Quelles sont les conséquences de la fermeture de Goo.gl ?
Découvrez l'impact de l'arrêt de Goo.gl pour les entreprises et comment sécuriser vos liens d'ici 2025.

Goo.gl s’est invité dans la vie numérique de millions d’utilisateurs avant de disparaître des radars. Quinze ans après son lancement, Google clarifie enfin le sort de ces anciens liens raccourcis. Les entreprises françaises doivent s’organiser sans délai pour éviter les pertes d’informations, sécuriser leurs preuves électroniques et préserver la continuité de leurs opérations digitales.
Goo.gl, de l’outil pratique à la fin programmée
Lancé en décembre 2009, Goo.gl a longtemps offert un moyen rapide de transformer des adresses web imposantes en URLs courtes et partageables. À l’époque, Twitter et Instagram démarraient, et la compression des liens répondait à une contrainte d’espace et de lisibilité.
Aux côtés de ses fonctions de base, le service proposait des statistiques de clics rudimentaires qui ont séduit les équipes marketing et communications. Campagnes, newsletters, posts sociaux, supports commerciaux ou documents de support client ont adopté ces liens courts pour fluidifier les parcours utilisateurs.
La concurrence s’est toutefois structurée. Bitly, TinyURL, Rebrandly et d’autres outils intégrés aux plateformes sociales ont enrichi leurs services avec des tableaux de bord, des domaines personnalisés et des intégrations professionnelles. Face à cet écosystème, Google a redéployé ses priorités vers des produits plus stratégiques et a mis fin à la création de nouveaux liens Goo.gl en mars 2019, orientant les développeurs vers Firebase Dynamic Links.
Au-delà du simple raccourcissement, la valeur ajoutée s’est déplacée vers des fonctions premium : attribution de domaines personnalisés, QR codes dynamiques, analytics par canal, gestion d’équipes, SSO, intégrations CRM et marketing automation. Goo.gl n’a pas suivi cette montée en gamme, et l’arrêt de son évolution a accéléré son déclin auprès des professionnels.
Résultat, Goo.gl a subsisté dans un mode d’entretien minimal, avec des redirections maintenues pour ne pas casser rétroactivement des milliers de contenus en circulation. C’est cette longue période de latence qui a créé une ambiguïté sur le statut réel de ces liens dans les systèmes d’information, notamment en entreprise.
Cap sur 2025 : le nouveau calendrier de google
En juillet 2024, Google a rouvert le dossier Goo.gl en annonçant un arrêt généralisé des redirections au 25 août 2025, assorti d’un avertissement affiché dès le 23 août 2024 sur une page intermédiaire. Cette communication a suscité des inquiétudes chez les archivistes, les services juridiques et les directions marketing, faute de visibilité sur l’ampleur des liens concernés.
Face aux retours d’utilisateurs, Google a ajusté sa position en août 2024 : les liens ne seront pas traités uniformément. Seuls ceux identifiés comme inactifs seront coupés en 2025, tandis que les liens jugés actifs continueront de rediriger sans échéance annoncée. Ce repositionnement vise à limiter les disruptions inutiles et à concentrer la fermeture sur les URLs réellement abandonnées.
Dates à inscrire dans les plans d’action
23 août 2024 : début de l’affichage d’un avertissement sur une page intermédiaire pour certains liens. 25 août 2025 : coupure des redirections uniquement pour les liens considérés inactifs par Google. Les liens actifs continuent de fonctionner sans date de fin annoncée.
Ce calendrier, clair et segmenté, fixe une période de transition d’un an où les entreprises peuvent auditer, migrer et sécuriser leurs contenus. Le message clé : ne pas attendre le dernier trimestre 2025 pour agir, au risque de se heurter à des ruptures dans des chaînes de preuve ou des parcours clients.
La règle des liens actifs et inactifs expliquée
La nouvelle politique repose sur un critère visible par tous. Un lien est considéré comme inactif si, au clic, une page intermédiaire affiche un message d’alerte depuis le 23 août 2024, du type Ce lien ne fonctionnera plus dans un avenir proche. Ces liens seront coupés le 25 août 2025.
À l’inverse, un lien est réputé actif s’il redirige sans avertissement. Google n’a pas détaillé l’algorithme sous-jacent, mais l’absence de message vaut signal positif. En pratique, l’activité récente, mesurée par les accès, semble un critère déterminant.
Pour les directions marketing et IT, la conséquence est opérationnelle. Un inventaire ciblé peut être mené immédiatement : retrouver les Goo.gl dans les archives, cliquer, noter la présence ou non de l’interstitiel, trier les listes et enclencher une migration priorisée des liens inactifs.
L’URL Goo.gl est résolue vers un service de redirection qui déclenche, selon l’état du lien, soit une redirection immédiate, soit une page d’avertissement. L’affichage de l’interstitiel ne modifie pas la destination finale. En revanche, il signale que le lien est inscrit sur la liste de coupure pour août 2025. L’information est donc exploitable comme un indicateur de priorisation dans un plan de migration.
