À la clôture du 6 octobre 2025, LDC a dévoilé une marche en avant nette: le premier semestre 2025-2026 se solde par une hausse à deux chiffres du chiffre d'affaires et une accélération marquée au second trimestre. Le groupe sarthois, propriétaire des marques Le Gaulois et Marie, s'appuie sur un duo efficace volumes-prix et une croissance externe assumée pour élargir son empreinte, en France comme à l'international.

Semestre 2025-2026 : accélération des ventes et mix prix-volumes

Le premier semestre de l'exercice 2025-2026, clos fin août, se solde par un chiffre d'affaires de 3,45 milliards d'euros, en progression de 15,6 % par rapport aux 2,984 milliards d'euros de la période comparable. À périmètre identique, la hausse ressort entre 5,6 % et 5,7 %. La trajectoire n'est pas linéaire: +10,6 % au premier trimestre pour 1,517 milliard d'euros, puis une accélération à +20,5 % au second trimestre.

Deux leviers se conjuguent. D'abord, une montée des volumes commercialisés dans les métiers historiques du groupe. Ensuite, des revalorisations tarifaires destinées à absorber une partie des hausses de coûts. Ce ressort prix-volumes a été décisif à la mi-exercice, tout particulièrement en volaille et dans les activités de traiteur élargies par acquisitions.

Le choix stratégique de la croissance externe, couplé à un pilotage serré du prix mix, conforte la dynamique commerciale. La granularité des marges par segment n'est pas publiée à ce stade, mais le groupe réaffirme ses ambitions financières annuelles, signe d'une confiance dans la soutenabilité de la trajectoire.

Chiffres clés semestriels à retenir

Des repères chiffrés utiles pour comprendre la dynamique commerciale annoncée par LDC.

  • 3,45 milliards d'euros de chiffre d'affaires au S1 2025-2026.
  • +15,6 % en publié, +5,6 % à +5,7 % à périmètre identique.
  • 1,517 milliard d'euros au T1, soit +10,6 %.
  • Accélération à +20,5 % au T2.
  • Objectifs annuels réitérés: > 7 milliards d'euros de ventes et EBITDA ~560 millions d'euros.

La croissance à périmètre identique neutralise les effets d'acquisitions et cessions pour isoler la performance organique. Elle offre une comparaison plus fidèle de l'activité sous-jacente. Ici, l'écart entre +15,6 % en publié et +5,6 % à +5,7 % en organique traduit l'impact des intégrations récentes, particulièrement à l'international et dans le traiteur.

Pôle volaille : arbitrages prix et volumes en GMS et RHD

GMS et RHD : contributions différenciées

Au cœur de l'activité, le pôle volaille a tiré les ventes vers le haut. En GMS, la progression atteint +5,6 % en valeur sur le semestre. En RHD, la hausse atteint +10,2 %, portée par la reprise de la consommation hors domicile et un positionnement produits large, du cru au prêt-à-cuire.

Le contraste GMS-RHD illustre la résilience des circuits de distribution. Les arbitrages des ménages, encore sensibles à l'inflation passée, cohabitent avec la normalisation des flux en restauration collective et commerciale. LDC a activé des ajustements tarifaires ciblés, sans sacrifier les volumes, un équilibre clé pour préserver les lignes d'approvisionnement et la charge industrielle.

Production de poulet : effets opérationnels et discipline commerciale

L'augmentation de la production de poulet et la montée des volumes commercialisés nourrissent la croissance organique. La mécanique reste classique mais exigeante: sécuriser la matière première, piloter les flux industriels, puis faire valoir le prix là où les hausses de coûts l'imposent. L'entreprise indique avoir procédé à des revalorisations de prix afin de compenser l'inflation des intrants et des charges opérationnelles, tout en soutenant la rotation produit en linéaire et en RHD.

En toile de fond, la capacité à lisser l'effet de ciseaux volumes-prix constitue un différentiel concurrentiel. L'absence d'éléments chiffrés sur les marges par canal ne permet pas d'évaluer la contribution relative de chaque réseau, mais la lecture des ventes signale une exécution cohérente sur les principaux segments.

GMS, RHD : définitions utiles

Deux canaux structurants pour le pôle volaille et les traiteurs de LDC.

  • GMS désigne la grande et moyenne surface, du supermarché à l'hypermarché.
  • RHD recouvre la restauration hors domicile, de la restauration commerciale à la restauration collective.

