Comment Marcadé renforce son leadership avec des palox ?
Découvrez comment la scierie Marcadé modernise ses outils et capte la croissance en Bretagne grâce à des investissements stratégiques.

En plein cœur du Morbihan, une scierie familiale fait évoluer ses machines comme on affine une stratégie industrielle. Discrète mais solide, Marcadé accélère sur les palox et capitalise sur un maillon essentiel de la chaîne agroalimentaire bretonne. Derrière l’acier des lignes robotisées, on lit une trajectoire claire : moderniser pour sécuriser ses positions et capter une croissance durable.
Modernisation industrielle et capex maîtrisés chez marcadé
Basée à Evriguet, l’entreprise familiale Marcadé vient de boucler un cycle d’investissement de 4 millions d’euros concentré sur la modernisation de ses lignes et la productivité de ses ateliers. L’objectif est double.
D’un côté, accroître la capacité de fabrication de palox, ces caisses en bois grand format qui soutiennent le stockage des productions légumières et fruitières. De l’autre, améliorer la qualité et la répétabilité, indispensables dans des programmes logistiques exigeants.
Une tranche de 600 000 euros provient de France Relance, le plan public déployé pour dynamiser l’appareil productif post-crise sanitaire. Ce coup de pouce a déverrouillé des investissements à retour rapide, tout en limitant la charge financière sur le bilan et la trésorerie. Dans un environnement de taux en tension, la combinaison d’aides et d’autofinancement prudent reste un signal de bonne gouvernance.
Le dirigeant, Cédric Marcadé, assume un cap clair depuis 2017 : renforcer l’outil de production pour consolider un leadership régional historique. Le pari est assumé sur un segment où la demande est ferme, tirée par la Bretagne maraîchère et fruitière. L’entreprise y gagne en flexibilité, réduit ses temps de réglage et assure des séries plus longues, essentielles sur les campagnes de récolte.
Les choix d’investissement qui changent la donne
Marcadé a priorisé des postes à effet immédiat sur la productivité.
- Automatisation ciblée des opérations répétitives sur les lignes de palox et de caisses.
- Optimisation des flux bois entrant et sciages intermédiaires pour réduire les manipulations.
- Amélioration des contrôles qualité pour limiter les rebutages et consolider la satisfaction client.
- Maintenance préventive renforcée, afin de limiter les arrêts imprévus en haute saison.
Un palox est une grande caisse en bois, empilable et manipulable par chariots, conçue pour le transport et le stockage de volumes importants de légumes et de fruits. Sa robustesse, ses dimensions normalisées et sa réutilisabilité en font un standard logistique des filières agricoles. Il pèse sur les exigences de qualité des bois, de solidité des assemblages et de tenue dans le temps, d’où l’investissement continu dans l’outil industriel pour garantir la fiabilité des séries.
Un leadership breton porté par la demande en palox
Le dynamisme de Marcadé s’explique par une demande régionale forte. La Bretagne agricole mobilise des volumes structurels de palox pour ses campagnes de pommes de terre, ses légumes de garde et diverses productions maraîchères.
Des marqueurs de filière comme Prince de Bretagne et des industriels de l’agroalimentaire tels que Brets animent un besoin continu d’emballages polyvalents et robustes. Marcadé capte ce courant par une spécialisation assumée et une réactivité saisonnière.
Derrière la flambée ponctuelle des prix du bois de sciage au plus fort de la crise sanitaire, le marché a retrouvé des repères plus stables. La compétitivité se joue désormais sur la capacité à accepter des séries longues en tension de planning et à fournir des variantes typées. Ce positionnement place la scierie d’Evriguet sur un segment à barrières à l’entrée pratiques plus élevées que la palette standard.
Marcadé : stratégie et résultats
La maison a bâti une offre à double détente. D’abord des palettes qui assurent un socle de volumes et de cash-flow. Ensuite des palox et caisses plus techniques, mieux valorisés. Ce mix optimise les marges et amortit l’investissement. La doctrine d’atelier reste simple : faire plus et mieux en modernisant, tout en ajustant la production aux campagnes agricoles.
La consolidation du leadership breton se nourrit aussi d’une proximité logistique avec les bassins de production. Réduire les trajets abaisse le coût complet et améliore la disponibilité. C’est un avantage concurrentiel dans une filière où les délais de livraison et la fiabilité priment autant que le prix unitaire.