Un point de méthode s’impose : si une organisation a encapsulé des Goo.gl dans des QR codes, des PDF signés ou des contrats, le test doit être réalisé dans l’environnement d’usage réel afin de capter d’éventuels comportements spécifiques du navigateur ou de l’application.
Google a, en parallèle, donné une estimation choc : la très grande majorité des liens ne montreraient plus d’activité, ce qui conforte une approche sélective et réduit le risque de coupure généralisée (source: Next.ink). Sur le terrain, l’effort portera donc surtout sur les points de contact encore utilisés, souvent critiques, parfois invisibles.
Impacts concrets pour les entreprises françaises : marketing, it et finance
Pour le marketing, les risques sont immédiats. Un lien Goo.gl inactif inséré dans un post sponsorisé, un QR code produit, un catalogue PDF ou un emailing evergreen peut rompre un parcours de conversion et faire chuter un ROI de campagne. L’effet est silencieux, d’autant plus lorsque ces contenus sont hérités et peu monitorés.
Côté IT, l’enjeu se déplace vers les intégrations techniques. Des liens courts peuvent se trouver dans des scripts, des templates d’applications ou des fichiers de configuration. Leur inactivation crée des régressions difficiles à diagnostiquer. Un scan automatisé des dépôts de code et un grepping des référentiels documentaires s’imposent.
La fonction finance et les équipes juridiques sont également concernées. Des liens courts peuvent pointer vers des annexes contractuelles, des explications de facturation ou des documents de support. Une coupure n’annule pas la valeur probante des documents sources, mais elle peut compliquer la preuve de la traçabilité et la compréhension des engagements pris à une date donnée.
Points d’attention RGPD et conformité
Les outils de remplacement doivent proposer des paramètres de confidentialité et un traitement des données conforme au RGPD. Privilégier les URL courtes adossées à des domaines maîtrisés et des prestataires capables de fournir une chaîne de sous-traitance documentée. Les analytics de clics doivent être paramétrés avec sobriété et minimisation des données.
Pour les équipes communication interne, une directive simple peut réduire les risques : interdiction d’utiliser Goo.gl pour de nouveaux contenus, obligation de remplacer tout lien affichant un avertissement, et consigne d’archiver les versions sources au format durable.
Cadre légal français : conservation, preuve et risques de rupture de lien
La fermeture partielle de Goo.gl s’inscrit dans un paysage juridique clair. En matière commerciale, les entreprises doivent conserver leurs livres et pièces justificatives pendant 10 ans conformément à l’article L.123-22 du Code de commerce. Côté fiscal, l’article L.102 B du Livre des procédures fiscales impose un délai de 6 ans de conservation de certains documents et enregistrements.
La valeur probante ne dépend pas d’un lien court. Elle se rattache aux documents sources, à l’intégrité de leur conservation et à la capacité de prouver leur existence à une date donnée. En revanche, un lien brisé dans un contrat ou une facture peut nuire à la compréhension immédiate d’un document ou ralentir un contrôle, obligeant à fournir des éléments complémentaires.
Pour réduire ce risque, le réflexe est double. D’une part, remplacer les Goo.gl à risque par des liens stables sous domaine contrôlé. D’autre part, privilégier des systèmes d’archivage qui conservent le document lui-même, et non un simple pointeur, avec horodatage, empreinte et journalisation des accès.
Un lien court n’a pas, en soi, de valeur juridique spécifique. Le critère clé reste l’intégrité du document et la capacité à en démontrer la traçabilité. Les équipes juridiques recommandent d’éviter les liens externes dans les annexes critiques lorsqu’une copie intégrale peut être jointe. En cas de lien nécessaire, préférer un permalien interne et archiver une capture certifiée.
Pour les organisations fortement réglementées, le passage à des raccourcisseurs sous domaine propre, accompagnés d’un contrôle d’accès et d’une politique de logs, apporte un niveau de maîtrise supérieur. L’arrêt ciblé de Goo.gl constitue un rappel de dépendance vis-à-vis des services gratuits sans SLA.
Plan d’action recommandé : audit, migration et communication
Un plan opérationnel court et pragmatique est à privilégier. La bascule n’a pas besoin d’être coûteuse si elle est séquencée et pilotée avec des jalons clairs.
Étape 1. Inventaire et scoring des Goo.gl présents dans les sites, CMS, assets marketing, PDF, signatures email, réseaux sociaux, apps mobiles, factures et contrats. Test systématique pour identifier l’affichage de l’interstitiel d’avertissement.
Étape 2. Remplacement prioritaire des liens marqués inactifs. Choisir une solution de substitution adaptée au profil de l’organisation : Bitly ou Rebrandly pour un usage marketing, Firebase Dynamic Links pour un usage développeur et application mobile, ou un raccourcisseur interne si l’entreprise dispose d’un domaine dédié.
