306 millions d'euros au S1 2025 : Hexaom encaisse la contraction du marché tout en préservant sa rentabilité. L'ETI familiale d'Alençon, spécialisée dans la maison individuelle et la rénovation, réduit la voilure mais conserve des marges positives. Entre choc de volumes et discipline opérationnelle, l'entreprise pose les jalons d'un rebond annoncé en 2026.

Chiffres clés du S1 2025 : activité en retrait mais marge préservée

La crise immobilière continue de peser sur les volumes. Sur les six premiers mois de 2025, Hexaom a réalisé 306 millions d'euros de chiffre d'affaires, soit une baisse de 32 % par rapport au premier semestre 2024. Cette contraction s'explique par des prises de commandes plus faibles en 2024 et un accès au crédit plus difficile pour les ménages.

Côté résultats, la société parvient à protéger sa profitabilité :

  • Résultat opérationnel courant : 12,2 millions d'euros, en recul de 14,1 %.
  • Marge opérationnelle courante : 4 %, soutenue par un pilotage serré des coûts.
  • Résultat net part du groupe : 5,4 millions d'euros, en baisse de 48,6 % mais restant positif.

Le repli de la maison individuelle et le ralentissement des signatures dans la promotion expliquent l'essentiel de la chute du chiffre d'affaires. Les taux d'intérêt encore élevés et une confiance des ménages fragilisée prolongent le cycle bas.

Gestion des coûts : leviers activés pour amortir le choc

Hexaom a priorisé la qualité des marges à la quantité d'affaires. La stabilisation de la marge opérationnelle à 4 % témoigne d'une action sur les achats, les dépenses de structure et l'optimisation des chantiers. Cette discipline financière limite l'érosion du résultat malgré l'ampleur de la baisse des volumes.

Maisons individuelles : une demande atone depuis 2024

Le recul des ventes de maisons impacte directement les flux de production. Les difficultés d'accès au crédit hypothécaire et l'effort d'apport plus élevé ont pesé sur la demande. Les mises en chantier ralentissent, allongeant le délai de conversion du carnet en revenus.

Lecture des résultats : trois signaux à retenir

Au S1 2025, trois éléments structurent la trajectoire d'Hexaom :

  1. Compression des volumes sur la maison individuelle, qui pénalise le chiffre d'affaires.
  2. Marge opérationnelle courante à 4 %, reflet d'un pilotage strict des coûts.
  3. Résultat net positif malgré un environnement adverse, indicateur de résilience.

Dans les métiers de construction, la marge opérationnelle peut résister même quand le volume recule, si l'entreprise déploie des leviers sur les achats, ajuste sa capacité productive et sélectionne mieux ses chantiers. La marge de 4 % à 306 millions d'euros correspond à un niveau de résultat opérationnel courant de 12,2 millions d'euros, cohérent avec un mix d'activité recentré sur des opérations plus contributives.

(Données chiffrées clés confirmées par la communication financière relayée le 26 septembre 2025) (Boursorama)

Prévisions 2025 : normalisation graduelle et diversification

Pour l'exercice 2025, le groupe vise une baisse plus limitée de ses ventes, comprise entre -10 % et -15 % par rapport à 2024. L'hypothèse repose sur une stabilisation progressive de l'environnement commercial et sur l'accélération de relais de croissance en rénovation énergétique.

La direction met en avant une trésorerie jugée solide et une flexibilité suffisante pour absorber le creux de cycle tout en préparant la reprise. L'entreprise confirme la poursuite d'initiatives sur les matériaux durables et l'adaptation des offres aux exigences de la RE2020.

Rénovation énergétique : l'autre moteur de 2025

La montée en puissance de la rénovation énergétique doit amortir la faiblesse de la construction neuve. Les équipes renforcent leurs positions sur des projets à forte valeur ajoutée, avec une promesse de performance énergétique et un accompagnement de bout en bout. Cette diversification développe des marges souvent plus résilientes que la promotion en période de cycle bas.

Innovation produit : matériaux et BIM en appui des marges

L'intégration de technologies BIM pour la modélisation et la généralisation de matériaux sobres en carbone soutiennent la différenciation. L'objectif est double : maitriser les coûts en phase chantier et optimiser l'empreinte environnementale. Ce positionnement est cohérent avec la montée des critères durables dans les décisions d'achat.

