Le trio français remarquable de la Fintech 100 2025
Découvrez les trois start-up françaises qui brillent dans la Fintech 100 de 2025, alliant innovation et conformité.
Le 23 octobre 2025, CB Insights a publié sa huitième Fintech 100, sélection internationale des 100 start-up les plus prometteuses de la finance. Paiements, infrastructures crypto et gestion de patrimoine dominent la photographie. Trois acteurs tricolores tirent leur épingle du jeu, signal utile pour les directions financières et juridiques qui suivent l’innovation utile plutôt que l’innovation gadget.
Fintech 100 2025 de CB Insights : méthode, signaux et portée
La nouvelle Fintech 100 agrège des dossiers passés au crible de critères quantitatifs et qualitatifs : attractivité commerciale, trajet de recrutement, solidité des investisseurs et partenariats sectoriels. L’édition 2025 confirme une réalité simple : quand l’adoption client s’accélère et que les alliances se nouent, la performance suit.
Comme en 2024, les États-Unis dominent le palmarès avec 40 entreprises, signe d’un leadership en capital et en distribution. La présence française se maintient avec trois noms en 2025, dans des créneaux où la différenciation ne repose pas uniquement sur la technologie mais sur la mise en conformité, l’industrialisation des produits et la capacité à s’imbriquer dans des chaînes de valeur existantes.
CB Insights précise également que la cohorte 2025 a levé des montants substantiels, avec une moyenne par entreprise en hausse de 15 % par rapport à 2024, et des collectes cumulées en milliards de dollars pour l’ensemble des lauréats (CB Insights, 23 octobre 2025). Cette tension à la hausse sur les tours s’explique par la profondeur du marché des paiements et par la recherche d’outils de productivité adossés à l’IA.
La méthodologie s’appuie sur des signaux d’affaire et d’exécution : rythme d’embauche, traction commerciale observable, qualité des tours de table et partenariats annoncés. Le score synthétique permet de hiérarchiser les candidatures, sans divulguer la pondération exacte. L’objectif est prédictif : repérer les entreprises susceptibles d’infléchir les standards financiers dans les 12 à 24 mois.
Cartographie sectorielle 2025 : paiements en tête, crypto-infrastructures et gestion de patrimoine en embuscade
Le panorama 2025 est net : les paiements concentrent 14 start-up, confirmant l’endurance de ce thème à la croisée du commerce, de l’expérience client et de la gestion du risque. Deux autres poches tirent nettement : les infrastructures de paiements en cryptomonnaies et la gestion de patrimoine, avec 13 sociétés chacune.
- Paiements : 14 entreprises, consolidation de l’omnicanal et optimisation des coûts de transaction.
- Infrastructures crypto : 13 entreprises, priorité aux rails transfrontaliers et à l’interopérabilité.
- Gestion de patrimoine : 13 entreprises, segmentation fine des parcours épargnants et pilotage fiscal.
Autre enseignement : 11 fintech intègrent des agents d’IA pour automatiser des fonctions sensibles comme la détection de fraude ou la planification financière. La valeur ne vient plus seulement du scoring ou de l’UX, mais d’un arbitrage précis entre compliance by design et automatisation intelligente.
Côté Europe, ces tendances se heurtent à la complexité réglementaire, mais l’effet d’échelle des normes est un atout. Une fois l’architecture conforme, les déploiements multi-pays bénéficient d’un effet de levier appréciable sur le coût d’acquisition client et sur la standardisation des produits.
Lecture rapide des tendances 2025
La hiérarchie sectorielle s’articule autour de trois axes forts : paiements, rails crypto et gestion de patrimoine. La percée des agents d’IA s’opère sur des cas d’usage à valeur directe : réduction de faux positifs antifraude, personnalisation des allocations et pilotage réglementaire en continu.
Il s’agit des couches techniques et services permettant l’émission, le routage et le règlement de transactions en actifs numériques. Ces infrastructures connectent portefeuilles, passerelles fiat-crypto et outils de conformité, avec une ambition clé : réduire les coûts et délais sur les transferts transfrontaliers.
Trois acteurs français dans la cohorte 2025 : assurance, silver economy et conformité crypto
La France reconduit un trio d’entreprises au sein de la Fintech 100 2025 : Descartes Underwriting, Skarlett et Cryptio. Ce profil tricolore est singulier : un risque climatique quantifié en temps réel, un courtage tourné vers les retraités, et un back-office de la cryptocomptabilité.
Descartes Underwriting : assurance paramétrique et ancrage européen
Créée en 2018 et basée à Paris, Descartes Underwriting se positionne sur l’assurance paramétrique. Plutôt que d’évaluer des sinistres au cas par cas, la couverture s’active lorsque des indicateurs objectifs franchissent un seuil convenu, par exemple des niveaux de pluie, de vent ou d’indices climatiques. Cette approche réduit le temps de règlement et sécurise les cash-flows des assurés.