Étape 3. Sécurisation des parcours avec redirections 301, contrôle des UTMs, mise à jour des QR codes et revalidation des contenus sponsorisés. Vérifier les flux automatisés et les modèles de messages transactionnels.
Étape 4. Gouvernance documentaire : bannir Goo.gl des nouvelles créations, documenter la politique d’URL et les responsables de la gestion, intégrer un contrôle périodique des liens dans les check-lists de publication.
Checklist express d’audit des liens hérités
- Exporter la liste des URLs depuis le CMS et les dépôts de code.
- Scanner les PDF et fichiers bureautiques avec recherche d’URL.
- Tester par lot les Goo.gl et classifier selon l’affichage de l’interstitiel.
- Prioriser les liens à fort trafic, les contenus payants et les documents juridiques.
- Planifier la réécriture et configurer les redirections.
Pme e-commerce française : audit des liens hérités
Une PME retail qui maintient un catalogue PDF saisonnier peut découvrir des QR codes historiques pointant vers des Goo.gl désormais marqués inactifs. La migration consistera à générer de nouvelles URL sous domaine propre, à rééditer le PDF si nécessaire, et à mettre à jour les landing pages. Le bénéfice est double : maîtrise du nom de domaine et meilleure pérennité des contenus.
Eti industrielle : gouvernance documentaire et continuité
Une ETI qui a inséré des Goo.gl dans ses procédures ISO devra revisiter ses documents internes. Les liens pertinents seront remplacés par des permalinks intranet avec authentification, garantissant l’accès robuste et durable aux versions à jour, tout en évitant les dépendances à des services tiers sans engagements contractuels.
Pour un usage non technique, Bitly et Rebrandly offrent des QR codes dynamiques, la personnalisation de domaine et la gestion d’équipes. Pour les développeurs, Firebase Dynamic Links permet des comportements différenciés selon plateforme et app installée. Dans un contexte de conformité avancée, un raccourcisseur interne sur domaine propriétaire, avec journalisation, peut s’imposer.
Un point de vigilance porte sur les archives publiques et privées. Les liens Goo.gl présents dans des rapports annuels, des communiqués de presse ou des newsletters doivent être révisés. Le cas échéant, publier un correctif discret sur le site corporate permettant de retrouver les ressources à jour peut éviter des pertes d’accès trop visibles.
Données et signaux marché à suivre d’ici 2025
La donnée la plus significative communiquée par Google reste la proportion de liens inactifs, supérieure à 99 pour 100. Ce chiffre valide l’approche sélective adoptée au second semestre 2024, qui épargne les liens réellement utilisés et restreint l’effort aux cas qui méritent une intervention rapide (source: Bitly).
Sur le plan concurrentiel, l’écosystème des URL courtes reste dynamique. L’adoption de domaines personnalisés progresse, tandis que les clients professionnels exigent des tableaux de bord unifiés, des politiques de conservation et une transparence accrue sur les traitements de données. Les plateformes investissent dans des fonctionnalités éligibles aux audits de conformité et à l’intégration SSO.
Dans les DSI, la tendance est à l’internalisation des services critiques. Plusieurs organisations intègrent déjà un raccourcisseur maison couplé à un WAF et à des mécanismes d’alerte anti-phishing. Le départ de Goo.gl du marché actif consolide cette logique d’urbanisation et de maîtrise des dépendances.
Indicateurs internes à monitorer
- Taux de liens brisés sur sites, apps et PDF, avant et après migration.
- Part de trafic transitant via des URL courtes tierces vs domaine propriétaire.
- Incidents de conformité liés à des liens externes obsolètes dans des documents critiques.
- Temps moyen de résolution d’un lien cassé, du signalement à la correction.
Enfin, côté communication interne, la formation est essentielle. Beaucoup d’utilisateurs conservent le réflexe d’employer un raccourcisseur gratuit. Rappeler la politique maison, fournir un outil unique et documenter les bonnes pratiques évitent la reconstitution de dettes techniques.
Ce que les directions doivent décider avant août 2025
Goo.gl a marqué une époque, mais son héritage peut encore piéger les organisations. La clarification apportée par Google constitue une opportunité : recenser les liens hérités, éliminer les risques immédiats et converger vers des solutions maîtrisées. Le temps joue contre les équipes qui attendent la dernière minute, surtout lorsqu’il s’agit de contenus diff usés à large échelle ou d’archives sensibles.
La ligne directrice est simple. Traitez en priorité les liens affichant l’avertissement, basculez vos raccourcisseurs vers des offres pérennes et renforcez la gouvernance documentaire. Les liens actifs subsisteront, mais leur destin reste conditionné aux orientations futures de Google. L’anticipation demeurera la meilleure assurance.
Entre clarification des règles et gestion des risques, la fenêtre 2024-2025 permet de transformer une contrainte technique en chantier de souveraineté numérique sur les contenus et les preuves électroniques de l’entreprise.