Les Allemands de Trade Republic bousculent la banque française
PEA sans frais, compte rémunéré à 3 % et IBAN français : Trade Republic bouscule le marché bancaire en France.
Un élan de transformation se fait sentir dans l’univers bancaire. La fintech allemande Trade Republic consolide encore sa présence sur le marché français en ce début d’année 2025, après avoir confirmé un million de clients dans l’Hexagone.
Son positionnement original, à la fois bancaire et axé sur l’investissement, dévoile de nouveaux services audacieux qui risquent de bousculer la concurrence.
Une nouvelle étape pour la fintech : compte courant et PEA au cœur de l’offre
Trade Republic franchit une nouvelle étape avec l’ouverture officielle de sa succursale en France, dévoilée le 9 janvier 2025.
Au menu : un compte courant assorti d’un IBAN français et, surtout, un Plan d’Épargne en Actions (PEA) conçu pour séduire les épargnants en quête de solutions simples et peu coûteuses. Les ambitions de l’entreprise ne se limitent pas à l’Hexagone. Son objectif, rappelé par ses dirigeants, est clair : faire de l’Europe son véritable terrain de jeu.
Avec désormais 8 millions d’utilisateurs à travers le continent, la fintech affiche une belle courbe de croissance. L’hexagone est devenu son second marché, juste derrière l’Allemagne. Cette dynamique trouve ses racines dans sa volonté de casser les codes de la banque traditionnelle. Sous licence bancaire européenne, l’acteur berlinois a progressivement étendu ses opérations dans 17 pays, toujours dans l’idée d’offrir des services d’épargne, de trading et de gestion courante.
Une licence bancaire de plein exercice autorise une entreprise à fournir la plupart des services d’une banque traditionnelle (comptes courants, prêts, produits d’investissement). Pour Trade Republic, cette licence, décrochée il y a un peu plus d’un an, garantit sa légitimité sur le marché français et européen, tout en facilitant la création d’offres spécifiques comme un IBAN local.
Pour accompagner son déploiement en France, Trade Republic mise sur deux leviers puissants : l’attribution d’un IBAN 100 % français et l’accès à un compte rémunéré au taux de la Banque Centrale Européenne (BCE). Pas de frais d’ouverture, pas de frais de gestion ni de conditions draconiennes : la promesse est limpide. À cela s’ajoute un taux d’intérêt de 3 % annuel (versé chaque mois), qui s’aligne sur l’un des enjeux majeurs de 2025 : la valorisation d’une épargne souvent ralentie par la hausse de l’inflation. Exit aussi le plafond à 50 000 €, tout montant peut désormais être rémunéré.
Le PEA sans frais : une innovation qui interpelle
L’autre grande nouveauté s’appelle le PEA sans frais. Cette formule permet d’investir jusqu’à 150 000 € dans des actions et ETF, en profitant des avantages fiscaux d’un plan d’épargne en actions (exonération d’impôt sur les plus-values après cinq ans). C’est là que Trade Republic entend casser les codes : traditionnellement, l’ouverture d’un PEA s’accompagne de frais de courtage ou de garde. Ici, l’objectif annoncé est de « démocratiser l’investissement, y compris en France ». Selon l’entreprise, le PEA est un véhicule d’épargne privilégié qui mérite d’être plus largement adopté par les Français, notamment pour préparer leur retraite.
Selon Vincent Grard, directeur France de Trade Republic, cette offre sans commission sur les plans d’épargne marque un tournant dans la relation des épargnants français avec l’investissement. La plateforme leur donne accès à un éventail d’actions et d’ETF depuis une interface mobile, avec un minimum de complexité. De quoi séduire les profils qui hésitent encore à placer leur argent sur les marchés, tout en bénéficiant d’une forme de sécurité et de supervision par l’AMF (Autorité des marchés financiers) et l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution).
Bon à savoir : le PEA en France
Le Plan d’Épargne en Actions s’adresse à toute personne physique majeure fiscalement domiciliée en France. Il permet d’investir dans des actions de sociétés françaises ou européennes et dans des fonds (SICAV, FCP) éligibles. Les plus-values sont exonérées d’impôt sur le revenu après cinq ans, mais soumises aux prélèvements sociaux. Le PEA représente une réponse privilégiée pour l’épargne à long terme.