La société a mobilisé des capitaux auprès d’investisseurs internationaux, consolidant sa place dans l’insurtech. Elle a également annoncé des partenariats avec des assureurs majeurs pour étendre ses solutions à l’échelle européenne. L’intérêt pour ces produits s’explique par la multiplication d’événements climatiques à fort impact opérationnel et financier.
Un contrat paramétrique définit des seuils mesurables via des données externes de confiance. Si le seuil est franchi, le paiement est automatique, sans expertise prolongée. Pour un groupe industriel, cela se traduit par une liquidité prévisible et une réduction du risque de contrepartie en période post-événement.
Skarlett : placements dédiés aux retraités
Skarlett adopte une proposition claire : un courtier en ligne qui conçoit des parcours d’investissement pour les seniors, avec une emphase sur la simplicité d’usage et la sécurité. La cible démographique soutient ce positionnement. Selon l’INSEE, la population des plus de 65 ans en France progressera d’environ 20 % d’ici 2030, ce qui alimente la demande en outils de gestion de patrimoine intergénérationnels.
Pour les distributeurs, cette spécialisation implique de concilier accessibilité et gouvernance produits : clarté des documents d’information, calibration du risque, et articulation avec les cadres prudentiels applicables aux produits d’épargne.
Les parcours seniors privilégient l’explicitness des informations, des interfaces lisibles et des processus d’authentification ergonomiques. Cela se traduit par une meilleure compréhension des risques et une réduction des frictions sur les opérations courantes. Pour les fintech, c’est un levier de différenciation et de rétention client.
Cryptio : conformité crypto et reporting d’entreprise
Basée à Paris, Cryptio fournit une plateforme de comptabilité et de reporting dédiée aux actifs numériques. La solution répond aux attentes d’équipes finance, audit et fiscalité qui doivent consolider des flux on-chain et hors chaîne, avec traçabilité et archivage.
Le cadre européen évolue dans le sens d’une standardisation avec MiCA, entré en vigueur en 2024, qui impose des exigences de reporting plus strictes. En France, la vigilance reste élevée sur la LCB-FT, avec un rapport publié le 29 septembre 2025 par le ministère de l’Économie soulignant le risque accru sur les cryptomonnaies. Pour les clients de Cryptio, l’enjeu est d’industrialiser les preuves de conformité.
MiCA cadre l’émission, la conservation et certains services sur actifs numériques. Pour les équipes financières, cela implique des processus de rapprochement et de documentation capables de supporter des examens accrus sur l’origine des fonds, le traitement fiscal et les disclosures adressés aux autorités.
Scores et performances marquantes : RedotPay s’impose comme référence 2025
Dans le classement 2025, le score le plus élevé revient à RedotPay, acteur hongkongais des paiements en cryptomonnaies. L’entreprise a atteint le statut de licorne en septembre 2025 à la suite d’une levée de 47 millions de dollars. Au-delà du symbole, cette trajectoire atteste de l’appétence des investisseurs pour les paiements transfrontaliers à coût comprimé, notamment sur les corridors où les frais traditionnels obèrent encore la marge.
L’intérêt d’un score élevé tient à la combinaison d’une offre claire, d’une adoption validée et d’une gouvernance robuste. Pour les partenaires bancaires et marchands, cela se traduit par un raccourci dans l’évaluation de la fiabilité opérationnelle et de la capacité d’exécution.
Un score fort suggère des flux clients récurrents, un pipeline partenarial solide et une qualité d’investisseurs capable de soutenir l’expansion géographique. À l’usage, cela réduit les risques d’intégration et le temps de mise en production chez les grands comptes.
Cadre français : LCB-FT, fiscalité 2024 et signaux macro favorables
Le paysage réglementaire français demeure exigeant et structurant pour les fintech. Côté LCB-FT, le rapport du 29 septembre 2025 du ministère de l’Économie alerte sur des menaces évolutives, avec un focus explicite sur les actifs numériques. Les fintech opèrent donc sous un régime d’obligations renforcées en vigilance client, surveillance des transactions et documentation.
Sur le registre fiscal, la DGFiP a publié le 23 septembre 2025 des statistiques sur l’impôt sur le bénéfice des entreprises pour 2024, soulignant une hausse de 5 % des déclarations dans le secteur technologique par rapport à 2023. Pour les plateformes B2B comme Cryptio, la marge de manœuvre se situe dans l’automatisation de la conformité, en particulier sur des jeux de données volumineux et hétérogènes.