Les coûts d'abattage, de transformation, d'énergie ou d'emballages ne sont pas entièrement compressibles à court terme. La revalorisation tarifaire permet de préserver l'équation économique tout en conservant des volumes acceptables. La difficulté est d'ajuster finement ces hausses par catégorie de produit, canal et calendrier de renégociation, sans altérer la fidélité des distributeurs et de la RHD.

Croissance internationale : intégrations ECF et Indikpol

Effet périmètre sur le trimestre et le semestre

À l'international, la performance est spectaculaire. Les ventes trimestrielles bondissent de +77,9 %. Sur l'ensemble du semestre, le chiffre d'affaires atteint 612 millions d'euros, en hausse de +66 %. Cette accélération tient largement à l'effet périmètre, conséquence directe des intégrations en cours.

Ce saut d'échelle offre deux avantages: dilution du risque spécifique au marché français et montée en puissance sur des zones où la consommation de volaille et de produits traiteurs progresse. Les volumes exportés profitent du renforcement de la base industrielle et de la synchronisation des portefeuilles produits entre filiales.

ECF et Indikpol : ancrage européen renforcé

L'intégration de nouvelles filiales, dont ECF et Indikpol, constitue un levier central. Le message est clair: LDC capitalise sur des cibles qui offrent des positions industrielles et commerciales complémentaires. Le groupe ne détaille pas la décomposition exacte des contributions, mais souligne l'effet entraînant sur les volumes et sur l'accès à de nouveaux marchés.

Sur un plan financier, l'effet de périmètre appelle une discipline d'intégration: harmonisation des processus, qualité, achats et systèmes d'information. L'objectif est double: préserver la vitesse commerciale tout en ancrant les synergies opérationnelles qui soutiendront la rentabilité au-delà de l'effet mécanique de consolidation.

International : effets attendus sur l'organisation

La montée en puissance hors de France a des implications concrètes pour LDC.

  • Chaîne logistique: synchronisation des flux export et gestion des capacités.
  • Qualité et conformité: exigences pays par pays, harmonisation progressive.
  • Portefeuille produits: adaptation des gammes aux goûts locaux et aux contraintes réglementaires.
  • Achats: mutualisation partielle pour lisser les coûts d'intrants.

Une progression aussi élevée résulte souvent d'un cumul d'effets: base de comparaison plus faible, intégrations consolidées sur un trimestre plein, élargissement de l'offre, dynamique prix. Elle ne préjuge pas, à elle seule, de la trajectoire annuelle, mais confirme la capacité d'intégration opérationnelle lorsque les synergies s'enclenchent rapidement.

Pôle traiteur : intégration de Pierre Martinet et effets mesurables

Pierre Martinet : relais de croissance immédiat

L'acquisition du groupe Pierre Martinet en juin 2025 a immédiatement reconfiguré le périmètre du pôle traiteur. Sans cette intégration, la tendance organique de la division aurait reculé de 2,7 %. Avec Pierre Martinet, les ventes du pôle progressent de +35 % au second trimestre et de +18 % sur le semestre.

Cette opération illustre la stratégie de LDC: consolider des marques reconnues et densifier l'offre prête-à-consommer. Les synergies se jouent sur le référencement, la couverture logistique et la mutualisation des outils industriels, autant de leviers pour amortir les charges fixes et optimiser le mix produit.

Effet de mix et couverture des coûts

Le traiteur présente un profil différent de la volaille fraîche: un mix plus élaboré, des cycles d'innovation plus rapides, une sensibilité plus forte aux coûts d'emballage et aux recettes. En élargissant son portefeuille, LDC gagne un amortisseur de cycle et diversifie l'exposition aux catégories prix. Le groupe ne communique pas de marges détaillées, mais l'impact sur le chiffre d'affaires signale un relais commercial robuste dès le T2.

En creux, la croissance externe compense une respiration organique plus faible. Ce rattrapage traduit l'enjeu de taille critique: augmenter le poids relatif des marques et des capacités pour sécuriser l'accès aux linéaires et capter des volumes additionnels en RHD, quand les coûts ne cèdent pas encore franchement.

Lecture organique vs externe sur le traiteur

Ce qu'il faut retenir pour analyser la performance de la division.

  • Sans Pierre Martinet: recul organique de 2,7 % sur le semestre.
  • Avec intégration: bond de +35 % au T2, +18 % au S1.
  • Implication: l'effet périmètre masque une faiblesse ponctuelle de la demande organique et accélère la densification du portefeuille.

