L'Oréal modernise deux usines et crée des emplois dans l'Aisne
Découvrez comment L'Oréal investit 140 M€ en Aisne pour moderniser ses usines et générer des emplois locaux.

À Saint-Quentin et Gauchy, L’Oréal enclenche un programme d’industrialisation de 140 millions d’euros qui repositionne l’Aisne sur la carte européenne des cosmétiques. Deux sites distants d’un kilomètre sont modernisés pour soutenir CeraVe et la parfumerie, avec des jalons opérationnels dès 2025 et une ligne d’horizon à 2030. L’enjeu est industriel, économique et climatique à la fois.
Investissements industriels dans l’Aisne : 140 M€ pour deux sites L’Oréal
Le plan engagé par L’Oréal dans l’Aisne est scindé en deux enveloppes équivalentes. 70 millions d’euros sont affectés à l’usine Soprocos de Saint-Quentin, réorientée vers les soins dermatologiques CeraVe pour l’Europe.
À Gauchy, l’usine Fapagau bénéficie d’un investissement identique pour doubler sa capacité de production de parfums d’ici 2030. La proximité des deux sites, à un kilomètre, crée un pôle de spécialités complémentaires dans les Hauts-de-France.
Ce renforcement s’inscrit dans une trajectoire d’ensemble. Le groupe a réalisé 43,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, en progression de 7,3 % sur un an, soutenu notamment par le luxe et la dermatologie active. En France, L’Oréal exploite 11 usines, dont quatre dans les Hauts-de-France, avec un effet d’entraînement sur l’emploi direct et indirect.
Deux sites, deux expertises, une même trajectoire
Saint-Quentin bascule vers les soins dermatologiques CeraVe à échelle européenne. Gauchy se spécialise davantage dans les volumes de parfums. Cette complémentarité consolide la présence industrielle de L’Oréal dans les Hauts-de-France tout en renforçant la résilience logistique au sein d’un même bassin d’emploi.
Soprocos à Saint-Quentin : pivot CeraVe et montée en cadence européenne
Calendrier, budget et périmètre
Implantée depuis 1965, l’usine Soprocos fête ses 60 ans avec un chantier d’ampleur. L’enveloppe de 70 millions d’euros a été engagée sur la période 2022-2026 et financée intégralement par L’Oréal.
L’objectif est clair : calibrer le site pour la production de CeraVe destinée au marché européen. Une déconstruction-reconstruction de 4 600 m², soit environ 8 % de la surface totale, redessine les flux de production sur un ensemble de 55 000 m² abritant 310 salariés. La direction du groupe a souligné s’être appuyée sur les « capacités humaines et de transformation » du site pour opérer ce pivot.
La transformation a été décrite comme « colossale » par la presse régionale, confirmant l’ambition de ce relèvement industriel à l’occasion de l’anniversaire du site (L’Union, 29 septembre 2025).
Capacité, équipements et transition industrielle
Le rééquipement du site supporte une capacité cible de 200 millions d’unités par an pour CeraVe, avec un démarrage industriel en février 2025. Les travaux ont installé trois mélangeurs de 20 tonnes chacun et quatre lignes de conditionnement, adaptées aux textures visqueuses propres aux crèmes et lotions dermatologiques.
Historiquement tournée vers les aérosols comme la laque Elnett, l’usine a dû réajuster ses procédés. La bascule implique un pilotage précis de la viscosité, des temps de mélange et de l’hygiène sur lignes. Le directeur du site a rappelé la complexité du maintien de la production pendant les travaux, une contrainte typique des reconversions en milieu brownfield.
La transition vers des crèmes et lotions modifie le cœur de l’atelier :
- Montée en capacité de mélange pour des volumes homogènes et stables.
- Adaptation des lignes de remplissage à des formulations visqueuses, avec contrôle accru des tolérances.
- Exigences renforcées sur le nettoyage en place et la traçabilité des lots.
- Reconfiguration des flux pour éviter les contaminations croisées et optimiser les temps de cycle.
Ces ajustements favorisent des gains de qualité et une prévisibilité des cadences, indispensables aux volumes européens visés.
Durabilité du site et trajectoire énergie-eau
Le volet environnemental est une brique structurante de l’investissement. L’Oréal déploie à Saint-Quentin des systèmes de recyclage d’eau permettant de réutiliser 60 % de l’eau industrielle à court terme, avec un objectif de 100 % à terme.
Des pompes à chaleur doivent entrer en service en octobre 2025 afin de réduire la consommation énergétique du site. Ces initiatives s’alignent avec l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 et s’inscrivent dans une trajectoire nationale où le groupe indique avoir réduit de 50 % ses émissions de CO2 depuis 2005 en France.