Trade Republic affirme aussi vouloir partager son modèle économique vertueux : les transactions sont réalisées sur des places de marché partenaires et la société n’applique pas de frais occultes. Les utilisateurs voient clairement le coût de chaque opération, souvent limité à un euro de frais de transaction, ou inclus dans l’offre PEA sans frais de plan d’épargne. La stratégie : proposer un intermédiaire financier simple, digital et transparent.
Une croissance qui s’inscrit dans la durée
En 2024, Trade Republic annonce avoir doublé son nombre de clients, atteignant ainsi la barre des 8 millions d’utilisateurs sur l’ensemble de ses marchés. À la même période, elle déclare avoir franchi les 100 milliards d’euros d’actifs sous gestion. Ces chiffres, en hausse par rapport aux 35 milliards annoncés au début de l’année 2024, confirment que la plateforme s’impose comme l’une des fintechs majeures en Europe.
Le marché français n’échappe pas à cette dynamique : un million de clients y ont déjà ouvert un compte, bien que Trade Republic ne se soit implantée dans l’Hexagone qu’en 2020. Au fil des années, la jeune pousse allemande a réinvesti massivement dans ses infrastructures, nouant des partenariats (HSBC, Deutsche Bank, J.P. Morgan) pour sécuriser les dépôts en espèces, et se diversifiant dans le money market pour les soldes les plus élevés.
La clé de cette expansion : une solide réputation alimentée par plusieurs levées de fonds entre 2019 et 2022 pour un total de 1,2 milliard d’euros. Parmi les investisseurs, on retrouve Accel, Founders Fund, Sequoia ou encore Creandum. Une dernière levée en mai 2021, d’un montant de 900 millions de dollars, valorisait Trade Republic à 5 milliards de dollars. Au vu de ses résultats financiers, la fintech a terminé 2024 sur un exercice rentable, confirmant une rentabilité en France comme en Europe.
Les investisseurs de capital-risque (venture capital) injectent des fonds dans des entreprises technologiques à fort potentiel, comme les fintechs. Ils misent sur une croissance rapide et acceptent un risque supérieur à la moyenne, dans l’espoir que leurs participations valorisent fortement la startup lors de la revente ou lors d’une introduction en Bourse.
Le soutien financier substantiel, combiné à la hausse de l’engouement pour l’épargne en ligne, explique l’élan de Trade Republic. Ce contexte favorable ne se limite pas à la France : nombre de pays européens voient émerger une volonté de remplacer les solutions bancaires traditionnelles par des offres plus modernes et adaptables. L’approche de la fintech allemande répond à cette attente, en conjuguant technologie de pointe et coûts réduits.
Retour sur l’histoire de Trade Republic
Lancée en 2015 par Christian Hecker, Thomas Pischke et Marco Cancellieri, Trade Republic fait ses premiers pas en Allemagne, avant de se structurer en 2019 comme un service de courtage mobile, accessible via une application. Le concept initial : permettre aux particuliers d’investir dans les actions et ETF du monde entier, sans supporter des commissions de courtage prohibitives. Dès sa création, la plateforme reçoit l’agrément de la BaFin (Autorité fédérale de supervision financière allemande), assurant un cadre sécurisé pour les transactions.
Le succès ne tarde pas : la jeune pousse se distingue, d’abord en Allemagne où elle est élue « meilleure banque pour le trading » par Handelsblatt en 2020, puis en Autriche, où elle s’implante. Le cap vers l’Hexagone est franchi la même année. Le positionnement mobile séduit immédiatement les investisseurs et utilisateurs : en quelques minutes, le client peut vérifier son identité, ouvrir un compte-titres et débuter son parcours boursier.
En 2020, l’entreprise réalise une levée de fonds record de 62 millions d’euros (série B), avec la participation d’investisseurs prestigieux tels qu’Accel et Founders Fund. Convaincue de la robustesse de son modèle, la startup se lance dans une expansion européenne plus large, couvrant aujourd’hui la quasi-totalité de la zone euro, à l’exception de Malte, Chypre et la Croatie.
Après près d’une décennie d’existence (Trade Republic fête en effet ses dix ans en 2025), la fintech ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Elle prévoit de continuer à enrichir son offre en combinant solutions d’épargne, produits bancaires, et services d’investissement afin d’occuper une place stratégique dans les finances personnelles de ses usagers.
