+10 % de capacité en plus à Dunkerque : Nord Céréales vient de franchir un palier stratégique avec la mise en service d’un neuvième silo. L’opérateur du deuxième port céréalier de France affirme ses ambitions en combinant montée en puissance logistique et diversification vers le bois-énergie, au moment où l’entreprise célèbre ses 40 ans.

Neuvième silo à Dunkerque : +30 000 tonnes de capacité

Fin septembre 2025, Nord Céréales a inauguré son neuvième silo sur le port de Dunkerque. La nouvelle installation ajoute 30 000 tonnes de stockage, ce qui porte la capacité totale à 330 000 tonnes. L’infrastructure accroît d’environ 10 % le potentiel de l’opérateur et consolide son dispositif d’expédition sur un axe maritime majeur pour les flux agricoles.

Au-delà de l’effet volume, l’extension vise une meilleure orchestration des flux. Pour un terminal céréalier, disposer de silos supplémentaires, c’est pouvoir segmenter les lots selon les qualités demandées, réduire les temps d’attente des navires et fluidifier les campagnes d’embarquement. L’ajout de capacité au bon endroit du quai renforce l’agilité opérationnelle dans les périodes de pic, notamment au lancement des fenêtres d’export.

Le calendrier n’est pas anodin : l’inauguration coïncide avec le 40e anniversaire de Nord Céréales. En marquant ce cap, l’entreprise affiche une feuille de route tournée vers la robustesse industrielle et la résilience face à la cyclicité des récoltes.

Capacité et logistique sur le quai

La valeur d’un silo portuaire ne se résume pas à son tonnage. Le levier central, c’est le positionnement dans la chaîne d’embarquement, la modularité des cellules et la capacité de rotation entre réception terrestre et chargement navire. En pratique, un réservoir additionnel permet :

  • de multiplier les pistes de mélange pour atteindre les spécifications clients,
  • d’absorber des arrivages irréguliers sans congestionner les aires de réception,
  • d’augmenter la prédictibilité des cadences de chargement, un point clé pour les armements et traders.

Cette extension s’appuie sur les atouts de Dunkerque, un port en eau profonde situé au carrefour des routes de la mer du Nord. La montée en capacité conforte la place de la place portuaire sur les grands flux céréalier européens.

Sur un terminal, la synchronisation entre la disponibilité des lots et l’heure d’arrivée d’un navire décide du temps d’escale. Une réserve de 330 000 tonnes offre plus de combinaisons pour constituer des cargaisons homogènes sans interrompre les autres flux en cours. Résultat attendu : moins de ruptures de charge, moins de re-maniements et une planification des départs plus fiable.

Chiffres clés du projet Dunkerque

  • 9e silo inauguré fin septembre 2025.
  • +30 000 tonnes de stockage, soit 330 000 tonnes au total.
  • +10 % de capacité de l’opérateur (France Bleu).
  • 40e anniversaire de Nord Céréales.
  • 22,5 M€ d’investissement total.
  • -70 % d’exportations céréalières sur 2024-2025 (Réussir La Dépêche Le Petit Meunier).

22,5 M€ d’investissement : rôle de la Région Hauts-de-France

Le projet a mobilisé un investissement de 22,5 millions d’euros, soutenu par la Région Hauts-de-France. L’appui de la collectivité et l’engagement des actionnaires historiques ont permis de déployer l’ouvrage à un moment charnière pour la filière. Dans un contexte de volatilité des volumes, disposer d’infrastructures modernes est un argument de compétitivité pour la chaîne export, du champ au navire.

Selon des informations relayées par la presse régionale, cette dynamique capitalistique s’inscrit dans un mouvement plus large de renforcement des infrastructures portuaires à Dunkerque. L’objectif est clair : conserver un avantage logistique décisif dans la bataille des délais, des spécifications clients et des coûts opérationnels.

