Décidée à muscler le financement de la filière nucléaire, EDF vient de s’associer à Siparex pour créer le Fonds France Nucléaire 2. Cette initiative, qui ambitionne d’atteindre 300 millions d’euros et qui a déjà réuni 100 millions d’euros lors du premier tour de table, entend stimuler le tissu industriel français dans un contexte où la souveraineté énergétique et la décarbonation sont au cœur des priorités économiques.

L’impulsion conjuguée d’EDF et de Siparex

Si le nouvel outil d’investissement a vu le jour, c’est grâce à la volonté commune de deux acteurs majeurs. EDF, déjà très engagé dans la production d’énergie bas-carbone, s’est rapproché de Siparex, spécialiste français du capital-investissement. À travers ce partenariat, les deux entités entendent consolider leur action en faveur de la transition énergétique et du renforcement de la filière nucléaire. Le Fonds France Nucléaire 2 (FFN2) donne ainsi aux PME et ETI l’opportunité de prétendre à des financements adaptés, en particulier pour innover, monter en compétences et accroître leur capacité de production.

Cette création s’inscrit dans la continuité du premier Fonds France Nucléaire, lancé en octobre 2021, qui avait déjà démontré l’intérêt de mobiliser des capitaux au service de la filière. Réunissant plusieurs grands donneurs d’ordres, le FFN2 s’appuie désormais sur Framatome, Orano, TechnicAtome et Siparex Associés. Ces entreprises, considérées comme des moteurs de l’industrie nucléaire française, figurent au cœur de la stratégie de développement du FFN2.

« Faire un pas en avant pour la réindustrialisation », « gagner en souveraineté », « pousser l’innovation à long terme »… Autant de leitmotivs qui reviennent dans le discours institutionnel d’EDF et de Siparex, insistant sur l’importance d’une approche collective et ambitieuse. Pour asseoir cette vision, le FFN2 projette d’investir jusqu’à 50 millions d’euros dans diverses entreprises prometteuses, que ce soit en position minoritaire ou majoritaire, seul ou en cofinancement.

Afin de comprendre l’ampleur de ce projet, il est primordial de saisir à quel point la filière nucléaire est stratégique pour l’industrie française. Les sections suivantes reviennent sur les enjeux concrets de cette initiative, le rôle de chaque intervenant et les perspectives ouvertes par le nouveau fonds.

La filière nucléaire, un secteur-clé pour la France

Souvent perçu à tort comme un bloc homogène, le domaine du nucléaire regroupe en réalité plus de 2 000 entreprises et emploie environ 220 000 salariés en France. Très diversifiée, cette filière inclut aussi bien des prestataires spécialisés dans la robotique de maintenance que des conglomérats historiques dans la conception de réacteurs, sans oublier les laboratoires de R&D.

La présence de ces multiples entreprises permet à la filière d’occuper une place cruciale dans le panorama industriel national. On estime même qu’elle constitue, après l’aéronautique et l’automobile, le troisième pilier industriel de l’Hexagone. Outre la production d’énergie, le nucléaire impacte donc aussi l’emploi, la recherche scientifique et la dynamique de nombreuses régions, notamment dans les bassins historiques (Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, etc.).

L’annonce d’un nouveau fonds dédié à ce secteur n’est donc pas anodine. Avec la hausse de la demande énergétique et les défis de la transition vers le zéro carbone, la filière nucléaire retrouve un élan sans précédent. Pour s’y préparer, les acteurs misent sur un soutien financier stable et pérenne, doublé d’un accompagnement industriel. C’est précisément ce que propose le FFN2.

De la fabrication de composants pour les réacteurs aux services de maintenance prédictive, en passant par le recyclage des combustibles, la filière nucléaire réunit une mosaïque de spécialités. Les opérateurs historiques comme EDF, Framatome ou Orano travaillent en synergie avec des PME qui innovent dans des créneaux de niche.

