Un logiciel contrôlera le port du masque au concert-test de Paris
L’algorithme de Datakalab servira à vérifier le port du masque lors du concert-test qui se tiendra à Paris le 29 mai.
5 000 personnes se réuniront à l’AccorHotels Arena, le 29 mai prochain, pour le concert-test d’Indochine à Paris. À cette occasion, les organisateurs ont mis en place un important dispositif pour assurer les mesures sanitaires et mener une enquête sur le taux de contamination à la Covid-19. Datakalab a été mandatée pour récolter des données sur l’usage du masque lors de cette soirée qui pourrait signer le retour progressif des événements en France.
Concert-test à Paris : l’expérience de tous les espoirs
On ne compte plus les mois qui nous séparent de cette lointaine réalité pré-pandémie. Aujourd’hui, assister à un concert qui ne soit pas virtuel semble relever de l’exploit. Pourtant, d’ici quelques jours, 5 000 personnes pourront retrouver les joies d’un bain de foule en musique lors du concert-test de Paris.
Plus qu’un retour des festivités, cet événement a une visée expérimentale. Le but est d’évaluer le niveau de contamination à la Covid-19 lors d’un concert en lieu clos. Pour ce faire, l’organisateur, le syndicat national du spectacle musical et de la variété, en collaboration avec l’AP-HP, a mis en place l’étude SPRING. Grâce à un protocole sanitaire très strict, l’objectif est d’évaluer l’incidence d’un tel rassemblement sur les participants. Les résultats obtenus seront comparés à ceux d’une population témoin (2 500 volontaires) n’ayant pas assisté au concert-test.
Pour Olivier Darbois, dirigeant du syndicat organisateur de cette expérience baptisée « Ambition lives again », il ne s’agit pas que d’un simple concert. « (…) C’est un essai clinique. Ceux qui participent au concert et les autres (…) sont des partenaires de cette expérimentation », explique-t-il.
Des caméras “intelligentes” pour évaluer le bon port du masque
En plus de soumettre les participants à un test antigénique négatif de moins de trois jours, un autotest salivaire le jour même et des mesures d’hygiène renforcées, le but est aussi d’analyser le respect des gestes barrières pendant l’événement. C’est là qu’intervient Datakalad, une start-up qui conçoit des systèmes de vision par ordinateur. L’entreprise parisienne a conclu un partenariat avec l’AP-HP pour jouer un rôle crucial lors de ce concert-test à Paris.
En effet, la société équipera la salle de caméras intelligentes. Ces dernières auront pour mission de repérer le mauvais port et le non-respect du port du masque parmi les participants. Les images captées seront analysées en temps réel grâce à l’algorithme de Datakalad. Avec les données récoltées, la société pourra dresser des statistiques sur les comportements sanitaires observés durant la soirée.
« Ce dispositif permettra d’obtenir des statistiques anonymes précises, objectives et actualisées sur le taux de personnes portant correctement leur masque (pas de masque, mal porté, bien porté) pendant toute la durée de l’événement », confirme l’AP-HP.
La CNIL vs Datakalab : bras de fer sur l’enjeu de la surveillance
Ce dispositif de surveillance pose tout de même des questions. Il remet en cause le respect de l’image et de la vie privée des personnes filmées. De son côté, Datakalab assure que les images seront anonymes. Par ailleurs, la solution ne doit pas servir à sanctionner les contrevenants. La société traite les vidéos localement et confirme qu’elles ne permettent pas d’identifier les individus. Au sujet de la conservation des données, Datakalab maintient qu’elle les éliminera aussitôt des serveurs après utilisation.
Pourtant, la CNIL a déjà eu l’occasion d’émettre des réserves au sujet de cette solution de vision par ordinateur. En effet, la RATP a déjà mandaté la start-up une première fois au début de la pandémie. En mai dernier, Datakalab a ainsi installé ses caméras pour contrôler le port du masque dans les transports publics de la ville de Cannes. Cette opération a toutefois pris fin rapidement sous l’impulsion de la CNIL.
La Commission avait alors soulevé l’enjeu du non-respect du droit à l’opposition. Elle avait notamment souligné le « risque de généraliser un sentiment de surveillance chez les citoyens [et] de créer un phénomène d’accoutumance et de banalisation de technologies intrusives (…) ». Cependant, suite au récent décret gouvernemental prononcé en mars dernier en faveur des caméras de surveillance, Datakalab pourra tout de même renouveler l’expérience lors du prochain concert-test de Paris.