Free Mobile inclut un forfait à 0€ pour ses abonnés
Découvrez comment Free Mobile rend désormais son forfait 2€ gratuit pour les abonnés Freebox et bouscule la concurrence en France.
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L’opérateur français bouscule une nouvelle fois le marché. Son forfait à 2€ devient entièrement gratuit pour ceux qui cumulent une offre internet fixe Freebox et un abonnement mobile. Les spécialistes du secteur voient dans ce mouvement un geste stratégique fort, destiné à attirer de nouveaux souscripteurs et à renforcer l’empreinte de Free dans un environnement concurrentiel où chaque opérateur cherche à retenir ses clients.
Un forfait symbolique qui évolue en profondeur
En France, la téléphonie mobile est un terrain de compétition intense. Les acteurs majeurs (Orange, SFR, Bouygues, et Free) se livrent à une véritable bataille tarifaire depuis de nombreuses années. Free Mobile, qui avait déjà frappé fort en 2012 en lançant un forfait à 2 € doté de 60 minutes de communication, cherche à pérenniser sa réputation d’opérateur low cost grâce à ce nouveau positionnement : proposer la gratuité à ceux qui s’engagent simultanément chez lui pour la partie fixe. Il faut préciser que le forfait demeure à 2 € si l’on n’est pas déjà abonné à une Freebox, mais cette gratuité est une manière d’encourager la souscription conjointe à la box internet et à la téléphonie.
Sur le plan économique, ce forfait joue un rôle d’offre d’appel. Il attire l’attention sur la stratégie globale du groupe, qui consiste à fidéliser la clientèle via des bouquets de services. Une bonne partie des analystes évalue cette approche comme un moyen redoutable d’augmenter la valeur vie client (ou Customer Lifetime Value), puisque les utilisateurs multi-abonnements sont, de fait, moins enclins à changer d’opérateur.
Dans la pratique, le forfait mobile à 2 € inclut en France métropolitaine 2 heures d’appels, 50 Mo d’internet (avec un surcoût de 0,05 € par Mo si l’on dépasse ce seuil), et des SMS/MMS illimités. À l’international, les mêmes 2 heures sont valables pour un certain nombre de destinations, y compris les DOM, les États-Unis, le Canada, la Chine et d’autres pays (liste officielle donnée par l’opérateur). Cette formule paraît minimaliste, mais répond à un besoin d’utilisateurs à la recherche d’un coût mensuel limité ou d’une ligne secondaire.
Le fait qu’il passe à 0 € par mois pour les abonnés Freebox amplifie son impact dans le paysage des télécoms français, surtout à une période où Sosh rehausse certains tarifs. Cette conjoncture incite chaque opérateur à se démarquer. La tactique de Free consiste donc à associer internet fixe et mobile pour gagner en attractivité tarifaire, et potentiellement capter une frange d’utilisateurs qui hésitaient à associer deux services chez un même fournisseur.
Free Mobile est lancé officiellement en janvier 2012 par le groupe Iliad (propriété de Xavier Niel). Dès son arrivée, l’opérateur a bouleversé le marché français avec des offres à bas prix, forçant les concurrents historiques à ajuster leurs tarifs.
Une stratégie de marché tournée vers le « triple play »
Dans l’optique de croiser ses offres fixes et mobiles, Free table sur ce qu’on pourrait appeler l’effet de synergie. Regrouper l’accès internet (par fibre ou ADSL) et le service mobile sous un même toit incite les souscripteurs à ne pas multiplier les fournisseurs, simplifiant ainsi leur budget télécom. Les ménages qui cherchaient déjà à réduire le nombre d’interlocuteurs et optimiser leurs dépenses s’orientent volontiers vers ces offres packagées.
Ce n’est pas la première fois qu’un opérateur tente de coupler plusieurs services pour fidéliser sa clientèle. Auparavant, Orange ou SFR proposaient des remises spécifiques lorsque le client cumulait box et forfait mobile, ce qui se traduisait parfois par des réductions globales. Free reprend ce concept avec une touche propre à sa politique : miser sur la gratuité partielle. Même si la remise n’atteint que 2 € pour un forfait basique, elle frappe les esprits en poussant la facture à zéro.