Au-delà des volumes agricoles, la région s’appuie sur un réseau d’expéditeurs, de coopératives et d’industriels de transformation. Le palox y sert d’outil logistique de campagne, de stockage intermédiaire, et parfois de conteneur de maturation selon les variétés. Les filières souhaitent des formats homogènes, ce qui profite aux scieries capables de fournir des séries répétables et compatibles avec les lignes de manutention existantes.
Pilotage financier et création de valeur
À la direction depuis 2017, Cédric Marcadé a conduit une montée en puissance graduelle. Le chiffre d’affaires a progressé de 2,5 millions à 5 millions d’euros, doublant sur la période, tandis que l’entreprise a stabilisé un effectif de plus de 30 CDI. Dans un secteur cyclique, cette trajectoire témoigne d’un calibrage d’investissements au bon rythme et d’une lecture fine de la demande.
Le portefeuille produit affiche un équilibre robuste. Environ 50 % du chiffre d’affaires provient des palettes.
Les palox et caisses contribuent à hauteur de 30 %. Le solde se joue sur les co-produits issus du sciage, valorisés en écorces, plaquettes, sciures et granulés. C’est un pilier du modèle économique qui limite les pertes et amortit les chocs matières.
Cette granularité de revenus réduit la dépendance à un seul marché. Sur le plan opérationnel, elle impose en revanche une gestion fine des flux pour minimiser les déplacements et les ruptures. La modernisation des lignes répond précisément à cette contrainte, diminuant les coûts de maintenance et les micro-arrêts qui grèvent la marge.
Le modèle circulaire de la scierie, un amortisseur économique
La valorisation intégrale des co-produits sécurise les marges et alimente l’économie locale.
- Écorces et plaquettes pour le paillage, la biomasse ou le paysage urbain.
- Sciures et granulés pour litières, isolation ou énergie.
- Approvisionnement certifié pour répondre aux attentes des donneurs d’ordre et des distributeurs.
Approvisionnement local et gestion forestière responsable
Marcadé revendique un ancrage court dans son sourcing. Tous les bois proviennent de forêts situées à moins de 100 km en Bretagne historique, avec un mix d’environ 80 % de résineux et 20 % de feuillus. La scierie travaille une quinzaine d’essences, ajustant ses choix au cycle de vie des produits et à la résistance mécanique recherchée.
La maison transforme 20 000 m³ de bois brut par an. En gardant le contrôle sur la première transformation, elle sécurise la disponibilité des sections spécifiques et évite les tensions de dernière minute. C’est un atout pour livrer en temps réel aux filières agricoles, dont les cadencements ne tolèrent pas le retard.
Au niveau national, la récolte de bois s’établissait autour de 50 millions de m³ en 2023. Le rééquilibrage en faveur des usages énergie est palpable, mais la demande en emballages industriels demeure soutenue, notamment dans les régions où la logistique agricole est puissante. La Bretagne s’y distingue par la cohérence de sa chaîne de valeur, depuis la sylviculture jusqu’aux plateformes d’expédition.
Le résineux est privilégié pour sa légèreté, sa facilité de clouage et la rapidité de séchage. Le feuillu peut entrer dans certains renforts mieux soumis aux chocs. L’assemblage dépend des contraintes d’empilage, de la résistance à l’humidité et du type de produit stocké. Marcadé ajuste le plan de clouage et l’épaisseur des éléments pour optimiser poids, coût et durabilité.
Transition énergétique : trackers solaires et maîtrise du coût électrique
Face à l’inflation énergétique, Marcadé a déployé trois trackers photovoltaïques de grande taille. La décision est pragmatique.
Les trackers suivent la course du soleil et accroissent la production par rapport à des panneaux fixes. Avec l’appui de la Région Bretagne à hauteur de 50 000 euros, l’installation couvre jusqu’à 25 % des besoins électriques lors des journées ensoleillées.
En 2024, la facture a absorbé un surcoût de 92 000 euros. Cette dépense conjoncturelle valide le bien-fondé d’un investissement qui va lisser les coûts à moyen terme. La montée en puissance des renouvelables dans le mix national s’observe aussi par ce type d’initiatives locales, où les entreprises fixent une partie de leurs charges et améliorent leur bilan carbone.
