Hexa, un bâtisseur d'entreprises logicielles à Paris
Découvrez comment Hexa, acteur clé du SaaS B2B, ajuste son capital pour stimuler la création et les acquisitions d'ici 2026.

À Paris, Hexa ouvre davantage son capital et affine son rôle de bâtisseur d’entreprises logicielles. Ce mouvement, appuyé par des nouveaux actionnaires industriels et patrimoniaux, confirme une stratégie qui mélange création de startups, prises de participation et acquisitions ciblées. L’objectif est clair : renforcer un modèle d’entrepreneur-investisseur au service du SaaS B2B européen.
Gouvernance et modèle : Hexa structure son rôle d’entrepreneur-investisseur
Fondée en 2011 par Thibault Elzière et Quentin Nickmans, Hexa s’est installée comme une plateforme hybride entre studio de startups et investisseur actif. La maison parisienne a contribué à faire naître plus d’une cinquantaine d’entreprises technologiques, avec un positionnement résolument orienté software B2B et une culture de l’exécution opérationnelle.
En 2024, la nomination de Matthieu Gombeaud à la direction générale a accéléré la formalisation de deux piliers complémentaires : d’un côté, la création de nouvelles ventures au sein du studio ; de l’autre, l’investissement et la consolidation via des prises de participation et des acquisitions ciblées. Ce double moteur opérationnel vise à sécuriser le passage de l’idée au produit, puis du produit au marché, sans discontinuité de gouvernance.
Studio et investissements : articulation des deux pôles
Le studio sert de point d’entrée pour confronter des hypothèses de produit, assembler des équipes et orchestrer les premiers cycles de traction. En parallèle, l’activité d’investissement permet d’accélérer les trajectoires les plus prometteuses et d’élargir le portefeuille par des acquisitions opportunistes. Ce couplage, encore minoritaire en Europe, se démarque d’un pur jeu de capital-risque par une empreinte hands-on sur le produit, la distribution et les opérations.
En filigrane, la logique d’Hexa privilégie le transfert d’expériences entre fondateurs, la capitalisation des bonnes pratiques, et l’arbitrage rigoureux sur les marchés à adresse claire. La création de valeur intervient dès l’idéation et se prolonge dans les phases de scale via des playbooks communs.
Matthieu Gombeaud : feuille de route 2024-2026
La direction resserre l’exécution autour d’un rythme de lancements soutenu et d’une discipline financière pragmatique. La cible affichée est ambitieuse : lancer une quinzaine de nouveaux projets par an via le studio et intensifier les opérations de croissance externe d’ici 2026. La gouvernance centralisée joue un rôle d’intégrateur entre les enjeux de création, d’investissement et d’industrialisation des process.
Un studio comme Hexa co-crée les sociétés avec les fondateurs, met des équipes mutualisées à disposition et intervient sur le produit, la data et l’ops. Un fonds de VC classique investit principalement en capital et en gouvernance. La singularité d’Hexa tient à la continuité d’intervention entre la phase 0-1 et les étapes d’accélération, limitant les ruptures d’exécution entre création et financement.
Nouveaux actionnaires : apport industriel et patrimonial
Hexa a accueilli au capital Sopra Steria et plusieurs investisseurs individuels ou familiaux parmi lesquels Tanguy Mulliez, Miyasan Group, Jean Maynier, François Cazor de Kpler et des membres de la famille Hennessy. Le montant de l’opération n’est pas rendu public. Le message stratégique est en revanche clair : renforcer les moyens et la crédibilité d’Hexa dans le SaaS B2B tout en multipliant les synergies opérationnelles.
Cette diversification des actionnaires crée un pont entre savoir-faire technologique, capital patient et réseau d’industriels français. Elle doit permettre d’accroître la capacité d’investissement, d’accélérer les acquisitions d’ici 2026 et de pérenniser une cadence de créations soutenue via le studio.
Sopra Steria : complément technologique et crédibilité marché
Leader européen des services numériques, Sopra Steria apporte à Hexa un socle d’expertise technologique et une lecture fine des besoins des clients entreprises. Le 17 octobre 2025, la société a publié son calendrier financier 2026, signalant la continuité opérationnelle de ses jalons industriels et financiers (source : Zonebourse). Un partenaire de cette taille consolide la légitimité d’Hexa auprès des grands comptes et facilite les interactions commerciales pour les sociétés du portefeuille.
Familles et entrepreneurs : levier d’exécution en France
La présence d’actionnaires familiaux et d’entrepreneurs chevronnés, de Tanguy Mulliez à Jean Maynier, complète l’apport industriel par une approche long terme et une forte attention à l’exécution. Ce capital à horizon patient est un atout dans un cycle où la valorisation prime de moins en moins sur la rentabilité et la résilience des modèles d’affaires. Selon Frenchweb, cette opération confirme le positionnement d’Hexa comme entrepreneur-investisseur focalisé sur le logiciel B2B.