Par ailleurs, la mise à disposition de cette offre gratuite vise un objectif secondaire : booster l’abonnement internet. Les dirigeants de Free savent bien que pour obtenir l’exonération du forfait mobile, le client doit en parallèle souscrire (ou détenir) une Freebox. Les dernières gammes de Freebox — comme la Freebox Pop ou la Freebox Delta — encouragent déjà à la convergence de services, permettant d’accéder aux chaînes TV, de bénéficier d’un débit fibre performant et de diverses options (domotique, répéteurs Wi-Fi, etc.). Ce faisant, l’opérateur maximise le panier moyen tout en améliorant son taux de rétention.
Bon à savoir : le « triple play »
Le terme « triple play » désigne la combinaison de trois services : la télévision, l’internet et la téléphonie. Très en vogue en France depuis le début des années 2000, il est aujourd’hui la norme commerciale pour la plupart des FAI (fournisseurs d’accès internet).
Modalités et restrictions : ce qu’il faut retenir
Cette gratuité n’est pas automatique : Free instaure plusieurs conditions de souscription. D’abord, le futur abonné doit être un nouveau client pour la partie internet fixe (Freebox). Les individus qui viennent de résilier leurs offres Freebox depuis moins de 30 jours ne sont pas éligibles. Ensuite, la remise de 2 €/mois — qui transforme donc le forfait en offre à 0 € — n’est appliquée que pour un seul forfait mobile par abonné Freebox. Cela signifie que si vous possédez un foyer avec plusieurs lignes, seule la première peut basculer gratuitement.
Au-delà de cette limitation, il est bon de noter que cette offre ne se combine pas avec d’autres avantages existentiels (comme la réduction sur le Forfait Free 5G). Les observateurs du secteur estiment que l’opérateur cherche à éviter des cumuls trop généreux qui nuiraient à sa marge. En d’autres termes, la « gratuité du forfait 2 € » devient le principal attrait pour amener les clients vers la box, mais elle reste cloisonnée pour ne pas impacter les autres produits stratégiques de la marque.
Notons également qu’en cas de résiliation de la partie box, le forfait mobile repart immédiatement à 2 € par mois. L’utilisateur doit donc conserver l’abonnement internet pour continuer à bénéficier de la gratuité du forfait mobile. C’est une façon de sécuriser la fidélité du client.
L’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) surveille le secteur des télécommunications en France. Elle veille à la bonne concurrence et au respect des règles de déploiement des réseaux. Elle peut intervenir lorsque des pratiques commerciales nuisent aux consommateurs ou à la compétition. Pour l’heure, l’offre de Free n’a pas fait l’objet d’un examen particulier de l’ARCEP, du moins publiquement.
Des appels à l’international inclus
Malgré un positionnement « entrée de gamme », Free a toujours mis en avant sa volonté de ne pas surtaxer les communications internationales sur ce forfait. Les 2 heures d’appels peuvent s’utiliser vers plusieurs destinations, dont les États-Unis, le Canada, ou encore la Chine (pour ne citer que quelques exemples). Cette ouverture est souvent mise en avant par la société pour se distinguer des concurrents qui, par le passé, appliquaient des suppléments dès qu’un appel sortait du territoire métropolitain.
D’un point de vue financier, cette proposition reflète un calcul bien défini : en offrant des minutes vers des pays lointains (sous réserve de respecter le quota de 2 heures), Free positionne son forfait au rang d’offre « internationale » à bas coût. Cela peut être déterminant pour certaines communautés d’expatriés ou de familles ayant de la famille à l’étranger. Dans un climat où les opérateurs tentent tous d’élargir leurs privilèges roaming ou internationaux, la formule de Free s’avère singulière.
Bon à savoir : le coût du roaming
Le roaming désigne l’usage du réseau mobile lorsqu’on se trouve à l’étranger. En Europe, la réglementation impose depuis 2017 de facturer aux mêmes tarifs que dans le pays d’origine, mais hors Europe, chaque opérateur est libre de fixer ses propres grilles de prix.
Booster son forfait : entre souplesse et rentabilité
Bien qu’il s’agisse d’un forfait « basique », Free propose des options Booster à ceux qui désirent plus de données et des appels illimités. Deux boosters sont disponibles :
- Booster 3 Go : +0,99 € par mois, sans engagement, donnant accès à 3 Go d’internet en 4G et aux appels illimités en France métropolitaine.
- Booster 20 Go : +4,99 € par mois, sans engagement, pour un volume de 20 Go et toujours des appels illimités sur le territoire national.