Le concept Trade Republic : l’ADN d’un broker moderne
Dès le lancement, Trade Republic s’est posé en broker nouvelle génération : pas de commissions, une interface mobile et une gamme de produits large (7 500 actions, ETF, obligations, dérivés, etc.). Les critères qui ont fait son succès résident dans sa simplicité de navigation et sa tarification ultra-compétitive. Les ordres de Bourse sont exécutés via des canaux partenaires comme LS Exchange, assurant une plage horaire d’environ 7h30 à 23h. Cette flexibilité correspond à un usage de plus en plus plébiscité : les nouveaux investisseurs s’informent en ligne, arbitrent à n’importe quelle heure, et privilégient la gestion via smartphone.
Au fil des années, des fonctionnalités sont venues muscler l’offre, comme l’investissement fractionné ou encore les plans d’investissement programmés. Sur ce dernier point, la fintech a fait figure de pionnière, en permettant d’investir automatiquement, chaque mois, dans un panier d’actions ou d’ETF, sans frais. L’épargnant choisit la date et le montant, puis Trade Republic assure l’exécution.
Zoom sur le "Saveback"
Avec la carte Trade Republic, tout paiement par carte génère un retour de 1 % du montant dépensé. Cet argent est automatiquement réinvesti dans le plan d’épargne du client. L’idée : transformer chaque dépense en opportunité d’investir, sans effort.
En proposant une solution « tout-en-un » (compte courant + produits d’épargne + carte bancaire + PEA), Trade Republic cherche désormais à se transformer en un véritable écosystème financier. La logique : centraliser dépenses quotidiennes et placements sur une interface unique, de façon transparente. Un positionnement qui la rapproche d’autres néo-banques, mais avec un ancrage affirmé sur l’investissement.
Pourquoi la France ? Une terre d’opportunités
Pourquoi cibler la France pour ce déploiement ? Les dirigeants de Trade Republic constatent que le marché français est particulièrement sensible au déficit des retraites et à la recherche de placements plus rentables que l’épargne classique. Les livrets réglementés, comme le Livret A, offrent un taux souvent inférieur à l’inflation, tandis que les contrats d’assurance-vie sont perçus comme moins dynamiques qu’auparavant.
Aujourd’hui, près d’un tiers de la population n’a pas encore d’actions en portefeuille, principalement par méconnaissance ou par peur de la volatilité. La fintech vise cette catégorie d’épargnants, qui souhaite allier accessibilité et sécurité. En déployant une succursale en France, l’entreprise de Berlin propose désormais un support localisé avec un IBAN français, outil stratégique pour accueillir les salaires et domicilier les prélèvements courants, tout en offrant une rémunération de 3 % sur les dépôts.
Le paysage financier français est balisé par l’ACPR et l’AMF, garantes de la protection du consommateur et de la solidité des acteurs en place. Pour s’y lancer, une fintech doit répondre à des normes strictes en matière de fonds propres et de conformité. Trade Republic, via sa licence bancaire européenne, a pu mettre en place rapidement des mécanismes de sécurité et une offre bancaire en bonne et due forme.
L’entreprise ne néglige pas pour autant les clients déjà habitués aux courtiers traditionnels. Grâce à la carte bancaire incluse et la fonctionnalité Saveback, elle propose un service orienté vers la construction patrimoniale, au-delà du simple trading. Chaque dépense participe à l’effort d’épargne, ce qui n’est pas sans rappeler certains modèles à succès dans d’autres pays, mais reste encore peu courant en France.
Stratégies et perspectives économiques
Sur le plan économique, Trade Republic profite de la montée des taux directeurs de la BCE, initiée pour juguler l’inflation. Cette hausse s’est répercutée sur les produits bancaires, autorisant une rémunération plus élevée pour l’épargne. En démocratisant l’accès à une rémunération sur compte courant, la fintech renverse le paradigme des établissements bancaires traditionnels, où l’argent en compte à vue n’est généralement pas rémunéré.