Trackers photovoltaïques : impact chiffré sur l’atelier
En pratique, les trackers sécurisent la disponibilité d’une puissance utile en journée, au plus près des besoins des lignes. La couverture de 25 % agit comme une assurance de continuité sur certaines phases sensibles et réduit les appels de puissance en pointe. La baisse des kWh achetés, même partielle, contribue à amortir les équipements plus rapidement.
Trackers solaires vs panneaux fixes : la différence opérationnelle
Les trackers optimisent l’angle d’exposition tout au long de la journée.
- Production accrue sur les matinées et fins de journée, quand l’angle est défavorable aux panneaux fixes.
- Énergie plus régulière pour alimenter les ateliers sans à-coups, à puissance identique installée.
- Maintenance ciblée sur des systèmes motorisés, compensée par le gain de rendement.
Au-delà de l’économie d’énergie, l’installation renforce la proposition de valeur commerciale. Les clients du secteur agroalimentaire sont de plus en plus attentifs aux indicateurs environnementaux. Montrer une trajectoire de réduction d’empreinte renforce la fidélisation tout en alignant l’entreprise sur les conventions d’achat responsables de grands donneurs d’ordre.
Contexte sectoriel des scieries françaises : entre tensions et opportunités
La filière bois a traversé plusieurs chocs. La crise des scolytes a imposé des coupes sanitaires importantes sur certains massifs, notamment à l’Est. En 2023, la Bourgogne-Franche-Comté a produit 1,33 million de m³ de sciages et enregistré un volume élevé de coupes sanitaires, autour de 600 000 m³, imposant des restructurations de flux matière et de calendrier industriel (DRAAF Bourgogne-Franche-Comté, 2023).
La Bretagne, moins touchée par ces infestations, profite d’un accès matière plus stable, même si elle n’échappe pas aux arbitrages logistiques nationaux. Les prix ont reflué depuis les sommets de 2021, mais restent sensibles aux aléas de change, de fret et de météo. Les scieries positionnées sur des segments spécialisés tirent leur épingle du jeu.
Lectures de marché pour 2025-2026
Les fondamentaux plaident pour des volumes agricoles soutenus, donc pour des besoins continus en palox. Les tensions se déplaceront plutôt vers la main-d’œuvre qualifiée et les coûts d’énergie. Les scieries qui auront investi dans des équipements frugaux en énergie et dans la maintenance prédictive auront une longueur d’avance.
Par ailleurs, la structuration de l’offre locale en granulés et biomasse pourrait renforcer les débouchés des co-produits. En France, les éco-activités représentent déjà 641 350 emplois en ETP en 2020, soit 2,4 % de l’emploi total, un vivier qui dépasse les métiers du bois et irrigue l’économie territoriale (notre-environnement, 2025).
Les scolytes affectent surtout l’épicéa, induisant des coupes rapides pour éviter la propagation, puis un afflux de bois à traiter à court terme. Cette dynamique bouscule la planification des scieries et peut décaler temporairement les disponibilités par essences. Les acteurs bretons, moins exposés au phénomène, profitent d’une relative stabilité qualitative sur leurs approvisionnements locaux.
Gouvernance familiale, culture de la qualité et emploi local
Marcadé reste une affaire de transmission. À la tête de la quatrième génération, Cédric Marcadé prolonge un héritage entrepreneurial où la modernisation n’est pas un slogan mais une méthode de travail. L’entreprise a su basculer d’ateliers majoritairement manuels vers des lignes semi-automatisées sans diluer son exigence de qualité.
Cette évolution se reflète dans l’emploi. Les 30 CDI sont structurés autour d’un socle de compétences fidèle à la scierie, avec des postes techniques et de maintenance renforcés. La logique d’amélioration continue irrigue l’organisation, réduisant les temps d’arrêt et sécurisant les cadences.
La culture de la qualité s’exprime par la standardisation progressive des composants, la traçabilité et l’attention portée aux bois certifiés. Ce langage commun avec les donneurs d’ordre rassure dans un secteur où l’emballage devient un élément de conformité tout autant qu’un objet logistique.
Marcadé : stratégie et résultats
Le pilotage familial conserve l’agilité décisionnelle. Le temps industriel est long, mais les arbitrages sur les investissements ou les recrutements peuvent être rapides, sans lourdeur de comité. Cette capacité à décider vite a permis d’anticiper les besoins de la filière bretonne et d’aligner les lignes de production sur les pics saisonniers.
Zéro déchet à l’atelier : leviers concrets
Marcadé transforme l’intégralité de la grume en produits ou co-produits à valeur d’usage.