Avec ces modulations, Free répond à ceux qui pourraient, un jour, avoir un besoin d’accès data plus élevé, sans pour autant souscrire à un forfait haut de gamme d’emblée. D’un point de vue économique et marketing, c’est un moyen de monétiser un palier supplémentaire, tout en évitant de perdre un abonné qui se sentirait trop limité par les 2 heures d’appels ou les 50 Mo initiaux.
En proposant des boosters à faible coût, Free parvient à combiner la gratuité initiale (pour les abonnés box) avec une potentielle rentabilité additionnelle dès lors que l’utilisateur cherche à dépasser un usage minimal. Ce système est parfois comparé au freemium, où l’offre de base est gratuite, et les services avancés génèrent les revenus.
Free face à la concurrence : analyse financière et légale
La gratuité du forfait 2 € (lorsqu’on détient une Freebox) intervient dans un contexte où certaines marques n’hésitent pas à augmenter leurs tarifs. Les opérateurs historiques se justifient souvent par la hausse des coûts d’infrastructure (notamment la 5G), la nécessité de moderniser leurs réseaux ou encore l’inflation globale. Free adopte une tactique inverse : verrouiller un prix bas, quitte à rogner sur sa marge initiale, pour mieux valoriser par ailleurs ses autres produits. Cette dualité est au cœur du discours commercial de Free depuis sa création : casser les prix tout en développant un univers complet (internet, téléphonie fixe, TV, mobile, etc.).
Sur un plan légal, il convient de rappeler que la France encadre la transparence tarifaire et les conditions d’engagement. Free se conforme aux directives en proposant un abonnement sans engagement, à activer et résilier librement. La réduction de 2 €/mois liée à la possession d’une Freebox n’est pas considérée comme une offre trompeuse, dès lors que les modalités sont clairement décrites. Néanmoins, certains consommateurs peuvent s’interroger sur la complexité potentielle lors d’un changement d’opérateur fixe : c’est ici qu’intervient le geste de Free qui prend en charge jusqu’à 100 € de frais de résiliation pour le FAI précédent, facilitant la rupture de l’ancien contrat.
Dans la plupart des analyses économiques, la force de Free Mobile réside dans sa capacité à segmenter la clientèle : ceux qui se satisfont d’un usage léger (appels + quelques SMS/MMS) trouveront un forfait ultra-compétitif à 2 €, et ceux qui cherchent davantage de data pourront opter pour des formules supérieures ou des boosters. Cette segmentation est encore amplifiée par le fait que la gratuité n’est pas offerte à tout le monde, mais aux clients Freebox, renforçant ainsi la base d’abonnés fixes de l’opérateur.
Bon à savoir : l’impact sur Iliad
Free Mobile appartient au groupe Iliad, coté en Bourse (Euronext Paris). Toute évolution tarifaire impacte la valorisation du groupe et ses perspectives de croissance. Les offres low cost peuvent peser sur la marge, mais attirent souvent un nombre substantiel de nouveaux clients.
Zoom sur l’historique et les ambitions de Free
Free a souvent été considéré comme un faiseur de tendances dans le secteur français des télécommunications. Son arrivée a accéléré la démocratisation des forfaits sans engagement, contraignant les opérateurs déjà en place à adapter leurs modèles. En multipliant les offres à prix cassé, le groupe a développé une notoriété forte auprès des consommateurs sensibles au budget, bien au-delà de l’Hexagone. Les analystes soulignent régulièrement qu’une part notable du succès de Free provient de cette image de trublion du marché, mise en scène par son fondateur Xavier Niel.
Sur le plan juridique, Free a déjà mené plusieurs combats pour obtenir des conditions de dégroupage favorables (ADSL, puis fibre) et ainsi étendre son empreinte sur le réseau français. Cette intégration verticale du fixe et du mobile leur permet aujourd’hui d’initier des offres transversales, dont la gratuité du forfait 2 € pour les abonnés Freebox est un exemple concret.
La suite de la stratégie Free s’articule probablement autour de l’extension continue du réseau 5G et de la fidélisation accrue de la clientèle. En offrant un petit forfait ou en facilitant l’accès à la data via des boosters, l’opérateur peut transformer un abonné peu consommateur en un adepte de services plus riches si ses besoins évoluent (nouveau smartphone, usages plus intensifs, etc.). De fait, Free parvient à toucher les deux extrémités du marché : l’utilisateur à budget modeste et celui qui recherche une enveloppe data généreuse à bon prix.