Rénovation énergétique : segments porteurs en 2025

Les gisements de demande identifiés par les acteurs du secteur incluent :

  • Isolation et performance thermique des maisons individuelles récentes ou des pavillons des années 70-90.
  • Rénovation globale avec amélioration du chauffage et de la ventilation.
  • Extensions et surélévations intégrant les exigences RE2020 pour des gains énergétiques additionnels.

Carnet 2026 : commandes en forte hausse et plus de 3 200 maisons programmées

Les signaux avancés se raffermissent. Les prises de commandes progressent de 78 % en volume sur un an et dépassent 3 200 maisons programmées pour 2026, indiquant un redressement de l'appétit des ménages. Cette dynamique suggère une amélioration sensible du rythme d'affaires si les conditions de financement se détendent comme anticipé.

La direction évoque une forte amélioration des résultats en 2026, tirée par le redémarrage de la maison individuelle et l'effet d'entraînement des dispositifs publics, comme MaPrimeRénov' pour la rénovation.

Financement des ménages : rôle décisif de la trajectoire des taux

Une baisse attendue des taux d'intérêt pourrait élargir le vivier de primo-accédants et améliorer la capacité d'emprunt. Dans la maison individuelle, la sensibilité au coût du crédit reste élevée. Une détente, même limitée, peut relancer la transformation des leads en actes de construire.

Dispositifs publics : MaPrimeRénov' comme catalyseur de projets

La rénovation soutenue par MaPrimeRénov' nourrit l'activité de filières complémentaires et stabilise les plans de charge. Elle peut aussi créer des opportunités de cross-selling pour des extensions ou surélévations respectant RE2020, renforçant l'effet volume-croissance.

Dans la construction, le décalage entre la signature et la reconnaissance de revenu est structurel. Les étapes études, obtention des autorisations, approvisionnement, puis exécution s'étendent sur plusieurs trimestres. Un bond des commandes au T2-T3 2025 irrigue le chiffre d'affaires de 2026, voire au-delà, surtout lorsque les chantiers sont séquencés pour optimiser les coûts.

Réaction boursière et lecture des investisseurs

Selon les éléments communiqués à propos de la séance suivant la publication semestrielle, l'action Hexaom a enregistré une hausse modérée, signe d'un marché qui intègre le scénario de reprise annoncé pour 2026 et salue la discipline sur les marges.

Marché français du logement : signaux contradictoires entre ancien et neuf

Le décalage entre le logement ancien et la construction neuve reste marqué. Au premier trimestre 2025, les prix des logements anciens ont progressé de 1,0 % après deux trimestres de stabilité, illustrant une forme de résilience du marché de l'existant. A l'inverse, la filière du neuf enregistre une baisse des autorisations et des déclarations d'ouverture de chantiers, d'après les données administratives.

Sur longue période, l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable souligne le poids des coûts des matériaux et de l'inflation dans la trajectoire des prix immobiliers. Ces facteurs accentuent la pression sur les coûts de construction et resserrent le budget des acquéreurs.

Ancien : légère hausse des prix, demande sélective

La hausse mesurée de 1,0 % des prix dans l'ancien au T1 2025 confirme un marché moins heurté que le neuf, parfois soutenu par des arbitrages de ménages cherchant à éviter les délais et contraintes des chantiers. Cette tendance ne compense toutefois pas les difficultés de solvabilité qui freinent aussi les transactions.

Neuf : autorisations et chantiers en recul

Les statistiques publiées fin août 2025 indiquent un repli des permis de construire et des ouvertures de chantiers pour les logements individuels comme collectifs. Ce retrait pèse mécaniquement sur le pipe des promoteurs et des constructeurs, en décalant dans le temps la reprise des volumes.

Les bases de données de l'Etat suivent la chaîne de production du neuf, des autorisations (permis) aux chantiers (ouvertures). La baisse conjointe de ces indicateurs signale une faible alimentation du parc futur. Pour les entreprises, cela implique un planning de production tendu, donc la nécessité de préserver la rentabilité chantier par chantier.

(Évolution des prix anciens T1 2025 confirmée par l'Insee, publication du 27 mai 2025)

Sitadel, l'outil de suivi du neuf

SITADEL recense les permis de construire et les ouvertures de chantiers. Son intérêt pour les entreprises :

  • Anticiper les cycles via l'évolution des autorisations.
  • Piloter les capacités avec les données d'ouvertures de chantiers.
  • Adapter les offres selon l'orientation de l'individuel ou du collectif.