Les entreprises bénéficiaires du nouveau fonds pourront renforcer des savoir-faire essentiels : par exemple, la confection de pièces de chaudronnerie complexe, la gestion des déchets radioactifs ou encore l’implémentation de systèmes de sécurité numérique. À l’heure où la relance de la construction de nouveaux réacteurs (EPR2) est évoquée en France, ce soutien financier et opérationnel tombe à point nommé.

Un outil d’investissement ambitieux : le FFN2

Le Fonds France Nucléaire 2 vise une taille cible de 300 millions d’euros. Il est structuré pour répondre aux besoins spécifiques des petites et moyennes structures, désireuses de profiter du regain d’intérêt autour de l’énergie nucléaire.

En pratique, le FFN2 associe les principaux donneurs d’ordres du nucléaire français, à savoir EDF, Framatome, Orano, TechnicAtome, auxquels se joignent Siparex Associés (sponsor du fonds) et des investisseurs institutionnels de référence. Cette mutualisation des forces permet de garantir un accompagnement financier, mais aussi un partage de compétences techniques et un accès privilégié aux réseaux industriels.

Afin de répartir les risques et d’assurer un levier optimal, chaque entreprise ciblée pourra recevoir un soutien allant jusqu’à 50 millions d’euros. La flexibilité du fonds lui permet d’intervenir en position minoritaire ou majoritaire, en fonction des besoins de chaque projet. Qu’il s’agisse d’un développement interne, d’une expansion à l’international ou d’un transfert technologique, la stratégie d’investissement du FFN2 se veut adaptable et proactive.

Bon à savoir : tickets d’investissement

Un ticket d’investissement désigne le montant qu’un investisseur (ou un groupe d’investisseurs) injecte dans une entreprise. Dans le cas du FFN2, ces tickets peuvent atteindre 50 millions d’euros, seul ou en co-investissement, ce qui constitue une enveloppe significative pour accompagner la croissance d’acteurs clés de la filière nucléaire.

À la différence du premier fonds, qui avait déployé 11 investissements pour un montant total non divulgué mais couronné d’une cession (Siléane), le FFN2 mise sur une plus forte assise financière et une structuration renforcée. L’objectif demeure le même : permettre aux entreprises de consolider leurs atouts techniques et de mieux répondre aux besoins grandissants de l’industrie nucléaire, tout en assurant un retour sur investissement pour les souscripteurs.

Coup de projecteur sur Ekoscan Integrity Group

Parmi les premières annonces concrètes du FFN2 figure la prise de participation dans Ekoscan Integrity Group. Cette société s’est spécialisée dans la fourniture de solutions de contrôle non destructif, dédiées à la maintenance et à la fiabilisation des infrastructures critiques. Au-delà du secteur nucléaire, Ekoscan Integrity opère dans divers environnements industriels exigeants (pétrochimie, aéronautique, etc.).

Le potentiel d’Ekoscan Integrity repose sur sa capacité à développer des technologies de pointe pour inspecter les installations et prévenir les défaillances coûteuses ou dangereuses. En s’engageant dans ce projet, le FFN2 concrétise sa volonté d’accompagner des acteurs innovants, dotés d’un fort potentiel d’internationalisation et tournés vers la conception de solutions disruptives.

Le CND regroupe l’ensemble des techniques permettant d’évaluer l’intégrité d’un matériau ou d’une structure sans l’altérer (ultrasons, radiographie, thermographie infrarouge...). C’est une discipline essentielle dans le nucléaire, où la fiabilité des composants est cruciale pour la sécurité. Ekoscan Integrity se positionne sur ce créneau d’expertise avec des outils toujours plus précis.

Cette première opération concrète augure d’une stratégie d’investissement centrée sur la recherche de valeur industrielle, tout en répondant aux enjeux de souveraineté et de sûreté. Aux côtés d’autres actionnaires tels qu’Eurazeo et ALIAD (Air Liquide Venture Capital), le FFN2 compte permettre à Ekoscan Integrity d’accélérer son expansion et d’améliorer la compétitivité de son offre à destination, entre autres, des acteurs du nucléaire.