Unéal et Ternoveo : actionnaires moteurs

Les coopératives nordistes Unéal et Ternoveo comptent parmi les principaux actionnaires impliqués dans l’initiative. Leur présence au capital traduit l’ADN coopératif du terminal : ancrage agricole, proximité avec les producteurs et sécurisation des débouchés. Pour un outil portuaire, cet alignement est déterminant afin de connecter rapidement la collecte au marché export.

Le projet illustre aussi une gouvernance de filière : les acteurs amont et aval convergent vers une même finalité, à savoir fiabiliser l’écoulement des récoltes et améliorer la qualité de service pour les chargeurs internationaux.

À titre général, un soutien régional à des infrastructures économiques doit s’inscrire dans les cadres de l’UE sur les aides d’État. En pratique, cela suppose des critères d’intérêt général, la proportionnalité du soutien et l’absence de distorsion excessive de concurrence. Les projets portuaires s’évaluent souvent à l’aune de leur impact sur l’accessibilité logistique et la neutralité vis-à-vis des utilisateurs.

Diversification vers les granulés de bois : BGDK et Euro Énergies

Nord Céréales fait évoluer son modèle. Pour atténuer la dépendance aux cycles céréaliers, l’opérateur mise sur l’essor des granulés de bois via sa filiale BGDK.

La société a engagé une collaboration avec Euro Énergies, filiale du groupe Poujoulat, acteur de premier plan du bois-énergie en France. L’ambition : élargir la gamme de flux traités par le terminal et accroître l’utilisation des actifs sur l’année.

Cette diversification ne substitue pas la vocation céréalière du port. Elle la complète. En période de retrait des volumes de grains, des lots de granulés peuvent occuper les capacités logistiques, stabiliser l’activité et soutenir le chiffre d’affaires. Pour les chargeurs, la valeur ajoutée tient à la capacité d’export multimatériaux et à la visibilité sur les créneaux d’embarquement.

BGDK : nouvelle brique logistique

BGDK apporte un savoir-faire d’ingénierie de flux spécifique aux granulés. Même si les fondamentaux de manutention sont proches, les exigences de conservation, de propreté des lignes et de sécurité diffèrent d’un produit à l’autre. L’intégration de cette brique ouvre des pistes d’optimisation des équipements et de mutualisation des équipes, avec un effet amortisseur sur les coûts fixes du site.

Euro Énergies (groupe Poujoulat) : complémentarité filière bois-énergie

Avec Euro Énergies, Nord Céréales s’associe à un distributeur intégré du bois-énergie. La complémentarité est évidente : une filière maîtrisant la demande et la distribution, adossée à une plateforme portuaire au plus près des routes maritimes. Le pari de cette coopération est de bâtir une chaîne d’approvisionnement robuste pour les granulés, documentée et contrôlée, à côté des flux de grains.

Pourquoi diversifier un terminal céréalier ?

  • Mutualiser les installations et lisser l’activité entre saisons agricoles.
  • Réduire l’exposition aux aléas de récolte et de qualité.
  • Renforcer l’attractivité commerciale auprès des clients qui gèrent plusieurs familles de vracs.
  • Soutenir les marges par une meilleure utilisation du capital investi.

Campagne 2024-2025 en net repli et rebond attendu

La campagne 2024-2025 aura été l’une des plus délicates pour Nord Céréales, avec une chute d’environ 70 % des exportations de céréales. La baisse s’explique par des récoltes jugées médiocres en volume et en qualité. Pour un opérateur portuaire, cela signifie moins de lots embarquables et plus de contraintes pour assembler des cargaisons conformes aux cahiers des charges.

Les signaux pour 2025-2026 sont plus favorables. Une excellente récolte d’été, en quantité et en qualité, est annoncée comme un moteur de reprise des opérations. Dans un marché marqué par la variabilité des cours, la capacité à rebondir rapidement et à reconquérir des parts d’export repose sur trois leviers : capacité physique, qualité des lots et réactivité commerciale.