Enfin, le rapport annuel 2024 de l’Agence France Trésor, publié le 29 juillet 2025, mentionne 285 milliards d’euros d’émissions à moyen et long terme. Cette profondeur de marché en dette souveraine fournit un ancrage de stabilité utile aux investisseurs allocataires et aux dirigeants de fintech sensibles au coût du capital et au cycle de financement public.
À l’échelle de la supervision sectorielle, l’AMF rappelle sa logique d’accompagnement dans l’innovation via un pôle fintech actif, avec plus de 50 agréments délivrés à des plateformes numériques en 2024. Signe qu’en France, l’industrialisation réglementaire peut cohabiter avec l’innovation, à condition de lisser la courbe d’apprentissage et d’anticiper les exigences documentaires.
Points de vigilance pour les fintech opérant en France
Principaux chantiers de conformité à sécuriser en amont d’un scale-up :
- LCB-FT : KYC robuste, scénarios de détection et habilitations internes documentées.
- Fiscalité : traçabilité des écritures et archivage des pièces justificatives en cas de contrôle.
- Gouvernance : comité risques et contrôle interne outillés pour suivre incidents et remédiations.
- Protection des investisseurs : adéquation produit et clarté des informations précontractuelles.
Les menaces pointées impliquent un suivi accru des provenances de fonds, des transactions à risque et des modèles d’anonymisation. Les fintech doivent calibrer leurs seuils d’alerte et justifier leurs décisions via des traces auditées et horodatées.
L’IA dans la finance : des agents opérationnels, pas seulement des POC
La mention de 11 fintech équipées d’agents d’IA signale un basculement. Les cas d’usage ne se limitent plus au tri de tickets ou à l’assistance. Les équipes conformité et finance internalisent des agents spécialisés sur la détection d’anomalies, la classification documentaire ou la préconisation d’allocations d’actifs.
La clé n’est pas l’algorithme en soi, mais l’ancrage dans les processus et la preuve de contrôle. Les directions financières exigent des circuits fermés : ce que l’IA propose doit être traçable, explicable et reproductible. Cette exigence pousse le marché vers des architectures de données plus rigoureuses, condition de la montée en charge.
Les agents d’IA excellent sur la détection en temps réel et la réduction des faux positifs. L’arbitrage final reste souvent humain pour consolider la décision, former le modèle et préserver la doctrine interne. Les binômes analyste-IA deviennent le standard opérationnel.
Répartition géographique et investissement : lectures pour les décideurs français
Que retenir côté géographie de l’innovation financière en 2025 ? Les États-Unis confirment leur avance en volume d’entreprises lauréates, conséquence d’un capital-risque profond et d’un tissu client early adopter. L’Europe reste compétitive sur des créneaux réglementaires complexes, où l’avantage vient du design compliant dès le départ.
La France, elle, maintient trois entreprises dans la liste, mais renouvelle son portefeuille par rapport à 2024. L’an dernier, Akur8 (insurtech), Greenly (fintech verte) et Pennylane (comptabilité automatisée) figuraient à l’honneur.
En 2025, le prisme se déplace vers l’assurtech paramétrique, la silver economy financière et la comptabilité crypto. Le message pour les investisseurs : cibler des niches où le pricing power provient autant du produit que de la conformité opérationnelle.
Des communications financières relaient également la présence d’acteurs IA comme BridgeWise dans la liste 2025, signe que l’IA appliquée à l’investissement gagne en maturité. Pour l’écosystème français, le relais de croissance pourrait venir de l’intersection entre réglementation harmonisée et automatisation vérifiable, combinée à une distribution B2B2C maîtrisée.
Deux repères à garder en tête : 1) la hausse moyenne des tours indique une préférence pour des modèles proches de la rentabilité opérationnelle ; 2) les segments régulés captent l’attention, à condition de prouver leur scalabilité conforme. Les business plans doivent intégrer de front les coûts de conformité et leur amortissement sur plusieurs marchés.
Cap stratégique pour l’écosystème tricolore
En 2025, le message est clair pour les fintech françaises : rester dans la course passe par la lisibilité réglementaire, des cas d’usage éprouvés et une exécution industrielle. L’inscription de Descartes Underwriting, Skarlett et Cryptio dans la Fintech 100 valide des choix où la technologie s’aligne avec des besoins tangibles du marché et des institutions.
En toile de fond, l’environnement français reste porteur, entre stabilité macro, vigilance LCB-FT et appétit pour l’innovation encadrée. Pour les dirigeants et investisseurs, le bon tempo consiste à arbitrer entre régularité opérationnelle et accélération commerciale, sans rupture de conformité. Le leadership de demain appartiendra aux fintech capables d’orchestrer ces paramètres sans compromis.