L’accompagnement financier et industriel : un tandem gagnant

L’originalité du FFN2 tient aussi à la présence de quatre grands donneurs d’ordres (EDF, Framatome, Orano, TechnicAtome) en son sein. Cette configuration n’est pas simplement symbolique : ces industriels apportent une expertise technique et une connaissance fine du marché, qui peuvent s’avérer décisives pour aiguiller les décisions d’investissement.

La présence de Siparex Associés, sponsor du fonds, vient compléter le tableau. Fort de 47 ans d’expérience, ce groupe de capital-investissement accompagne des entreprises de toutes tailles (start-ups, PME, ETI) dans leur évolution. Son rôle consiste notamment à structurer les opérations financières, mais aussi à mettre en relation les entrepreneurs avec d’autres partenaires potentiels.

Le but est de sécuriser et d’accélérer la croissance des entreprises sélectionnées. Non seulement sur le plan financier, mais aussi sur le plan commercial, via l’accès à des marchés plus vastes et à des programmes de recherche collaboratifs. Avec un ticket allant jusqu’à 50 millions d’euros, la flexibilité du FFN2 répond aux besoins variés, qu’il s’agisse de moderniser un outil de production, de recruter de nouveaux talents ou de se lancer dans une démarche d’export.

L’investissement en capital dans les entreprises du nucléaire peut générer un effet d’entraînement significatif. De la création d’emplois à la consolidation de chaînes d’approvisionnement locales, l’objectif est de stimuler le tissu industriel français et de renforcer sa compétitivité sur la scène internationale.

De plus en plus d’experts soulignent l’importance d’un soutien solide pour toutes les activités connexes au nucléaire : de la conception d’équipements spécialisés à l’ingénierie numérique. Avec l’émergence des sujets de cyberprotection, de maintenance prédictive et d’efficacité énergétique, le secteur est en constante évolution. Avoir des partenaires solides comme EDF et Siparex permet de développer une approche globale, couvrant tout le cycle de vie d’un projet industriel.

Un écosystème en pleine expansion

Le Fonds France Nucléaire 1, lancé il y a peu, avait montré qu’il existait un gisement d’opportunités dans la filière. En à peine trois ans, ce premier véhicule d’investissement a soutenu 11 entreprises, chacune incarnant un pan différent de la chaîne de valeur (études d’ingénierie, fabrication de composants, optimisation numérique, etc.). La réussite de cette première initiative a d’ailleurs été illustrée par la cession de Siléane, un acteur reconnu dans la robotique et les systèmes automatisés.

Fort de cette expérience, le FFN2 veut amplifier la dynamique. Les souscripteurs institutionnels, industriels et privés, qui s’apprêtent à rejoindre le fonds, devraient logiquement permettre de dépasser l’actuel premier closing de 100 millions d’euros pour tendre vers les 300 millions ciblés. L’ampleur de ces moyens financiers crée un climat de confiance, favorable aux innovations et aux projets à plus long terme.

Parallèlement, ce deuxième fonds s’inscrit dans les politiques publiques incitant à la réindustrialisation de la France et à la décarbonation de l’économie. Les pouvoirs publics soulignent régulièrement l’importance de développer des technologies bas-carbone, afin de limiter la dépendance aux énergies fossiles et de répondre aux engagements climatiques. Le nucléaire, produisant très peu d’émissions de CO2, apparaît comme un levier majeur pour atteindre ces objectifs.

Bon à savoir : le cycle du combustible

Comprendre la filière nucléaire passe aussi par la connaissance de son cycle du combustible. L’uranium est d’abord extrait et enrichi, puis utilisé dans les réacteurs pour produire de l’électricité. Les combustibles usés peuvent ensuite être recyclés, réduisant ainsi la quantité de déchets finaux. Cette maîtrise du cycle complet est l’un des atouts de la France, portée notamment par Orano.

De plus, la relance d’un programme industriel autour de nouveaux réacteurs, combinée à la nécessité de prolonger la durée de vie des centrales existantes, implique des besoins conséquents en maintenance, en rénovation et en ingénierie. Il s’agit d’une formidable opportunité pour les PME et ETI françaises, pour peu qu’elles bénéficient du bon appui financier et de la bonne mise en réseau.