Bon à savoir juridique : l’ouverture du capital en pratique
Lorsqu’un studio ouvre son capital, il peut négocier des pactes d’actionnaires organisant droit d’information, clauses d’agrément, ou encore mécanismes d’anti-dilution. Sans détail communiqué par Hexa sur l’opération, on retient ici l’intention stratégique : élargir le tour de table pour doter le modèle d’une assise financière et industrielle plus large, sans divulgation publique du montant.
Portefeuille SaaS : des références qui comptent
En une décennie, Hexa a participé à l’émergence de plus de 50 sociétés, dont plusieurs références B2B en Europe. Parmi elles, des produits reconnus sur des verticales clés du logiciel : communication, finance, signature électronique et services financiers intégrés. L’ensemble représente une valorisation cumulée évaluée autour de 5 milliards d’euros selon les estimations internes communiquées par Hexa.
Aircall : communications cloud au service des équipes
Aircall s’est imposée comme une solution de téléphonie cloud orientée collaboration et intégrations, particulièrement utilisée par les équipes vente et support. Pour Hexa, l’enjeu a été d’aider à structurer un produit compatibles CRM et à vocation internationale, tout en renforçant l’architecture et la qualité de service.
Spendesk : pilotage des dépenses d’entreprise
Spendesk adresse la gestion des dépenses et l’automatisation des processus finance. La valeur ajoutée tient à la simplification des workflows et au contrôle en temps réel. Ce cas illustre la capacité du studio à repérer des pain points métiers et à outiller la fonction finance avec un logiciel centré sur l’usage.
Yousign : conformité et expérience de signature
Avec Yousign, la signature électronique devient un levier d’accélération commerciale et de conformité. Au-delà du produit, l’accompagnement d’Hexa met en exergue l’importance des standards légaux et des bonnes pratiques en matière de sécurité et d’archivage probant pour adresser les clients PME et ETI.
Swan : le banking-as-a-service pour accélérer les offres
Swan facilite l’intégration de briques bancaires dans les logiciels métiers. Le positionnement répond à une attente croissante des éditeurs et marketplaces souhaitant proposer des services financiers intégrés à leurs utilisateurs finaux, tout en maintenant des niveaux élevés de conformité et de supervision.
Front : l’interface d’email partagée pour les équipes
Front a redéfini la collaboration autour de la messagerie, en mettant l’efficacité d’équipe au premier plan. Cette trajectoire témoigne d’un savoir-faire Hexa sur les produits orientés productivité, avec une forte exigence UX et une stratégie d’intégrations natives dans l’écosystème SaaS.
La valorisation cumulée mesure la somme des valorisations des entreprises du portefeuille. Elle ne reflète pas la part détenue par Hexa, mais l’ampleur totale des franchises créées et soutenues. Cet indicateur est pertinent pour apprécier le rayon d’action du studio, sans constituer une donnée de performance financière consolidée.
Politiques publiques et financement : éléments catalyseurs en France et en Europe
Le mouvement engagé par Hexa s’insère dans un environnement macro favorable à l’innovation. L’édition 2025 de Choose France a annoncé 40,8 milliards d’euros d’investissements pour 53 projets, avec un accent sur la souveraineté et l’innovation, le 19 mai 2025 au Château de Versailles (sources publiques DGE et Trésor). Parallèlement, les fonds européens 2021-2027 soutiennent des priorités numériques, environnementales et industrielles.
Pour des acteurs comme Hexa, ces initiatives jouent sur deux registres : attirer des compétences et des capitaux, et stabiliser le cadre d’investissement pour des projets qui nécessitent du temps, des expertises rares et une forte intensité logicielle.
Choose France 2025 : effet d’entraînement pour la tech
Le volume annoncé à Versailles a un impact indirect sur les chaînes de valeur numériques : nouveaux sites industriels, commandes aux ESN, besoins renforcés en logiciels et data. Cette traction donne de la profondeur à la demande adressable des startups B2B, au-delà de l’effet de vitrine. Hexa se situe précisément sur ce créneau : fournir des outils logiciels aux fonctions clés des entreprises, publiques et privées.
Fonds européens 2021-2027 : leviers pour l’innovation numérique
Le cadre 2021-2027 de l’UE finance des projets alignés sur l’innovation digitale, le verdissement et la compétitivité. S’il ne s’agit pas de subventions directes à Hexa, cet environnement soutient l’adoption de solutions technologiques et la montée en gamme des territoires. Les startups du portefeuille bénéficient d’un marché plus réceptif aux logiciels d’optimisation, de conformité ou d’industrialisation des processus.
Impact macro pour les éditeurs SaaS B2B
Concrètement, l’effet d’entraînement se matérialise par :
- Des cycles d’achat plus favorables pour les solutions de productivité et de conformité.
- Des appels d’offres qui intègrent mieux la cybersécurité, la data et la durabilité.
- Une densification de la demande sur des segments clés : finance d’entreprise, signature, communications, intégrations bancaires.
