révélant un essoufflement de la demande dans certaines filières. Si Virbac est implanté en Provence-Alpes-Côte d’Azur, ce type d’indicateur rappelle l’exigence d’agilité en pilotage commercial et d’efficacité industrielle, y compris pour les champions de niches.
Sur le plan normatif, la loi de finances 2025 adoptée le 6 février 2025 comporte des ajustements applicables aux entreprises, notamment sur l’imposition des bénéfices. Virbac ne détaille pas d’impacts spécifiques à ce stade. Les groupes industriels restent toutefois attentifs à la stabilité fiscale, à l’amortissement des programmes d’investissement et à l’efficience de leurs structures juridiques pour préserver la trajectoire de trésorerie.
Trois facteurs priment souvent : 1) diversification des gammes et zones, 2) barrières à l’entrée via la R&D et les autorisations, 3) leviers opérationnels pour amortir les chocs (localisation de la production, logistique intégrée, standardisation). Virbac coche ces trois cases, ce qui éclaire le maintien des objectifs, y compris dans un semestre pénalisé par un arrêt de maintenance.
Après la secousse boursière, les fondamentaux au banc d’essai
Le semestre met en lumière une équation classique : chiffre d’affaires en hausse et marge en retrait. La promesse 2025 repose désormais sur la normalisation industrielle, l’activation des deux lancements à venir et la poursuite des investissements à Carros. Le cadrage financier confirmé illustre une confiance affichée dans la capacité à délivrer, malgré les vents contraires ponctuels.
La suite se jouera sur l’exécution : garantir la montée en puissance des sites, transformer les innovations en revenus récurrents et préserver la discipline financière qui conditionne la trajectoire de fin d’année.