CeraVe à Saint-Quentin : points clés de l’outil industriel
Le site intègre des moyens dimensionnés pour les volumes européens :
- 3 mélangeurs de 20 tonnes pour sécuriser les grands lots.
- 4 lignes de conditionnement calibrées sur crèmes et lotions.
- Recyclage de l’eau avec objectif final de 100 %.
- Pompes à chaleur opérationnelles en octobre 2025.
- Capacité cible de 200 millions d’unités par an dès le démarrage en 2025.
Fapagau à Gauchy : doublement des parfums d’ici 2030
Extension et organisation des flux
Construite en 1986, l’usine Fapagau à Gauchy est spécialisée dans la production de parfums en grandes séries. L’investissement de 70 millions d’euros prévoit une rénovation avec extension de 4 250 m², sur un site existant de 17 000 m² et 230 salariés. Le projet redessine l’implantation industrielle en séparant les zones de production et les laboratoires, un levier classique de performance qui limite les interactions parasites et sécurise les contrôles qualité.
Capacité et jalons opérationnels
L’objectif opérationnel est de doubler la capacité d’ici 2030, avec une inauguration attendue d’ici fin 2025. Le site, ancré sur la parfumerie de volume, s’inscrit ainsi dans une stratégie de segmentation du parc industriel en France, où chaque usine porte une spécialité forte. Cette granularité permet d’absorber la croissance des divisions de parfums du groupe tout en stabilisant les temps de traversée.
Dans un site de parfums grandes séries, la montée en capacité s’appuie généralement sur :
- L’ajout de lignes de remplissage et de conditionnement à cadence synchronisée.
- Le relèvement des capacités de stockage intermédiaire pour bases et essences.
- La séparation des fonctions sensibles (laboratoires, production) pour fluidifier les flux et simplifier la conformité.
- La standardisation des formats d’emballage pour réduire les temps de changement de série.
Ces axes, combinés à des boucles d’amélioration continue, permettent d’atteindre des volumes cibles tout en maîtrisant la qualité.
Hauts-de-France : ancrage industriel et effets d’entraînement
Quatre usines et 1 500 emplois directs
L’Oréal opère quatre usines dans les Hauts-de-France. Outre Saint-Quentin et Gauchy, le groupe exploite Caudry (Nord) pour les crèmes et fonds de teint avec 500 salariés, et Lassigny (Oise) pour le maquillage de luxe avec 350 salariés. Au total, le groupe revendique 1 500 emplois directs en région, autour d’un tissu de spécialités complémentaires.
Cartographie express des sites L’Oréal dans les Hauts-de-France
- Saint-Quentin : soins dermatologiques CeraVe, 310 salariés, 55 000 m².
- Gauchy : parfums grandes séries, 230 salariés, 17 000 m², extension de 4 250 m².
- Caudry (Nord) : crèmes et fonds de teint, 500 salariés.
- Lassigny (Oise) : maquillage de luxe, 350 salariés.
La densité industrielle régionale favorise des synergies d’approvisionnement et de formation, avec un vivier de compétences rare sur la cosmétique.
Sous-traitants et emplois indirects
Par effet d’entraînement, L’Oréal estime à 3 500 le nombre d’emplois indirects, soit un total proche de 5 000 emplois induits en Hauts-de-France. L’industrie cosmétique représente 2 % du PIB régional selon des données de l’INSEE pour 2023, ce qui illustre la contribution sectorielle à la croissance locale. La montée en cadence des deux sites de l’Aisne est en mesure de consolider cet impact, à la fois par la commande industrielle et par la circulation des savoir-faire.
Capex, R&D et cadre fiscal : une trajectoire financée et outillée
Investissements français et priorités 2018-2024
L’intensité d’investissement dans l’Aisne s’inscrit dans un cycle plus large. Entre 2018 et 2024, L’Oréal indique avoir investi plus de 1 milliard d’euros dans ses usines françaises. En 2019, un investissement de 15 millions d’euros a été consacré à Aulnay-sous-Bois pour spécialiser ce site dans les parfums haut de gamme, devenu depuis le quatrième site dédié aux parfums en France.
Ce capex soutenu répond à une logique de spécialisation par familles de produits et de renforcement de la résilience industrielle sur le territoire. L’articulation entre sites à haute volumétrie et sites orientés premium optimise la couverture des segments de marché du groupe.