La trajectoire récente des prix du blé a pesé sur les marges du secteur. Dans ce contexte, la diversification engagée et la montée en puissance des installations constituent un socle de résilience pour aborder les prochains cycles.

Volumes et qualité : variables déterminantes

L’expérience de 2024-2025 rappelle que l’export céréalier se gagne au champ et au quai. D’un côté la collecte doit fournir des lots à l’échelle export, de l’autre le terminal doit assembler et charger au rythme des navires sans pertes logistiques.

Lorsque la qualité est en berne, les fenêtres d’embarquement se réduisent et les opportunités de vente s’évaporent. Inversement, un terminal ample et agile capte plus vite les marchés ouverts.

Des paramètres comme le poids spécifique, la teneur en protéines et l’humidité guident les acceptations de lots. Sous les seuils requis, le grain nécessite des mélanges plus complexes, des temps de traitement accrus et peut perdre des débouchés premium. À l’échelle portuaire, cela allonge la préparation des cargaisons et réduit les cadences, d’où une baisse des volumes exportés.

Gouvernance coopérative et ancrage territorial

Nord Céréales occupe une position centrale dans l’écosystème agricole des Hauts-de-France. En fédérant coopératives, négociants et exportateurs, l’opérateur pilote un outil de débouché collectif.

Les coopératives Unéal et Ternoveo apportent l’ancrage local nécessaire à la sécurisation des flux. Leur implication dans le projet de silo témoigne d’une volonté partagée de financer des infrastructures qui consolident la chaîne de valeur régionale.

La montée en puissance du site renforce aussi la place de Dunkerque sur la carte des exportations françaises. Pour les chargeurs internationaux, l’accès à un terminal capable de basculer vite d’une campagne à l’autre, et d’absorber des volumes hétérogènes, pèse dans l’arbitrage entre ports concurrents.

Qui est Nord Céréales ?

Nord Céréales est l’opérateur du terminal céréalier de Dunkerque, qui accueille et expédie des productions issues des bassins du nord. L’entreprise gère l’interface logistique entre la collecte et le shipping, avec un dispositif d’entreposage et de manutention calibré pour l’export. L’année 2025 marque son 40e anniversaire, un jalon symbolique au moment d’ouvrir un cycle de diversification.

Port de Dunkerque : deuxième hub céréalier en France

Dunkerque est classé deuxième port céréalier français. Sa localisation au débouché de la mer du Nord, ses tirants d’eau et ses connexions terrestres en font une porte d’entrée efficace vers les marchés internationaux. Chaque amélioration d’infrastructure consolide son rang face aux autres hubs européens, notamment lorsque les conditions de marché se tendent.

Impact opérationnel pour les chargeurs

  • Fiabilité accrue des plannings navires grâce à une réserve de capacité.
  • Plus de flexibilité pour constituer des lots aux spécifications clients.
  • Réduction des congestions sur les aires de réception en période de pointe.
  • Possibilité d’arbitrage entre flux céréales et bois-énergie selon le marché.

La cohabitation de plusieurs vracs impose une discipline de process sur la propreté des lignes, la prévention des contaminations et le séquencement des opérations. Une organisation dédiée par produits, des circuits identifiés et une planification fine permettent de maintenir les standards de qualité tout en tirant parti des mêmes infrastructures.

Dunkerque 2026 : cap sur une chaîne d’export plus agile

Avec un outil renforcé, un soutien institutionnel et une diversification active, Nord Céréales se dote d’un profil plus résilient pour les campagnes à venir. Le rebond attendu des volumes en 2025-2026 devrait tester la nouvelle agilité du site et conditionner la capacité de la filière régionale à regagner des positions sur les marchés.

Le pari est sobre et lisible : sécuriser les flux céréaliers tout en élargissant le spectre des vracs exportés. Si la dynamique de récolte se confirme, Dunkerque a les moyens de transformer ce regain en avantage durable de compétitivité.

À l’échelle des ports français, peu d’actifs combinent à ce point montée en capacité et diversification aussi lisiblement alignées sur les besoins de la filière.