Profil d’Hexaom : ancrage familial, réseau national

Hexaom, héritière d'un siècle d'histoire depuis sa fondation en 1919, est une ETI cotée dont l'actionnariat familial est structuré autour de la famille Vandromme. Le siège est à Alençon, dans l'Orne. L'entreprise emploie environ 1 400 salariés et opère via un maillage de filiales sur l'ensemble du territoire.

Le groupe est reconnu pour la construction de maisons sur mesure et son intégration des normes RE2020. Au-delà de la maison individuelle, Hexaom s'est diversifiée dans la promotion immobilière et l'aménagement foncier, qui représentent une part croissante de son activité. En 2024, le chiffre d'affaires consolidé dépassait 900 millions d'euros, avant l'atterrissage plus bas attendu en 2025.

Une ETI centenaire cotée : gouvernance et ADN

La direction revendique une approche pragmatique, axée sur la pérennité de l'outil industriel et la qualité du service client. L'héritage familial nourrit une attention particulière aux fondamentaux opérationnels, tandis que la cotation offre un accès aux marchés de capitaux pour accompagner les phases de croissance.

Diversification vers la promotion et l’aménagement

Les relais de la promotion et de l'aménagement foncier ont été renforcés ces dernières années, selon des communications de marché. Ces segments, moins linéaires dans leur profil de revenus, apportent un mix d'activité plus diversifié et des marges différenciées, utiles pour atténuer la cyclicité de la maison individuelle.

RE2020 impose une performance énergétique et carbone renforcée, qui incite à des choix de matériaux et de procédés constructifs plus exigeants. Le BIM facilite la coordination des corps d'état, réduit les erreurs en phase d'exécution et améliore la tenue des budgets. Combinés, ces leviers soutiennent la marge en période de tension sur les coûts.

Capacité de résistance : leviers opérationnels et gouvernance

Hexaom renforce les fondations de son modèle pour traverser la crise. La stratégie repose sur la maîtrise des coûts, des partenariats renforcés avec des fournisseurs locaux et la montée en compétence des équipes sur les nouvelles réglementations énergétiques. Cet alignement opérationnel soutient la trajectoire des marges et sécurise l'exécution des chantiers à venir.

Le dirigeant Patrick Vandromme insiste sur la résilience du groupe à l'occasion de la présentation des résultats semestriels : "Nous traversons une tempête, mais nos fondations sont solides". Cette ligne de conduite se traduit par un arbitrage exigeant des projets, une allocation fine du capital et la préparation active du rebond.

Trésorerie et discipline financière

L'entreprise met en avant des liquidités jugées suffisantes pour faire face au cycle. Sans donner de détail supplémentaire dans les éléments transmis au marché, la direction revendique une posture prudente, compatible avec la poursuite des investissements ciblés en innovation et formation.

Organisation : compétences et formation

La transmission des exigences RE2020 sur le terrain nécessite un effort de formation continue. Les équipes commerciales et techniques sont alignées pour adresser la rénovation énergétique et valoriser les offres durables, avec un accent mis sur la qualité d'exécution et la réduction des retours chantier.

Ce que surveiller en 2025 pour anticiper 2026

Pour apprécier la trajectoire d'Hexaom dans les prochains trimestres, trois indicateurs seront déterminants :

  • Flux de commandes nettes et leur mix par segment (maison individuelle, rénovation, promotion).
  • Évolution des taux et du coût du crédit pour les ménages.
  • Autorisation de construire et ouvertures de chantiers, baromètres avancés de la production future.

2026 comme point de bascule pour Hexaom

Le cycle bas de 2025 aura testé la capacité d'Hexaom à tenir ses marges malgré des volumes comprimés. Le rebond attendu en 2026 s'appuie sur un carnet enrichi, des relais durables en rénovation et des offres plus performantes sur le plan environnemental. La prudence reste de mise, mais les signaux d'amélioration se multiplient.

Si la détente des taux se confirme et que les dispositifs publics soutiennent la demande, le groupe familial normand disposera des bons leviers pour convertir les commandes en croissance et résultats. L'arbitrage entre discipline financière et réactivation commerciale sera le fil rouge des prochains trimestres.

La visibilité s'éclaircit, mais la qualité d'exécution fera la différence en 2026.