R&D et CIR : leviers d’innovation
Sur l’innovation, L’Oréal consacre environ 1 milliard d’euros par an en R&D, soit près de 3 % de son chiffre d’affaires. Côté cadre fiscal, le Crédit d’Impôt Recherche a représenté 150 millions d’euros en 2023 selon les déclarations du groupe à l’AMF. L’alignement entre dépenses de développement et incitations fiscales soutient les projets industriels à forte composante technologique, y compris la montée en gamme des process et la digitalisation des lignes.
Le CIR favorise les travaux de recherche et développement au sein ou au service des sites industriels :
- Incitation à l’expérimentation de procédés de formulation et de conditionnement.
- Accélération des validations industrielles pour de nouveaux formats ou ingrédients.
- Effets d’apprentissage applicables aux lignes pilotes, puis au scale-up.
Avec 150 M€ de CIR en 2023, L’Oréal dispose d’un levier financier pour déployer à grande échelle ses innovations process et qualité.
Synergies industrielles et marché européen : CeraVe et parfums en accélération
CeraVe : intégration et portée
Intégrée depuis 2017 au sein de la division Active Cosmetics, CeraVe a vu ses ventes au moins doubler depuis son acquisition, portée par la dynamique des soins dermatologiques. La production à Saint-Quentin couvrira l’ensemble de l’Europe. La sélection du site a été motivée par ses « capacités humaines et de transformation », confirmant la stratégie d’allocation des actifs industriels au plus près des besoins de marché.
Europe en croissance et objectifs mondiaux
En 2024, les ventes en Europe ont progressé de 8 %, donnant un socle d’atterrissage aux investissements de l’Aisne. À l’échelle mondiale, L’Oréal opère 36 usines et vise une production de 7 milliards d’unités par an d’ici 2030. La mise à niveau de Soprocos et Fapagau est cohérente avec ce cap, tout en garantissant une production plus locale et plus durable.
Produire au plus près des marchés européens permet :
- De réduire les délais et l’exposition aux ruptures logistiques.
- De contenir les émissions liées au transport amont et aval.
- De renforcer la conformité réglementaire via des chaînes de contrôle plus courtes.
- De stabiliser le coût complet en limitant les variances de change et de fret.
Pour des catégories en croissance rapide comme les soins dermatologiques, cette localisation est un avantage compétitif tangible.
Qui est L’Oréal : leadership, empreinte française et trajectoire 2024
Profil de groupe et présence industrielle
Fondé en 1909, L’Oréal est le leader mondial des cosmétiques avec un portefeuille de plus de 35 marques internationales. Le groupe emploie environ 88 000 personnes dans le monde. En France, son maillage de 11 usines couvre parfumerie, maquillage, skincare et haircare, avec une spécialisation progressive des unités pour ancrer la qualité et la performance opérationnelle.
L’année 2024 illustre une trajectoire de croissance maîtrisée, portée par le luxe et la dermatologie active, et confirmée par le chiffre d’affaires de 43,5 milliards d’euros (communiqués du groupe).
Comparaison utile : le précédent d’Aulnay-sous-Bois en 2019
L’investissement de 15 millions d’euros en 2019 sur l’usine d’Aulnay-sous-Bois a servi de jalon pour la spécialisation parfum, faisant de ce site le quatrième établissement dédié à la parfumerie en France. Cette logique d’ancrage par spécialité se retrouve dans l’Aisne, avec CeraVe d’un côté et les grandes séries parfums de l’autre, afin de capter la croissance tout en maîtrisant les coûts de fabrication.
Lecture économique des chantiers de l’Aisne
- Retour sur investissement visé par des montées en cadence planifiées, avec des risques techniques lissés par phases.
- Mutualisation régionale des compétences et des fournisseurs, créant un hub cosmétique multi-activités.
- Trajectoire climat ancrée dans des décisions d’équipement concrètes : recyclage d’eau et pompes à chaleur.
Ce triptyque finance-compétences-climat structure la compétitivité long terme des sites.
Cap industriel dans l’Aisne : une base de production pour la décennie
Les chantiers menés à Saint-Quentin et Gauchy concentrent les priorités industrielles du moment : spécialisation des sites, montée en cadence sécurisée, performance environnementale auditable et ancrage territorial. Ils soutiennent la croissance européenne de L’Oréal, tout en modernisant le socle industriel français.
Avec des jalons étalés entre 2025 et 2030, l’Aisne s’impose comme un pivot pour les soins dermatologiques et la parfumerie de volume. La stratégie vise la robustesse d’exécution, condition d’un avantage compétitif durable sur les marchés européens.
À suivre désormais, la tenue des cadences et la consolidation des gains énergie-eau, baromètres clés de la compétitivité industrielle.