Cette stratégie trouve un écho chez les particuliers soucieux de sécuriser leurs liquidités. En parallèle, l’offre de produits de placement (actions, ETF, cryptos, etc.) attire une clientèle en quête de diversification. En combinant ces deux aspects – rémunération de l’épargne et perspective de rendement à plus long terme –, Trade Republic se crée une position de choix dans un marché concurrentiel.
Sous un angle plus large, cette évolution illustre le mouvement global de la banque mobile en Europe. Les initiatives de ce type se multiplient, tandis que de nouvelles réglementations tendent à faciliter la libre circulation des services financiers. Cependant, la firme ne cache pas que l’adaptation à chaque marché impose une approche sur mesure : langues, spécificités fiscales, et exigences légales varient d’un pays à l’autre.
La prochaine étape devrait consister à intensifier la présence de la marque dans les usages quotidiens, jusqu’à s’imposer comme un réflexe pour l’épargne et les transactions courantes. Cette ambition sera toutefois confrontée à la concurrence d’acteurs historiques, établis de longue date en France, ainsi qu’aux grandes néo-banques qui cherchent elles aussi à élargir leur gamme.
Des alliances solides avec des géants bancaires
Pour se donner les moyens de cette ambition, Trade Republic s’allie avec des groupes bancaires de renom, comme HSBC, Deutsche Bank et J.P. Morgan. L’idée est de confier une partie des dépôts à ces partenaires afin de garantir la stabilité de l’écosystème et de répartir les risques. Pour les soldes plus importants, la fintech diversifie les liquidités dans des fonds monétaires, offrant une couverture supplémentaire en cas de remous sur les marchés.
Une telle démarche rassure les utilisateurs : leurs avoirs ne sont pas détenus par une seule entité, mais ventilés entre plusieurs établissements reconnus. Cela rejoint la philosophie européenne d’une protection de l’épargnant, encouragée par les directives de l’Autorité bancaire européenne (ABE). À travers cette organisation, Trade Republic se crédibilise dans le rôle d’une banque de plein exercice, proche des standards institutionnels.
Le choix de partenaires aussi puissants représente également un gage de confiance dans la solidité de la fintech. Ces banques institutionnelles n’accordent pas leur caution à la légère. Elles effectuent au préalable un audit poussé des structures et procédures internes. Ce type de collaboration s’avère donc stratégique pour Trade Republic, qui y gagne en crédibilité et en fiabilité auprès du grand public.
Un écosystème complet : de l’épargne à la consommation
Au-delà du compte courant et du PEA, Trade Republic étend son champ d’action en proposant d’autres services financiers. L’utilisateur peut souscrire à un plan d’investissement automatisé, acheter des fractions d’actions, négocier des dérivés et gérer de la cryptomonnaie. Avec la carte bancaire fournie, le client peut régler ses achats quotidiens et bénéficier de 1 % de Saveback, réinvesti automatiquement. L’objectif est de créer un parcours fluide : je reçois mon salaire sur mon compte, je paie mes factures, j’investis en Bourse et je diversifie mon épargne au même endroit.
Grâce à cette approche globale, la fintech entend résoudre l’éternel dilemme : faut-il placer son argent sur un livret, le laisser sur un compte courant sans rendement, ou l’investir en Bourse ? En proposant une rémunération attractive sur le compte, Trade Republic incite à rapatrier les capitaux éparpillés. Puis, lorsque l’utilisateur le juge opportun, il peut transférer une partie de ses fonds sur un plan d’investissement ou un PEA.
Rappel sur la fiscalité des comptes titres
En France, les gains sur un compte-titres classique sont soumis à la "flat tax" de 30 %. Elle se décompose en 12,8 % d’impôt sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux. Le PEA, lui, permet l’exonération d’impôt sur le revenu après cinq ans, tout en maintenant les 17,2 % de prélèvements sociaux sur les plus-values réalisées.
De plus, la carte associée au compte permet d’effectuer des retraits gratuits pour tout montant supérieur à 100 euros. Les paiements à l’étranger ne génèrent pas de frais de change supplémentaires, ce qui en fait une solution intéressante pour les voyageurs réguliers. Enfin, des virements instantanés gratuits sont disponibles vers d’autres banques, un service de plus en plus demandé par les consommateurs.