Zoom sur l’enjeu de souveraineté énergétique

À travers le Fonds France Nucléaire 2, l’enjeu dépasse la simple question de rentabilité financière. Les fondateurs du fonds mettent en avant la souveraineté énergétique et la défense comme des priorités stratégiques. Dans un contexte géopolitique incertain, où la sécurité d’approvisionnement en électricité est devenue un axe majeur des politiques publiques, le nucléaire retrouve une place de choix.

Pour Bertrand Rambaud, Président de Siparex, la filière nucléaire nécessite un appui particulier, car elle réclame des compétences pointues, des investissements lourds et une vision de long terme. Il estime que le FFN2 peut jouer un rôle déterminant pour « réunir les ressources financières et humaines indispensables à l’expansion de cette filière, tout en garantissant un fort degré d’excellence ».

De son côté, Benoit Desforges, Managing Partner du Fonds France Nucléaire, évoque aussi « l’importance d’allier objectifs stratégiques et performance financière ». Autrement dit, investir dans le nucléaire n’est pas seulement un pari patriotique ou écologique ; c’est aussi l’occasion de bénéficier de perspectives de croissance attrayantes, à mesure que la demande d’énergie bas-carbone s’intensifie à l’échelle internationale.

Enfin, Xavier Ursat, Directeur Exécutif Groupe EDF, chargé de la Direction Stratégie, Technologies, Innovation et Développement, insiste sur la nécessité de « soutenir très tôt les entreprises qui construiront la filière de demain ». Les réacteurs et l’infrastructure connexe qui se conçoivent aujourd’hui conditionneront la trajectoire énergétique de la France pour plusieurs décennies.

Le FFN2, en alignant les intérêts industriels, financiers et étatiques, s’impose donc comme un vecteur d’autonomie stratégique, permettant à la France de sécuriser son approvisionnement en électricité, de maintenir sa position de leader technologique et de renforcer son tissu industriel. Pour les investisseurs, le défi réside dans la capacité à sélectionner des entreprises porteuses de croissance, tout en respectant les normes de sécurité et de sûreté imposées par ce secteur ultrasensible.

Les acteurs au cœur de l’initiative

Au-delà du rôle pivot d’EDF et de Siparex, le Fonds France Nucléaire 2 implique différents protagonistes qui en garantissent la solidité. En premier lieu, Framatome, reconnu mondialement pour la conception et la maintenance des réacteurs nucléaires, détient un savoir-faire clé pour consolider les partenariats techniques.

Orano, quant à lui, est un groupe historique de la valorisation des matières nucléaires : de l’extraction du minerai à son recyclage, en passant par la conversion et l’enrichissement. Cette maîtrise de la chaîne complète procure à Orano une vision globale des enjeux, qu’il s’agisse de l’exploitation de nouvelles technologies ou de la gestion des déchets.

Enfin, TechnicAtome occupe une place à part, puisqu’il est spécialisé dans les réacteurs de propulsion navale et dans certains projets militaires sensibles. Son expérience dans la réalisation de systèmes nucléaires compacts illustre la polyvalence de la filière française et l’intersection entre le domaine civil et la défense.

Grâce à ces « grands donneurs d’ordres », le FFN2 s’appuie sur une solide expertise technique et un large éventail de projets potentiels. Cette complémentarité crée un environnement propice à la détection d’opportunités dans tous les segments de la filière : composants, services, logiciels d’ingénierie, etc.

Qui sont EDF et Siparex ?

Pour éclairer davantage le dispositif, revenons sur l’identité des deux piliers du FFN2.

D’une part, EDF est un géant de l’énergie, présent sur toute la chaîne de valeur électrique : production, distribution, négoce et services. Reconnu mondialement comme l’un des premiers électriciens à très faible intensité carbone, le groupe a produit 434 TWh d’électricité décarbonée en 2023. EDF ne cesse d’investir dans des technologies durables, qu’il s’agisse de l’éolien offshore, du solaire ou de l’hydraulique, tout en misant sur la modernisation de son parc nucléaire.