Feuille de route 2026 : M&A sélectif et cadence de créations
Hexa affiche une stratégie active sur deux jambes : des acquisitions ciblées pour élargir le portefeuille d’ici 2026 et un maintien d’environ quinze nouveaux projets annuels via le studio. L’angle d’entrée sur les projets se veut inférieur à celui des fonds seed traditionnels, afin de capter la création de valeur dès l’origine et de diffuser plus tôt des standards produits.
Cette approche nécessite une gestion fine des ressources mutualisées et des arbitrages rigoureux sur les priorités produit et go-to-market. La discipline d’exécution devient un facteur critique pour éviter la dispersion, tant dans la création que dans l’intégration post-acquisition.
Build puis buy : une logique de consolidation mesurée
Le build vise à valider rapidement des produits différenciants, là où le buy sert à compléter des capacités, accélérer l’accès au marché ou élargir une verticale. La priorité est donnée à des cibles qui s’inscrivent dans la continuité du savoir-faire SaaS B2B du studio, avec une intégration technique et commerciale jugée réaliste.
Entrées capitalisées en amont : création de valeur dès l’origine
En intervenant tôt, Hexa cherche à standardiser des briques réutilisables et à lisser les coûts d’acquisition client. La valeur ne repose pas seulement sur le capital, mais sur la méthode de product management, les effets d’échelle opérationnels et l’accès à un réseau d’entrepreneurs aguerris. Cette combinaison peut réduire le risque d’exécution sur les 18 premiers mois, période critique pour le product-market fit.
Le succès d’une opération M&A dans le SaaS repose sur quelques fondamentaux : convergence de l’architecture, alignement des roadmaps, cohérence des modèles de pricing et plan d’intégration commerciale. En l’absence d’alignement, les synergies restent théoriques. Hexa met en avant une approche opérationnelle pour sécuriser ces points critiques.
Points de vigilance pour 2025-2026
- Cohérence entre cibles d’acquisition et verticales métier déjà maîtrisées.
- Capacité à maintenir la qualité produit et la sécurité tout en augmentant la cadence.
- Accès aux talents sur des postes clés : product, data, sécurité, vente entreprise.
- Suivi précis du cash burn des ventures et seuils de rentabilité réalistes.
SaaS européen : régulation, coût du capital et signaux de marché
Le secteur SaaS en Europe évolue avec des contraintes accrues de conformité, des exigences élevées en cybersécurité et un coût du capital plus exigeant. Les modèles B2B robustes conservent une traction, mais ils sont soumis à une discipline commerciale et financière plus stricte. Dans ce contexte, la communauté d’entrepreneurs construite par Hexa demeure un atout d’exécution.
Les mouvements boursiers fournissent un indicateur de sentiment. Le 21 octobre 2025, l’action Sopra Steria a rebondi de 2,22 % à 138,30 euros après plusieurs semaines de baisse, illustrant une résilience de l’actif malgré la volatilité évoquée (Ideal-investisseur). Pour Hexa, un partenaire de cette stabilité offre à la fois une vitrine technologique et une passerelle commerciale.
Marché boursier : un signal faible mais positif
Si le rebond d’un titre ne se traduit pas mécaniquement sur l’activité d’un studio, il alimente la confiance dans la solidité des chaînes de valeur numériques. Pour les éditeurs B2B, la stabilité des grands intégrateurs du numérique maintient la demande de solutions logicielles et de services d’intégration, notamment sur les chantiers data et sécurité.
Régulation et standards : effets sur les modèles B2B
Les éditeurs SaaS opérant en Europe doivent composer avec des référentiels exigeants en matière de protection des données, de sécurité et d’interopérabilité. Traduction opérationnelle : cycles de vente plus documentés, due diligence technique renforcée et impératifs de transparence sur la gestion des incidents. Les entreprises du portefeuille Hexa se positionnent sur ces exigences avec des produits adaptés aux besoins PME et ETI.
Les acheteurs exigent des garanties précises : chiffrement des données au repos et en transit, journalisation, gestion des accès, preuves d’audits, réversibilité. Pour un studio comme Hexa, systématiser ces exigences contractuelles dès l’idéation limite les frictions en phase d’industrialisation des ventes.
Ce que ce virage capitalistique change pour l’écosystème
Le renforcement d’Hexa au capital, avec l’entrée conjointe d’un industriel numérique de premier plan et d’investisseurs familiaux, consolide un modèle rare en Europe : création continue d’actifs logiciels et montée en puissance par l’investissement et l’acquisition. Ce schéma de plateforme entrepreneuriale tire sa pertinence d’un environnement français soutenu par des initiatives publiques substantielles, et d’un marché B2B attentif à la productivité et à la conformité.
À mesure que la cadence des créations et des opérations de M&A s’intensifie d’ici 2026, l’enjeu clé sera la discipline d’exécution : focalisation sur quelques verticales, intégrations produit bien pilotées et standards élevés en sécurité. Bien orchestrée, cette trajectoire peut contribuer à installer durablement des champions logiciels en France et en Europe, avec des retombées visibles pour les PME et ETI clientes.
Hexa avance désormais avec plus de moyens et une boussole claire : industrialiser la création de valeur logicielle, du studio à l’investissement, sans rupture d’exécution.