Les clefs du succès de Trade Republic
Plusieurs facteurs expliquent la réussite actuelle de Trade Republic. D’une part, l’entreprise a su tirer profit de la vague fintech. Les récentes années ont vu la montée en puissance d’acteurs numériques capables de disrupter des marchés jusque-là dominés par des banques installées depuis des décennies. D’autre part, le contexte économique mondial, marqué par des taux bas (jusqu’à fin 2022) puis par une remontée brutale des taux directeurs (à partir de 2023), crée un environnement mouvant dans lequel les épargnants cherchent de meilleures solutions d’optimisation. Enfin, la crise sanitaire a favorisé la prise en main d’outils digitaux, un atout majeur pour une plateforme 100 % en ligne.
L’offre de Trade Republic se distingue aussi par sa transparence tarifaire. Contrairement à certains courtiers ou banques qui multiplient les grilles de frais (droits de garde, commissions fixes, spread sur taux de change, etc.), la fintech allemande mise sur un modèle de revenus principalement issu des flux d’exécution des ordres. Cette simplicité séduit une clientèle jeune, souvent néophyte, mais aussi des investisseurs plus expérimentés, fatigués par des frais jugés exorbitants.
S’ajoute à ces éléments un service client généralement réactif : si le support téléphonique n’est pas systématique, les plateformes de chat et de mail semblent bien structurées, avec l’engagement d’une réponse rapide. Trade Republic se présente comme un acteur moderne, mais qui reste conscient des enjeux de confiance. L’adossement à des organismes de régulation renommés (BaFin, ACPR, AMF) complète ce dispositif.
Analyse : le regard du marché sur la néo-banque allemande
Le marché observe avec attention la multiplication des services de Trade Republic. D’un côté, la fintech illustre la tendance forte : les néo-banques et néo-courtiers visent à tout intégrer sous un même toit. De l’autre, certains observateurs pointent les enjeux de pérennité : la concurrence est rude, et le secteur financier peut se révéler volatile lors de crises économiques ou boursières.
Sur le plan réglementaire, la jeune pousse doit maintenir un haut niveau de conformité. Les contrôles anti-blanchiment (KYC, AML) exigent des process rigoureux, et l’élargissement de l’offre (cryptomonnaies, produits dérivés) peut nécessiter des agréments supplémentaires. L’histoire récente de plusieurs acteurs de la fintech, parfois contraints de se retirer d’un pays faute de respecter certaines conditions, met en lumière la complexité d’une expansion rapide.
Cependant, la stabilité financière de Trade Republic, renforcée par des investisseurs de renom, et sa rentabilité attestée en 2024, offrent des signaux encourageants. Les comparaisons se font naturellement avec d’autres grands noms du secteur, comme Revolut ou N26 pour la banque mobile, ou eToro et Degiro pour le courtage. Trade Republic se singularise par son ancrage bancaire complet et sa spécialisation sur la construction d’épargne et d’investissements au sens large.
Cette orientation pourrait séduire une frange croissante de la population, désireuse de simplifier la gestion de son argent. Pour peu que la plateforme continue d’innover – par exemple en intégrant un accompagnement pédagogique plus poussé sur la gestion de patrimoine –, elle pourrait asseoir durablement sa position. L’enjeu central reste la confiance des utilisateurs et la qualité du service rendu au quotidien.
Les défis qui attendent Trade Republic
Malgré ses succès, la société se heurte à plusieurs défis. D’abord, la fidélisation de sa clientèle. Le monde du numérique est rapide : l’épargnant satisfait aujourd’hui peut être tenté demain par une autre offre aux services inédits ou à la rémunération supérieure. Ensuite, le défi de l’éducation financière. Si Trade Republic attire des néophytes, il lui incombe de les informer sur les risques liés à l’investissement et de proposer des outils de suivi performants.
Vient aussi la guerre des taux, susceptible de s’intensifier. Les banques traditionnelles commencent à ajuster leurs propres offres pour retenir les capitaux. L’épargnant verra probablement se multiplier les propositions de comptes rémunérés ou de livrets boostés, ce qui poussera Trade Republic à innover davantage ou à bonifier son taux pour rester compétitive.
Enfin, la dimension du service client sera cruciale. Avec 8 millions d’utilisateurs, dont un million en France, l’entreprise doit s’assurer que sa capacité à répondre aux besoins de chacun ne faiblisse pas, sous peine de dégrader l’image de marque acquise. Les retours d’expérience clients sont souvent décisifs pour une fintech, car ils se diffusent rapidement sur les réseaux sociaux et sites d’avis spécialisés.