- Tris granulométriques pour adapter les sciures et plaquettes aux débouchés énergétiques ou agricoles.
- Optimisation des débits pour maximiser le rendement matière par lot.
- Traçabilité par lots pour assurer la compatibilité des produits finis avec les exigences des clients.
Cette approche circonscrit les pertes et soutient la marge. Sur un marché où les coûts logistiques se sont tendus, convertir un déchet en ressource est non seulement écologique mais financièrement rationnel. C’est l’un des marqueurs qui différencient les scieries robustes des acteurs fragiles en phase de cycle.
Demandes agricoles et logistiques : comment marcadé adapte son outil
Les séries de palox s’inscrivent dans un calendrier serré. Les lignes tournent en régime nominal sur des programmes saisonniers, puis glissent vers des séries plus courtes pour des variantes techniques. Cette alternance exige des changements de formats rapides et une maintenance capable d’intervenir entre deux lots. La modernisation des machines permet de tenir cette cadence.
Le volet logistique est tout aussi structurant. Le stock tampon se construit à proximité des bassins de production, avec des flux calibrés pour l’empilage et le chargement poids lourds. L’objectif est de réduire les temps d’immobilisation et d’assurer la disponibilité des contenants lorsque la récolte bascule.
Réussir l’équation coût-qualité-délais
Le coût bois agit comme un coefficient multiplicateur sur l’ensemble de la chaîne. La qualité s’obtient par des assemblages précis, la régularité des épaisseurs et des contrôles en fin de ligne. Les délais se maîtrisent par un planning agile et une capacité de redéploiement des équipes. Marcadé joue sur ces trois variables pour sécuriser ses contrats.
À plus long terme, l’entreprise se dit attentive à la disponibilité des compétences en électromécanique et automatisme. Les scieries modernisées ont besoin de techniciens ancrés localement, capables d’ajuster des machines et de résoudre les incidents sans externalisation systématique.
Ancrage territorial et effets d’entraînement
Avec 5 millions d’euros de chiffre d’affaires et des emplois pérennes à Evriguet, Marcadé illustre la capacité des PME industrielles à irriguer une économie locale. Les dépenses d’investissement, les achats de bois, la sous-traitance et la logistique génèrent des retombées qui dépassent le périmètre de l’atelier.
La scierie s’inscrit dans une dynamique française où la consommation d’énergie converge graduellement vers des sources renouvelables et où le coût final alimente des arbitrages d’innovation. Les trackers installés, la valorisation des co-produits et le sourcing local en sont des déclinaisons concrètes sur le terrain.
Le tout compose une proposition de valeur lisible pour les donneurs d’ordre agricoles : réactivité pendant les campagnes, qualité mécanique des palox et traçabilité du bois. Ce faisceau d’arguments renforce l’attractivité commerciale, dans un environnement où l’empreinte carbone et la résilience logistique pèsent davantage chaque année.
Paramètres à surveiller
Trois variables méritent une vigilance continue. D’abord l’énergie, dont le coût unitaire reste volatil malgré l’effort d’autoproduction. Ensuite le bois, soumis aux aléas climatiques, sanitaires et aux arbitrages export. Enfin la main-d’œuvre, avec des métiers techniques à fidéliser. Sur ces trois fronts, Marcadé a engagé des parades tangibles.
Un cap industriel qui s’affirme pour la scierie marcadé
Les choix industriels récents tracent une ligne claire. En priorisant les palox et les caisses à forte intensité qualitative, Marcadé valorise son savoir-faire et stabilise ses marges. Le soutien public a agi en accélérateur, tandis que l’énergie solaire et la valorisation des co-produits ancrent la stratégie bas carbone.
À l’échelle régionale, la spécialisation de l’entreprise s’aligne sur les besoins structurels de la Bretagne agricole. L’écosystème local, la proximité des forêts et la robustesse de la demande agroalimentaire composent une base favorable pour les prochaines campagnes. En France, la filière bois demeure un employeur significatif et un pivot de la transition énergétique, un environnement incitatif pour les scieries capables d’investir au bon moment et au bon endroit.
En modernisant son outil, en sécurisant son approvisionnement local et en réduisant son intensité énergétique, Marcadé illustre le profil d’une PME industrielle bretonne résiliente qui convertit les contraintes du secteur en leviers de performance durable.