Comment vérifier l’âge des internautes ? C’est un challenge pour les pays membres de l’UE. Depuis le règlement européen RGPD, certains sites à caractère sensible doivent s’assurer que leurs visiteurs sont bien majeurs pour accéder à leur contenu. Un défi de taille, mais qui pourrait bien faire émerger un nouveau marché lucratif.

Naissance d’un nouveau marché, conséquence du RGPD

En 2018, le règlement européen RGPD entrait en vigueur. Depuis lors, tous les sites utilisant le recueil d’un consentement n’étaient plus en règle. En effet, ce consentement n’est désormais valide qu’à partir d’un certain seuil d’âge fixé entre 13 et 16 ans selon les pays. Or, la norme étant très difficile à appliquer en raison de la difficulté de la vérification de l’âge, cet aspect juridique était, jusque-là, resté ignoré. 

C’était sans compter l’arrivée d’un nouveau dispositif sur le marché, initié par Yoti. La solution technologique permet d’estimer l’âge des internautes depuis une simple photo. 

Mais ce n’est pas tout. Elle mémorise l’information pour pouvoir la réutiliser sur d’autres sites internet, pratique essentielle pour les internautes : ils ne sont ainsi pas forcés de recommencer sans cesse la vérification. 

C’est d’ailleurs à cet effet que le consortium EUConsent est né. Celui-ci a pour ambition de permettre aux différents acteurs de s’échanger toutes les vérifications déjà effectuées. 

Vérifier l’âge des internautes : 4 milliards d’euros d’ici 5 ans

Lancé en phase test dès février 2022, le dispositif devrait être fin prêt pour l’été. 

« Nous créons un marché ouvert et compétitif », affirme Iain Corby, directeur exécutif de l’Avpa et promoteur de la solution. 

Le marché est en effet estimé par l’association à 4 milliards d’euros d’ici 5 à 7 ans au sein de l’UE. Elle rappelle, en ce sens, que « 30 % des sites devront d’une manière ou d’une autre vérifier l’âge » de leurs utilisateurs. 

Protéger les mineurs des contenus néfastes

Face à l’absence de mesures prises depuis 2018 par les sites aux contenus sensibles (violence, pornographie, etc.), la Commission européenne s’est donné pour mission de rappeler à l’ordre ceux de ses États membres qui n’appliquaient pas la directive.

En outre, fin novembre, 3 associations ont saisi le CSA en raison de l’augmentation du visionnage de contenus non appropriés par des mineurs de plus en plus jeunes. Le CSA avait alors intimé à 5 des plus grandes plateformes pornographiques de se conformer à un contrôle efficace de l’âge de leurs visiteurs. 

La sanction en cas de non-respect ? Bloquer l’accès à ces sites.

Vérifier l’âge des internautes  : « pas de solution miracle » selon la CNIL

Or, la vérification de l’âge reste alors un obstacle majeur. Pour la CNIL, il n’y a d’ailleurs « pas de solution miracle ».

Un certain nombre de pistes sont toutefois envisagées, sans pour autant faire l’unanimité. 

La demande de photocopie des cartes d’identité a, par exemple, été écartée par les sites concernés. Ces derniers estiment en effet que peu de leurs visiteurs accepteraient une telle mesure.