Trade Republic se déclare toutefois confiante : elle insiste sur le fait que 2024 a été sa deuxième année rentable, grâce à la maîtrise de ses coûts et à l’efficacité de son modèle automatisé. Les capitaux levés ces dernières années ont également servi à perfectionner son infrastructure technologique, un atout pour absorber la croissance des volumes de transactions.
Qu’est-ce que Trade Republic apporte réellement ?
La question se pose souvent : qu’est-ce qui différencie Trade Republic d’une banque classique ? En plus des services traditionnels (compte courant, carte, retrait, virement), la fintech apporte une approche résolument tournée vers l’investissement, la disponibilité à toute heure, l’optimisation des frais, et l’accent sur la simplicité d’utilisation. Sa gamme de produits dépasse largement le simple compte-chèque, puisqu’elle inclut des services avancés d’investissement en Bourse, d’épargne programmée et de rémunération des dépôts.
En effet, la fintech se rapproche davantage d’un « guichet unique » pour les finances personnelles. L’utilisateur n’a plus à multiplier les applications : une seule interface centralise ses transactions courantes, son épargne, ses portefeuilles d’actions, ou encore ses crypto-actifs. Cette intégration séduit fortement les jeunes générations, peu enclines à manipuler plusieurs comptes bancaires, ni à se déplacer en agence pour la moindre formalité.
Le PEA sans commission constitue un atout majeur : cette formule inédite confirme la volonté de Trade Republic de dynamiser le segment de l’investissement en actions. Tant que la fintech respectera les contraintes légales et continuera d’innover, elle pourrait devenir un acteur incontournable du paysage financier français.
Un aperçu du futur : le rôle de l’intelligence artificielle et de l’open banking
À plus long terme, l’entreprise allemande pourrait miser sur des technologies encore plus pointues, comme l’intelligence artificielle (IA), pour optimiser l’expérience client. En effet, la personnalisation des recommandations d’investissement ou la détection d’anomalies sur les comptes pourraient bénéficier d’algorithmes de machine learning. L’open banking, rendu possible par la directive européenne PSD2, laisse entrevoir une intégration accrue avec d’autres plateformes et une agrégation simplifiée des données financières.
Dans ce contexte, Trade Republic pourrait étoffer ses services de conseil automatisé, voire proposer des robo-advisors intégrés, permettant à l’épargnant de définir son profil de risque et d’allouer ses placements en conséquence. Cette orientation serait logique pour une néo-banque qui a déjà embrassé la digitalisation. Elle contribuerait aussi à renforcer le lien avec les utilisateurs les moins aguerris, souvent en quête d’un accompagnement pédagogique et de recommandations claires.
Certaines rumeurs évoquent également la possibilité pour la fintech de se positionner sur des prêts à la consommation ou hypothécaires, profitant de son statut de banque à part entière. Cependant, aucune annonce n’a été confirmée en ce sens. Pour l’heure, l’essentiel porte sur l’épargne, l’investissement et le développement de nouveaux services sur la base de la licence bancaire.
Regards vers la suite
Alors que Trade Republic souffle ses dix bougies en 2025, sa progression sur le marché français illustre le potentiel d’un modèle hybride, entre banque et broker. La fintech mise sur la transparence, la simplicité et la rémunération attractive pour convaincre toujours plus d’épargnants. Face à elle, la concurrence s’organise, mais les innovations produits et l’expansion rapide de la base clients confortent sa place parmi les néo-banques qui comptent en Europe.
Si la structure parvient à maintenir un service fiable et à développer des offres adaptées à chaque tranche de clientèle (débutants, intermédiaires, experts), son empreinte en France ne cessera de grandir, d’autant que les questions de retraite et de diversification de l’épargne restent au cœur des préoccupations. De quoi envisager encore de belles perspectives, sur fond de mobilité bancaire croissante et d’essor de la finance numérique.
Cette vision d’ensemble confirme l’ambition de Trade Republic : être un pilier financier de référence pour chaque épargnant européen, en mariant le meilleur de la banque, du courtage et du digital.