D’autre part, Siparex se présente comme un spécialiste indépendant du capital-investissement, avec plus de 47 ans d’expérience au compteur. Gérant 3,7 milliards d’euros d’actifs, Siparex a développé plusieurs lignes de métiers (Private Equity, Venture Capital via XAnge, Private Debt) pour accompagner des entreprises de toutes tailles. Ses bureaux se situent non seulement en France mais aussi dans plusieurs pays européens (Belgique, Italie, Allemagne) et au-delà (Amérique du Nord, Afrique).

La collaboration entre ces deux acteurs s’avère donc stratégique, combinant la puissance d’un opérateur majeur de l’énergie et l’expertise d’une société de gestion réputée pour son soutien aux entreprises. C’est ce couple « EDF – Siparex » qui porte la coordination du Fonds France Nucléaire 2 et qui assure sa cohérence financière et industrielle.

Mise en lumière : le rôle du capital-investissement

Le recours au capital-investissement (ou private equity) dans le secteur nucléaire peut sembler atypique. Pourtant, cette approche offre une flexibilité de financement et une proximité avec les équipes dirigeantes, qui sont particulièrement appréciées dans les domaines de haute technologie.

En investissant directement dans le capital d’une entreprise, un fonds comme le FFN2 peut influencer positivement la gouvernance, en veillant à la bonne allocation des ressources et à la définition d’une stratégie cohérente. Les PME et ETI bénéficient alors d’un accompagnement sur mesure, qui dépasse la seule dimension financière. De plus, la durée d’investissement, généralement de 5 à 7 ans, laisse le temps de concrétiser des projets industriels d’ampleur.

Bon à savoir : majoritaire ou minoritaire ?

Lorsqu’un fonds prend une participation majoritaire, il contrôle la gouvernance de l’entreprise. Inversement, une participation minoritaire laisse plus d’autonomie à l’équipe dirigeante, le fonds se contentant de jouer un rôle de conseil et d’appui stratégique. Le FFN2 s’adapte aux deux configurations en fonction de la nature du projet.

Pour les acteurs industriels impliqués, le capital-investissement apparaît aussi comme un levier d’influence et de structuration de filière. En ciblant des sociétés prometteuses, le fonds contribue à façonner le paysage industriel en favorisant l’émergence de nouveaux champions de l’innovation, des fournisseurs plus robustes ou encore des nouveaux services répondant aux défis de demain.

L’ancrage territorial est également renforcé, puisque les entreprises soutenues par un fonds filière ont souvent la volonté de rester en France, de préserver l’emploi local et de se positionner dans des partenariats de long terme avec les grands comptes.

Ambitions à long terme : renforcer la place de la France dans le nucléaire

Le Fonds France Nucléaire 2 ne se limite pas à financer quelques projets isolés. Il s’inscrit dans une stratégie globale consistant à asseoir durablement la compétitivité et la capacité d’innovation de la filière nucléaire française. Le discours officiel souligne la nécessité pour la France de garder une longueur d’avance en matière de technologies de production, de traitement des combustibles, de sûreté et de maintenance.

Concrètement, le FFN2 soutiendra l’essor d’une nouvelle génération d’acteurs capables d’apporter des solutions novatrices face aux enjeux du nucléaire du futur : réacteurs de plus petite taille (SMR), digitalisation des processus industriels, optimisation des sites de production, etc. L’ambition est également de stabiliser les chaînes d’approvisionnement locales, en favorisant la relocalisation de certaines compétences critiques.

En prenant le relais du premier fonds, le FFN2 souhaite prolonger la dynamique amorcée, tout en allouant des ressources plus importantes. En parallèle, les pouvoirs publics mettent en place des mesures incitatives, telles que des programmes de R&D et des contrats d’objectifs, renforçant ainsi l’attrait pour les secteurs stratégiques de la défense et de l’énergie.