Perspectives pour les consommateurs et le marché
La gratuité du forfait 2 € pour les abonnés internet fixe génère, sans surprise, un élan de curiosité chez de nombreux foyers qui réfléchissent à changer de fournisseur d’accès ou à compléter leur offre mobile. Sur un marché déjà saturé, chaque détail compte pour séduire de nouveaux clients, et l’argument « un forfait gratuit pour mes besoins essentiels » ne laisse pas indifférent.
Cependant, d’un point de vue purement stratégique, il s’agit aussi d’un moyen de valoriser la box : à titre comparatif, si la Freebox Pop (au prix de 29,99 € par mois la première année, puis 39,99 € après, tarifs indicatifs susceptibles d’évoluer) s’ajoute à un forfait mobile gratuit, l’ensemble peut se révéler plus abordable qu’un cumul de formules dissociées chez des concurrents. Les professionnels de la finance d’entreprise soulignent régulièrement que ce type d’offre groupée, tout en rognant la marge unitaire, peut maximiser la marge globale si suffisamment de foyers y adhèrent et s’y maintiennent sur le long terme.
Du côté des consommateurs, on peut s’interroger sur la durabilité de telles propositions : Free pourra-t-il continuer à aligner un forfait gratuit pour les abonnés box si les investissements en infrastructure augmentent ? Le secteur des télécoms est marqué par la nécessité de renouveler régulièrement les équipements, ce qui représente un coût élevé. Toutefois, Free a déjà prouvé sa résilience à plusieurs reprises, en parvenant à maintenir des offres compétitives tout en investissant dans le réseau (fibre et mobile).
Bon à savoir : changer d’opérateur facilement
Depuis 2012, la procédure de changement d’opérateur mobile (et fixe) s’est considérablement simplifiée en France. Le titulaire de la ligne peut demander la portabilité de son numéro en quelques étapes, notamment via le RIO. Par ailleurs, Free propose de reprendre jusqu’à 100 € des frais de résiliation d’un FAI précédent.
Lancée vers des innovations conjointes
La multiplication des services combinés (fibre, TV, VOD, mobile, domotique, etc.) transforme la perception qu’ont les particuliers de leur consommation télécom. Nous voyons naître des écosystèmes où tout est interconnecté. Free l’a bien compris et tente d’accroître sa présence dans nos foyers, d’abord via la Freebox, puis avec la gratuité du forfait mobile à 2 €. Les boosters ne sont qu’un exemple supplémentaire de cette logique modulaire : attirer le client avec du gratuit, puis offrir une gamme de services payants qu’il peut ajouter ou retirer à sa guise, sans engagement.
Pour l’opérateur, le défi sera de maintenir cet équilibre financier sur la durée. Les équipes dirigeantes savent qu’attirer de nouveaux clients n’est pas suffisant : il faut aussi les conserver et rentabiliser les infrastructures. Les analystes s’interrogent donc sur la prochaine étape : une offre 5G potentiellement incluse ? Des réductions plus agressives pour ceux qui choisissent plusieurs lignes mobiles ? Il est probable que Free mise sur la modernisation de son réseau pour fidéliser, afin que les abonnés perçoivent la pertinence de rester chez lui à long terme.
Dans le secteur français des télécommunications, cette orientation ne laisse pas indifférents les régulateurs et concurrents. D’un côté, on peut y voir une volonté de dynamiser la concurrence, de l’autre, on peut se demander si cette nouvelle incursion dans la gratuité ne risque pas de déstabiliser davantage le marché, déjà réputé pour ses marges serrées. L’histoire récente montre néanmoins que Free sait naviguer dans ces eaux complexes, en émergeant souvent avec une part de marché croissante.
La gratuité n’est jamais vraiment synonyme de perte sèche pour un opérateur. Elle agit comme un accélérateur d’acquisitions et un moyen de cross-selling. Les coûts d’infrastructure étant amortis sur l’ensemble des abonnés, chaque nouvelle souscription renforce l’effet de masse, rendant plus rentable, in fine, le réseau déjà déployé.
En définitive, la gratuité du forfait 2 € pour les abonnés Freebox illustre la faculté de l’opérateur à allier audace commerciale et logique de fidélisation, dans un marché où l’innovation tarifaire peut faire la différence sur le long terme.