Objectifs 2025-2026 : cap des 7 milliards d'euros et EBITDA visé

LDC réaffirme un objectif de chiffre d'affaires supérieur à 7 milliards d'euros pour l'ensemble de l'exercice 2025-2026, assorti d'un EBITDA proche de 560 millions d'euros (Boursorama, 6 octobre 2025). Cette confirmation envoie un signal de visibilité aux investisseurs: l'effet volume-prix et les intégrations doivent continuer à porter la trajectoire.

Le groupe souligne toutefois qu'il reste attentif aux variables de l'équation sectorielle: prix des matières premières, évolution des réglementations agroalimentaires, rythmes de renégociation en distribution, coûts opérationnels. L'international apporte un amortisseur mais accroît aussi l'ampleur des chantiers d'intégration. L'atteinte des objectifs dépendra de la poursuite d'une exécution rigoureuse et d'un environnement suffisamment stable sur les intrants.

L'EBITDA mesure le résultat opérationnel avant amortissements et dépréciations. Il met en évidence la performance d'exploitation et la capacité à générer des flux avant investissements lourds et éléments non récurrents. Pour un acteur agroalimentaire intégré, il reflète notamment l'efficacité industrielle, le mix produit et la qualité des négociations commerciales.

Trois sensibilités à surveiller d'ici la clôture annuelle:

  • Mix prix-volumes: calibrage fin des revalorisations tarifaires pour préserver la rotation tout en couvrant les coûts.
  • Intégration internationale: concrétisation des synergies opérationnelles chez ECF et Indikpol.
  • Traiteur élargi: maintien du momentum commercial de Pierre Martinet pour sécuriser la contribution attendue.

Qui est LDC : ancrage sarthois et modèle multi-marchés

Fondé en 1968, LDC s'est imposé comme l'un des leaders français de la volaille et des produits traiteurs. Basé dans la Sarthe, le groupe emploie plus de 23 000 personnes et opère via des filiales dans plusieurs pays. Ses marques grand public, dont Le Gaulois et Marie, assurent une couverture large des segments de consommation.

La société est cotée sur Euronext Paris. Ses publications sont suivies par l'Autorité des Marchés Financiers, avec des diffusions régulières accessibles sur des plateformes professionnelles. Sur l'exercice 2024-2025, la dynamique était déjà bien orientée, et le premier semestre 2025-2026 prolonge cette trajectoire par la combinaison d'une croissance organique positive et d'acquisitions ciblées.

Le Gaulois et Marie : un portefeuille ancré dans le quotidien

Le portefeuille de marques conjugue notoriété et amplitude de gamme. Le Gaulois propose une large offre en volaille, tandis que Marie adresse la demande de plats cuisinés et de solutions repas. Cette complémentarité facilite les animations commerciales en GMS, tout en alimentant les volumes pour la chaîne industrielle.

L'apport de Pierre Martinet renforce l'axe traiteur prêt-à-consommer, ce qui améliore l'équilibre du groupe entre produits frais, élaborés et ultra-frais. Cette diversification est précieuse pour amortir les cycles et ajuster les plans d'innovation au rythme des grands comptes distributeurs et de la RHD.

Un portefeuille étendu permet de mutualiser les temps forts promotionnels, d'optimiser les linéaires et de négocier des référencements multi-catégories. Sur le plan industriel, il amortit les coûts fixes en élargissant la base de volumes, au service d'un meilleur taux d'utilisation des capacités.

Lecture économique du semestre pour la filière agroalimentaire

Ce premier semestre confirme un point clé: les champions intégrés capables de coupler croissance externe et ajustements tarifaires ciblés prennent de la vitesse. LDC en offre une illustration: un semestre porté par la volaille, l'international en accélération avec ECF et Indikpol, et un traiteur redimensionné par Pierre Martinet. La réitération d'objectifs annuels ambitieux témoigne d'une confiance dans les fondamentaux opérationnels (Agri Mutuel, 6 octobre 2025).

La suite dépendra de la maîtrise des intrants, du tempo des renégociations commerciales et de la solidité de la demande en RHD. Pour l'heure, la photographie semestrielle montre un groupe en phase avec ses marchés et une filière agroalimentaire française capable de créer de la valeur par la taille critique, la discipline prix et l'exécution industrielle.

À mi-parcours, LDC pose les jalons d'un exercice où l'effet périmètre et la qualité d'intégration feront la différence.