Le soutien apporté par le FFN2 peut ainsi rayonner au-delà des frontières françaises, en accompagnant les entreprises dans leur quête de marchés étrangers. Alors que la question du mix énergétique se pose dans de nombreux pays, l’expertise française en matière de nucléaire reste fortement reconnue à l’international.

Un nouveau souffle pour la souveraineté énergétique

Si la France possède l’un des parcs nucléaires les plus importants d’Europe, elle fait face à de multiples défis : renouveler ses installations vieillissantes, gérer la montée en puissance d’énergies renouvelables intermittentes, respecter les objectifs climatiques et maintenir une sécurité d’approvisionnement à un coût accessible.

Le choix d’investir massivement dans le nucléaire, via des dispositifs comme le FFN2, s’explique par la volonté de conserver un mix énergétique stable et bas-carbone. Sans ce pilier nucléaire, la France aurait sans doute plus de difficultés à répondre aux pics de consommation d’électricité en hiver ou à stabiliser les prix sur le marché de gros de l’énergie.

Dans cette optique, la montée en puissance d’un fonds d’investissement dédié confirme un changement de paradigme. Longtemps pointée du doigt pour ses risques ou ses coûts, la filière nucléaire devient une réponse crédible à la fois pour la transition écologique et pour la relance industrielle. L’ère post-COVID et les incertitudes géopolitiques ont ravivé le débat sur la production locale d’énergie. Avec le FFN2, la France avance ses pions pour soutenir ses fleurons industriels et sécuriser sa place dans la course mondiale au bas-carbone.

Du côté des entrepreneurs, l’engouement est palpable. Les start-ups et PME spécialisées dans l’ingénierie nucléaire, la robotique, l’analyse de données ou la cybersécurité voient s’ouvrir de nouvelles perspectives de financement. Les synergies possibles avec les grands groupes offrent un terrain fertile pour développer des solutions disruptives et faire rayonner le savoir-faire français.

Avec ces multiples atouts, le FFN2 apparaît comme un signal fort envoyé aux acteurs de la filière et au marché. Le secteur nucléaire, loin d’être sur le déclin, se positionne comme un vecteur d’innovation et de résilience, dans un monde en quête de stabilité énergétique et d’une réduction rapide de l’empreinte carbone.

Vers une dynamique de long terme

La création du Fonds France Nucléaire 2 illustre à quel point les enjeux énergétiques et climatiques sont devenus centraux dans l’agenda économique. Alors que la France s’interroge sur la meilleure voie pour décarboner son industrie et maintenir son rang de puissance nucléaire, cette initiative apporte une réponse concrète, alliant financements privés et expertises industrielles.

Le FFN2 entend non seulement apporter une réponse aux besoins d’aujourd’hui, mais aussi préparer la filière aux défis de demain : optimisation des nouvelles générations de réacteurs, accélération des procédés de maintenance, sécurisation de l’approvisionnement en matières premières, etc. Dans un écosystème en pleine mutation, soutenir l’innovation et la capitalisation des compétences s’avère indispensable pour rester compétitif.

Les entreprises qui s’engagent dans la transition nucléaire peuvent ainsi compter sur un partenaire solide, en mesure de mobiliser des moyens financiers importants et de leur offrir un accès privilégié aux géants de la filière. Pour les investisseurs institutionnels qui rejoindront le fonds, l’intérêt repose sur des perspectives de rendement attractives, appuyées par un secteur dont la demande semble promise à une croissance soutenue, à la fois en France et à l’export.

Avec le FFN2, EDF et Siparex envoient un message clair : l’avenir de l’industrie nucléaire se construit avec des projets innovants, portés par des entrepreneurs audacieux et soutenus par un écosystème financier volontaire. Les retombées attendues en matière d’emploi, de compétitivité et de souveraineté peuvent façonner durablement le paysage industriel français.

La filière nucléaire française, dynamisée par ce nouveau fonds, a de solides cartes en main pour relever les défis de la décarbonation, de la réindustrialisation et de l’indépendance énergétique.